Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Frédéric Delorca

Des nouvelles du catholicisme américain

16 Février 2019 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les Stazinis, #Christianisme, #Les régimes populistes, #Donald Trump, #Avortement

Soi-disant en réaction contre la droitisation de la cour suprême fédérale sur les questions sociétales, le 22 janvier 2019, les représentants de l'Etat de New York ont adopté la Reproductive Health Act a été  adoptée par 38 voix contre 28, promulguée par le gouverneur catholique de New York, Andrew Cuomo. La loi dispose que "toute personne qui tombe enceinte a le droit fondamental de choisir de mener la grossesse à terme, de donner naissance à un enfant ou de subir un avortement", même jusqu'à la naissance de l'enfant...

La loi supprime également l'avortement de la définition de l'homicide et du code pénal de New York. Auparavant, la loi new-yorkaise considérait l'assassinat d'un enfant à naître au troisième trimestre de son existence comme une infraction pénale passible d'une peine pouvant aller jusqu'à sept ans de prison.

Un projet de loi visant à supprimer de la même façon les restrictions à l’avortement en Virginie avec le soutien du gouverneur démocrate de l'Etat provoque une vive polémique. 

Réponse de Trump le 31 janvier à cette vague en faveur des avortements de dernière minute : "Les démocrates sont devenus le parti des avortements tardifs, des impôts élevés, des frontières ouvertes et du crime”.

Le pape n'a pas réagi, et le cardinal Dolan, archevêque de New York, sur Fox News a rejeté comme "contreproductive" la demande des traditionalistes d'excommunier Cuomo. 

Le même cardinal s'était distingué en mai dernier, en parrainant en ces termes le Met gala "Heavenly bodies" du Metropolitan Museum en ces termes : "C’est parce que l’église et l’imagination catholique s’articulent autour de trois choses: vérité, bonté et beauté. C'est pourquoi nous avons d'excellentes écoles et universités pour enseigner la vérité. C'est pourquoi nous aimons servir les pauvres pour faire le bien. Et c’est la raison pour laquelle nous aimons l’art, la poésie, la musique, la liturgie et, oui, même la mode, remercier Dieu pour le cadeau de la beauté." Beaucoup doutent du côté purement "second degré" ou artistique de ce gala qui a mobilisé beaucoup de symboles lucifériens.

En 2017 le New York Times avait attaqué le cardinal Dolan en ne le trouvant pas assez "progressiste" sur la question de l'homosexualité et laissait entendre que le pape lui avait collé un nouveau cardinal Joseph Tobin, à Newak, de l'autre côté du fleuve Hudson pour mettre en valeur un homme plus proche de ses idées, notamment sur le voeu de pauvreté (le pape aurait dit qu'il voulait des pasteurs "qui sentent le mouton" - "Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs." Matth 7-15) . Le cardinal Dolan avait un "handicap" à remonter à l'égard des puissants (à moins que le NY Times n'ait voulu le présenter comme le "bad guy" face au "good guy" comme le faisait la presse jadis des Rolling Stones face aux Beatles ou de Prince face à Michael Jackson, alors que les deux avaient le même discours).

Nul doute que tout cela n'a pas fini de rebondir avec la montée en puissance du mouvement "Me Too" des religieuses, auxquelles le pape a donné un coup de pouce le 10 février denier en reconnaissant que beaucoup de nonnes ont été victimes d'esclavage sexuel (sur Time's up et MeToo voir ici). La condition féminine et la pédophilie sont des angles d'attaque habituels de l'Eglise catholique par les médias (alors que la pédophilie dans d'autres religions et institutions est passée sous silence), tandis que les catholiques conservateurs voudraient aussi pousser le pape à condamner l'homosexualité dans l'Eglise, répandue selon eux notamment chez les Jésuites et au Vatican, celle-ci étant clairement condamnée comme un crime par la Bible (La question de savoir si l'Eglise catholique peut encore se référer légitimement à la Bible est analogue à celle de savoir si les partis communistes peuvent encore parler de lutte des classes) . L'an dernier le cardinal archevêque de Washington DC McCarrick est tombé (il a dû démissionner, alors que Francis l'avait couvert et avait annulé les sanctions de Benoit XVI contre lui) à la suite de l'abus d'un jeune de 16 ans, non pour homosexualité mais pour pédophilie (alors que cette qualification juridique pour une relation avec un jeune de cet âge prête à débat).

Pour revenir à la question de l'avortement, le catholique New Age Paul Romano cette semaine se demandait pourquoi dans les mails fuités de Wikileaks la collaboratrice d'H. Clinton avait écrit en 2009 : ""En croisant les doigts, la patte du vieux lapin hors de la boite dans l’attique, je vais sacrifier un poulet au Moloch dans la cour"... Pourquoi la référence au dieu cananéen auquel on sacrifiait des enfants ? demandait-il ingénument... D'autant  que l'acteur John Cusack le 10 février 2018 a mentionné encore Moloch et les sacrifices d'enfants sur Twitter.

Etrange polarisation du débat autour du corps des bébés à naître. Au même moment,en France,on propose la "faiseuse d'anges" Simone Veil pour représenter Marianne. Olivier Dahan, chouchou d'Hollywood oscarisé, tourne un film sur elle avec  Elsa Zylberstein  dans le rôle. Le téléfilm hagiographique sur le sujet avec Emmanuel Devos n'était pas suffisant.

Partager cet article

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Commenter cet article