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Le blog de Frédéric Delorca

A propos des attentats du Sri Lanka

8 Mai 2019 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #Débats chez les "résistants"

La vague d'attentats terribles visant les églises catholiques qui a fait plus de 300 morts le dimanche de Pâques (21 avril) au Sri Lanka fait couler beaucoup d'encre. Les hypothèses avancées ces derniers temps sur les commanditaires restent assez peu convaincantes

Les milieux de gauche relaient volontiers les analyses du syndicaliste communiste français  qui Jean-Pierre Page a relevé dans un article intitulé "Sri Lanka  à qui profite le crime" que "bizarrement en octobre 2018, au début d’une crise politique majeure qui avait vu son éviction le Premier ministre néo-libéral Wickremesinghe avait refusé d’enquêter, d’anticiper et de prendre en compte le complot visant l’assassinat du Président Sirisena. Pire, il avait fait interpeller et placer en détention des responsables des services d’intelligence et de sécurité du pays." Dix jours avant les attentats de Pâques, les autorités sri lankaises avaient été informées par la CIA et les services secrets indiens de ce que des attentats se préparaient, et les terroristes (dont la plupart étaient des grands bourgeois musulmans dont deux fils du magnat local des épices) étaient connus si bien qu'ils ont été rapidement arrêtés. " Selon plusieurs membres du gouvernement le Président hostile au Premier Ministre était informé mais n’aurait rien fait", ajoute JP Page qui fait remarquer aussi que le Sri Lanka est maintenant une dépendance des USA, gérée par USAID et Soros (invité par le gouvernement à Colombo dans le cadre d'un grand forum économique en 2016). Page accuse Ranil Wickremesinghe d'avoir au moins contribué au carnage en vue d'assurer son maintien au pouvoir dans un climat de terreur.

D'autres offrent une image plus "dissidente" de ce Premier ministre. Ils rappellent qu'en janvier 2017 voyant que Trump envisageait de se retirer du traité trans-pacifique lancé par Obama-Clinton, la Nouvelle-Zélande avait tenté de lancer un libre-échange bilatéral avec le Sri Lanka (comme avec d'autres pays), lequel souffrait économiquement de son maintien hors de ce traité.

Ce rapprochement avait été précisément piloté par Ranil Wickremesinghe. Depuis lors, la Nouvelle Zélande a connu plusieurs attentats (cf VaidD Eira). Le parallèle entre les deux pays s'impose d'autant plus que le vice-ministre sri lankais de la Défense, Ruwan Wijewardene a lui-même reconnu que la tragédie du 21 avril était une réplique à la fusillade de Christchurch en Nouvelle-Zélande cinq semaines plus tôt.

Sauf que "planifier des attentats aussi nombreux exige des mois, voire des années, le temps d’effectuer une reconnaissance des cibles, de fabriquer les bombes, de sélectionner et d’entraîner les kamikazes" comme le notait le 27 avril Emmanuel Derville envoyé spécial du Figaro. Donc la thèse de la "réplique à Christchurch" (attentat "chrétien" contre une mosquée) ne tient que si les deux événements ont été conçus de longue date... par les mêmes personnes...

Se peut-il que les attentats de Pâques aient été une opération punitive montée par le clan mondialiste Clinton-Soros contre M. Wickremesinghe (Parti national uni - United national party), pour avoir tenté de "bricoler" un libre-échange parasitaire par rapport au traité transpacifique ? La thèse a le mérite d'être plus claire et précise que les accusations générales émises par JP Page. 

Elle est aussi confortée par le fait qu'il s'agit d'un travail de professionnels. Les bombes ont toutes eu un impact considérable et ont explosé à des emplacements précis avec un timing impeccable, garantissant un impact maximal et un nombre élevé de victimes. On sait aussi quels liens le clan Clinton a entretenus avec les intégristes islamiques aussi bien d'Al Qaida que de Daech qui a finalement revendiqué l'attentat.

Pour autant on comprend mal pourquoi les milieux du Big Business pro-démocrate auraient voulu châtier leur client qu'ils avaient sauvé en décembre dernier après qu'il eût cédé provisoirement la place en octobre-novembre 2018 sous la pression populaire à l'ancien président Mahinda Rajapaksa lié aux intérêts économiques chinois. Simplement pour maintenir une pression sur lui ? Ou juste pour entretenir un "ordo ab chaos" traumatisant pour la population ? Cultiver au Sri Lanka et en Inde la haine anti-musulmane comme ailleurs ils entretiennent la haine anti-chrétienne ?

Un youtubeur belge qui dit avoir été autrefois lié à une structure secrète de l'OTAN appelée "Gladio" (mais c'est peu probable) rappelle pour sa part qu'un ancien ministre de la défense du Sri Lanka, et frère de l'ex président Rajapaksa, Gotabaya Rajapaksa, poursuivi pour crimes de guerre, vient de renoncer à la nationalité américaine pour se présenter aux élections au Sri Lanka, ce qu'a annoncé une dépêche de Reuters du 12 avril. Selon lui la CIA ou une structure équivalente aurait pu soutenir sa candidature par cet attentat.

L'ex-ministre ultra-nationaliste détesté par les musulmans pour avoir joué un rôle dans l'organisation Bodu Bala Sena qui les a persécutés peut capitaliser sur les attentats pour opprimer à nouveau cette communauté en unissant les bouddhistes et les chrétiens, mais c'est un populiste de droite à la Trump et à la Duterte qui veut élever le revenu des pauvres et développer un modèle "asiatique" de développement. On voit mal en quoi les mondialistes clintoniens liés aux grandes banques l'aideraient à prendre le pouvoir en demandant à la CIA d'organiser des attentats pour son compte.

Que les attentats aient été téléguidés par le Deep State américain n'est pas une hypothèse absurde, mais le mobile précis du crime, et les raisons du choix de la date font toujours défaut.

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