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Le blog de Frédéric Delorca

Mobilisation en France pour les Arméniens

19 Novembre 2020 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Christianisme, #Débats chez les "résistants", #Proche-Orient

Le 18 novembre la Maire de Paris a adressé un courrier au Ministre de l’Europe et des Affaires Étrangères, invitant la France à reconnaitre la République d’Artsakh (Haut-Karabagh). Le Conseil de Paris a aussi débloqué 50 000 eurs d'aide à cette région. La veille, le maire de Valence (Drôme) avait lancé un appel des maires et des élus locaux pour cette même reconnaissance internationale. Le Sénat doit aussi examiner le 25 novembre une résolution dans ce sens, ce dont se réjouit sur Twitter le sénateur communiste des Hauts-de-Seine Pierre Ouzoulias qui rappelle que le PCF reconnaît l'Artsakh depuis un an. Le Parti socialiste aussi appelle à reconnaître cette indépendance.

120 personnalités dont A.Delon,F.Ardant,L. Gerra,S.Bern, M.Onfray,A.Ducasse,J.Binoche,P. Richard,P.Bruckner,J.Reno, C.Cardinale,M.Drucker,D. Boon,V. Olmi,B.Sansal,J. Dujardin,C. Lelouch, ont signé un appel pour la défense de la culture arménienne menacée.

Valérie Toranian directrice de la Revue des Deux Mondes, revient de l'Artsakh avec un reportage poignant. Extrait : "Lundi 16 novembre, la capitale de l’Artsakh, Stepanakert, est une ville fantôme, peuplée uniquement de quelques dizaines d’hommes en treillis qui gardent le Parlement. Dans l’hôtel Arménia qu’ils ont réquisitionné, les visages sont sombres et fermés. Les militaires n’aiment pas les batailles perdues. Il n’y a plus aucune femme sur place. Elles sont toutes parties avec les enfants à Erevan. Quand les Arméniens ont compris que Chouchi, la ville en surplomb qui donne accès à la capitale, allait tomber, les derniers civils ont pris la route." Un commerçant raconte : « Les bombardements à Stepanakert ont commencé dès le 27 septembre, date de l’agression azérie. Une des premières cibles a été la maternité. Ma maison a été détruite. J’avais mis trente ans à la construire. » Elle parle aussi du Père Hovhanes Ghazaryan (dont la photo est dans notre billet du 27 septembre) du monastère de Dadivank (bâti entre le IXe et le XIIIe siècle sur la tombe de Saint Thaddée qui évangélisa l’est de l’Arménie au Ier siècle) au Nakhitchevan à l'Ouest du Haut Karabakh aujourd'hui défendu par les tanks russes. Dans le même district la cathédrale Saint-Sauveur Ghazanchetsots de Chouchi déjà dégradée et profanée par les Azerbaïdjanais. Entre 1998 et 2005 à Djoulfa autre ville de ce district l'UNESCO n'avait pu empêcher la profanation du plus  grand cimetière de l'Arménie historique.

Michel Onfray à la TV Arménienne raconte les villages fantômes, les traces de la culture historique arménienne, la "logique d'extermination" qui anime les Azerbaïdjanais qui mènent une guerre lâche, à distance, avec des drones de dix mètres d'envergure, et des bombes au phosphore. Sylvain Tesson regrette le "silence assourdissant de l'Europe". BH Lévy et Caroline Fourest ont aussi pris fait et cause pour les Arméniens.

Ces deux derniers "détails" devraient nous faire un peu tiquer. Mais à ce stade je ne fournis pas d'analyses sur le phénomène. Je signale seulement que la presse russe (Pravda.ru) devant cette mobilisation de l'opinion publique française se demandait si elle ferait basculer la position du président de la République mais estimait que c'était peu probable car Paris a intérêt à rester neutre pour demeurer dans le groupe de Minsk chargé du maintien de la paix dans le Caucase (même si ce groupe a été marginalisé par les discussions directes entre Bakou, Ankara et Moscou).

Il y aurait beaucoup de leçons à tirer sur le gain que représentent pour Erdogan les accords de paix, mais aussi sur le déclin militaire et démographique des Arméniens qui, au moment de l'effondrement de l'URSS, avaient pu imposer leur volonté aux Azerbaïdjanais en occupant même des territoires où ils étaient minoritaires, et aujourd'hui non seulement ne font pas le poids face à l'alliance turco-azerbaïdjanaise, mais ne peuvent pas compter sur un soutien automatique de Moscou, qui a préféré soigner ses rapports avec le président Aliev. On y reviendra peut-être.

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