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Le blog de Frédéric Delorca

Tour d'horizon de notre planète

11 Mai 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Compte tenu du très faible taux de fréquentation de ce blog depuis le mois de janvier, il ne m'apparaît pas indispensable de continuer à réagir à l'actualité. Quelqu'un il y a quelques années m'avait dit que les gens avaient besoin de grilles d'analyses indépendantes et que donc quiconque se dévouait pour en produire rendait nécessairement service, mais je ne suis pas archi-convaincu de cela. Je me méfie des gens qui s'autoproclament "grands témoins" de leur époque et se proposent d'éclairer leur prochain alors qu'eux mêmes n'ont que des lumières bien courtes. Internet encourage ce genre de folie. Il faut savoir s'en dégager.

Néanmoins, pour le cas où deux ou trois personnes abonnées à ce blog voudraient encore connaître mon  opinion sur la situation de notre planète, je veux bien m'essayer d'écrire pour elles ce petit billet en forme de lettre à des amis, en m'essayant à un petit tour du monde d'Ouest en Est.

A tout Seigneur tout honneur, commençons par les Etats-Unis, première puissance mondiale qui s'affaiblit, pays qui se déchire. On n'y compte plus les menaces de pénurie alimentaire, de coupures d'électricité et autres, qu'on nous promet aussi en Europe, sans qu'on sache si tout cela est le fruit d'une incompétence systémique, d'un projet de "grande réinitialisation" ou les deux (voyez mon billet du mois dernier à ce sujet qui aborde aussi la dimension surnaturelle de tout cela. Pays déchiré disais-je où la dernière décision de la Cour suprême sur l'avortement relance des persécutions anti-chrétiennes. L'opinion publique de droite se berce de nouvelles illusions en croyant qu'Elon Musk après le rachat de Twitter sauvera la liberté d'expression. Même en France l'avocat anti-covidiste qui se dit chrétien a tweeté qu'il aimerait que ses enfants fussent comme Elon Musk, oubliant au passage que le patron de Tesla est aussi le promoteur du Neuralink et des incubateurs artificiels et un abonné du Forum économique mondial.

Restons dans l'hémisphère occidental : la semaine dernière la chaîne chaviste Telesur égrenait une liste d'hommages à Cuba après une explosion de gaz dans un hôtel de La Havane. Cela allait de Loukachenko à une association cubano-palestinienne. De vrais relents d'internationale communiste même dans le côté répétitif des dépêches. Le président mexicain boycotte le sommet de l'OEA, ce qui est à son honneur, du fait de l'attitude inique de cette structure à l'égard de Cuba et du Nicaragua. La Bolivie lui emboîte le pas. Il me semble que Bolosonaro n'y sera pas non plus, pour une raison différente bien sûr. Voilà qui laissera Biden bien seul et accuse la perte d'influence de Washington dans son arrière-cour latino-américaine.

Beaucoup de médias alternatifs ont aussi dit un mot de l'asile politique accordé à Correa en Belgique, qui en dit long sur la situation calamiteuse de la démocratie en Equateur. La situation au Chili et au Pérou où la gauche a pris le pouvoir, comme en Argentine du reste, ne suscite cependant d'enthousiasme nulle part, ce qui prouve que les alternances ne sont pas toujours heureuses. Je prédirais volontiers la même morosité si M. Mélenchon devenait premier ministre de Macron en juin chez nous. Ce serait du même acabit qu'Alexis Tsipras en Grèce il y a dix ans.

En Europe l'âme damnée des mondialistes Mme von der Leyen appelle à un sursaut fédéraliste par l'abrogation de la règle de l'unanimité. M. Macron lui emboîte le pas, et se félicite au passage de ce que la commission européenne (qui a commandé neuf doses de vaccins par tête d'habitant) ait chapeauté la politique anti-Covid bien qu'aucun texte ne l'y autorisât. Tout ce petit monde fourbit ses armes contre les peuples. Les passeports vaccinaux vont bientôt ressortir (on aimerait que, comme en Inde, des juges les déclarassent anti-constitutionnels, mais ne rêvons pas). Mais l'heure est à la division : les petits pays s'accrochent à l'unanimité, et Bruxelles s'incline devant la volonté de la Hongrie et de quelques-uns de ses voisins de s'opposer à l'embargo sur le pétrole russe. Orban a pour lui, comme le président du Mexique, une très forte légitimité du fait du soutien massif que lui porte son peuple à chaque élection, cela fait partie des petits grains de sable dans l'engrenage mondialiste.

A propos de la Russie, beaucoup de Youtubeurs y vont de leurs pronostics sur le fait que notre obsession de la sanctionner va détruire nos économies. Il est en réalité délicat de se risquer à des pronostics sur la question de savoir qui craquera le premier. Un article de Kommersant (journal russe) disait il y a peu par exemple que l'ouverture économique de l'Inde qui a résisté aux sirènes américaines n'est pas forcément une soupape de sécurité pour le Kremlin même si elle pourrait à certains égards être plus prometteuse que la Chine. Les circuits d'approvisionnement énergétique ne se réorientent pas facilement : on n'adapte pas facilement ses infrastructures et son expertise à un nouveau fournisseur. Et puis on ne sait pas trop ce que vaudra en termes d'armement une Russie qui n'a plus accès aux composantes de haute technologie, pour les micro-processeurs par exemple. Le fait est que le rouble est haut aujourd'hui, que la Russie ne s'en sort pas trop mal, et que Poutine a pu vérifier encore sa popularité domestique le 9 mai. Mais bien malin qui cherche à prédire l'avenir.

Loin de chercher à jouer les prophètes, pour ma part je me borne à m'attrister de voir les fous qui nous gouvernent pousser à la guerre nucléaire, ou encore légitimer à demi-mots le nazisme, comme on l'a vu avec les attaques stupides contre la mémoire des Soviétiques qui ont libéré l'Europe de la barbarie hitlérienne : voyez par exemple cet affreux panneau publicitaire en Grande-Bretagne. A Riga les révisionnistes ont saccagé les fleurs déposées sur les monuments soviétiques. En Pologne une cinglée attaque à l'encre rouge l'ambassadeur russe qui participait à la commémoration du 9 mai. Cela fait 20 ans que l'on constate en Europe de l'Est cette sournoise réhabilitation de la SS avec la bénédiction de l'Union européenne et de nos politiciens. La crise ukrainienne est aussi née de cela, mais chut ! il est interdit de parler de cela dans nos médias.

De même que l'on n'a pas parlé du bataillon Azov à Marioupol. A-t-il retenu des boucliers humains ou bien les Russes ont-ils vraiment ciblé des objectifs civils ? Je suppose que nul ne peut faire la part des choses entre deux versions, de même que nul ne sait où en sont les ambitions de Poutine aujourd'hui. Apparemment il ne s'agit plus de dénazifier l'Ukraine mais seulement de la couper de sa façade maritime, preuve que la défense territoriale de ce pays aura été plus efficace que prévu, ou l'armée russe moins efficace que le Kremlin ne l'espérait. A supposer que la partition soit acquise, le régime de Kiev, si lamentablement poussé à l'extrémisme par Washington et les Européens, aura-t-il la sagesse de l'entériner dans une négociation diplomatique raisonnable ?

Il y a tant de délire dans ce conflit que je préfère ne pas en parler davantage. Le livre sur le Donbass auquel j'avais collaboré en 2014 devrait sortir bientôt, ce sera ma seule contribution sur le sujet hors des frontières de ce blog.

Que dire encore de notre Europe ? L'Espagne, agitée par un scandale d'espionnage, s'est rapprochée du Maroc, en Italie on teste le crédit social à Bologne...Dans les Balkans la Serbie est malmenée par Bruxelles à cause de sa proximité avec Moscou (le Conseil de l'Europe semble même prêt à intégrer le Kosovo à ses structures), et les Occidentaux font comparaître devant le Conseil de Sécurité un haut-commissaire fantôme pour la Bosnie Herzégovine (un diplomate allemand désigné dans la plus grande illégalité) sous les huées de la Russie et de la Chine : décidément tous les coups sont permis, c'est pire que le temps de la guerre froide (à l'époque on n'avait pas envisagé des coups aussi tordus, par exemple jamais on n'avait évoqué un possible "regime change" à Moscou ou l'expulsion de la Russie d'un quelconque organe de l'ONU).  Bien triste époque vraiment...

Au Proche-Orient, la "plus éthique des armées du monde" tire dans la tête d'une journaliste d'Al Jazeera de 51 ans qui portait pourtant un gilet "press" sur elle, et l'OPEP refuse de suivre les injonctions occidentales sur le prix du pétrole. En Afrique je parcours rapidement quelques nouvelles sur le Tigré où l'on continue à nous dire que la population est affamée, mais on ne peut même pas le savoir car ils n'ont plus le téléphone depuis 18 mois. Inutile d'épiloguer sinon les anti-impérialistes vont encore me tomber dessus en m'accusant dans leurs logiques binaires de faire le jeu de ceux qui veulent balkaniser l'Ethiopie.

L'ancien contributeur de l'Atlas alternatif sur la Tanzanie m'a écrit hier que son pays souffre de l'explosion des prix des matières premières dues au conflit ukrainien (on a le même problème dans nos classes populaires, sur un mode moins tragique bien sûr). Mais ce point, comme la guerre du Yémen, ne fera pas la Une de nos journaux.

Au Sri-Lanka le peuple est en révolte. J'attends les analyses de Jean-Pierre Page qui fut longtemps une de mes boussoles sur ce pays (même si je veux bien admettre que certaines de ses analyses puissent être critiquables). En Chine la politique de confinement anti-Covid perdure et ne contribue pas à rendre ce pays sympathique. J'avoue ne pas avoir pris le temps de lire les discussions sur le sort réservé à l'évêque de Hong-Kong, comme je ne lis plus trop les mille et un débats sur l'hérésie du pape François (laquelle paraît s'affirmer avec une certaine persévérance). Sous les latitudes orientales la démocratie ne progresse pas. J'avais lu de tristes nouvelles sur le Cambodge il y a quelque temps. Celles sur la Birmanie sont encore pire. Certains médias ont attiré l'attention sur le fait qu'un ciel rouge sang est apparu au dessus de la Chine. Le gouvernement veut faire croire que c'est la couleur de bateaux de pêcheurs qui se reflète dans le ciel (ce qui est peu crédible)... les chrétiens y voient la réalisation de prophéties bibliques sur les signes célestes de la fin des temps (signes que nous sommes appelés à décoder).

Enfin au pays du Soleil Levant, malgré quelques discours un peu musclés sur les îles Kouriles, le gouvernement japonais a fait savoir qu'il ne renoncerait pas à ses concessions pétrolières en Russie. Espérons que Total aura la sagesse de faire de même, en résistant aux pressions des impérialistes (et notamment des Verts) sur ce sujet.

Voici donc pour ce petit tour d'horizon du soir. J'ai dû oublier quelques sujets au passage... Ah oui, par exemple le pauvre Afghanistan qui meurt toujours de faim depuis que Washington a confisqué les réserves de sa banque centrale et où les mosquées chiites et soufies sont la cible d'attentats de l'Etat islamique. Après ce petit exercice rédactionnel sans intérêt, j'espère bien m'octroyer quelques semaines supplémentaires de silence. Se faire tout petit et silencieux permet parfois de peser davantage sur le cours des choses qu'en se répandant en propos inutiles et hargneux sur les réseaux sociaux. Je continue donc à suivre cette ligne.

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S
je vous lis avec intérêt toujours. Ne cessez pas d’écrire. <br /> Bien cordialement <br /> S.
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