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Le blog de Frédéric Delorca

Jean-Baptiste Fressoz : la neutralité carbone impossible

25 Juin 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous, #Colonialisme-impérialisme

En 2008, l’Union européenne (UE) s’est engagée pour l’abandon progressif des énergies fossiles au profit des énergies renouvelables. L’accord de Paris de 2015 a introduit un objectif de neutralité carbone pour les pays signataires.


En avril 2021, le Conseil de l’Union européenne et le Parlement européen se sont entendus sur la loi européenne sur le climat. Cette loi fixe un objectif juridiquement contraignant de zéro émission nette de gaz à effet de serre d'ici 2050 pour tous les pays membres.

À l’échelle française, c’est la loi énergie-climat de 2019 qui affirme cet objectif. En avril 2022 le "groupe III" du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a publié des scénarios possibles.

L'historien du CNRS Jean-Baptiste Fressoz, qui est un fervent partisan de cet objectif (ce que je ne suis pas), et qui n'est donc pas sur la ligne des climatosceptiques, explique ci-dessous pourquoi cet objectif ne peut pas être atteint. Jamais il n'a existé de "transition énergétique" : le charbon n'a pas remplacé le bois, le pétrole n'a pas remplacé le charbon. Tout cela s'est toujours cumulé : il faut du bois pour étayer les mines de charbon (à sa plus belle époque l'URSS dépensait l'équivalent de la consommation totale de la France au début du siècle seulement pour étayer ses mines, et c'est grâce à un canal creusé entre le Don et la Volga pour approvisionner les mines en bois sibérien que l'Ukraine a pu produire du charbon), et il faut beaucoup de charbon pour fabriquer les voitures qui roulent au pétrole, et aussi pour celles qui roulent à l'électricité d'ailleurs (pour fabriquer l'acier de la carrosserie, le verre des pare-brises - et pour la tenue de route des voitures électriques il va falloir investir beaucoup dans le bitume très polluant en CO2). Ce sont les grands groupes énergétiques à partir des années 1950 qui ont commencé à disserter sur la transition énergétique pour faire croire à un passage indolore à une économie post-hydrocarbures qui n'est jamais venue.

Jamais aucune crise - ni les guerres mondiales, ni les pandémies - n'ont réduit les consommations énergétiques, et aucune consommation de matière première en général n'a jamais diminué, sauf la laine de mouton remplacée par les tissues synthétiques, ce qui n'est pas bon pour la planète, et l'amiante interdite pour raison de santé. Tant que l'énergie est disponible on la consomme, et en ce moment il est de plus en plus rentable d'extraire du pétrole car son cours augmente. Seuls les pays privés d'importation avec l'effondrement de l'URSS - la Corée du Nord et Cuba - ont inversé pendant quelques années la tendance parce que la ressource n'est pas disponibles.

La conscience du climat ne change rien à l'affaire, car la morale ne l'emporte pas sur l'impératif économique (depuis toujours le paysan est très attentif au climat et Christophe Colomb en son temps théorisait sur la mauvaise gestion des forêts par les Indiens des Caraïbes et leur impact sur le climat). Aujourd'hui, les "prises de consciences" n'ont aucun impact. Si l'Union européenne réduit ses émissions de carbone, c'est largement parce qu'elle externalise une partie de sa production industrielle en Asie qu'elle importe ensuite à grand renfort de trajets maritimes polluants (merci le libre-échangisme !). Et la guerre d'Ukraine n'est pas une bonne nouvelle car elle va condamner l'Europe à importer du gaz de schiste américain transporté par bateau mois sale écologiquement que le gaz naturel russe circulant par des pipe-lines. D'une manière générale, explique Fressoz, pour diminuer les émissions de carbone il faut réduire la taille des économies. Or cela n'est envisageable que dans le cadre d'une coopération planétaire. La rivalité américano-russe et américano-chinoise avec la compétition des budgets militaires qu'elle implique ne permettra pas la décroissance. Donc ses partisans (y compris nos chers écologistes) sont en fait partisans d'un surcroît d'émission de CO2...

La seule alternative qu'il pourrait y avoir à la réduction du CO2 pour limiter le réchauffement climatique serait, selon Fressoz, la géo-ingénierie, et notamment l'envoi en haute atmosphère de particules sulfurées qui renverraient les rayons solaires et refroidiraient le climat. Déjà en 1965 un rapport soumis au président américain Lyndon Johnson prônait la géo-ingénierie. Deux problèmes à cela 1) ce serait une drogue pour l'humanité, car lorsqu'on se lance là-dedans on ne peut plus s'arrêter : si l'on s'arrête de bombarder la haute atmosphère il y a d'un coup des effets de rattrapage délétères ; 2) c'est quand même assez prométhéen (luciférien) et immoral, car l'homme se pose en maître du climat (cela dit, remarque Fressoz, est-ce plus immoral que d'avoir modifié radicalement la structure de nos sols avec les engrais, qui consistaient à les gaver d'azote, ou encore d'avoir réduit délibérément des deux tiers la bio-masse des insectes volants comme on l'a fait depuis 30 ans ?).

Je suis bien sûr assez d'accord avec cette sévère démystification du terrorisme intellectuel écologiste actuel qui ne fait qu'agiter des objectifs inatteignables et contraindre tout le monde à accepter des mesures dictatoriales tout en sachant qu'elles ne servent à rien.

J'ajouterai qu'encore le discours de Fressoz ne raisonne que sur ce qui est visible. Il fait l'impasse sur toute la dimension cachée de la géo-ingénierie déjà existante, menée notamment par la NASA ou par le Pentagone, avec par exemple le dispositif Haarp, dont on a quelques indices mais sur laquelle par nature on sait peu de choses et qui pourrait être à l'origine de beaucoup de perturbations climatiques actuelles...

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