Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Frédéric Delorca

Lasseube, Bourdieu, Latour et Heinich

23 Octobre 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche, #Béarn, #Souvenirs d'enfance et de jeunesse, #Lectures

Ce soir, je relis "Pourquoi Bourdieu" de Nathalie Heinich. Le prix Nobel d'Annie Ernaux est un peu pour quelque chose dans ce besoin de retour à ma jeunesse de sociologue. Mais pas seulement. Vendredi au marché de mon village, je discutais avec un marchand de produits à base de laine, citoyen de Lasseube, et je n'ai pu m'empêcher de lui parler de Bourdieu que j'y avais rencontré en 1990...

Heinich quand elle a publié son livre en 2007 savait qu'elle racontait déjà une histoire ancienne, que déjà une bonne partie du boudieusisme avait beaucoup vieilli (et Bourdieu était mort depuis six ans, quoique - j'y fais allusion dans mon roman "La Révolution des Montagnes" - son bureau à l'EHESS n'avait toujours pas été vidé). Latour (dont les étudiants détestaient les bourdieusiens) était passé par là, et d'autres.  Beaucoup de problématiques de Bourdieu s'étaient usé (et elles ont encore plus vieilli aujourd'hui dans l'ambiance d'effondrement de la France et de dictature satanique globaliste façon 1984 dans laquelle nous entrons), mais pas la plus centrale, celle des habitus de classe, ni non plus celle de la défense de l'Etat (voyez cette vidéo de l'université Toursky). Et malgré ma nouvelle orientation spirituelle, je crois qu'il est légitime de continuer à s'intéresser rationnellement aux contraintes (et aux pièges) du langage, à leur effet performatif, de même que je continue à penser qu'il faut continuer à poser la question d'un certain communisme autogestionnaire, aux antipodes du communisme "chinois" que le Forum économique mondial et ses sbires dans nos gouvernements veulent nous imposer.

J'ai envie de revenir un peu sur tout cela dans les livres sur la Lettonie et sur le stoïcisme que je prépare. Je ne sais pas si j'arriverai à expliquer vraiment des choses ou si je resterai allusif. Nous verrons bien.

A propos de Latour, j'ai appris son décès le 8 octobre dernier. Je n'étais pas fan. C'était de la sociologie postmoderne assez superficielle. Je n'ai jamais compris par exemple l'intérêt de prêter un statut social aux objets. Cela n'a de sens qu'en littérature.

Cet été, une ancienne conseillère municipale de Brosseville me disait qu'elle assistait à des séminaires de la fille de ce sociologue inspirés de ses ouvrages... Plutôt des sortes de stages de développement personnel à vrai dire. Je ne suis pas très étonné de voir la sociologie latourienne, comme la philosophie, atterrir dans ce genre de marécage. Les gens maintenant veulent des recettes pour apprendre à vivre. Bientôt ils accepteront la puce informatique qui déploiera dans leur tête un programme en lieu et place de leur libre-arbitre...

Partager cet article

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Commenter cet article