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Le blog de Frédéric Delorca

Soudan, Tchad, Pakistan, Sri Lanka, quelques pays dont on parle peu

4 Novembre 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Les actualités il y a quelques mois vous ont montré le peuple envahissant le palais présidentiel. Mais vous ne savez pas comment les choses ont évolué. Idem sur le Pakistan qui a vu son premier ministre évincé dans des conditions très contestables du fait de sa position soi-disant pro-russe, ou du Soudan qui fêtait le premier anniversaire de son coup d'Etat. Faisons un point rapide sur ces petits pays et quelques autres.

Au Sri Lanka, l'augmentation des prix a été quelque peu stabilisée pour certains biens de première nécessité, mais le pays vit toujours au rythme des pénuries et des manifestations populaires. La parti du clan Rajapaksa officiellement évincé reste influent et les deux partis d'opposition SJB (centre gauche comme le parti au pouvoir) et NPP (plus à gauche) peinent à pousser à la dissolution du parlement.

Au Pakistan l'ex-premier ministre Imran Khan a été déclaré inéligible par le Comité électoral le 21 octobre dernier pour avoir dissimulé des gains de patrimoine pendant son mandant, ce qui a provoqué une longue marche de ses partisans du Pendjab à Islamabaad. Les attentats perpétrés par les talibans dans le district de Swat en zone pachtoune et la crise agricole provoquée par les inondations font partie des grands défis que le pays doit affronter. Aussi bien la banque mondiale que la Russie (le successeur de Khan ayant rencontré Poutine en marge de la réunion de l'Organisation de coopération de Shanghaï en septembre).

En ce qui concerne le Soudan le président Biden vient de prolonger l'Executive Order 13067 du 3 novembre 1997 plaçant le pays sous sanction à cause du coup d'Etat et de la situation au Darfour où le déploiement de forces d'interposition reste insuffisant pour juguler les violences tribales et entraîne par ailleurs des exactions (300 détentions arbitraires selon les ONG). Des experts de l'ONU réclament la poursuite des responsables de la répression qui sévit à travers le pays depuis un an. Les observateurs relèvent cependant l'effort de la junte militaire cherche à élargir son assise électorale en libérant des prisonniers politiques islamistes liés à l'ancien régime.

Autre pays qui a été marqué par l'instabilité depuis cinq ans, la Centrafrique s'engage dans un processus constitutionnel pour autoriser le renouvellement du mandat de l'actuel président, lequel se trouve dans une situation de bras de fer avec sa cour constitutionnelle. Au Burkina Faso où sévit toujours la guérilla islamiste un gouvernement de 23 ministres, dont trois militaires, a été nommé mardi soir par le président de la transition pour diriger le pays jusqu'à juillet 2024. Concernant le Tchad, grand fournisseur d'hydrocarbures pour la France, qui se dote d'un "gouvernement d'union nationale", sous la houlette d'un président très controversé (et jugé putschiste par son peuple), Comité des Nations unies contre la torture se penchait aujourd'hui sur ma répression violente d'une manifestation du 20 octobre dernier (1 300 arrestations, 50 à 150 personnes tuées).

Comme on le sait, le Sahel est le théâtre de rivalités américano-russes. C'est aussi le cas de l'Afrique du Sud (qui bien que membre des BRICS n'importe plus de gaz et de pétrole russes) où la récente visite du président Cyril Ramaphosa en Arabie saoudite et la décision du gouvernement d'autoriser un milliardaire ayant des liens étroits avec le président russe Vladimir Poutine à se rendre en Afrique du Sud le mois prochain sont un sujet de discorde avec Washington, qui n'a pas hésité par la voix de son ambassade à prévenir le 26 octobre sans passer par le canal diplomatique d'un risque d'attaque terroriste (sans préciser de la part de qui) au coeur du quartier d'affaires de Johannesburg, provoquant la panique dans la ville (et le mécontentement des autorités sud-africaines).

En Asie en septembre les navires de guerre américains, sud-coréens et japonais ont lancé vendredi leurs premiers exercices anti-sous-marins trilatéraux en cinq ans, après que la Corée du Nord a renouvelé les essais de missiles, et un exercice de 240 avions de guerre est organisé par Washington en Corée du Sud cette semaine. Le pays lui-même est agité par des manifestations de gauche et droite depuis le retour au pouvoir des conservateurs. Ceux-ci optent de plus en plus pour l'installation d'armes nucléaires américaines tactiques sur leur sol. La population préfèrerait, selon des sondages, des armes nucléaires nationales mais Washington craint que cela se retourne contre les USA en cas de rapprochement sino-sud-coréen.

Aux Philippines le nouveau président Bongbong Marcos, fils du dictateur, jouit d'un bon soutien de la population, et rétablit un peu l'Etat de droit mis à mal par Duterte. L'heure est au rapprochement avec Washington, même si une guerre américaine pour défendre Taiwan risque d'exposer dangereusement le pays dont l'île la plus septentrionale n'est qu'à 250 km de Taipei.

Dans l'hémisphère occidental sans surprise l'ONU a voté (par 185 voix pour, une de plus que l'an dernier et que les 184 de 2007) le 3 novembre pour condamner l'embargo des Etats-Unis sur Cuba (qui vient de légaliser le mariage homosexuel et la gestation pour autrui), comme tous les ans depuis 1992. Seuls les Etats-Unis et Israël ont voté contre (en 2016 Washington s'était abstenu). Les deux pays qui se sont abstenus sont le Brésil de Bolsonaro (qui, en 2019 du temps de la lune de miel avec Trump avait voté contre) et l'Ukraine de Zelensky reconnaissante pour les livraisons d'armes - mais déjà en 2019 elle s'était abstenue, aux côtés de la Colombie, qui, entretemps est passée à gauche. Le soutien à l'embargo est d'autant plus cruel cette année que l'inflation cubaine est à plus de 200 % en ce moment selon l'opposition cubaine du fait de l'effondrement des recettes touristiques (tandis que l'embargo a coûté sur un an 2,5 milliards au pays). Cuba aurait pu avoir même 186 votes de son côté si Washington n'empêchait pas le gouvernement vénézuélien de voter à l'ONU parce qu'il n'est pas à jour (lui-même pour cause d'embargo) de ses cotisations à cet organisme.

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