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Le blog de Frédéric Delorca

L'alliance irano-russe et ses effets au Proche-Orient

1 Décembre 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Proche-Orient, #Le monde autour de nous

Le 27 novembre l'ancien diplomate britannique Alastair Crooke écrivait dans Al-Maydeeen, après avoir relevé que le G20 avait refusé de condamner la politique russe en Ukraine et que l'alliance russo-iranienne inquiétait des analystes du Jerusalem Post :

"Dernièrement, dans le nord-est de la Syrie, l'armée syrienne a périodiquement érigé des barrages routiers et refusé le passage aux convois militaires américains en route vers et depuis leurs alliés protégés kurdes. Ces derniers jours, un point de contrôle qui a refoulé un convoi militaire américain était tenu conjointement par les forces syriennes et russes.(...) tous les véhicules russes au poste de contrôle du nord-est de la Syrie avaient un énorme « Z » blanc peint dessus.

« Z » est bien sûr le symbole peint sur les véhicules russes déployés en Ukraine pour identifier les forces qui combattent les forces massives de l'OTAN intégrées et auxiliaires des forces armées ukrainiennes qui combattent la Russie là-bas.

Mais le mystérieux « Z » blanc peint sur les véhicules en est venu à symboliser quelque chose de plus : il est perçu comme représentant « l'ordre mondial Z » - tous ces pays et peuples qui choisissent ensemble la voie du « défi » et du renouveau national.  "

Crooke est très optimiste sur l'utilité de l'alliance militaire russo-iranienne. Il estime qu'elle portera des fruits notamment dans le domaine des armes supersoniques, qui, selon lui, rendent obsolètes les armes nucléaires tactiques. "L'utilisation des missiles russes hypersoniques de haute précision Kinzhal, note-t-il, a complètement rasé un bunker d'armes profond et une vaste base d'entraînement en Ukraine, près de la frontière polonaise, en mars dernier – sans rien de plus. (L'effet cinétique de la frappe hypersonique en a également fait des bunker-busters.)" Or, "l'Iran dit avoir mis au point un missile hypersonique." "Quelques jours plus tôt, l'Iran avait également annoncé avoir lancé un missile balistique transportant un satellite dans l'espace. Si tel est le cas, l'Iran dispose désormais de missiles balistiques capables d'atteindre non seulement "Israël, mais aussi l'Europe". Et ce, alors que les Etats-Unis ne sont pas disposés à suivre la coalition d'extrême droite derrière Netanyahu dans un projet de bombarder l'Iran. Le rapport de force avec le régime de Tel-Aviv s'en trouve donc lui aussi changé.

Cette évolution a probablemet encouragé la Turquie à bombarder les alliés des Américains en Syrie à la suite de l'attentat d'Istanbul du 13 novembre. Ankara a même attaqué les abords d'une base contrôlée par les États-Unis dans la province syrienne d'Al Hasakah le 26 novembre. Auparavant les installations pétrolières exploitées par les USA et leurs alliés au mépris de la souveraineté syrienne avaient aussi été bombardées par les Turcs. Les provinces syriennes de Hasakah, Deir ez-Zor et Raqqa sont actuellement principalement contrôlées par les Forces démocratiques syriennes kurdes soutenues par les États-Unis. Depuis 2015, le commandement américain a créé neuf bases dans la zone. L'opération turque a conduit Washington a faire marche arrière.

S'exprimant lors d'une conférence de presse, le porte-parole du Pentagone, le général de brigade Patrick Ryder, au nom du Pentagone, a déclaré le 29 novembre que les États-Unis reconnaissaient les préoccupations de sécurité de la Turquie et avaient donc réduit les patrouilles avec les milices kurdes. L'objectif d'Erdogan reste de constituer une zone de sécurité de 30 km à l'intérieur des frontières syriennes, ce qui peut impliquer la prise militaire terrestre de Kobane pour y reloger les 3 millions de réfugiés syriens en Turquie.

Les Kurdes (qui peuvent encore utiliser leurs prisonniers de Daech comme instruments de chantage) ont fait appel aux Russes pour dissuader Erdogan de poursuivre son action militaire, et Poutine a renforcé sa présence militaire à Tal Rifaat.

L'Iran de son côté semble par ailleurs reprendre en main sa situation intérieure. Le pays a protesté auprès de l'ambassadeur de France pour ses ingérences dans sa politique intérieure suite à une résolution du parlement français, ce qui a permis  de mettre en avant au passage l'affaire des activistes Cécile Kohler et Jacques Paris, enseignants syndicalistes accusés d'avoir cherché à fomenter des troubles parmi leurs homologues iraniens. Les ambassadeurs allemand et britannique ont aussi été convoqués. Elle se propose en médiatrice entre la Turquie et les Kurdes en Syrie, et tire divers profits sur la scène internationale de son alliance avec Moscou.

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