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Le blog de Frédéric Delorca

"L'Ukraine sera un grand Israël"

26 Février 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE, #Colonialisme-impérialisme, #Les Stazinis, #Grundlegung zur Metaphysik, #Le monde autour de nous

Dans son discours du 5 avril 2022, Volodymyr Zelensky avait déclaré qu'il s'inspirera d'Israël et non de la Suisse à la suite de l'invasion russe en ce qui concerne les questions de sécurité nationale.

"Je pense que tout notre peuple sera notre grande armée. Nous ne pouvons pas parler de la" Suisse du futur "- probablement, notre État pourra être comme ça longtemps après", a-t-il précisé Zelensky. "Mais nous deviendrons définitivement un 'grand Israël' avec son propre visage."

"Nous ne serons pas surpris d'avoir des représentants des Forces armées ou de la Garde nationale dans toutes les institutions, supermarchés, cinémas, il y aura des gens avec des armes. Je suis sûr que notre problème de sécurité sera numéro un dans les dix prochaines années. " (Jerusalem Post du 5 avril 2022). Il avait ajouté que son pays ne sera donc absolument "pas libéral (de gauche), pas européen" (Haaretz 5 avril 2022).

L'ancienne comédienne et présentatrice Katie Halper, qui est elle-même juive, quatre jours plus tard (cf The Hill) avait trouvé étrange cet appel à la militarisation de la culture ukrainienne appelant à ce qu'il y ait des gens en armes dans les cinémas et les supermarchés. Elle y décelait un possible clin d'oeil aux Ukrainiens de droite. Mais Daniel B. Shapiro ex-ambassadeur d'Obama en Israël (donc de gauche), maintenant membre de l'Atlantic Council, avait lui, ainsi que le remarqua judicieusement Alexander Rubinstein en septembre 2022, approuvé cette perspective d'un Etat-policier de citoyens en armes, bastion de l'OTAN, et commencé à définir comment cette société militarisée pourrait se mettre en place, sur un mode analogue aux propos d'Alexander Haig, au temps de Ronald Reagan, qui présentaient Israël comme un "porte-avions insubmersible" des Etats-Unis.

Et de fait le plan Shapiro fonctionne : comme pour Israël, l'aide militaire américaine pleut sur l'Ukraine : plus de 100 milliards aujourd'hui, soit autant que l'aide américaine à Israël depuis 1948, le double du budget de défense russe, et plus qu'aucun Etat américain n'ait jamais reçu du gouvernement fédéral (l'Ukraine prime sur la politique domestique, même chose d'ailleurs que pour certains pays européens comme la Pologne qui doit nourrir plus d'un million de réfugiés ukrainiens sur son sol).

Au cas où l'association mentale Ukraine-Israël ne serait pas assez claire dans les esprits européens, L'Express titrait le 16 février 2023 : "Bernard-Henri Lévy : "L’Ukraine d’aujourd’hui, par bien des points, me rappelle Israël" ", 6 jours avant la sortie du second documentaire sur l'Ukraine "Slava Ukraini" du soi-disant philosophe qui visite le front en chemise blanche. Du reste une très grande partie des news produites sur l'Ukraine en faveur de la guerre à outrance proviennent de journalistes liés au lobby pro-israélien en Occident (voyez par exemple l'analyse de certains numéros de l'Express), et les cerveaux de la guerre d'Ukraine à Washington sont des néo-conservateurs sionistes comme Victoria Nuland  - même si on ne peut nier (et cela complexifie un peu les choses) qu'il y a eu des

Certains anti-sémites à tort pensent que la "communauté juive" internationale est impliquée dans cette opération. En réalité, comme on l'a déjà vu, sur ce blog, le lien n'est pas automatique entre le soutien à Israël et le bellicisme en Ukraine (cf les tensions entre Kiev et Tel Aviv depuis un an). Le phénomène est plus recentré autour du groupe des néo-conservateurs juifs comme Victoria Nuland (les mêmes qui étaient des enthousiastes de la guerre contre la Serbie autrefois). A côté de cela certaines personnalités juives comme Arnaud Klarsfeld ou Edgar Morin on souligné le danger de défendre un régime nostalgique de l'antisémite Bandera, et, qui plus est, enclin à conduire le monde dans un cataclysme.

On ne peut impliquer tous les Juifs dans cet engagement, et l'on ne peut pas non plus incriminer une "une mafia khazare" comme le faisait récemment Riccardo Bosi, ancien lieutenant des forces spéciales de l'armée australienne qui déclarait : "Les Russes combattent la mafia khazare dans leur patrie" (d'ailleurs on peut douter que le pouvoir moscovite soit lui-même affranchi des mafias mondialistes - voyez le lien du Parti des régions ukrainiens avec le parti républicain américain). J'expliquerai un jour pourquoi ce terme "khazar" me paraît impropre.

En tout cas la connexion Kiev Tel-Aviv existe et doit être étudiée avec ses diverses ramifications en Occident. Elle repose notamment sur des oligarques israélo-ukrainiens (qui ont d'ailleurs souvent une troisième ou quatrième nationalité), notamment Ihor Kolomoiski, président de Privat Group, l'homme qui a quitté Israël pour faire élire Zelensky à Kiev a aussi employé le fils de Joe Biden, Hunter par l'entreprise de son groupe Burisma Gas. Il est accusé d'avoir volé 5 % du PIB ukrainien et financé les bataillons Aïdar et Azov (dans un mail saisi sur l'ordinateur portable de Biden fils - parmi ceux que décortique le groupe Marco Polo -, celui-ci demande à la veuve de frère des images d'enfants brûlés à Donetsk ce qui peut signifier qu'il cherche des photos de sévices sur des enfants victimes de ces bataillons).

Il est lié à l'actuel président ukrainien depuis 2012, lorsque Zelensky et ses coreligionnaires Serhiy et Boris Shefir ont commencé à créer du contenu pour les chaînes de télévision de Kolomoisky via leur société de production, Kvartal 95. L'ascension politique de Zelensky a commencé dans ce cadre après son rôle principal dans la satire politique "Serviteur du peuple" en 2015 sur la chaîne 1+1  fondée par un autre Juif, Alexander Rodnyansky. Le sketch mettait en vedette Zelensky dans le rôle d'un enseignant dont la diatribe anti-corruption en classe est filmée par un élève. L'acteur s'est tourné vers la politique du monde réel, a capitalisé sur la colère généralisée du public face à la corruption et a fini par remporter facilement la présidence trois ans et demi seulement après le lancement de l'émission.

En plus de fournir un soutien financier lors des élections ukrainiennes de 2019, Kolomoisky a fourni des voitures à Zelensky, et la Mercedes Zelensky à l'épreuve des balles utilisée pendant la campagne électorale appartenait à l'associé de Kolomoisky, Timur Mindich - qui siège au conseil d'administration de la communauté juive de Dnipropetrovsk, présidée par Kolomoisky. Zelensky était en fait son petit ami a  révélé le Kyiv Post en avril 2019, et il a accompagné son mentor 11 fois à Genève et 2 fois à Tel-Aviv en compagnie aussi de Kolomoisky Gennadiy (Zvi Hirsch) Bogolyubov ,et les frères Hryhoriy et Ihor Surkis.


Pour obtenir une assistance internationale à la suite de « l'opération militaire spéciale » de la Russie, Zelensky a beaucoup fait pour donner l'apparence de lutter contre la corruption tout en faisant très peu. Il a notamment mis en scène un raid des services judiciaires dans une résidence de son ex-mentor, mais comme l'a remarqué le commentateur politique Yuriy Vishnevskyi  «les détectives savaient parfaitement qu'ils n'y trouveraient probablement rien, car Kolomoisky n'était pas un fonctionnaire [des organismes gouvernementaux soupçonnés d'évasion fiscale]. Il est douteux qu'il ait laissédes documents chez lui qui prouveraient son implication dans des stratagèmes criminels. Les rumeurs selon lesquelles Zelensky a dépouillé Kolomoisky de sa citoyenneté ukrainienne, ainsi que la citoyenneté ukrainienne des oligarques juifs Hennadiy Korban et Vadim Rabinovich, ont suscité des contre-rumeurs selon lesquelles ce n'est rien de plus qu'un tour de passe-passe intelligent conçu pour libérer ces chiffres d'anti déjà faibles -les lois sur les oligarques adoptées en 2022.

Kolomoisky n'est pas seulement ami des Biden. Il l'est aussi de Bernard-Henri Lévy. En août 2014, celui-ci était présent au lancement de la chaîne Ukraine Today propriété de ce milliardaire. Les actifs de son groupe Burisma étaient contrôlés par Sunrise Energy dans le Delaware dont le conseil d'administration était nommé par un membre la galaxie de Trump. Et la holding Privat qu'il dirige était approvisionnée en dollars par Daniel Freifeld, ex envoyé spécial d'H. Clinton pour l'Eurasie.

L'ancien député Victor Pinchuk est aussi cité (mais cette fois-ci plus positivement que Kolomoisky, bien qu'il ait été lui aussi accusé de détourner des millions) parmi les oligarques amis des Clintons susceptibles de faire le lien entre Israël, les Etats-Unis et l'Ukraine.

Dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung du 3 mars 2015,  le député chrétien-démocrate allemand Karl-Georg Wellmann (CDU) expliquait : "L’Ukraine a besoin d’un plan Marshall s’élevant peut-être à quelques centaines de milliards d’euros ". L’homme était cofondateur, avec Bernard-Henri Lévy et le député conservateur britannique Lord Risby of Havervill, de l’Agence de modernisation de l’Ukraine (AMU). La raison : « En l’état actuel [du pays], personne n’est prêt à investir », il fallait donc toujours plus d'argent... Victor Pinchuk, et le sunnite tatar Ronat Achmetov étaient derrière cette opération. BH Lévy en novembre 2014 rendait hommage au premier à la Sheptytsky Award Ceremony (cf ici).

Et récemment dans le Jérusalem Post du 7 novembre 2022, Pinchuk "suppliait" Israël de procurer une défense anti-missiles à l'Ukraine.

Déjà en 2009 la Jewish Telegraphic Agency notait que trois des quatre principaux oligarques ukrainiens étaient juifs. Cette situation nourrissait d'ailleurs une sourde hostilité à leur encontre avant la guerre - voyez cette déclaration en 2010 de  Serhiy Ratouchniak ancien maire d'Uzhhorod (à l'Ouest de l'Ukraine) "Cinquante familles juives détiennent 80 % de toutes les richesses ukrainiennes. Où voyez-vous l'oligarque ukrainien ? Je n'en connais aucun. Ils sont tous juifs. Leur richesse trahit leurs propres droits de vantardise : Rolls-Royce, avions, châteaux, hôtels, casinos possédés à Monte Carlo. Avions et yachts sous pavillon étranger. Et, bien sûr, ils ne paient pas d'impôts. Et les usines et les usines ont été achetées par eux non pas à un prix réel, mais volées à tout le peuple ukrainien".

Ces réseaux qui constituent la base de la solidarité israélo-ukrainienne et des relais puissants du nationalisme ukrainien dans les milieux économiques et journalistiques occidentaux mériteraient une étude approfondie.

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