Des Serbes pro-américains en opération secrète en Géorgie ?

Tout le monde est à cran dans le Caucase en ce moment. Les Russes sont remontés contre l'Arménie depuis que son premier ministre Pachinian s'est soumis à Washington. Et les Géorgiens sont aussi sur leur garde. Les enjeux sont énormes. Il y a du "regime change" de tous côtés, chacun voulant évincer radicalement les intérêt de son adversaire de la région.

Hier on apprenait en lisant la presse d'Azerbaïdjan que le  octobre, le service de sécurité de l'État géorgien a publié une déclaration accusant l'USAID (l'agence américaine mi-privée mi-publique qui a financé de nombreuses révolutions de couleur depuis vingt ans) de rémunérer des Serbes entraînés à des méthodes de protestation violentes en vue d'un changement de gouvernement dans le pays.

Les Serbes depuis la création d'Otpor fin 1999 (qui a abouti au renversement de Milosevic en septembre 2000) ont déployé un grand investissement dans les opérations de destabilisation. En février 2010, un mail fuité sur Wikimeaks indiquait qu’en 2008 le Centre pour l’application des stratégies et actions non violentes  CANVAS (satellite du National Endowment for Democracy) fut sollicité à Denver pour aider à la transposition de l’expérience serbe au Venezuela. Stratfor, agence de renseignement américaine, décrivait alors Srdja Popovic ex-leader d'Otpor et leader de CANVAS comme leur homme de main.

Aujourd'hui, les autorités géorgiennes font savoir que les citoyens serbes Sinisa Sikman, Jelena Stoisic et Slobodan Jinovic/Djinovic - sont arrivés en Géorgie le 25 septembre pour quatre jours à l'invitation de l'Institut de gestion Est-Ouest de l'USAID dans le but d'établir des relations avec des ONG et des jeunes planifiant des activités illégales, aux frais de l'agence américaine. Ils auraient notamment organisé des rencontres à des fins insurrectionnelles à l'hôtel Ibis de Tbilissi.

"Du 26 au 29 septembre 2023, précise un communiqué de la sécurité d'Etat, à l'hôtel Ibis de Tbilissi, a eu lieu la formation de représentants d'organisations non gouvernementales et de militants civils. Un groupe important, censé jouer un rôle décisif dans la préparation et l'exécution des processus visant à renverser le gouvernement par des moyens violents, a reçu une formation au cours de cette période. La formation couvrait divers aspects, notamment la manière d'agir contre des groupes cibles tels que le gouvernement, l'Église orthodoxe, les services de sécurité de l'État et d'autres agences. Les participants ont été invités à créer des piquets de grève et des embouteillages artificiels, à installer des tentes devant les bâtiments administratifs, à générer des tensions dans les structures de pouvoir et à répondre violemment à leurs exigences légales. Les stagiaires ont également été préparés aux arrestations attendues, informés des méthodes de résistance lors de telles périodes,

La formation comprenait une analyse comparative de divers processus révolutionnaires, y compris  l'exemple topique de la Serbie."

Le parti au pouvoir en Géorgie, le « Rêve géorgien », par la voix d'Irakli Kobakhidze, a également publié une déclaration affirmant que l'argent du peuple américain était dépensé pour planifier les processus révolutionnaires en Géorgie, au moment où le pays engage une procédure d'impeachment contre sa présidente la franco-géorgienne Salomé Zourabichvili, accusée d'avoir assisté à une réunion de négociation avec les Européens sans l'aval du gouvernement.

Les trois serbes sont des membres de CANVAS. Djinovic en est le président. Sinisa Sikman dans Turc du Caucase hier a démenti que CANVAS veuille participer à des changement de régime et se borne a développer des techniques de résistance non-violente (on sait que dans l'espace ex-soviétique cette nuance sémantique est vide de sens).

La presse russe a repris cette information à destination de la Serbie (cf Sputnik Serbie) qui a été reprise par des organes serbes, par exemple à Banja Luka (Bosnie).