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Le blog de Frédéric Delorca

Michel Collon chez Rémy Watremez

31 Octobre 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Divers histoire, #Débats chez les "résistants", #Peuples d'Europe et UE

Il m'est arrivé notamment pendant la crise sanitaire de regarder sur You Tube "Juste Milieu" la chaîne de Rémy Watremez. Ce n'est pas à proprement parler une chaîne d'information alternative, plutôt de divertissement, équivalent dans l'ordre contestataire de ce qu'est par exemple "Le Quotidien" du côté des mainstream. Il y a quatre jours le Youtubeur interviewait Michel Collon, l'homme que je surnommais "Le Missionnaire" dans mon livre "L'ingérence de l'OTAN en Serbie" où j'évoque notamment mes échanges avec lui à l'époque.

Je n'ai pas tout écouté, seulement la façon dont le journaliste belge présentait son itinéraire. C'est amusant la façon dont un homme de 77 ans résumé son engagement devant un youtubeur de 29... Le jeune ne connaît pas vraiment le contexte politique des années 1990-2000. Donc le vieil homme peut aisément présenter les choses comme cela l'arrange. Dans un sens il n'a pas le choix : il ne dispose que de 5 minutes. Mais la synthèse, la cristallisation, produisent un effet curieux. Comme si tout était naturel, linéaire. Collon était fils de bourgeois, mais il a découvert la gauche, l'usine, puis "Manufacturing consent", puis la propagande de guerre, et puis il y a eu Internet, et l'altermondialisme etc... La jeunesse gobe ces mots comme elle lirait un livre d'histoire. Tout cela est finalement bien abstrait.

Le récit gomme tout ce qui n'allait pas de soi. Les coups de poignards, contre les ennemis, mais aussi contre les alliés, et surtout contre la vérité, à chaque étape - c'est embêtant de la part de gens qui s'érigent en professionnels de la lutte contre le mensonge. De vrais "saint Jean de la Croix" du combat pour la vérité (pour reprendre le mot de Sartre qui comparaît Fidel Castro à ce mystique). En réalité tout est bien plus complexe, mais qui se soucie de la complexité ? La complexité est dans les livres. Il faut aller les trouver chez des éditeurs confidentiels, les livres sont longs à lire.

Moi qui suis aussi un ancêtre (quoique plus jeune que Collon), astreint à ce titre au devoir de mémoire, je n'ai pas oublié. Ce qu'était la République fédérale de Yougoslavie à l'été 2000 quand Michel Collon organisait des visites à Belgrade alors que les opposants (de gauche et de droite) étaient en tôle. L'histoire de la création du portail Internet qui n'a jamais vu le jour au début des années 2000 voulez-vous que je vous la raconte ? Et la façon dont Taddei cooptait les opposants légitimes (Collon-Bricmont) pour l'émission "Ce soir où jamais" à l'époque où le socialisme de Chavez était à la mode ? Chaque fois qu'un opposant crée son petit "business de la vérité" et joue des coudes pour être reconnu, il en écrase une vingtaine d'autres, mais surtout, il écrase aussi beaucoup d'aspects de la vérité qui auraient gagné à être compris et qui auraient dû être portés par ceux qui ont glissé dans l'oubli. Je ne parle pas de moi : je n'avais pas la "gnaque" pour devenir un porte-drapeau, mais de beaucoup de gens de trente ou quarante ans plus jeunes que Collon auxquels celui-ci n'a pas fait la courte-échelle, qu'il a utilisés pour vendre ses cassettes, ses livres, et qui ont pâti de ne pas avoir plus d'espace pour s'exprimer et devenir à leur tour de bons journalistes alternatifs.

Problème des égos. Problèmes des idéologies aussi. Collon me hérisse à chaque fois qu'il affirme que les guerres impériales sont faites pour le pétrole. Il ose le répéter aujourd'hui à propos de la Palestine. On sait pourtant que l'ampleur du problème est plus vaste. Elle est spirituelle. Mais parler de pétrole simplifie le débat, comme lorsque les gens à l'époque du Covid croyaient avoir atteint le sommet de l'esprit critique quand ils disaient "c'est une question de pognon". Raisonner de la sorte arrange bien tout le monde.

Allez, je vous montre ce qui fut malgré tout le meilleur côté de Collon à mes yeux : Les damnés du Kosovo. Car avec ce film là, tourné quelques années après l'entrée de la KFOR dans la province serbe, il avait quand même le grand mérite de traiter un sujet qui n'intéressait plus personne dans les grands médias : la persécution des minorités non albanaises.

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