Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Frédéric Delorca

Dérens sur le Kosovo

7 Novembre 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche, #Peuples d'Europe et UE

Depuis 25 ans que j'écris sur la Serbie, je croise fréquemment le nom de Jean-Arnaud Dérens, fils de Jacqueline Dérens, militante communiste spécialiste de l'ANC. Jamais il n'a été très brillant. Ses articles égrainent toujours sur un mode assez banal et bien pensant les "calamités du nationalisme", sans originalité et sans grande rigueur. Dans un article du Monde Diplomatique de juillet 2006, il confondait même  - je le prouve ici avec ces captures d'écran à partir de Calameo (voyez le dernier paragraphe du second document ci dessous) le SPS (parti socialiste serbe) avec le SRS (l'extrême droite) qui lui seul avait un organe de presse appelé Velika Srbija (Grande Serbie), même une personne vaguement intéressée par la Serbie n'aurait à l'époque jamais commis de confusion entre un parti de gauche et un parti d'extrême droite.

Mais que voulez-vous, avoir un "beau nom" permet d'occuper le terrain, ce qu'il fait en dirigeant "Courrier des Balkans" depuis deux décennies, pour le meilleur et pour le pire, le pire étant bien sûr le pouvoir de censure : en avril 2009 il avait refusé d'écrire une recension de mon livre sur la Transnistrie parce qu'un enseignant de l'INALCO qui m'accompagnait (membre aussi du parti communiste) était selon lui antisémite (sic!), ce que l'intéressé a toujours nié... Ca en dit long du niveau du débat à gauche à l'époque (et ça ne s'est pas amélioré depuis lors).

Pas de surprise donc de retrouver dans l'Humanité Magazine du 2 au 15 novembre 2023 à nouveau l' "immense" Dérens qui s'exprime sur le Kosovo, dans un article co-écrit avec une certaine Julie Chauvin, journaliste de Pristina, intitulé "Au Kosovo les rêves brisés d'une jeunesse divisée"

Ce qui l'intéresse, ce ne sont pas les provocations du gouvernement de ce pseudo-Etat à l'encontre de la minorité serbe, provocations qui indignent même des députés de Die Linke en Allemagne (mais dans ce pays la gauche a un regard un peu plus profond sur les Balkans qu'en France...). D'ailleurs il commence à donner la parole à Erona Haxhimehmeti, une Albanaise rousse de 29 ans, de la partie Sud de Kosovska Mitrovica (le ord est resté serbe grâce à nos gendarmes français intégrés à la Kfor en 1999, ce qui avait fait grincer des dents à gauche notamment dans Le Canard Enchaîné). Il reprend ses doléances contre le fait qu'il y ait une obligation de visa pour l'émigration en Europe (sans préciser que Macron l'a maintenue parce que le gouvernement kosovar n'a pas tenu parole sur l'organisation de l'autonomie serbe, un peu comme Zelensky avec le Donbass). Puis c'est le tour d'un certain Bujar Gara qui  a trouvé un job dans une entreprise de technologie américaine, puis un serbe, Dino Muric qui rêve d'émigrer. Toujours pas un mot de la politique anti-serbe et des manifestations qu'elle a suscitées. Un coup de chapeau aux "féministes", à un "transgenre de 21 ans, aux roms, une tirade contre le nationalisme.

Voilà, rien d'autre. Un reportage sur place qui occulte le principal : ce qui est en train de transformer depuis plusieurs mois le Kosovo en poudrière au risque d'en faire une sorte de nouveau front anti-russe (par les Serbes interposés), comme dans le Caucase à travers les Géorgiens. Au prix où sont les billets d'avion, M. Dérens aurait mieux fait de rester à Paris.

Partager cet article

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Commenter cet article