Mélenchon et la gouvernabilité de la France
19 Juillet 2024 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche
J'ai souvent critiqué les positions de Mélenchon et de son parti, sur la Libye, sur la Syrie, sur la crise du Covid, sur l'Ukraine, et encore hier sur son rapport à Von der Leyen (on attend d'ailleurs que ce parti prenne des positions pour l'avancée de l'enquête sur les contrats avec Pfizer, contre la censure des réseaux sociaux etc), mais je dois reconnaître que sa position sur la formation d'un gouvernement en France est sur le plan strictement tactique la plus claire.
Bien sûr il peut être tentant quand on a moins de 30 % des voix de rentrer dans une logique de compromis pour gouverner, mais cette logique aujourd'hui ne pourrait aboutir qu'à dénier la volonté de ceux qui ont voté pour la coalition de gauche. D'une part jamais il ne leur avait été dit qu'un pacte de gouvernement serait passé un jour avec les macroniens (sans quoi ils n'auraient pas voté pour le Nouveau front populaire) et en outre à ce stade de toute façon aucun parti de la mouvance macronienne n'est prêt à faire sienne les propositions du NFP.
La seule solution - présentée par Mélenchon aujourd'hui sur BFM cf ci-dessous - est donc bien que le NFP propose une premier ministre, et que celui-ci puisse tenter de faire passer son programme loi par loi, au prix d'éventuels amendements, jusqu'à ce qu'il se fasse renverser par une motion de censure.
Avancer d'emblée comme premier ministre un "socialiste d'ouverture" déjà prêt à renoncer au programme pour avoir le soutien des macroniens, serait un déni de démocratie du même style que ceux que prônent depuis 9 jours les macroniens (en refusant la démission du premier ministre, puis en l'acceptant uniquement pour avoir 17 voix utile à la réelection de la présidente de l'Assemblée nationale etc).
Sur le plan tactique seule la méthode de Mélenchon est démocratique au sens des institutions de la Ve République et tout le terrorisme intellectuel des socialistes et des médias de l'oligarchie pour diaboliser tout ce qui vient de La France Insoumise (sur le thème de l'antisémitisme de ce parti et autres billevesées) n'y changera rien.
Je parle ici de tactique, et d'ailleurs je crois que Villepin récemment ne disait pas autre chose quand il disait que Macron devait de toute façon au moins dans un premier temps s'effacer et accepter une candidature du NFP quand bien même elle serait de LFI (a fortiori une candidature façon Hugette Bello que le PS a stupidement refusée).
Ensuite, comme le dit Mélenchon, le jour où le gouvernement de gauche sera censuré, si cela se produit, après qu'il ait à son tour censuré une alternative macronienne (sauf évidemment l'hypothèse d'un "compromis historique" macrono-lepenniste, ce qui ne s'est pas produit pour la réélection de la présidente de l'assemblée), l'étape suivante logiquement, dans la logique de la Ve République (même si on peut regretter que la gauche une fois de plus doive inscrire sa pensée dans les cadres d'une République foncièrement de droite, mais bon, la IVe n'avait rien donné de mieux...), sera la démission de Macron que l'on doit tous souhaiter pour la clarification du jeu politique, car rien ne peut être clair tant que cet insensé reste au commande.
Voilà jusqu'à quel point je puis aujourd'hui donner un satisfecit à Mélenchon et approuver son raisonnement. Au delà de cela, je ne pense pas que sur le plan stratégique de long terme (au delà de la pure tactique sur six mois), il ait une vision réelle des moyens d'infléchir le programme de l'oligarchie mondialiste. Il n'a pas de plan pour une politique européenne "alternative", ni pour échapper au Big Pharma, au Big Data, à la montée du bellicisme anti-russe et anti-chinois, ni même pour recréer de l'emploi en France dans le cadre d'un nouveau protectionnisme (et le RN n'a pas davantage de solutions non plus : seulement au mieux quelques mesurettes).
Et je ne crois pas du tout à l'appel de Frédéric Lordon pour un sursaut mouvementiste censé suppléer la faillite de la "social-démocratie" comme il dit. Au mieux, compte tenu de la sociologie de la France, à vue humaine on ne peut avoir que des feux de paille façon 1848 ou façon gilets jaunes pour inquiéter un peu les bourgeois. Mais le mouvement social ne peut pas à ce stade définir un programme cohérent d'inversion du plan mondialiste.
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