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Le blog de Frédéric Delorca

Répression dans les facs

17 Décembre 2007 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Au Moyen-Age, la Sorbonne échappait au champ d'intervention de la police royale. Les facs françaises n'ont plus droit à ce privilège.

Ci-dessous un  témoignage attribué à Alice Verstraeten, enseignante à l'université de Lyon II.  La vidéo, elle, date d'il y a une semaine (http://fr.youtube.com/watch?v=J-8lhsmMxpc&feature=related). A noter que l'ambiance est aussi trè stendue à Lille - cf http://lille.indymedia.org/ - et dans d'autres universités, et ce, dans la plus grande indifférence des grands médias.

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> Bonjour à tous, Ma fac (Lyon II) s'enfonce tous les jours un peu plus
> dans le mépris des étudiants et dans un logique policière qui
> m'inquiète profondément., Les médias ne nous suivent pas,  ne relayent
> rien,  s'auto censurent ou se font censurer., Tout a commencé avec la
> Loi Pécresse de réforme des Universités,  signée dans la précipitation
> cet été par le président de la fac,  Monsieur Journès.Certains
> étudiants et enseignants s'opposent à cette loi., Les étudiants ont
> choisi le blocage de l'Université comme mode d'action. On peut être
> pour ou contre,  je ne suis pas sûre que ce choix ai rendu service aux
> manifestants et à leur image mais aujourd'hui,  à la limite,  peu
> importe. On a,  pour l'instant,  dépassé ce débat., Depuis quelques
> jours,  le président de l'Université a fait appel aux "forces de
> l'ordre": des vigiles privés,  très jeunes,  non asermentés,  arrogants
> et dépassés par les événements,  patrouillent dans la fac avec au bras
> un brassard orange marqué "sécurité". Ils apostrophent tout le monde,
> tutoient tout le monde,  et nous demandent de justifier de notre
> présence dans l'Université  en montrant notre carte "cumul" (une carte
> magnétique d'étudiant ou d'enseignant qui sert aussi de carte de
> bibliothèque et de carte... de paiement dans l'enceinte de la fac... ce
> qui, en soit, ne me plaît déjà pas beaucoup)., Il semble bon de
> rappeler qu'une Université est,  selon la loi,  un "établissement
> public à vocation scientifique et culturelle"..., Les étudiants qui
> manifestaient scandaient à l'encontre des vigiles,  hier matin:
> "Voyous, racailles." Car certains d'entre eux s'amusent à retenir les
> étudiantes pour les draguer,  d'autres en sont venus aux mains avec des
> étudiants de leur âge,  une étudiante a été "étranglée" avec son
> écharpe pour qu'elle dégage un passage., A l'entrée principale du
> campus de Bron,  et rue Chevreul sur lle campus des quais du Rhône,  dès
> 7h30 le matin,  tous les jours,  les CRS arrivent pour déloger les
> étudiants qui protestent. 9 cars de CRS devant le campus de Bron,  9
> cars de CRS devant le campus des quais de Rhône. Ils sont,  régulièrement,
> soutenus par la gendarmerie mobile., J'étais là,  hier
> matin. Deux de mes étudiantes m'avaient dit avoir été "molestées" par
> les CRS la veille et voulaient que j'en sois témoin. Eh bien oui,  ils
> les plaquent au sol,  les jettent plus loin,  les matraquent dans le
> ventre et sur la tête., Sur les quais,  hier,  deux leaders syndicaux
> étudiants (un de Lyon 2, l'autre de Lyon 3) ont été désignés du doigt
> par des policiers en civil avant d'être poursuivis dans une rue
> adjacente par les CRS. Ce qui signifie,  nous sommes d'accord,  qu'un
> travail préalable "d'information" a été effectué et que ces
> arrestations sont ciblées pour détruire les mouvements syndicaux., Les
> deux hommes sont en garde-à-vue et devraient être déférés à la Justice
> aujourd'hui même (donc: il existe désormais des comparutions immédiates
> pour les manifestants, vous serez prévenus). Dans un communiqué odieux
> et mensonger,  la présidence de la fac dit qu'ils sont "extérieurs à
> l'Université" et que ces arrestations sont survenues après des
> troubles. Il n'y a pas eu de troubles autres que la manifestation
> pacifique,  nous sommes plusieurs enseignants à en être témoins., Un
> étudiant a été blessé et,  une fois aux Urgences,  a hérité de douze
> points de suture sur le crâne. Des étudiants ont été mis en joue au
> flashball., Des policiers en civils sont toujours là,  dont un homme
> sur mon campus: de "type méditerrannéen",  il porte une grosse doudoune
> noire,  un talkie walkie dans une poche,  un appareil photo dans
> l'autre. Lui et ses camarades filment longuement les manifestants.
> S'ils ont effectivement été convoqués par le président de l'Université
> dans le seul but de permettre aux étudiants qui veulent suivre les
> cours d'entrer dans la fac,  pourquoi filment-ils? Doit-on ajouter la
> DGSE à la liste des membres du personnel de l'université?, De notre
> côté,  enseignants ou étudiants,  ils nous empêchent un maximum de
> filmer. Ce qui siginifie que les images disponibles sur youtube et sur
> dailymotion ne sont pas à la hauteur de la réalité., Face à cette
> situation,  plusieurs enseignants,  dont je suis,  ont refusé de faire
> cours. Je refuse d'entrer dans une fac investie de forces de police,  de
> gendramerie et de vigiles privés non asermentés. Je refuse de
> montrer des papiers d'identité pour me rendre sur mon lieu de travail.
> Je refuse de me faire bousculer par des CRS. Je refuse de me faire
> tutoyer avec mépris par des individus que je ne connais pas. Je refuse
> d'entendre un vigile insulter un de mes collègues (pourtant munis du
> sac en cuir typique de l'enseignant, pourtant plus honorable que moi
> dans l'allure avec ses cheveux blancs) en lui disant "J'vais t'fumer
> toi, j'vais t'fumer.", Nous ne sommes pas,  que je sache,  dans un état
> policier. Ou alors il faut nous le dire clairement,  parce que cela
> signifie que les règles du jeu ont changé. Je croyais que l'on avait le
> droit de grève dans notre pays., Je crois que ce qui m'inquiète le
> plus,  c'est de recevoir des communiqués de la Présidence affirmant que
> la situation est désormais "normale"., SI CETTE SITUATION EST NORMALE,  JE
> DEMISSIONNE., D'autre part,  pour permettre l'action des ces
> policiers,  militaires et vigiles,  toutes les sorties de sécurité sont
> bloquées. Certains enseignants et étudiants s'obstinent à faire cours
> dans une ambiance délétère et dangereuse. Ce qu'ils risquent purement
> et simplement,  en cas d'incendie,  c'est de brûler vifs dans des
> locaux qui sont déjà vétustes., Je joins à ce message la "Lettre
> ouverte à la présidence de Lyon 2" rédigée par des enseignants (datée
> d'avant hier 5 décembre et déjà dépassée par les événements d'hier),
> ainsi que le dernier message de la présidence elle-même,  pour que vous
> puissiez juger vous-même de la mauvaise foi,  du mépris et des ronds de
> jambe du langage qui se banalisent dans notre environnement politique
> et médiatique., Ce message est,  bien sûr,  à faire passer si vous en
> ressentez le besoin., Alice Verstraeten
>

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Pour un référendum sur le traité de Lisbonne

14 Décembre 2007 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Je viens de donner ma signature à la pétition "Appel du Comité National pour un Référendum" http://www.nousvoulonsunreferendum.eu/index.php?option=com_frontpage&Itemid=1 qui compte déjà plus de 41 000 signataires.
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Je conseille la lecture du texte "Traité Européen : Haute Trahison" de la courageuse professeur de droit public Anne-Marie Le Pourhiet sur http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1356 (il est très rare que des gens de sa profession s'engagent sur un combat comme celui-ci qui ne lui vaudra pas que des amitiés).

Je recommande à tous nos concitoyens de signer cette pétition, de la faire signer autour d'eux, et d'écrire à leurs députés, leurs sénateurs, afin qu'il refusent de voter la réforme constitutionnelle qui permettra la ratification du Traité de Lisbonne, et ce, qu'ils soient pour ou contre ce traité. Le blog "La lettre volée" vous propose un modèle-type de lettre à envoyer à votre député ou à votre sénateur sur http://www.lalettrevolee.net/article-14593313.html : envoyez la à vos élus pour les Fêtes de fin d'année !

La soumission par référendum au peuple d'un texte portant sur un sujet sur lequel il s'est déjà exprimé par référendum est une obligation démocratique. Et il est du devoir civique de chacun, s'il veut être respecté comme un citoyen adulte dans ce pays, de se battre pour obtenir un référendum, quelles que soient ses idées sur le traité à venir.
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Rions un peu...

13 Décembre 2007 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Cette vidéo ne devrait-elle pas être annexée au bouquin de Bricmont sur l'impérialisme humanitaire ?



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Une soirée de BRN

7 Décembre 2007 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Conférences vidéos de résistants

Il est (encore relativement) jeune et plein d'ardeur, il s'appelle Pierre Lévy. En 2000 il a lancé le journal Bastille-République-Nation, devenu depuis lors La Lettre de Bastille-République-Nations. Il invitait jeudi dernier (6 décembre) ses lecteurs à venir débattre de l'Union européenne et de l'avenir du journal du côté de l'Ecole militaire. Un public en moyenne moins jeune que lui - une cinquantaine de personnes - avait répondu "présent" à l'appel. Deux collaborateurs du journal (puis un troisième arrivé sur le tard) étaient à ses côtés. Une petite touche de dissidence dans les élites consensuelles. Voici une brève video, comme une petite photo-souvenir.

NB : cette vidéo a été réalisée à titre personnel par F. Delorca indépendamment de la direction de BRN, et n'engage donc évidemment pas la responsabilité de celle-ci.
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Un petit air de XIX ème siècle

4 Décembre 2007 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Quand "Le Monde" s'efforce de penser les différences entre les peuples, cela donne ceci :

"c'est la grande différence avec la situation chinoise -, le boom actuel en Russie est fondé sur une économie de la rente, pas sur la construction d'une économie moderne. L'exportation de produits énergétiques ou miniers rapporte des devises dont une partie peut être redistribuée. Elle ne favorise pas les réformes économiques. Elle n'encourage pas non plus la diffusion de l'esprit d'entreprise dans un pays où le climat et l'histoire ont entretenu l'apathie des masses.

Ce n'est pas un hasard, pas plus qu'une fatalité, si l'on ne trouve pas sur le marché international inondé de produits chinois des biens de consommation made in Russia. Ce n'est ni un hasard ni une fatalité si, aux confins de la Sibérie, des millions de Chinois cultivent des terres dont les Russes n'ont jamais rien su tirer. C'est une réalité.

Daniel Vernet"

(Le Monde 5 décembre 2007)

Les "vaillants" Chinois, les Russes "apathiques". Ca a un petit air de pensée du XIX ème siècle, vous ne trouvez pas ?
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Le dernier livre de Cockburn sur Donald Rumsfeld

1 Décembre 2007 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Lectures

Pour ceux que ça intéresse je signale ma dernière recension parue sur Parutions.com à propos du livre d'Andrew Cockburn "Caligula au Pentagone" sur http://parutions.com/index.php?pid=1&rid=4&srid=97&ida=8764. Copie-de-cockburn-001.jpg

L’homme par qui la guerre d’Irak est advenue

 

Andrew Cockburn, Caligula au Pentagone

L'auteur du compte rendu : Juriste, essayiste, docteur en sociologie, Frédéric Delorca a dirigé, aux Editions Le Temps des Cerises,  Atlas alternatif : le monde à l'heure de la globalisation impériale (2006).
 

A trop prêter attention aux effets de structures dans les relations internationales, on oublie que celles-ci sont aussi affaire d’hommes dont le poids individuel s’avère parfois plus lourd que celui de cohortes de fonctionnaires. Tel fut le cas, au sein de l’Empire états-unien du premier secrétaire à la Défense de l’administration Bush, dont le visage et le nom furent familiers de tous les téléspectateurs de la planète au début des années 2000 : Donald Henry Rumsfeld.

 

Andrew Cockburn, écrivain irlandais, né à Londres et établi à Washington, lui consacre une impressionnante biographie, qui repose sur un travail d’enquête minutieux dans les arcanes du Parti républicain et du Pentagone. Andrew Cockburn qui est un des piliers du grand site d’information alternative sur Internet Counterpunch.org n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il a notamment publié en 1999 « L’énigme Saddam », un livre qui fait autorité sur l’histoire récente de l’Irak. Il met ici tout son talent et toute sa rigueur de journaliste non-conformiste à mettre en lumière l’itinéraire de cet homme, Rumsfeld, dont les grands médias n’ont découvert les turpitudes que sur le tard.

 

De ses responsabilités de 1977 à 1985 à la tête de la société de produits pharmaceutiques G.D. Searle & Company où il fit de son mieux pour commercialiser l’aspartame, dont divers rapports scientifique signalaient pourtant la dangerosité pour la santé publique, à son obstination à engager l’armée américaine dans une guerre en Irak dont il se montrera incapable de gérer les conséquences, Rumsfeld apparaît dans ce livre comme un politicien assez irresponsable, plus soucieux de son image et du passage en force de ses idées, que des réalités auxquelles il devait faire face. Les accusations ne sont pas légères : elles imputent aussi bien à Rumsfeld son aveuglement sur la « Revolution in military affairs » (un slogan chimérique pour des investissements technologiques aussi onéreux qu’inutiles) que son intransigeance dogmatique (à l’égard de la Chine notamment) alors qu’il exerçait une influence absolue sur le président Bush, et même sa cruauté inhumaine – Cockburn affirme, témoignages à l’appui, que l’ex-secrétaire à la défense a donné personnellement des ordres pour torturer des prisonniers de Guantanamo par vidéoconférence, ce qui pourrait un jour le conduire à rendre des comptes devant la justice internationale pour crime de guerre et crime contre l’humanité.

 

Le travail de Cockburn est incontestablement à la hauteur de la gravité du sujet qu’il traite. Ce portrait à charge a d’ailleurs séduit même le New-York Times, journal d’ordinaire « patriote » et discipliné en matière de politique étrangère, qui y voit une biographie « pénétrante et captivante » (perceptive and engrossing). En France, ce livre tombe à point nommé dans le débat à l’heure où une plainte contre Donald Rumsfeld, déposée le 25 octobre 2007 à Paris par diverses organisations de défense des droits de l’homme, vient d’être étrangement classée sans suite, en vertu d’une interprétation très contestée des règles d’immunités…

 

Le réquisitoire de Cockburn gagnerait sans doute à être mis en balance avec une défense de l’accusé. Mais il constitue, en attendant, une pièce importante versée au jugement de l’histoire sur le personnage. En outre, par delà les individus, ce livre donne des clés intéressantes pour la compréhension d’un système politique qui fonctionne encore aujourd’hui : une administration états-unienne toute-puissante, entre les mains d’une équipe de théoriciens et de carriéristes que de moins en moins de contrepoids viennent freiner dans leur élan – sauf peut-être la résistance des peuples, celle des Irakiens par exemple, quand des millions de vies humaines ont été saccagées.

 

In fine, on émettra malgré tout une petite réserve sur la transposition française (« Caligula au Pentagone ») du titre anglais « Rumsfeld, His Rise, Fall and Catastrophic legacy » : cette traduction qui, outre qu’elle peut donner une image trop spectaculaire à un livre sobre et rigoureux, échoue peut-être à restituer la nature véritable du personnage de Rumsfeld. Car si le ministre américain a en commun avec l’empereur romain le sadisme à l’égard des prisonniers, ce dernier avait au moins l’excuse d’être un homme jeune, mal à l’aise dans le jeu institutionnel complexe du Principat (au point de fuir dans la folie les ambiguïtés de ce jeu), alors que Rumsfeld, vieux routier de la politique, maîtrisait, lui, parfaitement le système dans lequel il se trouvait… Là où Caligula révélait encore quelque grandeur, soulignée notamment dans la pièce de théâtre d’Albert Camus, Rumsfeld, pour sa part, ne serait, si l’on en croit Cockburn, qu’une illustration supplémentaire de l’accablante « banalité du mal », bien connue des lecteurs d’Hannah Arendt.

 

 

Frédéric Delorca

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