Les blogs, les Russes, la paix
Mais ce n'est pas de cela que je voulais parler aujourd'hui. Je songeais à cette phrase d'un mien ami alors que nous discutions de la Palestine : "mieux vaut la paix que la justice et que la vérité". En effet, selon le principe de justice et de vérité tout Palestinien exproprié en 1947 devrait récupérer ses terres au coeur même d'Israël - ce qui signifie abolir l'Etat sioniste -, mais alors il y aurait un risque qu'aucun apaisement n'intervienne entre les Israëliens qui devraient rendre leurs terres et les Arabes. Donc oublions la vérité et la justice, disait-il, et préférons la paix : deux Etats séparés. Option d'Oslo à laquelle même Bush prétend croire.
Transposons ce principe à nos combats : nous nous battons pour la paix. C'est à dire non pas en faisant preuve d'un pacifisme béat qui rejette toute idée de guerre, mais en faisant la guerre aux structures qui provoquent les guerres : l'OTAN, et toutes les institutions occidentales ralliées à l'interventionnisme (ce que nous appelons les "structures impériales" ou "impérialistes").
Ce combat justifie-t-il que l'on se dise à soi-même et que l'on dise aux autres toute la vérité ? C'est une question très compliquée, que j'aborde dans un livre qui sera bientôt publié. Pendant la crise des Balkans de 1999-2000 certains pensaient : "nous pouvons nous dire en petit comité ce que nous pensons de Milosevic, ne pas nous raconter d'histoires sur son compte, mais en public nous devrions éviter de trop le critiquer". Il faut dire que la presse occidentale à l'époque inventait les pires absurdités sur son compte, le dépeignant à tort comme un "dictateur", voire un "boucher des Balkans". Devait-on pour autant reproduire la distinction instaurée par les philosophes antiques entre enseignements ésotérique (pour les initiés) et exotérique (pour le plus grand nombre) ? - cf aussi la distinction chez Trotsky entre agitation et propagande.
D'aucuns reprenaient l'idée de Chomsky de 1975 selon laquelle critiquer le gouvernement vietnamien dans la grande presse américaine c'eut été du même goût qu'attaquer la Résistance française dans la presse national-socialiste.
Voire... Le dilemme était cornélien (comme tout dilemme chez les lettrés) parce que, à ce moment là (spécialement au printemps 2000) la répression à Belgrade devenait très dure.
Comme j'ai la chance de ne pas être un leader d'opinion, et puisque mon blog n'est lu que par 30 personnes, je puis éviter une certaine langue de bois, et miser sur l'intelligence des gens en estimant que je puis dire du mal de Milosevic ou aujourd'hui de Poutine sans pour autant souscrire aux sottises proférées par la presse occidentale sur leur compte et sans perdre de vue que l'ennemi principal, la source des problèmes (et de la guerre), ce sont les structures impériales occidentales, bien trop puissantes et trop aveugles (pas Milosevic, ni Poutine).
Pourquoi vous raconté-je cela ? Parce que je vois bien qu'en ce moment la question russe devient une question fondamentale pour l'Europe : que faut-il penser de la Russie, comment faut-il la voir ?
Cela devient notamment une question cruciale pour les Serbes, qui sont embarrassés aujourd'hui d'avoir été jetés dans les bras de Moscou. Je comprends leur gène. En 1998, le père (libéral, pro-occidental) d'un mien ami serbe à Belgrade fut évincé de son poste administratif à l'université par un professeur de russe proche du Parti radical. On voit bien à quoi ressemble le milieu pro-russe à Belgrade : un monde de vieux patriotes tournés vers le passé. Et l'on comprend que cela n'emballait pas certains jeunes serbes qui avaient plutôt envie d'écouter les chansons d'Amy Winehouse ou de voyager à Paris. Tout ce traditionnalisme slavisant était très pesant, notamment pour les jeunes femmes (car il est très patriarcal), et pour les minorités. Je comprends tout à fait que lorsque la TV russe hier se réjouit de l'assassinat du premier ministre pro-occidental Djindjic en 2003, beaucoup de Serbes, même patriotes (et il y en a pljus qu'on ne croit, même dans les rangs du parti de Djindjic) aient ressenti un malaise et voient poindre au dessus d'eux l'ombre d'une Russie despotique qui les menace.
Je les comprends, comme je comprends les Polonais : j'étais à Varsovie en juillet dernier. Aucun Polonais même parmi les plus lucides sur l'impérialisme occidental n'a envie de tomber sous la coupe de Poutine. "Déjà, me disait un politicien de gauche, je ne peux pas faire confiance à un pays qui consacre toutes ses ressources au luxe de sa capitale - à Moscou tout est beau et cher, c'est une vitrine, alors que le reste du pays est pauvre".

Je suis très conscient de tout ce qui ne va pas dans ce système russe. La corruption, l'autorisme. Il y a peu je conversais avec une jeune femme russe qui est dans les affaires à Paris. Elle me parlait des entrepreneurs arrêtés arbitrairement, des gens enlevés sans raison par la police. "Je me sens plus en sécurité en France" disait-elle. Je cotoie aussi des marxistes français qui s'inquiètent des persécutions que le régime inflige à une certaine extrême gauche russe (même si par ailleurs beaucoup de gens sincèrement de gauche à Moscou soutiennent Poutine)
En même temps, comme beaucoup d'opposants au régime euro-états-unien, je ne peux pas ne pas être admiratif devant ce système poutinien, cette vaste entreprise de restauration nationale autour des ressources énergétiques (un appareil d'Etat largement adossé à Gazprom, et ce même si cela n'est pas pleinement recommandable du point de vue de l'intégrité financière). Tout cela est tellement plus noble que la déchéance eltsinienne, que la "grande braderie", la "grande prostitution" des années 1990. L'an dernier à Tiraspol je discutais avec une jeune Russe qui me disait "lors de la dernière allocution télévisée de Poutine, nous avions les larmes aux yeux et nous avons sorti notre meilleur champagne pour fêter ça". Comment ne pas voir que cet Etat russe fort est une bonne chose, pour le peuple russe (y compris les plus pauvres, moins soumis aux caprices des multinationales), et pour l'équilibre planétaire ? Comment ne pas voir que sans la force de l'Etat russe, Chavez au Venezuela serait fragilisé, les Balkans plus balkanisés, l'Europe encore plus américanisée ?
Voilà des choses qui doivent se dire et qui doivent se faire comprendre. Il n'y a pas de choix aisé en politique. Je ne suis pas très heureux de savoir que certains de mes amis belgradois devront subir à nouveau le poids de vieilles lunes sous l'influence des pro-russes, mais je suis satisfait que Poutine défende l'intérêt des minorités harcelées au Kosovo, et une vision du pluriethnicisme balkanique auquel les Occidentaux, avec leur folie pro-UCK, ont de fait renoncé. Et l'un ne va pas sans l'autre, cela il faut bien l'admettre.
A ce propos, j'indique à ceux que ça intéresse un débat sur le thème de l'élection présidentielle russe qui réunira demain à Paris M. Vladimir Tchourov, président de la Commission centrale électorale de la Fédération de Russie, M. Michel Lesage, professeur émérite à l'Université de Paris 1, M. Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre. Les références de ce débat sont indiquées sur le blog de ce dernier (http://www.chevenement.fr/). Je crois qu'il faut s'inscrire un petit peu avant par email.
Frédéric Delorca
Balkans - On retient son souffle

Côté occidental la bêtise reste de rigueur. A preuve cette déclaration de l'ex-député suédois Bo Inge Andersson (rapportée par un serbe, il faudra quand même vérifier http://www.b92.net/eng/news/your_comment.php?nav_id=47889) sur SVT (ma chaîne de TV publique): “by attacking the US embassy and other embassies, Serbia is declaring war.... even Hitler gave time for embassies to evacuate before he declared war” . Une de mes correspondantes se demande s'il faut y voir une réhabilitation plus ou moins consciente du nazisme...
En tout cas personne ne parle de la victime morte dans l'incendie de l'ambassade états-unienne, et pour cause : c'était un Serbe du Kosovo victime du nettoyage ethnique en 1999 - http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2008&mm=02&dd=23&nav_id=47924. Si ç'avait été un citoyen américain, ça aurait fait le "une" de vos journaux préférés.
En Serbie le perdant est le président Tadic, réélu avec la promesse que les Serbes auraient et le Kosovo et l'entrée dans l'UE il a déserté piteusement les manifestations de cette semaine. L'opinion publique lui en veut. Si les élections législatives se tiennent bientôt son parti reculera sans doute.
Beaucoup de gens lorgnent vers la Republika Srpska de Bosnie : qu'attend-elle pour faire sécession ? Le proconsul de l'ONU s'est inquiété d'un vote du parlement pour l'autodétermination la nuit dernière - http://www.b92.net/eng/news/region-article.php?yyyy=2008&mm=02&dd=23&nav_id=47929.
Un idéal bobo
Au paradis du totalitarisme bobo, le meilleur côtoie toujours le pire.
Le Kosovo et le monde musulman (un point de vue russe)
Un article de l'agence russe Ria Novosti :
" Kosovo: la solidarité musulmane va-t-elle fonctionner?
Par Maria Appakova, RIA Novosti
La liste des pays prêts à reconnaître le Kosovo indépendant s'accroît progressivement. Mais de nombreux pays, dont des Etats arabes et musulmans, hésitent encore, bien que Washington les pousse à faire preuve de solidarité avec les musulmans du Kosovo. Quelle en est la cause?
Au cours d'un point de presse qui a suivi la proclamation de l'indépendance du Kosovo, le sous-secrétaire d'Etat américain pour les affaires politiques Nicholas Burns a salué la reconnaissance de cette démarche par l'Organisation de la conférence islamique (OCI) et donc par les gouvernements des Etats faisant partie de cette structure: "Nous considérons comme très positif le fait qu'un Etat musulman, un Etat à majorité musulmane, ait été créé aujourd'hui".
C'est aux Européens de décider si M. Burns a raison ou pas. Même sans cela, les médias occidentaux, y compris américains, débordent de préoccupations liées à la création d'une enclave musulmane au sein de l'Europe, qui pour l'instant demeure majoritairement chrétienne. La question de l'identité européenne est des plus douloureuses. Elle se pose sans cesse, tantôt lors de l'examen de la Constitution européenne et des perspectives d'adhésion de la Turquie à l'UE, tantôt lors du règlement des problèmes des immigrés, ou bien encore pendant les troubles qui ont suivi la publication de caricatures de Mahomet dans la presse européenne. Mais, répétons-le, cette discussion est l'affaire des Européens. De même que les nouvelles tentatives de Washington de jouer sur le facteur islamique.
A l'heure actuelle, la question la plus importante est de savoir si le cas du Kosovo constituera un précédent pour d'autres territoires. C'est là que réside la cause de l'incertitude de nombreux pays, dont des Etats musulmans, quant à l'opportunité de reconnaître l'indépendance du Kosovo, du moins, ils ne s'empressent pas de figurer parmi les premiers à le faire. Le simple facteur de la solidarité islamique, sur lequel comptaient les Etats-Unis, n'est pour l'instant pas "opérationnel".
Parmi les premiers pays membres de l'OCI à avoir reconnu, presque immédiatement, l'indépendance du Kosovo, on trouve la Turquie, l'Afghanistan et le Sénégal. Trois Etats sur les presque soixante membres de cette organisation. Les autres attendent, en premier lieu à cause de la menace potentielle d'une scission intérieure et/ou d'une éventuelle déstabilisation de la situation chez leurs voisins. Citons simplement quelques zones potentiellement dangereuses: l'Iran, avec des enclaves kurdes et azerbaïdjanaises, le Maroc, avec son problème du Sahara occidental et les troubles réguliers au sein de la population berbère. Le même problème berbère se pose en Algérie. Ajoutez-y d'importantes communautés chiites installées sur les territoires des monarchies du golfe Persique. Les chiites constituent près des deux tiers de la population du Bahreïn, environ 15% en Arabie Saoudite, 11% au Qatar, et 17% aux Emirats arabes unis. Les relations entre ces communautés et le pouvoir central sont loin d'être faciles. La situation en Syrie est, elle aussi, potentiellement explosive. Bien qu'apparemment, la situation soit stable, il suffirait pour le pouvoir central de fléchir quelque peu pour que les conflits intercommunautaires deviennent manifestes. Nul ne doute cependant que la situation dans ce pays est loin d'être aussi difficile qu'au Liban et en Irak.
D'ailleurs, aucun habitant de ces zones explosives n'a encore eu le courage de se déclarer prêt à suivre l'exemple kosovar. Et ce, pas seulement parce que, du point de vue juridique et politique, il ne serait pas tout à fait justifié de comparer ces situations avec celle du Kosovo. Le danger de l'indépendance du Kosovo réside en premier lieu dans le fait que cette décision a été prise sans l'aval des Nations unies, grâce uniquement au soutien des Etats-Unis et de certains Etats européens. C'est-à-dire que la conjoncture politique l'a emporté sur le droit international. Par conséquent, tous ceux qui souhaiteront suivre l'exemple des Albanais du Kosovo pourront jouer le même jeu. Tout dépend de ce qui est le plus avantageux pour Washington. Et c'est justement ce que cherchent à comprendre ceux qui pourraient éventuellement suivre la voie kosovare et ceux qui redoutent la réalisation d'un tel scénario dans leurs pays.
Ce n'est pas un hasard si, quelques jours après la proclamation de l'indépendance du Kosovo, les Kurdes ne se sont toujours pas décidés à suivre cet exemple. Et ce, bien que le problème kurde soit le plus souvent cité par analystes et médias, notamment aux Etats-Unis et en Turquie, dans ce contexte. La question est de savoir comment dire "non" aux Kurdes en ayant dit "oui" au Kosovo.
La situation kurde rappelle beaucoup celle du Kosovo. Mais la donne politique n'est pas favorable aux Kurdes. La plus grande part des territoires majoritairement kurdes se trouvent répartis dans quatre pays: Turquie, Irak, Iran et Syrie. Aussi grand que soit le désir de Washington de piquer au vif Damas et Téhéran, il ne sapera jamais les intérêts d'Ankara, son partenaire et allié de longue date. Qui plus est, les Américains ne se mêlent pas des opérations militaires menées par la Turquie contre les "séparatistes kurdes". En ce qui concerne les Kurdes irakiens, ils ont eux-mêmes besoin du soutien des Etats-Unis, qui leur garantit la sécurité et de considérables dividendes politiques et économiques. C'est pour cette raison que les Kurdes ne se jettent pas sur l'occasion d'être les premiers à emboîter le pas aux Albanais du Kosovo, et qu'Ankara peut déclarer sans crainte qu'il reconnaît l'indépendance du Kosovo.
A la différence des Kurdes, les Palestiniens, eux, ne sont pas restés muets. Yasser Abd Rabbo, l'un des conseillers du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, vient de déclarer que les Palestiniens pourraient suivre l'exemple du Kosovo et proclamer unilatéralement la création d'un Etat indépendant si le dialogue avec Israël ne donnait pas les résultats escomptés. Ceci a, il est vrai, été aussitôt démenti par d'autres hommes politiques palestiniens de haut rang, dont Mahmoud Abbas, qui préconise la poursuite des négociations. Encore une fois, la question n'est pas de savoir si la situation ici ressemble ou non à celle du Kosovo, aussi grande que soit l'aspiration de Washington à tout réduire à cela, quand il prétend que la proclamation de l'indépendance du Kosovo est un cas unique. Tout est beaucoup plus simple: pour l'instant, les Etats-Unis soutiennent par tous les moyens, et même promeuvent, la poursuite des négociations palestino-israéliennes et insistent sur une proclamation rapide de l'indépendance de la Palestine. Si la donne change, les Palestiniens se souviendront sans aucun doute de l'exemple du Kosovo. Et ils seront soutenus dans cette voie par d'autres forces dans le monde musulman.
En attendant, la majorité des gouvernements continuent à calculer ce qui leur reviendra le plus cher, reconnaître l'indépendance du Kosovo ou bien conserver la neutralité sur cette question.
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur." http://fr.rian.ru/analysis/20080222/99861431.html
PS : ci-dessous la carte des reconnaissances du Kosovo publiée par RIA Novosti (pas très actualisée, il y manque le joli "non" de Chavez. Une version plus grande est sur http://fr.rian.ru/img/99870800_free.html. Notez que parmi les Etats non reconnus, Chypre du Nord a reconnu le Kosovo http://www.tiraspoltimes.com/news/kosovo_recognized_by_northern_cyprus_no_people_can_be_forced_to_live_under_the_rule_of_another.html
Où l'on reparle de pétitions
Souvenirs de l'Appel de Bruxelles, cette grande et belle pétition de l'an 2000 dont aucun journal européen n'a jamais parlé - sauf Liberazione en Italie le 20 juin 2000 - malgré les signatures prestigieuses (allez pour le plaisir je vous en redonne le texte et les signataires ci-dessous ! attention - la liste est actualisée au 1er août 2000, mais nous avions glané bien d'autres signatures pendant l'été, notamment de Tony Benn, d'Harold Pinter, de Trivo Injic).
Aujourd'hui une ambassade américaine brûle et des gens qui n'ont rien à voir avec les Serbes me demandent "quand est-ce qu'on fait une pétition de solidarité avec la Serbie ?"
Alors ?
F.
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Année 2000
KOSOVO, CONTRE L'OUBLI :
L’APPEL DE BRUXELLES
Au cours du printemps 1999, la ville de Bruxelles, en sa qualité de siège de l’OTAN, était le centre de décision et d’exécution des bombardements de la Yougoslavie par les 19 pays membres de cette organisation, au nom du droit humanitaire. Nous, membres actifs ou à la retraite de l'enseignement du droit, nous croyons que le premier anniversaire d’un événement aussi grave ne peut passer inaperçu et doit, au contraire, susciter chez tout citoyen une sérieuse réflexion à la mesure de l’enjeu.
La guerre a été préparée, décidée et menée à l'encontre des principes les plus fondamentaux du droit international.
L’action de l’OTAN suivit l’échec des négociations de Rambouillet. Or, ces dernières avaient enregistré des avancées sérieuses sur les dossiers politiques du conflit, avant que des conditions de dernière minute, de toute évidence inacceptables pour la partie serbe, ne précipitent l’impasse. C'est à dire la guerre.
Son déclenchement violait à l'évidence la Charte des Nations Unies, qui n'autorise exceptionnellement le recours à la force qu'en cas de légitime défense ou d'autorisation du Conseil de sécurité. Prémisses inexistantes dans ce cas.
Enfin, la manière dont les bombardements ont été menés contredit les règles de droit international qui régissent la conduite des hostilités. De manière générale, la destruction systématique de l'infrastructure économique et des moyens de communication, délibérément destinée à décourager la population et à provoquer son soulèvement, sont incompatibles avec les principes humanitaires invoqués pour les justifier.
Ceci dit, nous voudrions manifester avec clarté que notre condamnation sans réserve de l’action de l’OTAN, n’implique nullement adhésion ni complaisance envers les autorités de Belgrade et particulièrement envers leur gestion de la question ethnique. De même, notre réprobation, toujours actuelle, de la poursuite sans fondement légal des bombardements de l’Irak et de l’embargo contre ce pays, ne peut être interprétée comme une quelconque allégeance envers le régime de Bagdad.
La stratégie de guerre, qui a dévasté la Yougoslavie et rendu non-viable le Kosovo, a produit plus de réfugiés et de victimes qu’en aurait causé toute autre combinaison de pression politique et de diplomatie. Elle mérite d’être contestée, tant du point de vue politique que du point de vue moral. Elle fut par ailleurs accompagnée d’une campagne médiatique visant à légitimer systématiquement l'agression en cours.
Les dispositions prises après la fin des bombardements tendant à conditionner l’aide internationale aux résultats électoraux internes en Yougoslavie et à privilégier l’aide en fonction des options politiques prises par ses destinataires, constituent un moyen peu honorable d’intervention politique dans les affaires internes d’un pays tiers. Quant au Kosovo, il est devenu, sous l’administration créée suite à l'agression de l’OTAN, une région quasiment mono-ethnique où les minorités non albanaises, qu’elles soient serbe, rom, slave, musulmane, juive, turque ou croate, ont dû fuir les attentats ou se réfugier dans des ghettos.
Nous voudrions aussi souligner le fait que la guerre menée en Yougoslavie revêt une signification qui dépasse de loin le cas de ce pays. En effet, l’intervention de l’OTAN au Kosovo, sous la direction des Etats-Unis d’Amérique, s’inscrit dans une série de choix opérés par l’unique superpuissance du monde. Le gigantisme de son budget militaire; le choix de maintenir l’OTAN malgré la dissolution du Traité de Varsovie et la fin de l’URSS, puis de l’élargir à l’Est de l’Europe; le refus de ratifier le Traité d’interdiction des essais nucléaires; le développement des systèmes antimissiles et la récente révélation de l’existence d’un système mondial d’écoute des communications privées et officielles, tels sont les aspects les plus saillants d’un nouveau modèle d’exercice du pouvoir dessiné à Washington et dont la seule légitimité résiderait dans la possession et l'emploi d'outils de coercition chaque fois plus performants.
Voilà pourquoi, nous invitons tous ceux qui partagent ces inquiétudes et qui refusent que les bombes soient l’alternative à la légalité internationale, à la négociation, au dialogue démocratique, à signer cet appel et à faire de lui, partout dans le monde, un instrument de résistance morale face au nouvel "ordre" planétaire qui s'annonce.
Premièrs signataires :
Olivier CORTEN, professeur au Centre de Droit International, Université libre de Bruxelles (ULB); Eric DAVID, professeur à l'ULB; Barbara DELCOURT, membre de l'Institut d'études européennes, professeur à l'ULB; François HOUTART, professeur émérite à l'Université catholique de Louvain (UCL); Pierre KLEIN, professeur à l'ULB, Paulette PIERSON-MATHY, professeur à l'ULB, Yves ROGISTER, chargé de recherche auprès du CADOP, université de Liège, François RIGAUX, professeur émérite à l'UCL, ancien doyen de la Faculté de Droit, Jean SALMON, professeur émérite à l'ULB; Eric SUY, professeur émérite à la KUL, ancien secrétaire général adjoint des Nations Unies.
Les adhésions peuvent être envoyées aux adresses suivantes:
Rencontres pour la paix, Boulevard Jacques de Dixmude 124
B- 1050 Bruxelles
par e-mail: action-kosovo@freegates.be
par fax : 010-45083152
Soutien financier: Compte 001-1916606-59; mention: l'Appel de Bruxelles.
SIGNATAIRES DE L'APPEL DE BRUXELLES
CORTEN, Olivier; professeur au Centre de Droit International, Université libre de Bruxelles (ULB)
DAVID, Eric; professeur à l'ULB;
DELCOURT, Barbara; membre de l'Institut d'études européennes, professeur
à l'ULB;
HOUTART, François; professeur émérite à l'Université catholique de Louvain
(UCL);
KLEIN, Pierre; professeur à l'ULB,
PIERSON-MATHY, Paulette; professeur à l'ULB,
ROGISTER, Yves; chargé de recherche auprès du CADOP, université de
Liège,
RIGAUX, Francois; professeur émérite à l'UCL, ancien doyen de la Faculté de
Droit,
SALMON, Jean professeur émérite à l'ULB.
SUY, Eric; professeur émérite de la KUL; (Université Catholique flamande)
ancien secrétaire général adjoint des Nations Unies
Liste d’adhésions par pays au 01.08.2000
> ALLEMAGNE
>
>
> Altvater, Elmar ; professeur à l'Université de Berlin, président de la
> Fondation Lelio Basso
> Pavlovic Dragan ; Director "Dialogue", Paris, Research Director, EMA
> University, Greifswald
> Roksandic Mirjana ; Max Planck Institute for Demographic Research,
> Rostock
> Wilke, Joachim ; philosophe
>
> AUTRICHE
>
> Blau, Paul ; professeur à l'Université de Vienne
> Meissner, Freda ; journaliste
>
>
> AUSTRALIE
>
> Juric Kim ; Camberra
> Juric Radovan ; Camberra
>
>
> BELGIQUE
>
> Algoet Peter ; philosophe, socratique, Gand
> Ameye Serge ; licentiaat in de Politieke Wetenschappen, voorzitter van de
> "Belgian Business Club for the Balkan Countries "
> André Edgar ; professeur honoraire, Université de Mons-Hainaut, Havré
> Arnauts Laurent ; avocat, rédacteur en chef du Journal du Mardi
> (Bruxelles)
> Bàrdos-Féltoronyi Nicolas ; professeur UCL
> Bekaert Xavier ; Université Libre de Bruxelles
> Benda Wim ; KU Leuven
> Berghezan Georges ; journaliste, Bruxelles
> Biot, Paul ; directeur du Centre de Théâtre Action
> Bouckaert André ; professeur, UCL
> Bovy Yannick ; journaliste
> Bricmont Jean ; professeur de physique, UCL
>
> Carton Bruno ; chargé de recherches GRESEA
> Collon Michel ; écrivain, journaliste
>
> De Belder Bert ; coordinateur Médecine pour le tiers-monde
> De Brabander Ludo ; Mouvement pour la Paix "Vrede vzw"
> De Cock Herman
> Decroly Vincent ; député Parti Ecolo
> Dermagne Jean-Marie ; avocat, chargé de recherches au SIRDE,
> Louvain-la-Neuve
> Detrez Raymond ; Prof. RUG
> De Vos Pol ; président Ligue anti-impérialiste
> De Wilde Yvon ; documentaliste, Bruxelles
> Dhaene Jan ; fractiesecretaris Agalev Senaat
> Dhont Riet ; Parti du travail de Belgique
> Doyen, Paul, enseignant, Bruxelles
> Dutry Guillemine ; Grez-Doiceau
>
> Franchoo Serge ; chercheur Université Catholique Leuven
> Franck Robert ; professeur Université Catholique de Louvain
>
> Galand Pierre ; ancien président d'OXFAM-Belgique ; président du CNPPD,
> président du Forum Nord-Sud
> Geboers Tim ; student archeologie KUL
> Georlette, Rob ; pharmacien, Putte
>
> Hannotte, Michel ; historien Institut d'Histoire-Seraing
>
> Kapper, Alain ; chercheur
> Kerckhofs J.P. ; porte-parole de l'Appel pour une école démocratique"
> Kervyn Jeanne ; Bruxelles
>
> Kontodimas Christos ; journaliste
>
> Martens Ludo ; président du Parti du travail de Belgique
> Merckx Kris ; nationaal woordvoerder Partij van de Arbeid van België
> Moins, Jacques ; ancien député de Bruxelles ; avocat ; journaliste
>
> Nerinckx Wim ; Université de Gand
> Noiroux, Jeanne-Marie ; historienne ; Institut d'Histoire ; Seraing
>
> Pavic Milan
> Peerlinck Frans ; Dr. theologie
> Peeters Anne ; directrice GRESEA
> Pestiau Jean ; professeur de physique, UCL
> Pillon Agnesa ; chercheuse F.N.R.S. et chargée de cours à l'UCL
> Piérart Pierre ; professeur honoraire Université Mons-Hainaut
> Pierseaux, Yves ; physicien, chercheur à l'ULB et à l'université
> d'Oxford
> Pôlet Claudine ; Comité de surveillance OTAN, Bruxelles
> Poznanski Marcel ; Comité de surveillance OTAN, Bruxelles
>
> Roland, Nicole ; Secretaire
> Romain Roger ; ex-conseiller communal PCB
> Rossa Rosso Nadine ; secrétaire générale du Parti du travail de Belgique
>
> Russe, Lily ; Historienne ; Institut d'Histoire ; Seraing
> Schepers Stefan ; ere-directeur-generaal EIPA
> Soetewey Jan ; Christenen voor het Socialisme
> Spriet Georges ; Vrede vzw
> Stryckers I.. lic. geschiedenis
>
> Van den Hove Didier ; Louvain-la-Neuve
> Valverde t.a., Hernán ; avocat au barreau de Bruxelles ; licencié en
> droit international
> Vandepitte Marc ; Deurne
> Vandermeulen Dirk
> Van Eeckhoutte Dries ; Wetenschappelijk medewerker, Institute for
> International Law, Leuven
> Van Erps Jan ; gewezen Senator en Volksvertegenwoordiger, gewezen
> CVP-woordvoerder Defensie
> Van Geyt, Louis ; ancien député de Bruxelles, PCB/KPB
> Vanhoutte Peter ; député Agalev
> Vanoost Lode ; AGALEV, vice-président de la Chambre de Représentants
> Verbelen François
> Vermeyen Karel ; traducteur
> Verschooten F. ; gew hoogl RUG
> Versluys Jan ; Destelbergen
>
> Watté Jeroen ; KU Leuven
> Wauters Joos ; Agalev volksvertegenwoordiger
> Willems Frank ; Oud-voorzitter Vereniging België-China vzw
>
> Zanatta, Micheline ; historienne ; Institut d'Histoire ; Seraing
>
> BOSNIE HERZEGOVINE
>
> Past Martin S. ; Peace Office Outpost Sarajevo
>
> BULGARIE
>
> Doncheva Blagovesta
>
>
> CANADA
>
> Baillargeon Normand ; professeur, Université du Québec, Montréal
> Black Christopher C. ; barrister, Toronto, Ontario
> Dzeletovich Natalia ; conference manager
> Mandel Michael ; Professor, Osgoode Hall Law School, York University,
> Toronto
> Milojkovic Minja ; professeur, Montreal
> Soda Christopher ; Windsor, Ontario
> Soucy Pascal ; Gaspé
> Wells Christopher ; Hunter River, P.E.I.
>
>
> COSTA RICA
>
> Wagner Ureta Eric
>
>
> DANEMARK
>
> Diwan Zohair ; lecturer, economist
> Tarp Sven ; associated professor Aarhus School of Business
>
>
> ESPAGNE
>
> Pena Lorenzo ; maître de recherches au CSIC, Madrid
> Rademacher, Gerda
> de Trazegnies Granda, Leopoldo ; professeur F.P.O. Seville
> Etxezarreta, Miren ; professeur d'économie appliquée, Université de
> Barcelone
>
>
> ETATS-UNIS D'AMERIQUE
>
> Albert Michael ; Z Magazine, ZNet
> Chomsky Noam ; linguiste, écrivain, professeur au Massachusets Institute
> of Technology
> d'Aymery Gilles ; Swans.com
> Clark Ramsey, International Action Center
> Dajkovic Alex N. ; Kansas City
> Dion Roland ; San Diego CA
> Feldman Alex ; Boston, MA
> Gibbs David N. ; Associate Professor of Political Science, University of
> Arizona
> Haynie Roena ; Professor of Social Work, KansasCity, Mo
> Herman Edward S. ; Wharton School, University of Pennsylvania,Phila, Pa
> Hey Nancy Alison ; Washington D.C.
> Makara Petar ; IBM TJ Watson Research Center, Yorktown, NY
> Mccormack Michael, Kansas City, M.O.
> Mitrovic-Minic Snezana ; Senior Software Engineer, Simon Fraser
> University, Burnaby, BC
> Progovac Ljiljana ; associate professor, Wayne State University, Detroit,
> MI
> Robertson Barton W. ; Torrance, CA
> Thomas Raju G. C. ; Professor of International Affairs, Wisconsin
> Ward, Morehouse ; leading member of the Council on International and
> Public Affairs, New York
> Welsh Joe ; étudiant, Ohio University
>
>
> FINLANDE
>
> Koskinen, Pekka ; professeur de droit pénal, Université d´Helsinki,
> Président du Comité pour la Paix
>
>
> FRANCE
>
> Albala, Nuri ; avocat à la Cour, Paris ; membre de l'AIJD
> Andréani Caroline ; comité "Halte à l'OTAN"
> Badiou, Alain ; philosophe, dramaturge, professeur à l'École Normale
> Supérieure d'Ulm et à l'Université de Paris VII
> Ballin Bernard ; médecin, Chazey-sur-Ain
> Belougne Dominique ; Université de Bordeaux II
> Bidard, Sophie ; site Internet Résistance
> Bourdieu Pierre ; écrivain, sociologue, professeur au Collège de France
> Brahy-Loupan Cécile ; conseillère pédagogique, Garches
> Buisson Jean-Christophe ; journaliste au Figaro Magazine
> Bullard Linda ; présidente Fédération Internationale des mouvements de
> l'agriculture biologique
> Carlebach Emmanuel ; Montreuil s/s bois
> Combes Francis ; poète et éditeur (Le Temps des Cerises)
> Coppo Marc-Antoine ; mathématicien (CNRS), Nice
> Daric Olga ; interprête
> Debray, Régis ; philosophe, écrivain
> Delorca, Frederic ; journaliste ; créateur du site "Résistance"
> Djuric Dragan ; Paris
> Drouet Michel ; maitre de conférences, Université de Haute-Bretagne
> Filabozzi Alessandra ; chercheuse Universita' di Roma "Tor Vergata",
> actuellement au LURE, Centre Universitaire Paris Sud
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> J R ; enseignant, Paris
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> l'université Paris IV-Sorbonne, critique d'art
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> Lacroix-Riz Annie ; historienne, Université de Paris VI
> Latour Patricia ; écrivain, conseillère municipale, Aubervilliers Levy
> Pierre ; journaliste
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> Maubouché Eric ; informaticien
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> Menexiadis Dimitri ; maître de conférences, Université Bretagne Sud,
> Lorient
> Miracle Sole, Salvador ; chercheur CNRS, Marseille
> Mojasevic Gordana ; Paris
> Pecker, Jean-Claude ; professeur honoraire d'Astrophysique théorique au
> College de France
> Pergnier Maurice ; professeur émérite Univérsité Paris-Val de Marne
> Richier Jean-Paul ; medecin, Paris
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> Veljovic Sava ; Meudon
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> Juristes Démocrates
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> Zlatkovic Zoran ; Aulnay s/s Bois
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> Professor Emeritus
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> Secretary General, International Association of Democratic Lawyers
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> Areni Alessandra ; docente dell'Università "La Sapienza", Roma
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> Hambye Thomas ; chercheur au Laboratori Nazionali di Frascati, Rome
> La Valle, Ranieri ; sénateur de la République
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> Parisi Giorgio ; Università di Roma "La Sapienza"
> Raffaelli Tiziano ; Dipartimento di filosofia, Università di Pisa
> Tognoni, Gino ; secrétaire général de la Fondation Internationale Lelio
> Basso
> Urgnani Elena ; insegnante, scrittrice e saggista, Milano
>
>
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> Dvoeglazov Valeri ; profesor, Mexico
> Lopez Castro Gabriel, profesor, Cinvestav-IPN, Mexico
> Lopez Laval Hilda
> Manko Vladimir S., profesor, Cinvestav-IPN, Mexico
>
>
> PALESTINE (territoires occupés)
>
> Budeiri Musa ; Bir Zeit University, Jérusalem
>
>
> PAYS - BAS
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> Dekker Nico ; Free University of Amsterdam de Tollenaere Herman ;
> historian and author, Leiden
> van Asseldonk Chris, Ton ; Den Haag
>
> PHILIPPINES
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> Mariano Rafael ; chairperson, BAYAN Philippines (New Patriotic Alliance)
> Pagaduan-Araullo Carolina ; executive director, Philippine Peace Center
>
> ROYAUME - UNI
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> Browne Chedmond ; African history lecturer, Montserrat
> Cox Lillian ; London
> Hall Duncan ; research student
> Jay John ; London
> Jayan, Nayar ; professor at the School of Law ; University of Warwick
> Keeble Richard ; senior lecturer in journalism, City University, London
> Liebling, Helen ; psychologist, University of Warwick
> McGettigan Andrew ; social housing worker
> Paliwala, Abdul ; professor at the School of Law, University of Warwick
> Rangwalla, Glenn ; Political Sciences professor, Cambridge University
> White Jonathan ; research student
>
>
> RUSSIE
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> Kashinov Valentin V. ; Ph.D, Prof., Corr.-member of International
> Slavic Academy, Saint-Petersburg
> Lukin Alexander ; Directeur de l'Institut d'études politiques et légales
> Moscou
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> Bala, Tampoe ; General Secretary Ceylan Mercantile Industry, Sri Lanka
>
>
> SUISSE
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> Sanz Markus ; professeur au collège de Genève ; fondateur du Comité pour
> la Paix en Yougoslavie.
> Weber, Franz ; écologiste, président de la Fondation "Weber"
>
>
> VENEZUELA
>
> Pardo Adolfo ; dirigeant syndical, Caracas
>
>
> YOUGOSLAVIE
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> Grubacic Andrej ; étudiant, université de Belgrade, site Résistance
> Juric Jovo ; Belgrade
> Juric-Baros Masa ; Belgrade
> Trivunac Ratibor T. ; étudiant, Belgrade
> Vidanovic Djordje ; professeur, Université de Nis
>
>
> PAYS INDETERMINÉS
>
> Chetrit Sami Shalom ; editor in chief MideastLine, écrivain
> Deeks Dustin
> Drozdowski Józef J.
> Lopez Laval Hilda
> Van den Bempt Greta ; cinéaste
>
>
>
Slaves contre non-Slaves ?
Et aujourd'hui cette remarque d'un ami : "J'ai plusieurs étudiantes polonaises qui sont venues me voir pour me demander comment j'expliquais que la Pologne veuille reconnaître ce Kosovo, alors que "ce sont les Serbes qui sont des Slaves". Drôle d'entendre cette argumentation dans la bouche de filles de 19 ans, nées donc après 1989 quasiment, et bien après le panslavisme."

Nationalismes, communautarismes religieux ou ethniques...
Heureusement certains peuvent encore comprendre que l'indépendance du Kosovo est une mauvaise chose, "en soi", pour l'équilibre européen et mondial, indépendamment de toute référence ethnique. Nous qui nous demandions ces derniers jours à quoi pouvaient encore servir les principes de gauche : précisément à rappeler cela.

Izquierda (II)
Comme les commentaires ne sont pas toujours très visibles sur ce blog (mais je ne sais pas trop modifier les configurations) je poste ici un commentaire que mon camarade Laurent a bien voulu glisser à la suite d'un article "Izquierda" qui se trouve un peu plus loin dans la liste des articles. A la suite de sa réponse, j'introduirai quelques remarques brèves qui pourront être développées à l'occasion.
Son commentaire :
Ton analyse est très pertinente et éclaire un peu mieux ton propos.
Effectivement, de même que les systèmes de régulations hérités de la social-démocratie sont incapables de maîtriser le capitalisme financier mondialisé (quand la socdem ne devance pas elle-même les désirs du Capital), de même les moyens traditionnels de lutte se révèlent totalement inopérants. Les conflits sociaux, même durs (comme celui que j'ai connu en 2003) n'arrivent plus à venir à bout de choix gouvernementaux dictés par de puissants intérêts financiers. Je dis cela en étant tout à fait conscient de n'avoir aucune solution alternative (lors du dernier mouvement de grève dans l'éducation, certains rigolos ont osé proposer de se porter gréviste tout en allant travailler, avec un brassard sur le bras, afin de sensibiliser les parents à notre cause...).
Il y a quelques années, l'émergence du mouvement altermondialiste a suscité un espoir, une dynamique réelle et une prise de conscience, même à ses marges, de la part de gens qui, sans adhérer à l'ensemble des thèses de l'altermondialisme partageaient quand même certaines analyses et pouvaient se mobiliser en vue de luttes communes. Cette dynamique a connu son apogée lors du référendum du 29 mai 2005 (le jour de mon anniversaire) puis est retombée d'un coup... Il appartiendra aux historiens futurs d'analyser comment quelque chose d'aussi prometteur a pu foirer ainsi...
Je discutais de cela lors du rassemblement du 4 février avec un mec d'Anaram qui théorisait le recours à la violence révolutionnaire. Outre le fait que ceux qui tiennent ce genre de propos sont rarement ceux qui les mettent en oeuvre, une explosion de violence irréfléchie est souvent contre-productive. La couverture médiatique de la bande à Bonnot par la presse de l'époque a contribué à dicréditer le mouvement anarchiste, de même pour Action Directe qui a finalement plombé l'extrème-gauche dans les années 80. Actuellement, des menaces terroristes réelles ou supposées sont en train de justifier une surveillance accrue des mouvements anticapitalistes.
Je ne crois pas que le modèle latino-américain soit importable chez nous. De même, je trouve difficile de reproduire en France l'expérience de Die Linke. Tout d'abord je doute de la volonté réelle de Mélenchon de rompre avec le PS. J'ai beaucoup apprécié la lecture de son dernier livre d'entretiens, mais aura-t-il réellement envie de quitter le PS, et donc de renoncer, à terme, à son mandat de sénateur? J'en doute... De toutes façons les conditions politiques sont chez nous, différentes de ce qu'elles étaient en Allemagne en 2005, du moins au sein de la gauche. Il ne me semble pas qu'à l'époque il existait grand chose à gauche du SPD (à part peut-être le Parti Communiste). Chez nous il y a un paysage assez hétéroclite à gauche du PS, et vouloir y créer un mouvement unificateur (sur quelles bases d'ailleurs??) risque au contraire d'ajouter de la division à la division, comme on l'a vu pour les collectifs antilibéraux. Dont la fin me rappelle cette blague qui circule dans les milieux protestants: « Dans une ville, il y avait deux églises: l'église baptiste et l'église méthodiste. Un jour les responsables ecclésiaux des deux bords décidèrent que cette division était un scandale et qu'il était temps d'unifier ces deux communautés. Donc, combien y -a-t-il eu d'églises à la fin? Réponse: trois. L'église unifiée, l'église baptiste, l'église méthodiste. ».
---- « Les peuples vont plutôt chercher une résistance dans des mouvements de "droite" traditionnalistes »
je le comprends et je perçois (vaguement) les déterminismes qui les poussent à agir ainsi. Je doute cependant de l'intérêt pour les mouvements de gauche de se mettre à la remorque de mouvement réactionnaires, dont l'égalitarisme me paraît douteux. En 1979, les révolutionnaires laïques iraniens avaient fait ce calcul vis à vis de Khomeiny (qui apparaissait comme une personnalité charismatique, plus capable de mobiliser le peuple que les intellectuels de gauche,etc...). Le résultat ne fut pas exactement celui qu'ils escomptaient (surtout pour ceux qui sont morts dans les geôles du régime islamique)...
J'ai appris, par l'intermédiaire de ton blog, l'existence du Comité Valmy. Ce mouvement me paraît, bien sur, plus sympathique qu'Egalité et Réconciliation de Soral, du fait qu'il préfère se référer au gaullisme qu'au FN (j'ai, globalement, plutôt de la sympathie pour la vie et l'oeuvre de De Gaulle). Cela dit, je pense que le gaullisme a été un OVNI dans le paysage politique français et qu'il n'a pas survécu à son fondateur. Quelle peut être l'avenir et la portée d'une telle initiative? Je l'ignore. Je ne sais pas si elle peut aller bien au-delà d'un cercle d'initiés (j'avoue que l'aspect groupusculaire de certains mouvements anti-système me désole un peu)...
1) sur l'union de la gauche en France
Il est clair que la gauche de la gauche a paradoxalement pâti de sa force : s'il n'y avait pas eu des traditions communistes et trots puissantes (aussi bien sur un versant que sur l'autre), il eût été plus facile de les unifier. Notamment le renforcement intellectuel du trotskisme par le bourdieusisme, et sa pénétration susbéquente dans une bourgeoisie d'Etat encore relativement nombreuse en France (profs, petits fonctionnaires) dans les années 1990, qui a rééquilibré le rapport LCR/PCF a compromis leur unité. Je suis personnellement sévère à l'égard des trotskistes (et notamment de la direction de la LCR) qui se sont complus dans une très grande irresponsabilité politique en politique intérieure (notamment en faisant cavalier seul dès le début de la campagne électorale des présidentielles), et en politique extérieure (voir notamment la bouillie intellectuelle qu'ils ont produite sur les Balkans, mais pas seulement).
Ce faisant ils deviennent comme dit l'autre les idiots utiles du système, une machine à rendre les mobilisations stériles.
Par ailleurs, le système électoral qui rive le PC au PS n'a pas arrangé les choses il faut le reconnaîre.
2) sur la faillite de l'altermondialisme
Il suffit d'avoir assisté à un forum social pour comprendre à quel point cela ne pouvait mener à rien. Forums pour intellectuels, activistes professionnels, étudiants désoeuvrés épris de palabres, travaillé par un certain anarchisme. Ils ne pouvaient déboucher sur aucune proposition politique concrète et réaliste.
Et en effet c'est cette faillite de l'altermondialisme qui nous conduits maintenant à repenser les projets politiques dans un cadre hexagonal. Parce que comme j'ai tenté de le faire sentir dans le Programme pour une gauche française décomplexée, on ne peut pas faire l'économie d'une réflexion sur l'Etat. Et une politique d'Etat, ça suppose de faire des choix concrets (jusqu'à quel point coopérer avec la Russie de Poutine, avec la Chine, avec tout ce qui fait contrepoids à l'hégémonisme états-unien). Le propre du trotskisme, et par effet de contagion de toute la gauche de la gauche de plus en plus, c'est de raisonner sur un plan "moral", hors du temps et de l'espace, sans jamais poser la question des stratégies concrètes de l'Etat français.
Je regardais hier un DVD du journal bourdieuso-halimien (si j'ose dire) "Plan B" sur Bové : critique des médias, isolement gauchisme dans une pureté hors du réel. Voilà leur crédo. Mais c'est de l'infantilisme. Quid du programme politique pour la France, le peuple français en tant que nation ?
3) sur Mélenchon
Le personnage a des côtés sympathiques. Mais ils est moins profond que des gens comme Chevènement (lequel lui aussi a montré bien des faiblesses qui ont fini par le discréditer).
Mélenchon sur son blog ne dit pas un mot sur le Kosovo, sujet central pour l'avenir de l'Europe ainsi que le soulignent les medias en ce moment. Le même silence que celui de la gauche du PS en 1999 pendant le bombardement de la Serbie (il parait que quand même quelques supporters d'Emmanuelli et Mélenchon assistaient à des réunions anti-guerre dans le Quartier Latin, mais au niveau des dirigeants silence radio).
Quand on se tait sur des sujets aussi importants qui mettent en cause la vassalisation de l'Europe à l'égard des Etats-Unis, c'est un peu comme si on s'était tu sur les Accords de Munich en 1939 (les Tchèques en ce moment soulignent le point commun entre les deux dépeçages). Est-ce par aveuglement ou par lâcheté ? Je ne peux pas pour ma part faire confiance à un dirigeant qui se tait sur un sujet aussi grave.
4) Sur la droite traditionnaliste
Il y a les discours et les réalités. Le Hamas, le Hezbollah doivent leur influence au fait qu'ils ont organisé des solidarités concrètes. Au Liban, seul le Hezbollah a aidé les pauvres à se loger après la destructions des maisons par Israël e 2006, tandis que le gouvernement libanais ne faisait rien. Ca c'est du socialisme concret. Des islamistes qui organisent des oeuvres de charité, et font obstacle aux intérêts américains, ou des nationalistes ailleurs qui empêchent les privatisations, ne font-ils pas davantage de socialisme qu'un Parti communiste français qui siège dans un gouvernement de gauche plurielle qui privatise plus d'entreprises que son prédécesseur de droite, et fait une guerre pour installer une base américaine dans les Balkans ?
Voilà une question qu'on ne pourra pas éternellement éluder sous de la bienpensance...
5) Sur le gaullisme comme OVNI
A voir... Il y avait eu le bonapartisme juste avant qui réunissait des tendances libérales, capitalistes, mais aussi une tendance "césarienne" (Napoléon, tutoyé par ses soldats à Austerlitz, qui porte des gueux au sommet de l'Etat, Napoléon III auteur du "De l'instinction du paupérisme"). Il faut peut-être réfléchir à ce qu'est la droite chrétienne sociale en France. Est-elle "l'idiot utile" du capitalisme mondialisé, ou un meilleur rempart qu'un parti socialiste dont un leader préside aujourd'hui le FMI ?
De toute façon, l'arithmétique est assez simple. Puisque l'Union européenne est sur une voie néolibérale et atlantiste, et puisqu'aucune force ne peut s'y opposer, on n'a plus d'autre choix, si l'on veut rester au service des plus humbles, et être utile à l'équilibre du monde, que de revenir au cadre hexagonal pour faire exploser cette Union, reconstruire sur une base hexagonale une alternative avec toutes les bonnes volontés (quitte à ce qu'ensuite on refasse une Europe mieux inspirée, plus populaire, dans une génération).
P.S. du 21 février : A la date du 20 février, c'est-à-dire probablement au moment-même où j'écrivais le commentaire ci-dessus, je trouve (enfin !) sur le blog de Mélenchon une condamnation de la sécession du Kosovo - cf http://www.jean-luc-melenchon.fr/?p=562. M. Mélenchon aura attendu 3 jours avant de s'exprimer sur ce sujet... ET PRESQUE 8 ANS AVANT DE CONDAMNER SANS AMBIGUITES L'ATTAQUE DE L'OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie. Dans l'intervalle, il aura laissé de nombreuses voix prêcher en vain dans le désert, et de nombreuses occasions politiques de changer la donne s'évanouir sans prospérer...
Castro raccroche
Ainsi donc le président cubain cède sa place. Je crois me souvenir que Cohen-Solal précisait dans sa biographie de Sartre qu'une grande déception de ce philosophe face à la révolution cubaine c'est que le Comandante avait promis de ne pas accaparer le pouvoir dans la durée et n'avait pas tenu parole. Cela étant, connaissant la propension de l'homo sapiens, surtout sous les latitudes latines, à s'identifier à un leader, sans doute l'obstination de Castro à ne pas quitter son poste fut-elle pour beaucoup dans la survie de l'expérience socialiste assiégée. Les malades soignés gratuitement depuis 20 ans, les étudiants qui ont accédé à l'université le doivent à la persévérance de Castro. Sans cela Cuba serait un nouveau Nicaragua (avant le retour d'Ortega), et les mafieux floridiens à la Bacardi domineraient à nouveau le paysage. Dans sa lettre de démission, publiée dans de nombreux journaux de gauche, Castro insiste sur la difficulté de faire survivre une révolution dans le monde actuel, et veut éviter aussi bien l'optimisme béat que le défaitisme. A juste titre. On remarquera aussi à titre plus anecdotique la phrase de Marti qui figure dans son texte comme dans presque toutes ses interventions publiques depuis un an (ça en devient lassant...) : "Toute la gloire du monde tient dans un grain de maïs". Sans doute l'aide-t-elle à prendre du recul. Il ne doit pas être facile, de se défaire de la gloire. En tout cas le processus de changement de génération à Cuba semble tenir la distance.
L'amortissement par les technostructures

Le principe est celui-ci : on spolie les individus, les groupes, les nations, d'éléments essentiels de leur mémoire, et de possibilités d'agir sur leur avenir - on développe une règlementation anti-démocratique, on noie la politique dans des effets d'image, on détruit tous les cadres habituels de pensée (et pour ce faire on va même jusqu'à détruire des pays comme la Yougoslavie). Puis, on s'arrange pour désarmer toute possibilité de riposte, en rendant l'individu dépendant du système : on l'incite à s'endetter, on le rend accro à la pub, aux slogans, on lui fait miroiter des biens qui lui font oublier sa dignité (le "supplément de pouvoir d'achat" qui permit à Sarko d'être élu, "l'adhésion à l'Union européenne" qui poussa les Serbes il y a un mois à élire un candidat à la convenance de Bruxelles et de Washington). Le phénomène dans le détail est très complexe. Le sociologue Niklas Luhmann l'a par exemple étudié sur le terrain juridique : en multipliant les procédures un peu partout, a-t-il noté, on prend les gens au piège des structures institutionnelles. Au lieu d'infliger des mesures unilatérales, on fait semblant de consulter. Ainsi l'individu qui a eu l'impression d'avoir mené une bataille pour se faire entendre, intériorise sa défaite comme un échec personnel qui le diminue à ses propres yeux. Les procédures consultatives deviennent un instrument par excellence d'écrasement des oppositions (de sorte que, lorsque le pouvoir redevient ubuesquement unilatéral, comme par exemple lorsque Mme Dati impose sa réforme judiciaire sans consulter personne, on retrouve une forme d'espoir : des oppositions plus solides naîtront).
Quand on essaie d'anticiper l'évolution des situations politiques, on sousestime toujours l'incroyable pouvoir d'amortissement de leurs propres erreurs et de leurs crimes que les élites mettent en oeuvre via les technostructures. Aussi n'est-il pas du tout impossible que les technostructures finissent par "endormir" les crises frontalières que le crime de la reconnaissance du Kosovo ne manquera pas de provoquer. Peut-être l'Union européenne parviendrat-elle a assoupir les Albanais de Macédoine, les Serbes de Bosnie, les Transnistriens, les Russes, les Turcs, les Basques, les Bretons, les Flamands, que-sais-je encore, en les traînant de commissions en commissions, de cour des droits de l'homme en grand forum européen des minorités, d'OSCE en UEO, et de G8 en sous-commissions de l'ONU. L'aptitude du système à provoquer des palabres, des signatures de protocoles, tout en débloquant ici où là des fonds qui entretiennent l'espoir est immense, et surprend toujours les pronostiqueurs les plus pessimistes. C'est ce pouvoir là qui enivre les dirigeants européens et les entretient toujours dans l'idée confiante que "une fois de plus ça passera". Avec Lisbonne, avec le Kosovo, avec tout le reste. Or qui peut dire à coup sûr qu'ils ont tort ?
Cependant on voit bien que sur le long terme cette machine à diluer le ressentiment dépossède les êtres sans rien leur donner en échange. On pressent alors que ce sera de deux choses l'une : soit les technostructures transformeront totalement les Européens en parfaits consommateurs décérébrés, déstructurés (voyez Vivre et penser comme des porcs de Chatelet), sans espoir politique ni sens de la dignité, soit la machine à amortir se grippera et le système s'effondrera. Vous pouvez le jouer à pile ou face.
L'option hexagonale
Après le grand dynamitage du droit international dans les Balkans, faut-il s'attendre à ce que les technostructures "amortissent" une fois de plus (comme elles l'ont fait avec les dernières élections serbes) toutes nos erreurs et tous nos crimes en Europe de l'Est (c'est à dire qu'on tienne les peuples avec des promesses d'aide financières et d' "intégration civilisatrice" dans l'UE) ou faut-il se préparer à des guerres ouvertes qui nous reviendront en boomerang et signeront l'échec de la génération soixante-huitarde aux commandes de l'Union européenne ?
Faut-il s'attendre à une faillite générale du sarkozysme en France, avec une démission précipitée du présdient face à l'émoi populaire à mi-mandat (avec d'ailleurs une alternative "modem-PS" des plus douteuses) ou bien à une "chiraquisation" de son pouvoir qui en ferait une potiche pour les trois dernières années du quinquennat ?
Sur tous les sujets clés depuis déjà plus de dix ans on voit la politique laisser place à de si stupides improvisations, guidées par les préjugés les plus médiocres, qu'on ne peut que trembler à l'idée de ce que l'avenir proche nous réserve.
Si les éléments prennent une tournure catastrophique (l'hypothèse la pire n'est heureusement pas celle qui se réalise à coup sûr mais allez donc savoir), il faudra très probablement prévoir une fédération des bonnes volontés (de gauche, ou dans une union sacrée gauche-droite) pour préparer une relève. Une fédération de ceux qui n'auront pas été aux commandes jusqu'ici, ni via le PS, ni via-l'UDF-UMP, des femmes et des hommes nouveaux. Cette fédération, semble-t-il, se définira nécessairement dans le cadre national français. Pour aussi internationaliste qu'on se sente de coeur, on doit constater que l'utopie transnationale aujourd'hui entre les mains des néo-libéraux (et elle ne peut exister qu'entre ces mains-là à l'époque actuelle) conduit aux pires aberrations dans le genre de la promotion du pseudo-Etat mafieux kosovar et du sponsoring de tous les sécessionnismes en Europe de l'Est (et peut-être même à l'Ouest). Elle fera donc passer la souveraineté hexagonale avant toute autre considération
C'est un amer constat pour moi qui fus jadis européiste et régionaliste, de voir combien ces idées sont devenues le joujou d'élites arrogantes, aveugles et cyniques, combien elles les ont conduites à abdiquer tout respect pour la souveraineté des peuples, et même tout respect du réel, comme on l'a vu avec la ratification "en douce" du traité de Lisbonne. Amer constat aussi que l'incapacité de la gauche anti-nationale, ou anti-patriotique (on ne sait trop comment la nommer), celle qui fit campagne pour le "non" en 2005 de Mélenchon à Besancenot, à dessiner une "autre Europe" avec ses homologues d'autres pays.
Je n'aurais pas pensé, il y a vingt ans de cela, qu'il faudrait ressortir les drapeaux tricolores et les fanfares, pour retrouver le sens de la construction politique et de la prise en compte du réel. Pourtant je crains que ce soit le cas. Que ceux d'en face, les Kouchner, Attali, tous les européistes fédéralistes patentés, du centre-gauche et du centre-droit, ont signé pour longtemps l'échec du transnationalisme. Que tout ce qu'ils nous promettent, à part la loi du marché (c'est à dire la guerre économique permanente de tous contre tous), c'est la rivalité permanente des communautés : albanokosovars contre Serbes et Macédoniens, Abkhazes contre Géorgiens, Corses contre Français, Juifs communautarisés contre leurs alter ego Musulmans, le tout au garde-à-vous devant la puissance états-unienne grande orchestratrice du "choc des civilisations" (elle l'a été à Pristina, comme elle l'est à Bagdad).
Choix de raison plus que de coeur, mais existe-t-il une autre option ?
Poussières d'Empires
O l'heureux temps de la mondialisation ! Où il est désormais possible de se consoler des mauvaises ventes dans l'Hexagone en espérant une traduction à l'étranger... Oui, mais il paraît que c'est plus délicat pour les ouvrages collectifs. C'est du moins ce qui se dit chez Morebooks - des spécialistes de l'intermédiation pour les publications à l'étranger. Cuisine éditoriale bien complexe.
A combien d'exemplaires l'Atlas alternatif s'est-il vendu en France ? 1 000 exemplaires ? 1 500 ? Seul l'éditeur le sait, et il ne le dira pas - on tient le niveau de ventes secrets, c'est une affaire habituelle chez les petits éditeurs. Tout ce que je vois c'est que sur ce blog quinze personnes toutes les semaines regardent la page des librairies qui ont vendu l'Atlas.
Et l'étranger ? Si je vous racontais la risible aventure de mes efforts pour diffuser l'Atlas en Italie, en Grande-Bretagne, en Russie.
En 2006 Marie-Ange Patrizio allant apporter un exemplaire du livre à Emmanuele Giordana, journaliste d'Il Manifesto, et éditeur (dans le cadre de Lettera 22), qui me pria de le transmettre à je ne sais plus quel éditeur spécialisé sur l'Asie (ce que je fis naturellement, mais en vain). En 2007 notre amie Marina, qui sur le front russe nous promet une publication chez Regnum à Moscou (un éditeur dont je ne sais rien du reste) et puis... on ne sait plus trop.
Sur le front anglo-saxon j'ai remué ciel et terre, rencontré l'éditeur indien Jasmer Singh qui avait de grands projets dans son pays, et Sebastien Budgen de Verso, et par e-mail Ann Beech et David Castle de Pluto. De jolis faux espoirs. J'ai payé un traducteur de ma poche ici en France. Ce n'était pas donné. Il s'est lourdement démené l'été dernier. What for ? Les éditeurs déclinent leur compétence, comme on dit en justice. J'ai tenté ma chance, via David Graeber, auprès des éditeurs alternatifs états-uniens. AKPress surtout. Peine perdue. Il paraît qu'ils sont "harcelés" par le gouvernement états-unien en ce moment. Toute cette histoire va se terminer chez un éditeur en ligne, à condition encore que quelque volontaire veuille bien relire la version traduite.
Je suis à l'heure espagnole en ce moment. Une dame de Soria qui a traduit un de mes articles pour le réseau Tlaxcala m'envoie très gentiment une liste d'éditeurs potentiels outre-Pyrénées. Je doute que cela aboutisse à quoi que ce soit. Au moins, en attendant, je m'offre deux minutes de rêve autour de l'aride meceta castillane. Il n'y a pas de petits profits oniriques.
Par parenthèse l'Espagne est le seul pays aujourd'hui à sauver l'honneur de l'Europe occidentale en refusant de reconnaître le Kosovo. Elle le fait pour des motifs égoïstes, mais elle le fait, c'est déjà ça...
Le gouvernement fantoche d'Afghanistan - voir http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2008&mm=02&dd=18&nav_id=47809 - pour sa part est le premier à avoir reconnu le régime de Pristina... Entre clients de l'administration Bush, il faut bien s'entraider. Cela rappelle tous ces roitelets orientaux qui, à l'époque de César, dépendaient de Rome pour tout. Les Mithridate de Pergame, les Ariobarzane de Cappadoce. Tous débiteurs des largesses des consuls, des sénateurs, des vieilles familles de l'Aventin. Des poussières de pouvoir politique comme les aiment les Empires.
Vesna Bejic
D'abord parce que je trouve le rôle du figurant très noble. Je m'y suis déjà adonné dans un court-métrage, il y a 11 ans. J'avais à l'époque notamment prêté mon oreille et mes lèvres (au sens où la caméra avait zoomé sur ces deux aspects de mon anatomie, dans un laboratoire de langue !). Le figurant, parce qu'il ne sera jamais connu, et ne retirera jamais aucun avantage de sa participation, est un peu comme le conseiller municipal auquel Debray fait référence dans son dernier article dans Le Monde. C'est l'éternel cocu, celui qui donne et ne reçoit pas. Sauf évidemment ceux qui viennent là avec un CV en poche, intéressés par de "vrais rôles" futurs.
Ensuite parce que Vesna est quelqu'un que j'apprécie infiniment. Elle fait partie des douze ou quinze personnages les plus émouvants que j'ai rencontrés dans le cadre de mon itinéraire yougoslave.
Vesna c'est la Yougoslavie d'en-bas, la "pas tout à fait Yougoslavie" au sens des critères titistes, et pourtant à certains égards plus yougoslave que la Yougoslavie officielle. Elle a grandi à Raon-l'Etape (ou je ne sais plus comment on dit, peut-être Roan-l'Etape) dans les Vosges, la commune la plus yougo de France dans les années 1970. Vesna est valaque, aroumaine de Serbie. Le prolétariat ou lumpenproletariat balkanique. Mais le prolétariat volontaire, qui cherche à s'élever. Ce côté "Wille zu Macht" de l'expérience humaine, qui n'est jamais sans défaut mais qui séduit toujours quand même, qui surprend. Vesna - que je cite dans un de mes livres déjà publiés, quoiqu'en pointillé comme toujours - m'a fait visiter en 2000 des ateliers de couture yougos à Paris. Elle n'avait pas son pareil pour parler de la condition ouvrière, du déracinement des immigrés. Elle a déjà tourné des documentaires. Elle fait maintenant un film. Elle est absolument prodigieuse. J'admire sa créativité.
Continuons encore sur Deleuze, la philosophie, l'Empire, les minorités

Quand j'ai repris mon mémoire de maîtrise en 2004 pour en faire un livre, l'ambiance n'était plus la même. Bricmont et Sokal étaient passés par là pour remettre de l'ordre dans ce nietzschéisme "de gauche", sur le volet de l'épistémologie, mais au fond ça allait bien au delà. Bricmont et Sokal étaient arrivés, bien involontairement dans un sens, comme les scientifiques qui sifflent la fin de la récré. Bricmont était un ami à ce moment là. Nous avions résisté ensemble sur la Yougoslavie. Sa volonté de "remettre de l'ordre" dans la pensée, avait libéré d'autres possibilités intellectuelles. De cet ordre naissait une autre liberté. Je ne sais pas bien comment vous expliquer ça. Mais voyez : Deleuze, Godard, ça ne nous permettait pas de penser la guerre de Yougoslavie, ça ne nous permettait pas de résister. Ca avait tout noyé dans l'esthétisme. C'est pourquoi Godard disait tant de bien des Musulmans bosniaques et n'a rien fait pour les Serbes. La gauche philosophique et artistique en roue libre sur de vieilles images de la guerre d'Algérie. Même Bourdieu, chaperonné par Samary, était un peu sur cette ligne, malgré tous ses efforts pour se confronter à la nouvelle donne du totalitarisme contemporain (la nouvelle donne de l'Empire, le totalitarisme soft Kouchner-TF1-Le Monde).
Ma pensée a toujours voulu tenir ensemble Deleuze et Bricmont, Bourdieu et Chomsky, la "pensée 68" (terme qui dans le détail ne veut rien dire mais admettons) et toutes les remises en ordre postérieures.

La semaine dernière je parlais avec X. du souverainisme républicain français et de l'occitanisme. La guerre de Yougoslavie m'a réconcilié avec le républicanisme français, la souveraineté des Etats, la remise en ordre. Mais je ne sacrifie pas mon attachement au Béarn, à la culture gasconne (que vous pouvez appeler occitane si vous y tenez même si l'occitanisme me semble être une réalité trop abstraite et bourgeoise). Je veux bien mettre dans ma poche la Gascogne si la France consent à s'engager dans un grand projet politique (par exemple le refus de la globalisation impériale), mais je n'y renoncerai pas dans le but exclusif de conforter le pouvoir de vieilles élites parisiennes arrogantes comme on l'attendait des méridionaux à l'époque gaulliste - et encore de mon temps quand je suis entré à Sciences Po.
J'entends bien qu'on n'appartient pas à une communauté nationale en tant que "minorité". Mais la communauté nationale n'a pas à vous enseigner la négation de votre histoire véritable, objective. "Nos ancêtres les Gaulois". Désolé : mon père est espagnol, ma mère aquitaine, ni l'un ni l'autre n'avait des ancêtres gaulois (et ça, concernant les Aquitains, on se refuse toujours à le reconnaître dans les manuels d'histoire), pourquoi devrais-je me faire passer pour un Orléanais ? D'ailleurs je le dis aussi à mes amis Serbes yougoslavistes, moi qui fus yougoslaviste comme eux autrefois : pourquoi Youg-slav-ie. Voulait-on dire que les Albanais du Kosovo, les Hongrois, les Roms étaient moins "yougo-slaves" que les autres puisque pas Slaves ? (en vérité c'est bien ce que Tito signifiait avec sa hiérarchie des peuples au sein de la fédération).
Tenir souverainisme et défense des minorités ensemble, tenir l'horizontalité libertaire et la verticalité autoritaire ensemble.
Je regardais Deleuze donc, ce matin. Sur la neurologie. Il disait le contraire de Bricmont : que les disciplines admettent plusieurs lectures, qu'on peut faire une lecture esthétique de tout, à commencer par la philosophie. Je ne dirai sans doute pas le contraire. Car cette affirmation péremptoire de Deleuze allait avec une autre idée "on n'est pas obligé de tout comprendre, il faut se tenir à la limite de son ignorance". Cette pensée des limites est valable. Je dirai même qu'elle est notre soupape de sécurité. Et je suis sur ce point en désaccord avec Bricmont pour qui il ne faut labourer que l'espace du connaissable, de ce qui peut être maîtrisé. L'opposition entre Jules César le conquérant, et César-Auguste l'homme qui fixe les limites, et travaille à l'intérieur du limes. Il faut tenir les deux dimensions ensemble, dans l'ordre de la politique, de l'art, de la philosophie.
Encore un mot

Or écrire des livres prend du temps, beaucoup trop de temps. C'est pourquoi je me suis limité à deux autres ouvrages sous le pseudo Delorca, en plus des deux déjà publiés. Reste maintenant à trouver les éditeurs, trouver des éditeurs sérieux, qui n'ont pas trop mauvaise réputation (ce qui est fort difficile quand on s'inscrit dans une certaine "dissidence"). Quand les livres seront publiés, je pourrai m'appuyer sur eux pour expliciter un peu mes référence, préciser un peu mieux mon point de vue. Pour le moment c'est difficile.
Essayons un peu par exemple sur cette citation de Deleuze. Deleuze pensait que l'artiste et le philosophe devaient exprimer la vie dans leur écriture, avec le même degré de vérité que pourrait le faire un animal s'il savait écrire. Pour lui, l'écriture et l'art se résumaient à cela. C'était une lutte pour libérer dans l'expression une vie que l'humanité cherche toujours à figer, à refouler.
Avant hier je prenais un verre avec mon camarade X., qui depuis des semaines me reproche de ne pas laisser suffisamment passer la vie dans un des deux ouvrages que je souhaite publier. Et pour cause : ce livre je n'ai cessé de l'expurger au cours des six années passées, d'une version à l'autre. En un sens l'éditrice Colette Lambrichs à qui j'avais passé mon manuscrit en 2004 m'avait déjà adressé la même critique. Evidemment depuis 2004, au fil des remaniement et des autocensures, cela n'a fait qu'empirer. Mais je dois dire que cela ne me dérange nullement. J'accepte tout à fait que ce livre soit à l'état de ruine partielle, comme Rome après la mise à sac par les barbares. Les ruines sont parfois belles, par ce qui a disparu d'elles autant que par ce qui en demeure.
X. m'a encore fait aujourd'hui le procès de m'écarter de la vie, non pas dans l'ordre de l'écriture, mais dans celui de l'action politique, parce que j'ai refusé de me rendre à la manifestation sur le Kosovo dimanche prochain. En réalité je crois avoir de bonnes raisons de ne pas m'y rendre : je trouve que depuis plusieurs années les organisations serbes de France ne fournissent pas assez d'efforts pour créer des "fronts communs" avec d'autres groupes qui ont des intérêts communs avec eux, et grâce auxquels ils pourraient conférer une dimension universelle à leur message. Au lieu de collectionner les drapeaux serbes dans leurs manifs, ils devraient choisir des slogans larges comme "respect du droit international" "sécurité collective en Europe" et s'allier à des groupes qui ont les mêmes intérêts qu'eux. Dans leurs manifs je voudrais voir des associations de défense des Roms (qui sont aussi, comme eux, des victimes de l'intolérance de l'UCK albanaise), ou de protection des femmes victimes du commerce sexuel (souvenez vous que le proxénétisme a explosé au Kosovo après le retrait de l'armée serbe en 1999). Je l'ai déjà dit, du reste, à des organisateurs de précédentes manifs. Sans succès : le repli sur soi l'emporte toujours hélas, cela va avec le communautarisme de notre époque. Et évidemment ce n'est pas à la veille de l'organisation d'une manif qu'il faut se réveiller et penser aux autres groupes qu'on aurait dû lui associer. Ces choses se pensent et se négocient sur le long terme. Du coup ce qu'ils font devient contre-productif au regard même des idées qu'ils veulent défendre.
X., disais-je donc, me reprochait, plus ou moins à mots couverts, ai-je cru comprendre à travers ses mails de cet après midi, d'être "hors de la vie" en refusant d'aller manifester dimanche. A travers cela je décèle toute une critique profonde de ma façon de me positionner politiquement, de trop rester derrière mon ordinateur par exemple. On pourrait en effet soutenir que si je parlais plus souvent et plus directement avec des organisateurs serbes qu'en pondant une fois tous les trois ans un message sur leurs forums communautaires, j'aurais peut-être convaincu, et contribué à faire évoluer certaines choses (mais on peut aussi à l'inverse en douter, je suspends mon jugement à ce propos). On peut refaire l'histoire dans tous les sens avec des "si". On peut aussi se rappeler combien un certain retrait peut être utile à la préservation d'une liberté, d'une énergie, d'une flamme toujours difficile à entretenir. L'important en tout cas - et X. a raison sur ce point - c'est de ne pas perdre de vue la vie. Ne pas être hors d'elle, notamment dans le travail d'écriture. Ou du moins ne pas l'être trop. Je ne détaillerai pas davantage tout cela. Quand les bouquins sortiront (s'ils sortent un jour !) je m'expliquerai davantage. Et j'en dirai un peu plus aussi (si toutefois j'en ai le temps, le goût et l'énergie) sur des sujets complexes esquissés sur ce blog comme la question de la place du fameux "projet de gauche" ou, pourrait-t-on même dire, du "geste de gauche" dans le monde actuel.
Affaire à suivre.