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Le blog de Frédéric Delorca

Slaves contre non-Slaves ?

21 Février 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Hier je recevais cette remarque d'un vieux militant trotskiste "En Yougoslavie la solidarité slave orthodoxe (a) succéd(é) depuis longtemps à la solidarité socialiste"

Et aujourd'hui cette remarque d'un ami : "J'ai plusieurs étudiantes polonaises qui sont venues me voir pour me demander comment j'expliquais que la Pologne veuille reconnaître ce Kosovo, alors que "ce sont les Serbes qui sont des Slaves". Drôle d'entendre cette argumentation dans la bouche de filles de 19 ans, nées donc après 1989 quasiment, et bien après le panslavisme."  rally-copie-3.jpg

Nationalismes, communautarismes religieux ou ethniques...

Heureusement certains peuvent encore comprendre que l'indépendance du Kosovo est une mauvaise chose, "en soi", pour l'équilibre européen et mondial, indépendamment de toute référence ethnique. Nous qui nous demandions ces derniers jours à quoi pouvaient encore servir les principes de gauche : précisément à rappeler cela.

undefinedOn notera d'ailleurs qu'Hugo Chavez président du Venezuela, une des fortes sources d'inspiration de la gauche latino-américaine vient de déclarer que son pays ne reconnaîtra pas le Kosovo (http://www.aporrea.org/internacionales/n109479.html) et a accusé Washington de fomenter le même type de sécession à Santa Cruz (Bolivie).
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Izquierda (II)

20 Février 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Comme les commentaires ne sont pas toujours très visibles sur ce blog (mais je ne sais pas trop modifier les configurations) je poste ici un commentaire que mon camarade Laurent a bien voulu glisser à la suite d'un article "Izquierda" qui se trouve un peu plus loin dans la liste des articles. A la suite de sa réponse, j'introduirai quelques remarques brèves qui pourront être développées à l'occasion.

Son commentaire :
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Ton analyse est très pertinente et éclaire un peu mieux ton propos.

Effectivement, de même que les systèmes de régulations hérités de la social-démocratie sont incapables de maîtriser le capitalisme financier mondialisé (quand la socdem ne devance pas elle-même les désirs du Capital), de même les moyens traditionnels de lutte se révèlent totalement inopérants. Les conflits sociaux, même durs (comme celui que j'ai connu en 2003) n'arrivent plus à venir à bout de choix gouvernementaux dictés par de puissants intérêts financiers. Je dis cela en étant tout à fait conscient de n'avoir aucune solution alternative (lors du dernier mouvement de grève dans l'éducation, certains rigolos ont osé proposer de se porter gréviste tout en allant travailler, avec un brassard sur le bras, afin de sensibiliser les parents à notre cause...).

Il y a quelques années, l'émergence du mouvement altermondialiste a suscité un espoir, une dynamique réelle et une prise de conscience, même à ses marges, de la part de gens qui, sans adhérer à l'ensemble des thèses de l'altermondialisme partageaient quand même certaines analyses et pouvaient se mobiliser en vue de luttes communes. Cette dynamique a connu son apogée lors du référendum du 29 mai 2005 (le jour de mon anniversaire) puis est retombée d'un coup... Il appartiendra aux historiens futurs d'analyser comment quelque chose d'aussi prometteur a pu foirer ainsi...

Je discutais de cela lors du rassemblement du 4 février avec un mec d'Anaram qui théorisait le recours à la violence révolutionnaire. Outre le fait que ceux qui tiennent ce genre de propos sont rarement ceux qui les mettent en oeuvre, une explosion de violence irréfléchie est souvent contre-productive. La couverture médiatique de la bande à Bonnot par la presse de l'époque a contribué à dicréditer le mouvement anarchiste, de même pour Action Directe qui a finalement plombé l'extrème-gauche dans les années 80. Actuellement, des menaces terroristes réelles ou supposées sont en train de justifier une surveillance accrue des mouvements anticapitalistes.

Je ne crois pas que le modèle latino-américain soit importable chez nous. De même, je trouve difficile de reproduire en France l'expérience de Die Linke. Tout d'abord je doute de la volonté réelle de Mélenchon de rompre avec le PS. J'ai beaucoup apprécié la lecture de son dernier livre d'entretiens, mais aura-t-il réellement envie de quitter le PS, et donc de renoncer, à terme, à son mandat de sénateur? J'en doute... De toutes façons les conditions politiques sont chez nous, différentes de ce qu'elles étaient en Allemagne en 2005, du moins au sein de la gauche. Il ne me semble pas qu'à l'époque il existait grand chose à gauche du SPD (à part peut-être le Parti Communiste). Chez nous il y a un paysage assez hétéroclite à gauche du PS, et vouloir y créer un mouvement unificateur (sur quelles bases d'ailleurs??) risque au contraire d'ajouter de la division à la division, comme on l'a vu pour les collectifs antilibéraux. Dont la fin me rappelle cette blague qui circule dans les milieux protestants: « Dans une ville, il y avait deux églises: l'église baptiste et l'église méthodiste. Un jour les responsables ecclésiaux des deux bords décidèrent que cette division était un scandale et qu'il était temps d'unifier ces deux communautés. Donc, combien y -a-t-il eu d'églises à la fin? Réponse: trois. L'église unifiée, l'église baptiste, l'église méthodiste. ».

---- « Les peuples vont plutôt chercher une résistance dans des mouvements de "droite" traditionnalistes » 

je le comprends et je perçois (vaguement) les déterminismes qui les poussent à agir ainsi. Je doute cependant de l'intérêt pour les mouvements de gauche de se mettre à la remorque de mouvement réactionnaires, dont l'égalitarisme me paraît douteux. En 1979, les révolutionnaires laïques iraniens avaient fait ce calcul vis à vis de Khomeiny (qui apparaissait comme une personnalité charismatique, plus capable de mobiliser le peuple que les intellectuels de gauche,etc...). Le résultat ne fut pas exactement celui qu'ils escomptaient (surtout pour ceux qui sont morts dans les geôles du régime islamique)...

J'ai appris, par l'intermédiaire de ton blog, l'existence du Comité Valmy. Ce mouvement me paraît, bien sur, plus sympathique qu'Egalité et Réconciliation de Soral, du fait qu'il préfère se référer au gaullisme qu'au FN (j'ai, globalement, plutôt de la sympathie pour la vie et l'oeuvre de De Gaulle). Cela dit, je pense que le gaullisme a été un OVNI dans le paysage politique français et qu'il n'a pas survécu à son fondateur. Quelle peut être l'avenir et la portée d'une telle initiative? Je l'ignore. Je ne sais pas si elle peut aller bien au-delà d'un cercle d'initiés (j'avoue que l'aspect groupusculaire de certains mouvements anti-système me désole un peu)...

1) sur l'union de la gauche en France

Il est clair que la gauche de la gauche a paradoxalement pâti de sa force : s'il n'y avait pas eu des traditions communistes et trots puissantes (aussi bien sur un versant que sur l'autre), il eût été plus facile de les unifier. Notamment le renforcement intellectuel du trotskisme par le bourdieusisme, et sa pénétration susbéquente dans une bourgeoisie d'Etat encore relativement nombreuse en France (profs, petits fonctionnaires) dans les années 1990, qui a rééquilibré le rapport LCR/PCF a compromis leur unité. Je suis personnellement sévère à l'égard des trotskistes (et notamment de la direction de la LCR) qui se sont complus dans une très grande irresponsabilité politique en politique intérieure (notamment en faisant cavalier seul dès le début de la campagne électorale des présidentielles), et en politique extérieure (voir notamment la bouillie intellectuelle qu'ils ont produite sur les Balkans, mais pas seulement). 

Ce faisant ils deviennent comme dit l'autre les idiots utiles du système, une machine à rendre les mobilisations stériles.

Par ailleurs, le système électoral qui rive le PC au PS n'a pas arrangé les choses il faut le reconnaîre.

2) sur la faillite de l'altermondialisme

Il suffit d'avoir assisté à un forum social pour comprendre à quel point cela ne pouvait mener à rien. Forums pour intellectuels, activistes professionnels, étudiants désoeuvrés épris de palabres, travaillé par un certain anarchisme. Ils ne pouvaient déboucher sur aucune proposition politique concrète et réaliste.

Et en effet c'est cette faillite de l'altermondialisme qui nous conduits maintenant à repenser les projets politiques dans un cadre hexagonal. Parce que comme j'ai tenté de le faire sentir dans le Programme pour une gauche française décomplexée, on ne peut pas faire l'économie d'une réflexion sur l'Etat. Et une politique d'Etat, ça suppose de faire des choix concrets (jusqu'à quel point coopérer avec la Russie de Poutine, avec la Chine, avec tout ce qui fait contrepoids à l'hégémonisme états-unien). Le propre du trotskisme, et par effet de contagion de toute la gauche de la gauche de plus en plus, c'est de raisonner sur un plan "moral", hors du temps et de l'espace, sans jamais poser la question des stratégies concrètes de l'Etat français.

Je regardais hier un DVD du journal bourdieuso-halimien (si j'ose dire) "Plan B" sur Bové : critique des médias, isolement gauchisme dans une pureté hors du réel. Voilà leur crédo. Mais c'est de l'infantilisme. Quid du programme politique pour la France, le peuple français en tant que nation ?

3) sur Mélenchon

Le personnage a des côtés sympathiques. Mais ils est moins profond que des gens comme Chevènement (lequel lui aussi a montré bien des faiblesses qui ont fini par le discréditer).

Mélenchon sur son blog ne dit pas un mot sur le Kosovo, sujet central pour l'avenir de l'Europe ainsi que le soulignent les medias en ce moment. Le même silence que celui de la gauche du PS en 1999 pendant le bombardement de la Serbie (il parait que quand même quelques supporters d'Emmanuelli et Mélenchon assistaient à des réunions anti-guerre dans le Quartier Latin, mais au niveau des dirigeants silence radio).

Quand on se tait sur des sujets aussi importants qui mettent en cause la vassalisation de l'Europe à l'égard des Etats-Unis, c'est un peu comme si on s'était tu sur les Accords de Munich en 1939 (les Tchèques en ce moment soulignent le point commun entre les deux dépeçages). Est-ce par aveuglement ou par lâcheté ? Je ne peux pas pour ma part faire confiance à un dirigeant qui se tait sur un sujet aussi grave.

4) Sur la droite traditionnaliste

Il y a les discours et les réalités. Le Hamas, le Hezbollah doivent leur influence au fait qu'ils ont organisé des solidarités concrètes. Au Liban, seul le Hezbollah a aidé les pauvres à se loger après la destructions des maisons par Israël e 2006, tandis que le gouvernement libanais ne faisait rien. Ca c'est du socialisme concret. Des islamistes qui organisent des oeuvres de charité, et font obstacle aux intérêts américains, ou des nationalistes ailleurs qui empêchent les privatisations, ne font-ils pas davantage de socialisme qu'un Parti communiste français qui siège dans un gouvernement de gauche plurielle qui privatise plus d'entreprises que son prédécesseur de droite, et fait une guerre pour installer une base américaine dans les Balkans ?

Voilà une question qu'on ne pourra pas éternellement éluder sous de la bienpensance...

5) Sur le gaullisme comme OVNI

A voir... Il y avait eu le bonapartisme juste avant qui réunissait des tendances libérales, capitalistes, mais aussi une tendance "césarienne" (Napoléon, tutoyé par ses soldats à Austerlitz, qui porte des gueux au sommet de l'Etat, Napoléon III auteur du "De l'instinction du paupérisme"). Il faut peut-être réfléchir à ce qu'est la droite chrétienne sociale en France. Est-elle "l'idiot utile" du capitalisme mondialisé, ou un meilleur rempart qu'un parti socialiste dont un leader préside aujourd'hui le FMI ?

De toute façon, l'arithmétique est assez simple. Puisque l'Union européenne est sur une voie néolibérale et atlantiste, et puisqu'aucune force ne peut s'y opposer, on n'a plus d'autre choix, si l'on veut rester au service des plus humbles, et être utile à l'équilibre du monde, que de revenir au cadre hexagonal pour faire exploser cette Union, reconstruire sur une base hexagonale une alternative avec toutes les bonnes volontés (quitte à ce qu'ensuite on refasse une Europe mieux inspirée, plus populaire, dans une génération). 

FD

P.S. du 21 février : A la date du 20 février, c'est-à-dire probablement au moment-même où j'écrivais le commentaire ci-dessus, je trouve (enfin !) sur le blog de Mélenchon une condamnation de la sécession du Kosovo - cf http://www.jean-luc-melenchon.fr/?p=562. M. Mélenchon aura attendu 3 jours avant de s'exprimer sur ce sujet... ET PRESQUE 8 ANS AVANT DE CONDAMNER SANS AMBIGUITES L'ATTAQUE DE L'OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie. Dans l'intervalle, il aura laissé de nombreuses voix prêcher en vain dans le désert, et de nombreuses occasions politiques de changer la donne s'évanouir sans prospérer...
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Castro raccroche

19 Février 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Ainsi donc le président cubain cède sa place. Je crois me souvenir que Cohen-Solal précisait dans sa biographie de Sartre qu'une grande déception de ce philosophe face à la révolution cubaine c'est que le Comandante avait promis de ne pas accaparer le pouvoir dans la durée et n'avait pas tenu parole. Cela étant, connaissant la propension de l'homo sapiens, surtout sous les latitudes latines, à s'identifier à un leader, sans doute l'obstination de Castro à ne pas quitter son poste fut-elle pour beaucoup dans la survie de l'expérience socialiste assiégée. Les malades soignés gratuitement depuis 20 ans, les étudiants qui ont accédé à l'université le doivent à la persévérance de Castro. Sans cela Cuba serait un nouveau Nicaragua (avant le retour d'Ortega), et les mafieux floridiens à la Bacardi domineraient à nouveau le paysage. Dans sa  lettre de démission, publiée dans de nombreux journaux de gauche, Castro insiste sur la difficulté de faire survivre une révolution dans le monde actuel, et veut éviter aussi bien l'optimisme béat que le défaitisme. A juste titre. On remarquera aussi à titre plus anecdotique la phrase de Marti qui figure dans son texte comme dans presque toutes ses interventions publiques depuis un an (ça en devient lassant...) : "Toute la gloire du monde tient dans un grain de maïs". Sans doute l'aide-t-elle à prendre du recul. Il ne doit pas être facile, de se défaire de la gloire. En tout cas le processus de changement de génération à Cuba semble tenir la distance. fidel-castro.jpg

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L'amortissement par les technostructures

19 Février 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

C'est une phénomène assez général qui n'est étudié que par bribes : ce que je nommais dans le précédent article "l'amortissement par les technostructures". Le mécanisme est complexe est subtil, mais il maintient la paix civile en Europe depuis au moins vingt ans malgré le cynisme et l'aveuglement des élites. engrenage.jpg

Le principe est celui-ci : on spolie les individus, les groupes, les nations, d'éléments essentiels de leur mémoire, et de possibilités d'agir sur leur avenir - on développe une règlementation anti-démocratique, on noie la politique dans des effets d'image, on détruit tous les cadres habituels de pensée (et pour ce faire on va même jusqu'à détruire des pays comme la Yougoslavie). Puis, on s'arrange pour désarmer toute possibilité de riposte, en rendant l'individu dépendant du système : on l'incite à s'endetter, on le rend accro à la pub, aux slogans, on lui fait miroiter des biens qui lui font oublier sa dignité (le "supplément de pouvoir d'achat" qui permit à Sarko d'être élu, "l'adhésion à l'Union européenne" qui poussa les Serbes il y a un mois à élire un candidat  à la convenance de Bruxelles et de Washington). Le phénomène dans le détail est très complexe. Le sociologue Niklas Luhmann l'a par exemple étudié sur le terrain juridique : en multipliant les procédures un peu partout, a-t-il noté, on prend les gens au piège des structures institutionnelles. Au lieu d'infliger des mesures unilatérales, on fait semblant de consulter. Ainsi l'individu qui a eu l'impression d'avoir mené une bataille pour se faire entendre, intériorise sa défaite comme un échec personnel qui le diminue à ses propres yeux. Les procédures consultatives deviennent un instrument par excellence d'écrasement des oppositions (de sorte que, lorsque le pouvoir redevient ubuesquement unilatéral, comme par exemple lorsque Mme Dati impose sa réforme judiciaire sans consulter personne, on retrouve une forme d'espoir : des oppositions plus solides naîtront).

Quand on essaie d'anticiper l'évolution des situations politiques, on sousestime toujours l'incroyable pouvoir d'amortissement de leurs propres erreurs et de leurs crimes que les élites mettent en oeuvre via les technostructures. Aussi n'est-il pas du tout impossible que les technostructures finissent par "endormir" les crises frontalières que le crime de la reconnaissance du Kosovo ne manquera pas de provoquer. Peut-être l'Union européenne parviendrat-elle a assoupir les Albanais de Macédoine, les Serbes de Bosnie, les Transnistriens, les Russes, les Turcs, les Basques, les Bretons, les Flamands, que-sais-je encore, en les traînant de commissions en commissions, de cour des droits de l'homme en grand forum européen des minorités, d'OSCE en UEO, et de G8 en sous-commissions de l'ONU. L'aptitude du système à provoquer des palabres, des signatures de protocoles, tout en débloquant ici où là des fonds qui entretiennent l'espoir est immense, et surprend toujours les pronostiqueurs les plus pessimistes. C'est ce pouvoir là qui enivre les dirigeants européens et les entretient toujours dans l'idée confiante que "une fois de plus ça passera". Avec Lisbonne, avec le Kosovo, avec tout le reste. Or qui peut dire à coup sûr qu'ils ont tort ?

Cependant on voit bien que sur le long terme cette machine à diluer le ressentiment dépossède les êtres sans rien leur donner en échange. On pressent alors que ce sera de deux choses l'une : soit les technostructures transformeront totalement les Européens en parfaits consommateurs décérébrés, déstructurés (voyez Vivre et penser comme des porcs de Chatelet), sans espoir politique ni sens de la dignité, soit la machine à amortir se grippera et le système s'effondrera. Vous pouvez le jouer à pile ou face.

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L'option hexagonale

19 Février 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Après le grand dynamitage du droit international dans les Balkans, faut-il s'attendre à ce que les technostructures "amortissent" une fois de plus (comme elles l'ont fait avec les dernières élections serbes) toutes nos erreurs et tous nos crimes en Europe de l'Est (c'est à dire qu'on tienne les peuples avec des promesses d'aide financières et d' "intégration civilisatrice" dans l'UE) ou faut-il se préparer à des guerres ouvertes qui nous reviendront en boomerang et signeront l'échec de la génération soixante-huitarde aux commandes de l'Union européenne ?

Faut-il s'attendre à une faillite générale du sarkozysme en France, avec une démission précipitée du présdient face à l'émoi populaire à mi-mandat (avec d'ailleurs une alternative "modem-PS" des plus douteuses) ou bien à une "chiraquisation" de son pouvoir qui en ferait une potiche pour les trois dernières années du quinquennat ?

Sur tous les sujets clés depuis déjà plus de dix ans on voit la politique laisser place à de si stupides improvisations, guidées par les préjugés les plus médiocres, qu'on ne peut que trembler à l'idée de ce que l'avenir proche nous réserve.

Si les éléments prennent une tournure catastrophique (l'hypothèse la pire n'est heureusement pas celle qui se réalise à coup sûr mais allez donc savoir), il faudra très probablement prévoir une fédération des bonnes volontés (de gauche, ou dans une union sacrée gauche-droite) pour préparer une relève. Une fédération de ceux qui n'auront pas été aux commandes jusqu'ici, ni via le PS, ni via-l'UDF-UMP, des femmes et des hommes nouveaux. Cette fédération, semble-t-il, se définira nécessairement dans le cadre national français. Pour aussi internationaliste qu'on se sente de coeur, on doit constater que l'utopie transnationale aujourd'hui entre les mains des néo-libéraux (et elle ne peut exister qu'entre ces mains-là à l'époque actuelle) conduit aux pires aberrations dans le genre de la promotion du pseudo-Etat mafieux kosovar et du sponsoring de tous les sécessionnismes en Europe de l'Est (et peut-être même à l'Ouest). Elle fera donc passer la souveraineté hexagonale avant toute autre considération defile14juillet.jpg

C'est un amer constat pour moi qui fus jadis européiste et régionaliste, de voir combien ces idées sont devenues le joujou d'élites arrogantes, aveugles et cyniques, combien elles les ont conduites à abdiquer tout respect pour la souveraineté des peuples, et même tout respect du réel, comme on l'a vu avec la ratification "en douce" du traité de Lisbonne. Amer constat aussi que l'incapacité de la gauche anti-nationale, ou anti-patriotique (on ne sait trop comment la nommer), celle qui fit campagne pour le "non" en 2005 de Mélenchon à Besancenot, à dessiner une "autre Europe" avec ses homologues d'autres pays.

Je n'aurais pas pensé, il y a vingt ans de cela, qu'il faudrait ressortir les drapeaux tricolores et les fanfares, pour retrouver le sens de la construction politique et de la prise en compte du réel. Pourtant je crains que ce soit le cas. Que ceux d'en face, les Kouchner, Attali, tous les européistes fédéralistes patentés, du centre-gauche et du centre-droit, ont signé pour longtemps l'échec du transnationalisme. Que tout ce qu'ils nous promettent, à part la loi du marché (c'est à dire la guerre économique permanente de tous contre tous), c'est la rivalité permanente des communautés : albanokosovars contre Serbes et Macédoniens, Abkhazes contre Géorgiens, Corses contre Français, Juifs communautarisés contre leurs alter ego Musulmans, le tout au garde-à-vous devant la puissance états-unienne grande orchestratrice du "choc des civilisations" (elle l'a été à Pristina, comme elle l'est à Bagdad).

Choix de raison plus que de coeur, mais existe-t-il une autre option ?

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