Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Frédéric Delorca

Transnistrie : Voyage officiel au pays des derniers Soviets

31 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Transnistrie

Mon dernier livre, compte-rendu d'un voyage officiel à Tiraspol en juillet 2007, vient de paraître cette semaine aux éditions du Cygne. Un joli petit livre avec des photos ! Il peut être commandé chez vos libraires ou sur Internet !
Lire la suite

Et si le monde multipolaire n'était qu'un monde de haine ?

31 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Je lisais ce matin une interview assez peu sympathique d'un certain Alexandre Douguine, dont m'avait déjà parlé un garçon qui vend des pompes en Russie. M. Douguine y défend une Eurasie qui évite soigneusement la Chine."Les chinois sont très sympathiques quand ils vivent en Chine." dit M. Douguine... Bigre... Chacun chez soi, les vaches seront bien gardées. En 1999 nous combattions l'ordre mondial américain. Mais on peut se demander ce qui est en train de se construire sur ses décombres. N'est-ce pas une juxtaposition de cinq ou six "sphères de civilisation" qui s'ignoreront mutuellement, sauf pour passer des accords étatiques ponctuels... Un ordre au fond manipulable par l'Occident (qui pourra jouer une sphère contre une autre), et conduire à de nouvelles guerres (d'ailleurs  cet équilibre entre six puissances n'est-il pas l'équilibre bismarckien dont le dérèglement conduisit à la guerre de 14-18) ?

Tout cela est inquiétant. Et je ne vois pourtant aucun signe tangible des Russes ou des Chinois en direction des non-alignés qui puisse augurer d'un renouveau de l'internationalisme auquel nous aspirons. On ne voit que du business en ce moment, et quelques stratégies militaires pour réunir ces "blocs" en formation, mais pas de volonté de coopération au niveau de la société civile.
Lire la suite

Business et idéologie autour de l'Iran

31 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

On sait que beaucoup de conservateurs états-uniens (opposés aux néo-cons) ont regretté que le soutien à Israël ait renforcé au Proche-Orient l'hostilité des peuples de culture musulmane à l'égard de Washington, notamment celle des Iraniens qui sont une puissance majeure dans la région. La France de M. Sarkozy a pris le même chemin que M. Bush en décembre 2008, puisqu'on apprenait dans Le Figaro du 15 décembre qu'Axens, filiale de l'Institut français du pétrole, s'était vue interdire par M. Sarkozy de vendre des équipements pour raffineries à l'Iran. Or Axens avait une place importante dans ce pays, où le parc de raffineries, du fait de l'embargo, est obsolète (ce qui explique aussi leur recours au nucléaire pour sa dimension civile). Beaucoup de firmes étatsuniennes privées quant à elles continuent d'opérer par filiales étrangères interposées (le constat de 2003 est encore valable), ce qui n'est pas le cas d'Axens qui appartient au secteur public. Beaucoup de gens qui ont travaillé avec l'Iran estiment que les USA pourraient facilement contrôler ce pays si la politique d'embargo (dictée par l'AIPAC) n'avait pas été le mot d'ordre washingtonien depuis 20 ans, car les gens y sont si fascinés par le modèle américain qu'ils auraient facilement renversé le mollahs. La fascination de l'homme de la rue en Iran pour les USA est corroborée par un reportage de Dallas News. La question est de savoir évidemment, si le goût pour l'American way of life interdit la fierté nationale, et si un Iran "laïque" ne finirait pas par s'opposer aux USA un jour ou l'autre, avec ou sans AIPAC.

Au hasard de mes lectures, je tombe sur un site monarchiste perse qui dénonce le lobbying pro-iranien en France.
Lire la suite

Political correctness

27 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

Political correctness, esprit de censure, encore et toujours. La cible : le rappeur Oreslan et sa chanson "Sale p*". Sur les bancs de l'accusation, si je relève les noms de l'article de Libération repris par Yahoo : Valérie Létard, Christine Albanel, Marie-Georges Buffet (sans doute conseillée par Clémentine Autain).Sur le site de Libé concert d'indignations devant ce clip.

Que dire ? Musicalement c'est assez nul. Les paroles aussi. Faut-il pour autant le censurer. Comme je le dis toujours, dans ma veine chomskyenne, je ne censure que les appels au meurtre. En est-ce un ? Si je comprends bien cette chanson, elle est l'expression réaliste du désarroi d'un mâle que sa copine trompe. Le réalisme n'a pas bonne presse de nos jours, les hormones masculines encore moins. Il y a cent ans les mâles flinguaient leurs partenaires infidèles. Aujourd'hui beaucoup moins. Il chantent leur soif de vengeance sur des musiques lamentables. Les militantes de la cause féminine devraient se réjouir de ce progrès. Au lieu de cela elles veulent le silence radio. Cachez ce réel que je ne saurais voir, cachez les pulsions. Faisons croire aux mâles que nous sommes dans un monde de bisounours, de barbapapa, infantilisons-les comme le fait Sarah Palin. Et après, quand bien même on y parviendrait, empêchera-t-on certains jeunes gens d'épouver ce qu'Oreslan exprime dans sa chanson quand leur copine les quitte ?

On me dira qu'on reconnaît à chacun le droit d'éprouver ce qu'il veut pourvu qu'il ne passe pas à l'acte. Ce qu'on lui dénie c'est le droit à la représentation de ce ressenti dans l'espace musical, ou visuel. Eprouver sans représenter, éprouver dans les ténèbres. N'est-ce point la voie de la névrose et de la destruction ? Je suggère à Mme Autain et Mme Buffet de présenter à l'assemblée nationale une proposition de loi en vue d'obtenir l'éradication de la testostérone chez les hommes. Sans ce complément biologique indispensable, leur censure sur les mots et les musiques risque d'être bigrement contreproductive.

You Tube a eu une réaction saine : interdire le clip aux moins de 18 ans, et seulement à cela. Protéger les enfants, et les ados c'est légitime. Mais laissons aux adultes la liberté de symboliser comme ils le veulent leurs pulsions.
Lire la suite

La crise financière, l'Union européenne et ses oppositions de divers bords

27 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Les stats de fréquentation de mon blog explosent depuis deux jours à cause de mon article sur La journée de la jupe, qu'Alterinfo a repris. Mais cela ne signifie nullement que mes textes aient la moindre chance d'être lus au délà d'un cercle d'une poignée de personnes. D'ailleurs je ne souhaite pas être lu à grande échelle. Plus on est lu, plus il faut passer de temps à expliquer ce qu'on a voulu écrire. Un correspondant ce matin me disait que j'étais voué à être marginalisé par le contenu même de mon propos (l'idée d'uen alliance des forces anti-impérialistes de Russie, de Chine, et du Tiers-monde n'aurait de sens qu'au niveau des gouvernements, pas de la société civile). J'en laisse le lecteur juge.

A part ça, nouvelles du jour : l'ami Edgar ces derniers jours s'enthousiasme pour la proposition chinoise de monnaie de réserve alternative au dollar. Les Russes ont un projet du même genre depuis l'automne. J'observe que la crise financière provoque, dans les élites, dans les milieux "sciences po" une fronde importante contre ceux qui nous ont conduit à ce point, notamment contre les tenants du néo-libéralisme de l'Union européenne, comme M. Barroso. Je m'intéresse aux forces anti-systémiques populaires (le bolivarianisme, les mouvements qui apparaissent chez les gens issus de l'émigration), mais aussi à tous ces cercles contestataires qui apparaissent dans les élites, non que je sois forcément d'accord avec eux mais parce que je me demande dans quelle mesure ils auront entre leurs mains les moyens de renverser l'Ordre, qui nous est imposé depuis 25 ans, à commencer d'ailleurs par l'Ordre de l'Union européenne. La conjoncture actuelle leur est relativement favorable.

On voit depuis quelques jours que la chute du gouvernement tchèque en pleine présidence de l'UE, donne des ailes à la droite libérale thatchérienne anti-européiste. Le président tchèque Vaclav Klaus au début a déclaré son soutien au mouvement Libertas du milliardaire irlandais pro-américain Declan Ganley, un groupe que soutient aussi le MPF de de Villiers (quoique Paul-Marie Coûteaux autrefois proche du MPF accuse ce mouvement d'être fédéraliste "in disguise" et non souverainiste). Un think tank tchèque européiste affirme aujourd'hui que Klaus est manipulé par Vladimir Poutine. Poutine et Libertas, même combat contre les fédéralistes bruxellois ?

A gauche, les chevènementistes n'ont pas rejoint le Front de gauche. Sami Naïr négociait au nom du MRC, et les négociations ont capoté sur la souveraineté nationale et sur l'immigration. Naïr les accuse de manquer de clarté, d'être une sorte de "para-NPA". Vont-ils choisir l'abstention aux élections ? Affaire à suivre.
Lire la suite

Rivas la rouge, près de Madrid

26 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Découvert cet après-midi en écoutant France culture (une des rares fois où cette radio dit des choses intéressantes) l'existence en Espagne de Rivas (Rivas Vaciamadrid), une sorte d' "oasis rouge et républicaine" (selon les mots de Gaspar Llamazares) dans une communauté autonome madrilène qui a basculé à droite dans les années 1990. Une ville dirigée par Izquierda unida dont la population est passée de 500 habitants en 1980 à 60 000 aujourd'hui. Une  ville qui vante sa "différence" dans les clips électoraux de sa majorité municipale (cf ci-dessous). Le petit-fils de républicain espagnol que je suis ne pouvait manquer de lui rendre hommage en cette année qui marque les 70 ème anniversaire de la chute de la République espagnole.

Lire la suite

Littérature ou politique ?

25 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

Dans une interview conjointe avec feu le professeur Choron qui traîne sur You Tube que je regardais le weekend dernier, le dandy Marc-Edouard Nabe (un personnage avec lequel je pense n'avoir rien en commun sauf un intérêt intellectuel pour le mysticisme chiite), déplorait que les gens soient trop superficiels pour s'intéresser aux entrailles de leur vie, et de la vie humaine, et, pour cette raison, s'intéressent à la politique qui n'est que la surface de la condition humaine (je résume son propos avec mes propres termes).

Je crois cette affirmation contestable.

La politique, le droit, les sciences humaines, les sciences dures, toute forme de discours rationnel sur des problèmes généraux suppose certes une sorte de neutralisation des aspérités (et des difficultés) de l'existence pour une mise en forme globale cohérente. Je ne pense pas cependant que ces discours soient si superficiels que cela, car il n'y a pas de bonne synthèse rationnelle sans un voyage aussi loin que possible dans l'irrationnel et dans des versants très ténébreux et problématiques du vécu : je songe aussi bien ici à la confrontation de Kant avec le mage Swedenborg, qu'à ce que le sociologie de Bourdieu par exemple ou la philosophie de Sartre (et subséquemment, et peut-être indissociablement, leur engagement politique) doivent aux tourments personnels de leur propre psyché, et aux tourments et souffrances (ou des grandes joies) de celles des autres. Mais il est vrai que l'effet de rationalisation, peut passer pour une remontée vers la surface après la plongée en eau trouble, et beaucoup ne voient pas, justement, combien celle-ci est irriguée par les courants du Styx.

A l'inverse une certaine littérature, de par les cristallisations affectives qu'elle occasionne sur des aspects dérisoires du quotidien ("la première gorgée de bière"), peut être vue comme la voie la plus superficielle de perception du monde, et, à maints égards, la plus stérile (mais Nabe dirait sans doute qu'il s'agit là de mauvaise littérature).

 

On voit cependant que la littérature offre une grande liberté d'approche du réel et de l'imaginaire. C'est pourquoi d'ailleurs je me suis fait romancier à certaines heures. Mais peut-on relever le défi de la littérature sans sacrifier celui de la politique et vice versa ? Dans ce blog même comment puis-je équilibrer les deux, combiner les deux. Prenons mes abonnés : peut-être attendent-ils des informations politiques en me lisant (comme dans le blog de l'Atlas alternatif). Dois-je leur imposer des considérations littéraires au milieu de mes résumés de dépêches ? Mais d'un autre côté comment ne pas aller sur des terrains littéraires plus personnels ? La politique ne devient-elle pas précisément stérile et vaine quand elle ne fait pas le détour vers ces espaces-là... Choix difficile. Je pressens que le détour par la littérature peut me condamner à ne plus être lu ni cru quand j'écris sur la politique. Un exemple : une amie qui avait lu mon roman s'est exclamé devant la quatrième de couverture de mon livre sur la Transnistrie : "c'est un pays qui existe vraiment où c'est une histoire que tu inventes ?". Autre exemple : ce soir, dans une veine littéraire je pourrais me perdre dans des considérations hasardeuses, expérimentales sur un échange épistolaire de quelques lignes que j'ai eu avec une jeune femme maghrébine qui joue un rôle intéressant dans un mouvement anti-colonialiste (pour aller vite). Mais écrire sur elle dans cette veine non seulement compromettrait mes chances de pouvoir travailler politiquement d'une manière sérieuse avec son groupe, mais aussi risquerait de m'éloigner personnellement de l'esprit militant, qui est ce dont nous devons faire preuve, d'une manière responsable, face aux difficultés de ce monde.

Je me souviens en rédigeant ces lignes que j'avais écrit à peu près la même chose, sur ce même blog, à l'été 2007, à la sortie d'une conférence à l'ambassade cubaine de Paris. En fait je n'avais pas posé la question "littérature ou politique" mais "vie de militant ou vie d'intellectuel", mais ces problématiques se recoupent largement. A l'époque une amie (qui avait voué toute sa vie au militantisme LCR) avait craché sur ce billet en disant : "Ce genre de question ne m'intéresse absolument pas. C'est tout ce que j'ai combattu chez mon père qui se prenait pour un intello." C'est peut-être ce que songeront nombre de mes lecteurs "branchés sur la politique" lorsqu'ils liront le présent billet.

Je n'ai trouvé de bon mélange de la politique et de la littérature que dans Chien blanc de Romain Gary. Peut-être aussi chez Céline. Mais l'un et l'autre étaient des nihilistes, et leur message politique ne se raccrochait à aucun esprit de responsabilité (Céline voulait la destruction de tout, et Gary n'échappait à cette extrémité que par une passion émotionnelle pour sa mère et pour De Gaulle). Cela rendait chez eux la cohabitation de la politique avec l'audace littéraire bien plus facile.

Lire la suite

Paris des années 80

25 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

J'écoutais tantôt une interview de Soral sur sa jeunesse parisienne. Je ne parlerai pas de politique ici - les aventures de Soral et Dieudonné chez Le Pen, toutes ces histoires pas terribles, leurs dérapages verbaux, ces fourvoiements en cascade, tout cela ne mérite guère qu'on s'y attarde. Ce qui était intéressant dans le récit de Soral, c'était l'évocation du Paris "bohème" des années 70. Une de mes amies de naguère avait connu aussi cela, dans le Saint-Germain-des-Près de l'après 68, baisant avec Tabarly, Giraudeau, se cuitant avec Roland Topor. J'ai déjà fait référence à cet univers dans un billet sur Genet et Dominique Eddé. J'ai souvent essayé d'imaginer ce que ça avait pu représenter pour ce genre de minettes nées dans des familles conservatrices. Toute cette fluidité des rencontres, des comportements. Une effervescence parisienne. Soral en parle très bien.

Quand je suis arrivé à Paris en 1988, il y avait encore une queue de comète de tout ça. J'avais des potes de Sciences Po, qui connaissaient beaucoup de gens dans les milieux artistiques, grâce à cette facilité des échanges. Je ne pense pas qu'ils le devaient seulement au "capital social" de leurs parents. Pas tous. Moi je me sentais assez étranger à ça, et d'ailleurs personne ne m'a jamais proposé de m'introduire dans ces cercles. De toute façon, je n'en avais pas le temps. J'avais des études sérieuses à faire.

Je ne suis pas sûr que cela m'aurait apporté grand chose du reste, ni humainement ni intellectuellement. Cela m'aurait lassé, comme le salon de l'Ecrivain engagé que je décris dans 10 ans sur la planète résistante. Car au fond tous ces échanges, ces verres partagés avec l'un, avec l'autre, entretenaient chez ceux qui jouaient ce jeu là un esprit très superficiel. Cela faisait partie de la vanité parisienne, de ce que j'ai toujours détesté à Paris. Au fond ce n'était pas différent de la vacuité de la cour versaillaise au siècle de Louis XIV.

Soral fait l'éloge de ces rencontres, de ce qu'elles lui ont apporté. Je me demande si elles ne l'ont pas entretenu dans une culture publicitaire, une culture des effets de manche, comme Dantec et bien d'autres auxquels il s'oppose. Une culture qui le conduit à choisir les slogans sans nuance et les jugements à l'emporte-pièce, à porter au pinacle des penseurs sans grande envergure, à en rejeter en bloc d'autres, dont l'oeuvre ne se peut réduire à des clichés rapides.

Aujourd'hui la fluidité sociale a disparu nous dit-on. Les artistes ou intellectuels connus ne frayent plus qu'avec leurs pairs et les gens riches, il n'y a plus de bohème et les jeunes talents déshérités se suicident en banlieue. C'est possible. Il est vrai en tout cas que les échanges se font plus sur Internet que dans le réel, et qu'il manque à ces échanges "le contexte", la "situation" qui en faisait le sel, les inscrivait dans un récit, un récit charnel autrement plus parlant pour l'imagination que : "j'étais dans ma chambre, j'ai allumé mon ordi, j'ai eu un échange de trois lignes avec Emmanuel Todd dont un ami m'a donné l'adresse email, et puis j'ai éteint mon ordi et je me suis couché"... Mais peut-être aussi cette nouvelle sècheresse des rapports entre individus médiatisés par l'écran de l'ordinateur, toute cette solitude dont on nous parle tant, nous débarrasse-t-elle aussi de beaucoup de conversations stériles dont ma jeunesse fut saturée et qui ne faisait que m'engluer dans les stéréotypes inutiles d'une époque, moi et toute ma génération. Chacun dans sa solitude brasse peut-être, au fond, plus d'idées et de connaissances que nous ne le faisions. Tellement d'idées et de savoir, du reste, que nous ne savons plus quoi en faire ni comment les structurer. Nous avons perdu en poésie, en plaisir d'être ensemble, mais peut-être nous sommes-nous aussi, par là même, débarrassés d'une vanité, et d'une forme de bêtise.
Lire la suite

Boboïsme et berlusconisme

25 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

L'Italie a amené à l'Europe le meilleur et le pire : l'Empire romain, la Renaissance... et  le fascisme.

Il est donc utile de savoir ce qu'il s'y passe.

Je vous ai déjà parlé de mon amie anthropologue à Rome. Appelons-la Francesca... Une fille qui connaît beaucoup de choses sur l'immigration en Italie, la vie des Capverdiens, des Guinéens, des Somaliens. Elle m'en apprend tous les jours sur la "droitisation" des mentalités en Italie, la fermeture à l'égard des cultures du Sud.

Ce matin elle m'explique (en anglais car c'est ainsi que deux peuples latins dialoguent entre eux désormais)

"The real problem now is that with this government (which reflects also on a local level, as Rome has got a fascist mayor Gianni Alemanno) money for integration and intercultural projects are fewer and fewer.

While a ridiculous amount of money is spent to celebrate Italian roots, Italian traditions, Italian identity etc etc

just one example.

In the last ten years the City Council of Rome, traditionally on the left, funded a big initiative, a festival of one week dedicated to schools who elaborated projects about integration and interculture

It was called "Intermundia", and became one of the main features of the intercultural calendar in the capital

last year the council changed its colour and a bloody fascist gained the chair.

And from this year the same festival, in the same days, will be called "Festival of the Schools "Fratelli d'Italia" (Scuole dei Fratelli d'Italia - Scuole di solidarietà) "Fratelli d'Italia" is the title of our national anthem.

The festival will be aimed at valuing the schools which have made projects about national identiy

and traditions.

My friend is Pierluigi Taffon wrote his PhD dissertation on Intermundia.


That festival was inserted in the wider strategy of the left wing Council to create an image of the capital that was inclusive and positive with migrants and other cultures.
The new mayor Gianni Alemanno has a long story of participation to far right activities in the capital especially when he was young and Rome was the centre of daily fights between red and black extremists back in the 70ies and in the first half of the 80ies.


Since he is in charge he was protagonist of some discussed initiatives, first of all the campaing of criminalization of people from Romania, portraited as a people of rapers and criminals after two dreadful episodes of rape in Rome "



Nous avons eu en France des débats dans le sillage de Lasch, Michea et d'autres sur la société de spectacle, les festivités inutiles, l'idéologie bobo Delanoë interculturelle qui dissimulait en réalité une politique de répression à l'égard des immigrés et de mépris pour les intérêts du Tiers-Monde. Mais l'exemple italien montre que, quand cette devanture s'effondre, quand cette fausse gauche bobo perd toutes les élections, quelque  chose de très inquiétant peut s'y substituer... Ne le perdons pas de vue...
Lire la suite

La caravane gaulliste

24 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La droite

M. Dupont-Aignan lance une caravane gaulliste à travers le pays. En lisant cette nouvelle j'ai pensé à Caton d'Utique : un homme jeune qui arrive dans les années 60 av JC comme une bénédiction pour une aristocratie romaine conservatrice qui ne croyait plus elle-même en ses propres valeurs.

Sauf que Caton avait un talent, un charisme, que n'a pas Dupont-Aignan. Mais le profil de jeunesse dans la maison de retraite des vieux gaullistes que présente ce dernier fait un peu cet effet-là. Je doute donc qu'il puisse contrecarrer la sarkozysation de la droite. Car que représente le gaullisme pour les jeunes générations ? Certains en défendent tel ou tel aspect (même Bayrou a tenté de capter une part de l'héritage récemment). Mais pour ce qui est du message dans son ensemble, personne n'en peut rien faire. Le gaullisme sans de Gaulle était déjà bien peu de chose (comme le bonapartisme sans Napoléon), le gaullisme sans les barons du gaullisme n'est plus rien du tout.

Il y a peu j'ai eu une conversation avec Edgar du blog la Lettre volée, qui, en ces temps d'intégration du commandement de l'OTAN, en serait presque à troquer son mendésisme pour le gaullisme. Lui aussi présente peut-être un aspect "catonien". J'ai remarqué notamment combien il voulait croire en un gaullisme émancipateur des peuples, ce que la doctrine du général n'a jamais été. Elle était encore impériale et coloniale à l'époque de la guerre du Biafra, et, à l'intérieur des frontières, le mythe du héros salvateur n'a jamais émancipé personne.

Voilà donc où en sont mes considérations devant l'initiative de M. Aignan. Mais peut-être les militants de DLR démentiront-ils mon sombre pronostic sur l'avenir de leurs croyances.
Lire la suite

Voix émiettées

22 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Ce matin, pour m'informer, je parcours les sites des mouvements qui, dans les années 2000, ont pu porter dans notre pays la voix des peuples autrefois colonisés ou victimes de l'impérialisme. Je découvre un grand émiettement, comparable à celui de la gauche de la gauche (ou à celui de la droite souverainiste). Je découvre que le Mouvement des indigènes de la république est devenu un Parti. Que la République islamique d'Iran a créé un parti politique en France : le Parti anti-sioniste de Yahia Gouasmi. Dieudonné a trouvé semble-t-il les 150 000 euros nécessaires pour présenter des candidats aux élections européennes dans la région Ile de France. Europalestine qu'elle a présenté des candidats en 2004 et espère "ne pas avoir à le faire cette année" et appelle les candidats à se prononcer pour le boycott d'Israël.

Parallèlement les partis de gauche susceptibles de pencher occasionnellement ou structurellement pour la cause des peuples victimes de l'impérialisme sont crédités dans les sondages de scores honorables - 7 % pour les Verts (à supposer qu'on puisse encore situer les Verts, partisans de l'ingérence humanitaire, dans la mouvance anti-impérialiste), 9 % pour le NPA qui a mené une campagne courageuse pour Gaza, et un petit 4 % pour le Front de Gauche qui pourrait toutefois améliorer son score au terme de la campagne (il faut 5 % pour avoir un élu).
Lire la suite

Une histoire de sioux

22 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les Stazinis

Leonard Peltier est un militant amérindien Anishinaabe/Lakota, né le 12 septembre 1944, incarcéré depuis 1976 et condamné à deux peines à perpétuité. Il est membre de l'American Indian Movement. L'organisation Amnesty international le considère comme un prisonnier politique, qui "devrait être libéré immédiatement et sans condition" nous dit Wikipedia. Un certain Jean Marc Bertet a écrit sur sa situation dans Le Monde Diplo de décembre 2002. En surfant sur le web je tombe sur un site consacré à sa cause et abandonné en 2004 par son créateur visiblement amer (http://membres.lycos.fr/freepeltier/). On y apprend que le Comité Francophone pour la Libération de Leonard Peltier a été dissout en 2003. Il y a un autre comité de soutien en France sur http://freepeltier.free.fr/. Une pétition circule en sa faveur. Renaud a chanté pour lui. Le comité de soutien états-unien est sur http://www.whoisleonardpeltier.info/.

Pourquoi vous parlé-je de cette affaire aujourd'hui ? Parce que l'indépendantisme des Lakota m'intéresse. A toute personne qui défend l'indépendance du Tibet, il faudrait proposer de défendre d'abord celle des Lakota, car si la culture tibétaine en Chine décline pour cause d'industialisation, celle des Lakota a été parquée, après une spoliation massive des terres. L'injustice dont les Sioux lakota furent victimes est donc de plus grande ampleur. En outre, si l'espérance de vie au Tibet est de 67 ans, elle est de seulement 44 ans chez les Sioux lakota aux Etats-unis.

 

Si l'on en croit certaines précisions sur Daily Kos, Russell Means  qui a proclamé la sécession, ne représenterait qu'une faction des Sioux. Sa tribu située dans la réserve de Pine Ridge à Porcupine n'est qu'une branche de la tribu Oglaga. L'AFP dans sa dépêche du 23 décembre 2007 reprise par le site de l'Atlas alternatif aurait  un peu trop vite présenté Russell Means comme le représentant légitime des Lakota. Mais Russell considère les représentants élus des Lakota comme des vendus.

En surfant sur le Net, je trouve encore un reportage sur les propos de Russell Means à propos de Gaza, et un site de soutien. Je ne suis pas certain que tout le programme politique de Russell Means soit crédible. Mais je crois que le mouvement qu'il essaie de lancer est intéressant.

Lire la suite

"La journée de la jupe"

21 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Vu hier La Journée de la jupe sur Arte (record d'audience 2,2 millions de téléspectateurs), il me semble que ce film illustre ce qu'écrivait Houria Bouteldja sur l'instrumentalisation néo-coloniale de la lutte des femmes... J'ai été très mal à l'aise et très en colère en le regardant. C'est un mélange d'esthétique américaine (la fascination du flingue, celle qui a conduit à l'élection de Bush et au discours du "choc des civilisations") et d'esprit de croisade laïcard qui non seulement produit des caricatures, mais joue sur l'intime, la sexualité (les questions de viols collectifs, l'effet de séduction aussi que produit Isabelle Adjani, qui a quand même été une icône pour toute une génération). On a l'impression d'un film qui cherche à provoquer une guerre civile parmi les gens issus des anciennes colonies, entre les filles et les garçons, entre ceux qui soutiennent les valeurs occidentales et les autres. C'est incroyable que l'on puisse encore jouer avec le feu ainsi, faire une telle apologie de la violence, trancher dans le vif, dans la chair, de problèmes si complexes. Que les pouvoirs culturels et économiques de ce pays subventionnent ce genre de film, après les catastrophes qu'ils ont déjà provoquées ou cautionnées partout dans le monde.
 
Le plus triste c'est que beaucoup de profs ont aimé ce film. Sans doute y ont-ils vu l'expression d'un violence qu'ils éprouvent, dont ils se sentent victimes, et qu'ils auraient envie de rendre. Nous voilà devant des écoles détruites par 15 ans de néo-libéralisme, avec des profs devenus les équivalents des petits-blancs à l'époque coloniale, et un système qui, tout en les affaiblissant de plus en plus, flatte leur envie de revanche contre leurs propres élèves.
 
Voilà qui est on ne peut plus malsain.
Il me semble qu'on ne peut rétablir le dialogue que sur fond d'une rupture politique globale avec la dérive des sociétés européennes que l'on constate depuis 20 ans. Mais comment ?

NB : on peut cliquer ici pour la bande annonce et des extraits, et pour une interview du réalisateur dans Le Point.

Lire la suite

A l'approche du 10 ème anniversaire...

21 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Les 620 soldats espagnols vont être retirés de la KFOR au Kosovo. Washington se dit déçue. En Russie la Douma a demandé au président Medvedev d'agir pour renégocier le statut du Kosovo et mettre un terme au mandat de tribunal pénal international sur la Yougoslavie. Deux bonnes nouvelles à l'approche du 10 ème anniversaire du bombardement de la RFY.

Collon sur son site donne la parole à l'ex ministre des affaires étrangères de la RFY : cf

Lire la suite

Commentaires de mon roman (suite)

20 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La Révolution des Montagnes

Hier le commentaire d'un autre ami :

"Le critique de Parutions me paraît un peu sévère, ton roman se lit très bien, c'est écrit avec du style, c'est clair pour la langue et la construction et l'intrigue se suit bien, il y a du suspens, des personnages vivants crédibles , des passages amusants alternent avec des moments élégiaques sur la nature, des notations psycho-sociales intéressantes sur les gens et les situations en Béarn, à Pau, Orthez, dans la montagne et à la campagne, tu amènes bien tes thèmes de prédilection sur la socio et la philo en France aujourd'hui, l'université, le désir d'engagement et la politique avec ses pesanteurs et ses pièges, la possibilité problématique de résistance et les filets de la récupération omniprésente, la génétique aussi ... J'aurais attendu peut-être des développements sur la question écolo, par exemple à propos de la vallée d'Aspe ( souvenir de prof de géo, c'est un cas emblématique des usages de ce milieu, avec le
débat sur le tunnel du Somport), et tu aurais pu mêler ça à ta socio du militantisme local enraciné, mais c'est secondaire. Je n'ai pas été choqué de ton exploitation, habile, du voyeurisme érotique du thème porno ... outre que ça correspond à ta vision éthico-politique de l'importance  d'une plus grande franchise, marxo-freudienne? - sur la place du sexe dans l'imaginaire humain, ça fait partie des possibles après tout et la séduction est une stratégie marketing en politique (voir le cas Hamon!); que ton héros se fasse tailler une pipe devant le lecteur ne choquera personne aujourd'hui et ne me gêne pas, après tout nous avons une vie sexuelle et depuis D.H. Lawrence elle s'étale crûment dans les livres sérieux ... la question est celle du sens dramaturgique de l'événement ou du thème et ça entre bien, si je puis dire, dans ton récit. Entre nous, j'ai même trouvé ça bandant: je crois que le sexe hétéro m'excite plus en
image (mentale ou cinéma) qu'en réel ... mais je n'ai pas essayé (une limite peut-être, mais ça ne se fait pas comme ça, quand on manque de spontanéité et qu'on a une éducation classique, il faudrait que je boive, je crois ... ). J'ai trouvé que les thèmes de société étaient tissés entre eux de façon intéressante et que le roman jouait bien son rôle de médiateur de la pensée, sans tomber dans un collage de types abstraits et de digressions.
- J'avoue me demander qui est le narrateur. Entre les premières lignes et les dernières, il y a un décalage: ça me rappelle la remarque (un peu excessive) de Sartre sur Mauriac "Dieu n'écrit pas de roman, M. Mauriac non plus". D'où parle-t-il? Où est l'oeil? Mais ça ne gêne nullement la lecture. Je me demande aussi ce que signifie finalement "la révolution DES MONTAGNES" ... "

Quelqu'un a commenté le livre sur Amazon.fr aujourd'hui.

Lire la suite
1 2 3 > >>