L'ANC au pouvoir
Somalie : d'une piraterie à l'autre
Je lis dans Democracy now ce matin un article intéressant sur la Somalie.
Le député du congrès des USA du New Jersey Donald Payne a fait une brève visite à Mogadiscio lundi et son avion a été visé par des tirs de mortier pendant qu'il quittait le pays. L'ancien ambassadeur des USA aux Nations Unies John Bolton a déclaré sur Fox News le week-end dernier que les USA devraient assembler une citation pour envahir la Somalie. En attendant, la pêche et le petit business local le long de la côte somalienne souffrent de la présence navale américaine et internationale accrue dans leurs eaux.
Surtout Democracy now interviewe Mohamed Abshir Waldo, analyste kenyan d'origine somalienne. Selon lui, la piraterie au large de la corne de l'Afrique est une réponse au pillage dont celle-ci a fait l'objet. Dans les annés 1990 les eaux somaliennes ont été envahies par des flotilles de pêche illégales espagnoles, italiennes, françaises, britaniques, grecques, puis russes et même maintenant norvégiennes, ainsi que des pays riverains de la Mer rouge. Les pêcheurs somaliens ont porté plainte et ont fait appel aux Nations Unies, et à l'Union européenne sans résultat. Les seigneurs de la guerre locaux et la mafia italienne étaient aussi de la partie. L'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture des Nations Unies (la FAO) a estimé que 700 navires d'appartenance étrangère se livraient à de la pêche non autorisée dans les eaux somaliennes en 2005. Mohamed Abshir Waldo dénonce aussi le déversement de déchets toxiques (y compris nucléaires) sur ces côtes. La piraterie somalienne est aujourd'hui le fruit de la destruction de l'écosystème le long de la côte somalienne et de l'appauvrissement des pêcheurs.
La logique répressive que le président américain Obama et ses alliés veulent aujourd'hui impulser est tout aussi néfaste à la survie des derniers pêcheurs locaux et des communautés villageoises côtières qui, tout en condamnant les actions des pirates, voient les patrouilles militaires compromettre encore plus leurs dernières chances de survie économique dans la zone, et pousser leurs propres enfants à faire le choix de la piraterie. Tous les ingrédients d'un cercle vicieux sont réunis. Merci le capitalisme et l'économie dérégulée !
La complexité

Je ne me suis jamais rendu à Cuba. J'ignore à quel point les gens y souffrent de la dictature ou, au contraire, voient dans leur gouvernement une structure honnête qui oeuvre à leur émancipation, à quel point la pauvreté écrase les gens, ou si les gens s'en accommodent. Je reçois des échos divergeants là dessus, je donne la parole à ceux qu'on entend le moins tout en restant assez agnostique sur l'ensemble du tableau (l'agnosticisme préserve du dogmatisme). Et je prends aussi en compte les hommages que l'Amérique latine, l'Afrique du Sud, le Sri Lanka, rendent à Cuba comme île résistante qui sert la défense de leur propre liberté. J'ai peut-être déjà raconté sur ce blog mon expérience de stagiaire d'ambassade voyant, dans un congrès d'Izquierda unida à Madrid en 1994, toutes les représentations diplomatiques du Tiers-Monde, y compris le représentant du président (si pro-occidental) gabonais Omar Bongo assis à côté de moi faire une standing ovation au nom du "Parti communiste de Cuba" (à la grande surprise des délégations occidentales un tantinet horrifiées) pour se rendre compte de ce que ce pays représente dans le mouvement des non-alignés. Tout cela est à prendre en compte. Mais pourquoi ces éléments sonnent-ils si désagréablement aux oreilles de certains ?
Forbidden paperelle
