A propos d'un discours récent de Mme Bouteldja
Chomsky sur Russia Today
Souvenir des années Mitterrand
Le 1er mai dernier, une chaîne herzienne diffusait un documentaire sur le décès de Pierre Bérégovoy, il y a 16 ans. C'est amusant parce que ce décès n'a laissé pratiquement aucun souvenir dans les esprits, ni aucun regret. Les commentateurs avaient du mal à mettre sur le compte de "Béré" le moindre point positif qui pût "accrocher" l'affection populaire : c'était un ouvrier fier de fréquenter désormais les restaurants du 16 ème arrondissement, d'avoir libéralisé les marchés financiers et défendu le franc fort. La belle affaire ! quelle reconnaissance le "peuple de gauche" que soit disant il aimait peut lui accorder de ce fait ? Quel courage y avait-il dans son petit bonheur personnel à épouser les croyances des riches ? Tout était petit dans les souvenirs évoqués dans ce documentaire, jusqu'à même cette affaire de l'agenda disparu le jour de son suicide - une disparition qui accréditait la thèse de l'assassinat, oui mais voilà, on apprenait juste qu'un proche l'avait substitué pour que son épouse, qui croyait follement en leur amour, n'y décèle point l'adresse d'une embarrassante maîtresse...
Je songeais à cela en tombant sur cette nouvelle aujourd'hui "Tapie dit avoir des soutiens pour s'emparer du Club Med". Car Tapie témoignait, le 1er mai, à la suite du documentaire. Il disait, à propos des derniers jours de "Béré" : "Il n'allait pas bien, j'ai téléphoné à Kouchner pour lui en parler". Tapie, Kouchner, Béré. Cela me faisait vaguement penser au Clan des Siciliens. Et Mitterrand dans le rôle du parrain. Très triste époque que celle-là. Et l'on découvre maintenant que le pouvoir de nuisance de Tapie n'est pas encore tout à fait épuisé, loin s'en faut ! On repense à Mitterrand. Qu'il ait fait entrer tant de jeunes et vieux loups dans les bergeries de la République, tant d'aventuriers, de corsaires. N'y avait-il pas quelque fascination nihiliste dans son amour pour les carnassiers, lui le vieil homme rongé par le cancer ? Comment la France a-t-elle pu vivre dans ce climat malsain ? C'est triste à dire (car j'ai plus d'une fois voté socialiste au second tour, comme les gens de ma famille) mais Chirac représentait presque une bouffée d'air salubre au sortir du mitterrandisme... Il est dommage parfois que la gauche s'accroche au pouvoir. Mieux valent les feux de paille du Front populaire et du Chili d'Allende.
Une partie du mitterrandisme a fini au Front de gauche, une autre partie dans le ségolénisme et l'aubrysme, une autre dans le sarkozysme. Une postérité bigarrée.
En parlant de gauche qui s'accroche, Chavez, lui, tient toujours bon au Venezuela. Mais au moins son action au service des pauvres ne fait aucun doute. Avoir fait de son pays émergeant un pays "libre de toute forme d'analphabétisme" selon les critères de l'UNESCO, cela à soi seul suffit à justifier ses mandats. Mitterrand lui, au profit des plus défavorisés, ne pouvait afficher que des mesurettes - celles de 1981 (les 39 heures, la retraite à 60 ans), rien qui le distinguât sensiblement de ses pairs à la tête des autres pays d'Europe. "Il aura tout sacrifié à l'unification européenne" dit-on. Il y a sacrifié la gauche. Quel intérêt ?
La destruction de la gauche française par Mitterrand et son européolâtrie font qu'aujourd'hui je trouve plus de volonté de rupture avec le libéralisme chez des membres du Modem que chez des socialistes ! quel héritage !
9 mai : Fête russe de la capitulation nazie
80% des armées nazies ont été détruites sur le front de l'Est et non sur le front de l'Ouest. Cet exploit est dû aux innovations technologiques inattadues de l'URSS (le char T 34), le sacrifice économique et humain (20 millions de jeunes soviétiques moururent) de toute sa population. Une réalité que l'Europe a tendance à gommer.
Rappelons cela aujourd'hui. Rappelons aussi que contrairement à ce que croit l'Elysée il n'y a pas eu d'armistice avec l'Allemagne mais une capitulation, et que, contrairement à la terminologie adoptée par le documentaire d'hier et avant-hier sur France 3, on n'appelait pas à l'époque les Anglo-américains les "Occidentaux". Il suffit de lire les mémoires de De Gaulle pour s'en assurer.
Compte tenu du révisionnisme ambiant sur la Seconde guerre mondiale, il n'est pas inutile de préciser ce genre de chose.
Stratégies éditoriales
A part ce blog ridicule, et mon journal "papier" de temps en temps, je n'écris pratiquement plus. Mais j'ai un stock considérable de textes plus ou moins inachevés sur mon ordinateur que je dois mettre en forme, compléter, pour en faire des livres. Je pense que je ne peux rien entamer de neuf tant que ce travail "rétrospectif" ne sera pas effectué, et de toute façon, je n'ai envie de n'entamer rien d'autre pour le moment (d'autant qu'élever mon petit gamin prend du temps).
Mais ces travaux doivent être réalisés en fonction du paysage éditorial, et je dois dire que je ne dispose pas de beaucoup de cartouches. Hier j'ai adressé aux Editions Zoé un texte, une sorte de parodie de l'Enéide et de l'Odyssée, que j'avais écrit à 24 ans, toujours dans le souci de sortir de la catégorie "essayiste" dans laquelle m'ont enfermé mes premiers livres. J'avais aussi l'espoir de ne plus dépendre exclusivement des Edition du Cygne. Mais je ne crois pas du tout que cette "Maison suisse" (c'est le nom d'un réseau de bienfaisance non ?) soit sur le point de m'adopter (et surtout pas avec ce livre dont j'ai conscience qu'il ne peut pas plaire à tout le monde loin s'en faut). Or je sais qu'avec les Editions du Cygne j'ai beaucoup tiré sur la corde. J'ai publié en un an pas moins de quatre livres chez eux sous diverses appellations, et des livres pas forcément faciles à vendre (celui sur la Transnistrie notamment leur coûte cher, et je ne crois pas que la commande moldave suffise à éponger le déficit !).
Donc tout cela me semble très difficile à calibrer. Et je ne crois pas pouvoir compter sur l'Harmattan (où paraîtra ma thèse très prochainement) comme force d'appoint, vu leur faible visibilité en dehors des bibliothèques universitaires.
Je voudrais faire une somme autobiographique sur mon parcours intellectuel et sentimental. Non que je le considère comme exceptionnel, mais parce que, au "midi de la vie" comme disait Nietzche, au seuil de la quarantaine, j'éprouve un besoin de tout totaliser, y compris les échecs. Mon idée était aussi d'y introduire une sorte de "Nachlass" qui reste après mon "10 ans sur la planète résistante", ce "Nachlass" que j'avais envoyé à Annie Ernaux en 2002 et qu'elle avait jugé essentiel au récit de ma période serbe (je l'en ai néanmoins soustrait pour des raisons diverses). Mais ce Nachlass représente à lui seul plus du tiers de la somme autobiographique telle qu'elle existe déjà. Jusqu'ici je me disais que j'allais devoir "gonfler" les deux autres tiers pour créer une sorte d'équilibre, mais je n'ai pas envie d'écrire un livre long et fourni. Cela ne répond pas aux attentes de notre époque. Nous ne sommes plus au temps d'André Gide. Le goût des détails gratuits, élégants, amusants, s'est perdu. Il faut aller à la charpente des choses. Par conséquent, cette nuit, j'ai été conquis par l'idée d'isoler complètement le Nachlass, d'en faire un livre en tant que tel, qui, peut-être, fournira à nouveau un éclairage sur la Serbie (à l'heure où tous les Serbes ont oublié Delorca, et où le livre "10 ans sur la planète" baigne dans l'indifférence la plus complète). C'est un pari difficile à tenir. Matériellement et intellectuellement. Matériellement parce que, à supposer que je trouve du temps et de la liberté, rien n'indique que les Editions du Cygne puissent être emballées. Le livre a déjà la taille des ouvrages de la collection "Traces" mais le sujet est tout de même un peu "particulier" pour eux. Intellectuellement, je ne suis pas sûr d'avoir tout à fait envie de retravailler ce Nachlass. Je le veux et ne le veux point. Il se peut donc que je me borne à une relecture stylistique en y ajoutant d'une manière superficielle une introduction rapide et une conclusion expéditive. Ainsi la qualité du livre dépendra-t-elle en dernière analyse de la valeur ou des défauts de ce qui a déjà été écrit au début des années 2000 (et déjà retravaillé autour de 2005).
Si ce Nachlass trouve son statut de livre à part entière, je pourrai ensuite me consacrer plus sereinement à retravailler cette somme autobiographique que j'ai, elle aussi, déjà bien avancée dans les années 2000. Je l'avais compoée en deux manuscrits : vie intellectuelle d'un côté, vie affective de l'autre. Mais je crois qu'il les faut fusionner, car elle se renvoient l'une à l'autre en permanence. Par contre je vois encore moins quel éditeur pourrait être intéressé par cette composition dont le concept ne correspond pas aux collections du Cygne. Nous verrons bien. En tout cas ce livre doit être écrit, avant que je ne sois trop vieux ou trop aigri. Je ne peux me lancer dans rien d'autre tant que tous ces manuscrits inachevés traînent sur mon disque dur.