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Le blog de Frédéric Delorca

Les blogs, le Diplo, Nils Andersson

29 Juin 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Revue de presse

Danielle Bleitrach, ancienne membre du comité central du Parti communiste français, publie ceci sur son blog :

 

"Plus que jamais les raisons de la fermeture de ce blog sont là. Il suffit de cette activité narcissique où on se prend pour de grands stratèges alors que l’on n’a pas le moindre pouvoir sur son propre pays. Que face aux périls qui le menace on reste pétrifié chacun continuant sur sa lancée. Les seules choses d’intelligentes qui seraient à faire - c’est-àdire créer un grand mouvement de la paix, demander des comptes à NOTRE gouvernement sur la stratégie de l’OTAN sur les 3000 soldats en Afghanistan dans une débâcle totale et lui demander des comptes sur sa participation à l’ouverture d’ un nouveau front-  sont décidemment hors de notre portée. Alors il n’y a plus qu’à inventer n’importe quoi …que tout est la faute des juifs… Je dis bien les juifs et pas Israël, parce que s’il s’agissait d’Israël on placerait cet état voyou avec les Etats-Unis, et aussi et d’abord la France puisque c’est sur cet Etat là que nous pourrions et devrions agir en priorité. Il ne serait pas répété avec une jouissance suspecte cette connerie intégrale « Gaza c’est pareil qu’Auschwitz « mais on penserait au fait qu’un Hiroshima a été possible et que le renouvellement d’un tel crime est plus que possible y compris de la part d’Israël mais à la place des Etats-unis et avec l’appui de l’OTAN, donc de notre gouvernement, pendant qu’il nous amuse avec « l’honneur perdu des bleus ».

 

Mais comme tous les impuissants nous sommes dans le fantasme. Je le répète la seule chose qui aurait pu me faire continuer aurait été de participer à un grand mouvement de la paix pour protéger notre peuple et l’humanité, mais les fantasmes en politique très peu pour moi… Donc je vais voir ce que je peux faire hors virtuel.

 

Danielle Bleitrach

 

P.S par exemple cultiver mon jardin… A propos mon arbuste qui a survécu à Hiroshima s’appelle le Ginkgo biloba ou « arbre aux quarante écus » ou « arbre aux mille écus » (银杏 yínxìng en chinois, maidenhair tree en anglais), nous nous sommes enfin présentées l’une à l’autre. C’est une très vieille dame venue de Chine,   de la famille des Ginkgoaceae. C’est la plus ancienne famille d’arbres connue, puisqu’elle serait apparue il y a plus de 270 Ma. Elle existait déjà une quarantaine de millions d’années avant l’apparition des dinosaures. Et c’est la seule végétation qui a survécu à Hiroshima, elle a sûrement des choses à nous apprendre…"

 

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Je dois dire que je suis tout à fait d'accord avec ce billet, y compris d'ailleurs avec sa critique de la façon dont la question israélienne est traitée dans certains milieux. En tout cas je suis d'accord avec son constat sur l'inutilité des blogs. Je ne poursuis celui-ci qu'à titre d'exutoire, sans y attacher grande importance. Et notez bien que j'y aborde de moins en moins des sujets politiques. Je pourrais comme certains hurler à la guerre imminente parce que quelques navires israéliens et étatsuniens mouillent dans les eaux du détroit d'Ormuz depuis 48 heures (mais le scénario de l'initimidation se poursuit entre les Etats-Unis et l'Iran se poursuit depuis quatre ans - une fois qu'on en a dénoncé les mécanismes et les dangers une fois, à quoi bon y revenir ?), dépeindre sous un jour apocalyptique le monde à venir comme le font les esprits fragiles depuis des décennies les esprits fragiles. A quoi bon ?

 

Tous les jeunes gens qui ont lancé des grands blogs d'information alternative ont abandonné au bout de trois ans. Seuls ceux qui ont les moyens de collecter des fonds comme Antiwar.com, Coutenerpunch, Michel Collon ou le Réseau voltaire tiennent le coup. Les autres, comme le dit Danielle Bleitrach, se font croire qu'ils ont une influence sur le cours des choses mais ils n'en ont aucune.

 

Surtout ils arrivent rarement à trouver le ton juste, c'est-à-dire à la fois percutant et crédible, qu'on doit attendre d'une d'une bonne presse alternative.

 

Ce matin je lisais Le Monde diplomatique. J'ai souvent été critique à l'égard des prises de position de ce journal, pendant la guerre de Yougoslavie et celle d'Irak notamment. Mais aujourd'hui je dois dire qu'il est parmi les médias alternatifs français qui tiennent le mieux la route : du fait du spectre de sujet qu'il traite, et du sérieux des informations données. Schneidermann un jour a critiqué la longueur de ses articles qui lui donne un tour un peu académique et lourd. C'est assez vrai. Mais dans la galaxie antilibérale il reste au moins à l'abri de beaucoup de délires et de considérations inutiles dont la blogosphère nous abreuve.

 

Hier je prenais un verre avec un de ses contributeurs (et contributeur de l'Atlas alternatif), Nils Andersson, figure de la résistance intellectuelle à la guerre coloniale d'Algérie, et ancien chroniqueur à Radio Tirana, devenu un antiimpérialiste fort raisonnable, Coprésident de l'Association pour la défence du droit international humanitaire. Il faut absolument voir cette vidéo sur sa trajectoire : http://archives.tsr.ch/player/personnalite-andersson.

 

A part ça voici une autre vidéo interessante sur Vaulx en Velin et la Palestine :

 

 

 

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Je sécessionne, il sécessionne, nous sécessionnons

29 Juin 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

C'est beau le droit quand même. Voici ce qu'un député UMP (M. Yves Nicolin) a demandé au ministre de l'intérieur (question écrite du 6 avril 2010). Notez que je soutiens pour ma part que l'annexion du royaume de Navarre par la France en 1620 était illégale. La question de la légalité du traité d'annexion de la Savoie occupe quelques esprits oisifs dans le sud-est de la France. Des gens qui pensent qu'il serait bien de tenter des expériences politiques sur leur petit bout de terre, en s'affranchissant de la solidarité avec notre république fatiguée. "Ciao les mecs ! chacun pour soi et le FMI pour tous". Au fait la Savoie, elle fera comment pour échapper aux diktats du G20 ? En se mettant à l'école de l'Abkhazie ?

 

autruche-copie-1.jpg"M. Yves Nicolin attire l'attention de M. le secrétaire d'État à l'intérieur et aux collectivités territoriales sur les risques juridiques, politiques et institutionnels majeurs qu'entraîne le traité d'annexion de la Savoie. À l'occasion du 150e anniversaire de l'annexion de la Savoie par la France, des cérémonies et diverses festivités et visites officielles sont programmées durant toute l'année 2010 notamment à partir du 24 mars puisque c'est par un traité signé à Turin le 24 mars 1860 que les arrondissements de Nice et la Savoie (les deux départements 73 et 74 actuels) ont été rattachés à la France du second empire. Sa question se pose pour deux raisons juridiques précises : d'abord et avant tout à l'échelle nationale parce que se pose sans doute une question d'intégrité territoriale susceptible en conséquence d'entraîner des effets internes importants. En effet, la question brutale de savoir si ce traité du 24 mars 1860 est bien toujours en vigueur se pose or ce traité est la clef de voute de tout l'édifice juridique et administratif français en Savoie. Le problème est simple : la France a enregistré à l'ONU sous le n° I-747 le traité de paix du 10 février 1947 dont elle est signataire et dépositaire. Ce traité comportait un article 44 faisant obligation à la France de notifier à l'Italie les traités antérieurs suspendus par l'effet des hostilités de la Seconde Guerre mondiale (traités au rang capital desquels se trouvait naturellement le traité de rattachement territorial de la Savoie et Nice de 1860). Cet article 44 comportait un 2e alinéa emportant l'obligation formelle d'enregistrer cette notification et ce traité auprès du secrétariat général de l'ONU, organisation créée deux ans auparavant en 1945. Cet enregistrement n'a pas eu lieu. Le même article 44 prévoyait un alinéa 3 stipulant qu'à défaut, la sanction encourue est l'abrogation (dans le texte : « les traités qui n'auront pas fait l'objet d'une telle notification seront tenus pour abrogés »). Il lui demande si le traité d'annexion de la Savoie du 24 mars 1860 a été ou non enregistré auprès du secrétariat général de l'ONU et, si cela n'est pas le cas, quelles mesures sont prises par le Gouvernement pour traiter les problèmes subséquents au plan juridique interne ? La question se pose également à l'échelon international où elle rebondit sous l'angle de l'obligation de respect par la France des normes de droit international en vigueur et qu'il s'agit, en fait comme en droit, rien moins que de l'image et de la réputation de l'État français dans la communauté internationale. Il n'ignore pas que la charte de l'ONU de 1945, et notamment son article 1er, ainsi que de multiples résolutions adoptées par l'assemblée générale, ont enjoint les États à faire aboutir le processus général de décolonisation qu'avait initié dès 1941 la charte de l'Atlantique. Il se trouve que 2010 marque officiellement la dernière année de la deuxième décennie de la décolonisation onusienne. En 2010 pourtant, la plupart des ministères et des administrations projettent cependant de participer à des événements commémoratifs ou d'organiser des cérémonies officielles en Savoie ou à Nice. Cela apparaît paradoxal si ce traité d'annexion a été caché à l'ONU et qu'il est abrogé par l'effet d'un traité signé à Paris. Si le traité de 1860 est abrogé du fait de son non-enregistrement auprès de l'ONU, un processus de désengagement de la France aboutissant à un référendum local vis-à-vis de la Savoie et de Nice est inéluctable sauf à prendre le risque d'une condamnation de la France par la Cour internationale de justice de La Haye. Il ne s'agirait pas de voir la France internationalement sommée de fournir des explications qu'elle n'aurait pas ou aurait insuffisamment préparées, voire d'essuyer une grave condamnation puisque la zone territoriale concernée couvre deux départements et demi. Au lieu d'apparaître comme subissant une crise dans une affaire juridiquement délicate voire perdue d'avance et doublement aggravée par la découverte de la dissimulation grossière d'un territoire ayant fait l'objet d'une annexion et par des commémorations officielles défiant (au sens étymologique des termes) le droit international, ne pourrait-on imaginer une prise en compte immédiate et en amont de cette question mettant à l'abri la France de l'avalanche de questions juridiques et politiques internes et internationales délicates que ce défaut d'enregistrement risque d'engendrer et que l'annonce de festivités officielles durant toute l'année 2010 risquent de déclencher et d'aggraver encore ? Il souhaite donc connaître les mesures que le Gouvernement entend prendre pour faire face et anticiper à l'ONU le risque certain de reconnaissance internationale de la Savoie par un ou plusieurs États étrangers ravis de brandir le traité de Paris de 1947 et reconnaître un nouveau micro-état géopolitiquement stratégique et juridiquement détaché de la France sans aucune préparation ni concertation."

 

Réponse du ministre :
"L'honorable parlementaire se demande si le traité franco-italien signé à Turin, le 26 mars 1860, qui a rattaché les arrondissements de Nice et de Savoie à la France est toujours en vigueur, compte tenu des dispositions qui figurent dans le traité de paix du 10 février 1947 (art. 44), concernant l'enregistrement auprès du secrétariat général des Nations unies des traités bilatéraux conclus entre la France et l'Italie antérieurement à la Deuxième Guerre mondiale. Le ministère des affaires étrangères et européennes confirme que ce traité est toujours en vigueur. S'il est exact que le traité de Turin du 26 mars 1860 doit être enregistré au secrétariat de l'Organisation des Nations unies en vertu de l'article 44 du traité de Paris du 10 février 1947, l'absence d'un tel enregistrement n'a aucune incidence sur l'existence ou la validité de ce traité. En effet, selon l'article 102 de la charte des Nations unies, l'absence d'enregistrement d'un traité au secrétariat de l'ONU n'emporte qu'une seule conséquence, à savoir l'impossibilité pour les parties à un tel traité de l'invoquer devant un organe de l'organisation. La rédaction de cet article diverge à cet égard sensiblement de celle de l'article 18 du pacte de la Société des nations qui disposait qu'aucun traité ne serait obligatoire avant d'avoir été enregistré. Dans la pratique, la sanction prévue par l'article 102 n'a, d'ailleurs, pas eu l'occasion de jouer bien qu'aient été invoqués à plusieurs reprises, devant la Cour internationale de justice, des traités non enregistrés. Dans son arrêt du 1er juillet 1994 dans l'affaire Qatar/Bahreïn, la Cour internationale de justice a d'ailleurs tenu à souligner que « le défaut d'enregistrement ou l'enregistrement tardif est sans conséquence sur la validité même de l'accord, qui n'en lie pas moins les parties » (Rec. p. 122). L'article 44 du traité de paix signé à Paris, le 10 février 1947, ne prévoit pas de son côté un régime de sanction en cas d'absence d'enregistrement différent de celui de l'article 102 de la charte de l'ONU puisqu'il précise seulement que seront tenus pour abrogés les traités bilatéraux conclus avec l'Italie par chacune des puissances alliées antérieurement à la guerre qui n'auraient pas été notifiés à l'Italie dans un délai de six mois à partir de l'entrée en vigueur de ce traité (17 septembre 1947). En revanche, il ne tire aucune conséquence de l'absence d'enregistrement au secrétariat de l'ONU de tels traités, ce qui renvoie donc au régime de droit commun défini par l'article 102 de la charte. Il convient enfin de relever que le traité de Turin du 26 mars 1860 a été notifié à l'Italie conformément aux stipulations de l'article 44, 1er paragraphe, du traité de Paris du 10 février 1947. La liste des traités notifiés à l'Italie a été publiée au Journal officiel du 14 novembre 1948. Le ministère des affaires étrangères et européennes a néanmoins pris, d'ores et déjà, toutes les dispositions utiles pour que le traité de Turin du 24 mars 1860 soit bien enregistré dans les meilleurs délais auprès du secrétariat de l'Organisation des Nations unies."
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Philosophical memories

27 Juin 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Mon directeur de recherche en maîtrise  (j'ai trouvé cette vidéo par hasard sur You Tube, mais bon mes pédagogues à cette fac n'ont jamais été mes boussoles):

 

 

La Sorbonne en 1996 (4 ans - seulement ! - après ma maîtrise), filmée par mes soins (par le jeune homme que j'étais) :

 

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Le livre de Louis Mazuy

27 Juin 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Lectures

P1020389.jpgCi-joint mon compte-rendu du livre de Louis Mazuy, Alternative au capitalisme : http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=4&srid=94&ida=12444

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Hic Rhodus, hic saltus !

26 Juin 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Je lis ceci sur Le Post :

 

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"C'est une idée qui fait son petit bonhomme de chemin en Grèce. Pour renflouer les caisses de l'Etat, quelques îles parmi ses 6 000 actuelles pourraient bien être vendues nous rapporte le Guardian.

 

C'est un député allemand qui avait proposé cette idée en mars, en déclarant dans un entretien accordé au tabloïd Blid: "La Grèce possède des bâtiments, des entreprises et des îles inhabitées qui pourraient tous être utilisés pour résorber la dette".

 

L'île de Mykonos, "l'une des destinations les plus touristiques du pays" pourrait faire partie du lot. La Grèce recherchant de sérieux investisseurs pour cette île afin de développer un tourisme de "luxe".

 

Toujours d'après Le Guardian repris par Lefigaro.fr, l'île de Rhodes, dans la mer Egée, attire les convoitises de milliardaires russes et chinois"


Si je me souviens bien l'île de Rhodes était déjà restée colonie britanique longtemps après l'indépendance grecque - colonie de l'Angleterre (du temps où le monde entier dépendait des financements de la city) ou colonie des banques mafieuses c'est du pareil au même...
 

Et nous, on vendra quoi pour renflouer nos banques et renforcer l'euro ? Antibes ? Collioure ? de toute façon nous leur avons déjà un peu vendu notre âme non ? Le pacte faustien de notre douce France signé en 1984-85.

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La bonne place du langage et la bonne action politique

25 Juin 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Je le confesse : depuis quelques années mes travaux anthropologiques très axés sur le corps négligent un peu le langage. C'est ma façon à moi d'échapper au structuralisme. Mais ensuite, il ne faut pas verser dans l'excès inverse : le mépris pour les mots.

 

En lisant Davoine et Gaudillière, je retombe dans un univers lacanien, c'est à dire ce qu'il y a de pire comme jeux de langage psychanalytique du point de vue des neurosciences. Je suis très loin de souscrire à leur propos quand je lis par exemple (p. 134) "un enfant au sein est à même de remarquer que le visage de sa mère, ou son odeur, ou le rythme de son coeur ont changé", je retrouve tout ce vocabulaire de Dolto qui fait de l'enfant un être hyperintuituf auquel il ne faut rien cacher, avec qui il faut dialoguer d'égal à égal etc. C'est en effet là le pire aspect de la psychanlyse qui culpabilise les parents, les étouffe avec des normes, les place dans une relation perfectionniste inquiète avec leurs enfants. C'est une machine à créer de a névrose.

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En revanche je trouve des phrases de  bon sens comme celle-ci : "Comme aujourd'hui la médecine médiévale se cantonnait à un point de vue rigoureusement somatique (...) la folie trouvait refuge dans la littérature" (p. 51). Ailleurs (je ne retrouve pas le passage) ils disent plu clairement encore qu'il y a toujours eu deux voies pour soigner : le somatique et le langage. Il font ce constat sur la base de leur confrontation avec la folie (comme Lacan).Peut-être, comme toute la pensée des années 60, valorisent-il trop la folie (et son rôle dans la philosophie et les sciences). Mais on ne peut pas nier qu'il y a des mots qui soignent, et que donc il faut faire un peu attention aux mots : notamment aux mots de notre époque, en politique, dans la vie quotidienne. Ces mots qui empêchent d'autres mots, qui empêchent les individus d'être sujets de leur histoire. Par exemple quand les médias appellent les gens de la flotille attaqués en haute mer des "pro-palestinien" (mais il y a 10 000 exemples de paroles interdites par d'autres paroles).

 

L'enjeu est délicat, dans le rapport à soi-même et aux autres ne pas survaloriser le langage, sans pour autant le dévaloriser. A  Brosseville, si je passais mon temps à tenter de comprendre ce que les connotations personnelles profondes que peuvent avoir les uns et les autres au regard de leurs univers symboliques respectifs, l'action politique n'avancerait jamais. Mais à l'inverse si je ne traite que d'une manière superficielle le sens que les gens donnent aux mots, non seulement je peux engager l'action sur le terrain de malentendus profonds, mais encore je vais les dissuader d'agir, je vais stériliser des possibilités d'action commune parce qu'ils sentiront que l'on ne se comprend pas vraiment.

 

Hier en pensant à la politique, je songeais à ceci : tout projet politique durable suppose une éthique. Cette éthique doit rechercher la justice, mais aussi la vérité, car on ne peut agir sur le réel si l'on se ment à soi même sur son compte, ni non plus entraîner durablement des gens avec soi sur la base du mensonge.

 

La vérité n'est pas téléologique (grand tort du marxisme d'avoir cru cela), mais factuellement objective. On ne peut la dissimuler ou déformer à des fins tactiques que dans un nombre très limité de cas.

 

L'action politique doit mêler d'une façon équilibrée confiance et méfiance en ceux avec qui l'on agit, en faisant en sorte que la confiance leur inspire de la fidélité, mais en sachant les trahisons et les insuffisances toujours possibles.

 

Tout projet politique doit reposer sur une écoute attentive et non déformante des propos et attentes des gens de la base. Mais elle doit mobiliser des schèmes de mise en forme de ces attentes selon des canons programmatiques, schèmes que les gens de la base ne portent pas en eux, et qui se nourrissent nécessairement d'une culture sur l'histoire politique de l'humanité et sur le sytème actuel.

 

Cette mise en forme doit toutefois être en permanence contrôlée par une écoute supplémentaire des jugements et des attentes des gens de la  base.

 

C'est au stade de cette écoute qu'une juste valorisation du langage doit être trouvée. Et ce n'est pas facile.

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République française

24 Juin 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Je comprends ceux qui ne veulent pas s'engager politiquement. Notre monde est si compliqué, les individus qui le composent y sont si complexes, gérant des héritages, des sentiments et des aspirations si contradictoires. Il faut pour s'engager aujourd'hui soit une bonne dose d'aveuglement, soit avoir une position de repli - un statut privilégié - qui permette périodiquement d'oublier tous les affects, toutes les impasses, auxquels la tentative d'agir sur le monde vous a exposés.

 

Il y a quelques jours je parlais avec une édile (de gauche) de Seine-Saint-Denis originaire du sud de la France, une femme qui se démène chaque jour pour sa commune. La veille un jeune black trentenaire lui avait donné un coup de bouteille en plastique sur la tête en lui disant "tu ne comprends pas ce que je veux, je vais te le dire en français". Le jour même où elle m'avait parlé, elle l'avait croisé devant sa mairie. Il adoptait encore un ton arrogant à son encontre, mais il avait un gamin avec lui car il était papa. L'édile lui a dit, sur ce putain de ton de défi qui est une spécialité des gens de ma région (ça ressemble à l' "inat" des Serbes) : "Je n'oublierai jamais votre geste d'hier avec votre bouteille. C'est ça l'éducation que vous donnez à votre enfant ? hé bien bravo". Elle me racontait ça, visiblement fatiguée par cette altercation. "Je les ai aidés, disait-elle, je les ai accompagnés parfois comme une mère. Et voilà comment ils me remercient. Et que vont-ils apprendre à leurs enfants ? ils vont en faire des délinquants". Son "comme une mère" m'a frappé, douloureusement frappé. C'était la vérité de son propos, et la vérité de son sacerdoce d'édile. On ne pouvait rien faire contre ça. Il fallait qu'elle fût une mater mundi, la mère de ces jeunes des quartiers comme on dit. Une mère amère et déçue, une mère effrayée. Ce n'était pas la bonne manière d'aborder le problème, mais c'était celle que lui dictaient ses veines.

 

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En 1993, le hasard des affectations administratives m'a fait faire mon service militaire dans le bureau d'information des troupes de marine (ex-troupes coloniales) à Versailles. Je n'étais pas sensibilisé à la question coloniale comme je le suis aujourd'hui, et heureusement, car je n'aurais jamais supporté l'ambiance de cette caserne (je n'aurais même pas supporté les clichés nostalgiques de l'Indochine et de l'Afrique placardés aux murs), mais je l'étais assez pour me rendre compte que j'étais dans une ambiance très à droite. On m'y faisait écrire des notes sur le Rwanda qui vantaient la grandeur d'Habyarimana.

 

L'officier supérieur pour lequel j'avais le plus d'estime était le Lieutenant-colonel Paille (pseudonyme), un type originaire du sud de la France comme l'édile que je citais plus haut. C'était un mec immense, très musclé, très rugueux dans le verbe, mais au regard franc. L'image de la bête de guerre par excellence, le baroudeur, qui tranchait avec les officiers intellos sortis de l'école de guerre ou de Saint Cyr qu'il méprisait. Lui était issu de la base. Parfois on recevait des soldats africains, des amis de la revue "Frère d'armes". Paille avait une drôle de façon de leur taper dans le dos en les appelant "mon ami !". Il avait des considérations très stéréotypées sur les Africains : "Delorca, tu sais, les Noirs, ils sont très sympas, ils font la fête avec toi, ils rigolent. Et puis un jour tu sais pas pourquoi ils deviennent dingues, et ils massacrent tout le monde." Lui, Paille, il en avait tué des Noirs, au Tchad. Toujours sur ordre, bien sûr. Et il avait vu un ambassadeur de France ramper sous son bureau pendant que lui tirait à la fenêtre. Paille avait risqué sa peau pour les mecs des bureaux qu'il méprisait. Je ne sais pas pourquoi, mais à nos yeux, les appelés du contingent, qui étions pourtant des bobos de gauche, ça rendait ses blagues racistes presque plus convenables que la langue de bois des officiers diplômés. Il était passionné de l'Afrique, et je ne peux pas m'empêcher de songer qu'il aimait sincèrement les Noirs... à sa manière.

 

Moi-même j'ai, parmi mes oncles du côté maternel, des lieutenant-colonels Paille. Pas aussi caricaturaux que Paille, pas aussi courageux ni hauts en couleur - aucun n'est devenu officier d'ailleurs - mais qui ont été militaires de carrière oui, qui ont fait la guerre en Indochine, en Algérie, et qui vibrent devant les images du défilé du 14 juillet à la télé.

 

L'édile de Seine-Saint-Denis, et le lieutenant-colonel Paille sont les vrais piliers de notre république. Ceux qu'on n'invite pas sur les plateaux télé, ceux qui ne sont pas politiquement corrects, et qui sont aux premières loges des conséquences de notre histoire sociale et de notre histoire coloniale. Ils n'ont pas les mots pour dire ce qu'ils vivent. Ils n'ont pas de lobbies universitaires pour en faire des héros ou des victimes. Ils existent juste à l'endroit où leur destin les a placés. Et notre histoire les oubliera.

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Grève et manif

24 Juin 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La droite

Bien sûr il faut faire grève aujourd'hui, et manifester (le gouvernement a dit qu'il ne se sentirait inquiété que si 2 millions de gens descendaient dans les rues), et dénoncer la malhonnêteté de nos gouvernants (épluchez les dernières affaires parues ces dernières semaines dans la presse, et qui, comme par hasard, touchent les plus libéraux de nos ministres). Il faut dénoncer cette réforme des retraite envisagée seulement pour rassurer les marchés financiers, et, ainsi, combattre à travers elle la dictature des banques et des traders sur nos sociétés.

 

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Je suis juste étonné de voir qu'après avoir expliqué à tout le monde combien cette réforme des retraites était inéluctable (refrain connu, seriné à propos de chaque réforme néo-libérale depuis 30 ans) la grande presse en viendrait presque à appeler les gens à manifester (voir par exemple les gros titres de lemonde.fr ce matin, qui fait comme s'il allait de soi qu'il y aura beaucoup de monde dans la rue aujourd'hui). Il est rare que des grands journaux cautionnent des manifs. J'ai vu cela en 2003 pour les manifs anti-guerre en Irak soutenues par Chirac, en 2006 avec les manifs anti-CPE (quand la presse jouait contre Villepin avec les applaudissements de Sarkozy), et aujourd'hui. Pourquoi ? est-ce juste par anti-sarkozysme primaire ? Quand je vois Le Point faire sa "une" sur une photo du président de la République avec pour sous-titre "Est-il nul ?" je me dis que les journalistes et lecteurs du Parti de la Presse et de l'Argent (comme disaient nos amis) se cherchent en effet un nouveau fondé de pouvoir pour garantir leurs placements en actions (qui dans le rôle du prochain fondé de pouvoir ? Villepin ? Strauss-Kahn ? Aubry ? qui sera leur Obama français ?).

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