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Le blog de Frédéric Delorca

De retour de congés

5 Août 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

DSCN6460.JPGMes chers lecteurs, les personnages illustres partent en vacances : Jean-Luc Mélenchon (après avoir abjectement traité les anti-euros de "maréchalistes"), Edgar le blogueur (qui lui répond très justement dans son dernier billet). Moi je reviens d'un périple dans l'ouest de la France et dans le sud ouest.

 

Les hasards des itinéraires routiers m'ont conduit à me rendre sur la tombe de François Mitterrand à Jarnac. Voilà un village bien triste, aux fenêtres fermées, un ex fief du Cognac, cela se voit : une grande usine omniprésente, des affiches de marchands d'alcool et de vinaigre, les vignes. Les parents de l'ex président de la République en étaient, je crois.

 

Ma "penfriend" Babette Babich a posé sur la tombe de Heidegger moi devant celle de François Mitterrand. On a les gloires qu'on peut. Mais que voulez-vous je suis d'humeur républicaine en ce moment. J'ai d'ailleurs envoyé un mot de félicitation à mon compratriote député des Landes (et ancien premier secrétaire du PS et président de l'assemblée nationale), M. Emmanuelli pour son refus courageux du "droit d'ingérence" en Libye et ailleurs.

 

C'est que la radicalité me fatigue un peu. Un ami lecteur m'a écrit il y a 3 semaines tout le bien qu'il pensait de M. Chouard dont j'ai posté une vidéo sur ce blog, en défense de la démocratie directe et du tirage au sort. Mais les avocats du système représentatif ont eu au 18ème siècle un argument définitif dont Chouard contre la démocratie athénienne : les gens ne peuvent pas faire de la politique à plein temps, c'est usant. Même les militants en font l'expérience sauf à devenir fous. Et l'on ne vit qu'une fois.

 

En fouillant chez les bouquinistes dans mon Sud-Ouest natal (je me perds dans le rétroviseur en ce moment tant mon avenir est nul !) j'ai trouvé un article historique de 1994 sur les effets de la révolution de 1789 dans un petit village de mon Béarn natal. J'en écrirai peut-être un compte-rendu ici à l'occasion. Il était frappant de voir combien les événements parisiens ont produit leur effet là bas à contretemps et sur un mode bien atténué. C'est inévitable. Les grandes réformes politiques ou religieuses ne touchent pas tout le monde avec la même célérité. Je voudrais qu'aujourd'hui les modes fussent aussi peu promptes à embrasser ma région d'origine. J'ai lu avec dégoût un éditorial de la République des Pyrénées cette semaine exigeant que le président syrien Assad fût traduit au plus vite devant la cour pénale internationale. Avant d'instrumentaliser les "tribunaux kangourous" au service de leur soif de "regime change" tous ces braves commentateurs feraient mieux de reconnaître qu'on ne sait à peu près rien de ce qui se passe en Syrie, ni d'ailleurs en Libye. C'est une chance vraiment que tous les avions français soient retenus au dessus de Tripoli, et les Américains en Afghanistan, et que nos dettes nous dissuadent d'augmenter les budgets militaires. Sans quoi tout le monde se serait précipité pour bombarder Damas. Folie de notre époque. Un général dans le Journal du Dimanche récemment a reproché à nos politiques et à nos journalistes de ne pas bien savoir ce qu'est la guerre...

 

En parlant des modes, il me faudrait vous parler de l'opuscule qu'avait pondu sur la question de l'individu le conservateur Alain Renaut en 1995 du temps où je souhaitais qu'il dirigeât mon DEA de philosophie (ce n'était pas de ma part un choix intuitu personnae mais une obligation parce que j'avais fait ma maîtrise dans la droitière vieille sorbonne). J'ai retrouvé ce livre dans mes tiroirs sans avoir vraiment pris la peine de le lire auparavant. Après avoir critiqué l'analyse des modes que fournit le Distinction de Bourdieu, Renaut y décrit la vision qu'en donne Lipovetski dans son second best seller (dont le titre m'échappe ce soir). La mode comme obsession de refuser le passé. Un phénomène anthropologique vraiment passionnant.

 

Le livre de Renaut aurait beaucoup à m'apporter. Par exemple il redonne à Finkielkraut une profondeur que les frasques du personnage au micro de sa radio préférée ou de ses interviewers font parfois perdre de vue. Il faut que je vous redise un mot de tout cela quand l'occasion m'en sera donnée. Ce n'est pas que mon avis sur ces questions compte beaucoup, ni que j'aie un lectorat suffisamment nombreux pour me donner envie d'écrire sérieusement, mais après tout tant de folies et de sottises sont dites sur les radios et écrites sur le Net (je voudrais vous répéter une ineptie de M. Onfray sur l'individu et l' "apollinien" mercredi dernier sur France culture, mais le temps me fait défaut), qu'il n'y a pas de raison que je ne mette pas mon humble grain de sel, certains soirs, sur ce petit blog gratuit. Quand les sources de plaisir sont rares...

 

 

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Du temps où le PCF était colonialiste

4 Août 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

p1000036.jpgRien de tel pour se faire une idée de l’état des consciences à chaque époque que de lire des vieux livres, spécialement les plus médiocres.

 

Au premier trimestre 1944, alors que la France est encore occupée (ce qui ne laisse pas de surprendre), les Editions ouvrières (liées au Parti communiste français) publient un ouvrage de 171 pages en format de poche dans la collection « A la découverte de… ». Une collection éclectique dirigée par un certain L. Mounier, qui évoque des sujets très liés aux problèmes de l’électorat communiste : « A la découverte de quelques ouvriers célèbres », « de la tuberculose, fléau social », « des travaux manuels à la maison », « de l’alcool », « de l’Amour » (avec un « a » majuscule, s’il vous plaît, sous la plume du docteur Jouvenroux), mais aussi de sujets un peu moins orthodoxes comme les « saints patrons de nos métiers » (en vertu de l'ouverture du PCF au christianisme, les Editions ouvrières publient aussi des livres personnalistes). Donc en janvier 1944, la publication porte sur un sujet d’actualité de l’époque « A la découverte de la vie coloniale » - c'est-à-dire de l’Empire français, car l’Empire des autres n’est sans doute pas digne de découverte.

 

L’auteur est un certain Maurice Delaporte qui se propose de retracer presque au jour le jour les étapes de sa découverte de l’Afrique française vingt ans plus tôt (Golfe de Guinée, Port Gentil, Haut et Bas-Ogooué etc.). Sur ce M. Delaporte on sait juste qu’il a la quarantaine,  et originaire d’un petit village de l’Est de la France

 

Le livre a une forme un peu romancée. Il évoque l’itinéraire du jeune Marcel qui embarque à Bordeaux pour le Gabon à brd du navire Le Tchad. L’auteur admet que son texte n’aura pas l’élégance de grnads auteurs qui ont trité le sujet avant lui (on pense à Céline, Gide) mais qu’il sera sincère.

 

Le plus intéressant dans ce récit de voyage qui se complaît dans l’évocation classique des moustiques, des gros animaux, et des couleurs bariolées des marchés locaux, est l’absence à peu près complète de critique de l’impérialisme français dans ses pages.

 

A vrai dire, une esquisse de critique est tracée dans l’introduction qui dénonce l'incohérence de certains programmes vestisement ancés au hasard des affectationsdes adminitrates et la baise de la natalité dans les zones côtières qu’elle a occaionné « alors que le noir de l’intérieur a cosevé ses quaités naturelles » (p. 6) Mais cette réserve est uniquement formulée au regard du potentiel de richesses supplémentaires que l’Empire pourrait apporter à la France.

 

Celles-ci sont énumérées dans l’appendice final : le Maghreb est « la future grande réserve de la France, le grenier peut-on même dire, d’une partie de ‘Europe, où céréales, vignes, oléagineux prospèrent » (p. 166), Madagacar peut « devenir un centre de peuplement pour les races européennes » (p. 167) (on est à quelqes mois seulements du massacre massif de sa population insurgée), l’Indochine qui a une population « particulièrement apte à s’ssimiler les facilités matérielles de notre civilisation et à en tirer parti, grâce à on degré e culture beaucoup plus élevé que celui de n’import quele autre race de notre Empire » (sic, p. 171). Même en abordant l’Indochine Maurice Delaporte n’a pas un mot pour son camarade communiste Ho Chi Minh qui mène la rébellion et a de fait déjà soustrait une bonne partie de ce « joyau » de l’empire aux mains de ses maîtres français.

 

Ce n’est donc pas avec ce livre que les sympathisants et membre du PCF habitués de la lecture des ouvrages des Editions ouvrières allaient pouvoir être sensibilisés à l’injustice de l’exploitation coloniale …

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