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Le blog de Frédéric Delorca

France 2 reconnaît son intox sur le Venezuela

15 Octobre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Revue de presse

C'est assez rare pour être relevé...

 

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La rareté, la morale, la corrida, les Maures, les musées, les physiciens et le temps

14 Octobre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Il faut s'y faire : le beau, le vrai, le bon ne se rencontreront jamais que chez quelque êtres, et encore dans quelques moments exceptionnels. La masse, elle, sera toujours vouée à la facilité, au médiocre. Et ce qui échappe à cette loi passera inaperçu.

Voyez Custine. Ses tableaux de l'Espagne sont remarquables. Théophile Gauthier et Honoré de Balzac surent le reconnaître parmi les plus grands auteurs des années 1830. Pourtant personne n'a retenu son nom dans notre histoire collective.

 

C'est pourquoi lorsque soi-même on a la moindre chance de pouvoir atteindre quelque chose de juste et de vrai, il faut le tenter, même si l'on n'a plus d'éditeur ni de lecteur (cela va ensemble), même avec des petits billets. Il faut utiliser le matériau qu'on a, le réel dont on dispose, l'énergie qui nous est donnée quand on l'a.

 

J'ai raté cette semaine une occasion d'aller au Kazakhstan qui m'aurait permis de publier à nouveau (mon éditeur a besoin de récits de voyages). Alors j'investis mon énergie ailleurs. La recension critique du livre d'un souverainiste pour un site de promotion de livres, la relecture du témoignage d'un combattant abkhaze que j'aide à mettre en forme son ouvrage. Me voilà à nouveau abandonné au hasard des rencontres et des surprises du quotidien.

 

J'ai eu une discusson intéressante mais inachevée avec le blogueur Edgar sur la morale en politique. C'est vrai que toutes les indignations morales de notre époque m'agacent, notamment celles qui concernent le nazisme. Cela ne signifie pas qu'il faille être amoral ou relativiste. Bien sûr que le Bien existe universellement (nos gènes sont conditionnés pour savoir tendre vers lui même si notre capacité d'erreur et de destruction est très forte), et bien sûr il faut oeuvrer pour que l'humanité l'atteigne. Bien sûr il y a des degrés de sauvagerie, et la sauvagerie froide, planifiée, à la manière du nazisme, est un des degrés les plus élevés et les plus grave, et l'on peut se préoccuper du risque de la voir revenir, ou de lavoir se diffuser dans des mécanismes d'aliénation pervers très subtils. Le mouvement de l'engagement politique se nourrit évidemment du rejet de l'orientation du monde et d'une certaine volonté de la modifier. Mais il ne faut jamais non plus se départir à un certain stade de l'engagement d'une capacité à comprendre et même à accepter que les choses et les gens n'aillent pas dans le bon sens, que l'opposition au mouvement dominant est elle-même entâchée de beaucoup de vices qui font que si cette opposition accédait au pouvoir elle serait peut-être pire que le mouvement dominant lui-même. Il faut admettre toutes ces choses, en faire des analyses détachées. Admettre que l'homme puisse rester "un loup pour l'homme" comme disait l'écrivain latin, qu'il y a un enthousiasme, une ivresse à être loup, qui touche souvent en priorité les êtres les plus moraux, parce que l'homme, cet être de coopération et de rationnalité, est aussi un animal de conquête qui jouit de la destruction de Troie, par la force des choses. Et si l'on n'a pas des mouvements occasionnels d'indulgence intellectuelle pour la prise de Troie, si l'on reste rivé à la posture moralisatrice, comme disait l'auteur de Zarathoustra c'est sa propre humanité qu'on défigure.

 

Je pourrais vous parler de toutes sortes de choses anecdotiques (mais qui, dans certains contextes spécifiques, pourront peut-être susciter des intuitions sur des sujets décisifs). Par exemple la corrida, que le Conseil constitutionnel français dans sa grande sagesse n'a pas voulu censurer le mois dernier. Pourquoi notre époque la rattache-t-elle aux Romains, alors que Custine, textes à l'appui, est surtout fasciné par son utilisation par le Maures. Tout le XIXe siècle (et encore l'oeuvre de Nietzsche) est rempli d'un intérêt pour le Moyen-Age et pour le face-à-face entre Christianisme occiental et Orient mahométan, que 70 ans de républicanisme et de colonialisme nous ont fait oublier. Pourtant il y a peut-être plus que jamais à réfléchir sur la fierté arabe comme le fait Custine, et la corrida peut être un moyen comme un autre de le faire. Les soi-disant amis des bêtes en refusant de réfléchir à la fierté quelle qu'elle soit, celle des chrétiens comme celle des musulmans, celle du taureau comme celle de l'humain nous préparent un monde imbécile à trop vouloir exclure tout ce qui est grand et sublime.

 

Je pourrais aussi évoquer le musée Jeanne d'Arc de Rouen que j'ai visité il y a peu et qui va bientôt fermer définitivement. Un musée trop vieux, avec ses statues de cire et son récit didactique de la légende pieuse. Comment cela un musée qui prétend enseigner des choses aux gens sur un ton scolaire et non pas faire de l'animation astucieuse ? Comment ça une Jeanne d'Arc qui n'a pas les mensurations de Lara Croft et qui ne se masturbe pas sur son bûcher ? Notre époque si "tolérante" et si "ouverte à la diversité" ne tolère plus la diversité dans ses musées. Ils doivent être tous semblables, tous "à la page". Malheur aux retardataires.

 

Au fait, hier un physicien à  la TV racontait qu'un extraterrestre qui court à des année lumières d'ici incut dans son "maintenant" des événements survenus sur notre planète il y a deux siècles quand il bouge dans un sens ou qui surviendront dans deux siècles s'il évolue dans l'autre sens... Et il observait que le seul argument qui démontre qu'on ne peut voyager dans le temps, c'est qu'aucun visiteur ne vient nous voir de l'avenir, alors que les enseignements de la physique nous disent que ce genre de voyage est possible. Quand j'étais en philo à la Sorbonne, notre thème de métaphysique en licence fut le temps. Mais on ne m'avait jamais expliqué la relativité aussi simplement. A entendre le savant, sur le passé le présent et l'avenir, c'est Saint Thomas d'Aquin qui avait raison...

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L'anarchisme catholique de Custine

12 Octobre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Mes deux livres de chevet : Devereux ("Femme et Mythe" de 1982) et Custine ("L'Espagne sous Ferdinand VII" 1838). Vous avouerez que je reste dans l'inactuel quand même. Je ne sais pas trop pourquoi je lis l'un et l'autre et c'est pourquoi je suis assez content de les lire.

 

Je n'ai pas de bonne raison de lire Devereux, puisque je ne crois plus en la psychanalyse et que ses spéculations sur l'Oedipe (ou la Penisneid) et les mythes grecs me semblent ne reposer que sur du vent. Mais le culte des déesses, le matriarcat (vers lequel l'extrême gauche actuelle glisse, et peu ou prou avec elle le reste de la société, sur le plan des fantasmes, bien que le capitalisme continue lui d'opprimer les femmes) m'intrigue. Je ne désespère pas, à force de retourner ses pages dans tous les sens, de trouver en moi-même quelque intuition fulgurante là dessus, allez savoir.

 

Custine c'est pareil. N'étant ni marquis, ni homosexuel, ni réactionnaire, je n'ai pas de raison de lire son voyage en Espagne. Et cependant je le fais, je picore des pages au hasard. Il me surpend toujours. Peut-être d'Ormesson a-t-il raison de dire que la Russie le rendit libéral (je ne sais pas, n'ayant pas lu cette partie de son oeuvre, mais il est possible que d'Ormesson se trompe, car du seul fait qu'on hait la tyrannie - ce qui était déjà le cas de Custine quand il se rendit à Madrid - on n'est pas libéral pour autant). Mais en Espagne il était indubitablement anarchiste, cléricalo-anarchiste (ce pourquoi il déteste l'Inquisition, dérive tyrannique de l'Eglise). J'ignorais que cela fût possible, et l'apprendre élargit ma culture politique. Mais après tout cela rejoint le propos récent d'un universitaire que j'ai mentionné sur ce blog ici, et cela fait aussi penser à Pasolini.

 

Jugez en par vous-mêmes :

 

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A part cela Mélenchon est aujourd'hui chez la plus grande politicienne de sexe féminin vivante (et qui est elle aussi très catholique comme Custine). Il a de la chance. Une photo qui le  prouve :

 

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Zaza à Platine 45

11 Octobre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

Bon, si on regardait la TV de 1984 ensemble ? Moi j'adorais Frankie goes to Hollywood, Paul Young, enfin bref un peu tout ce qui passait dans ce truc là. Et I-sa-belle Ad-ja-ni (sauf sa chanson), of course !

 

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Malala Yousafzai

10 Octobre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Le monde est étrange. Sur la page Facebook du contributeur de l'Atlas alternatif Vijay Prashad je trouve cette photo. Il paraît que c'est une photo de Malala Yousafzai, 14 ans, dans une école de marxisme du district de Swat au nord du Pakistan.

 

J'avais beau savoir qu'il y avait des marxistes au Pakistan (j'en ai trouvé un pour écrire l'article de l'Atlas alternatif sur le Pakistan), je n'aurais pas imaginé une structure communiste dans cette région en proie aux attaques des Talibans, mais en fait le nom "national marxist school" fait plutôt penser à une université d'été qui se serait tenue occasionnellement là (mais pourquoi dans cette zone si exposée aux agressions ?).

 

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Cette fille s'était rendue célèbre en devenant à 13 ans blogueuse pour la BBC. Hier un type s'est approché de son bus à la sortie de son école et à tiré sur cette fille et deux de ses amies. Elle a pris une balle dans le cou, et une dans la tête. Elle est dans un état critique dans un hôpital de Peshawar. L'acte a été revendiqué par les talibans. Elle a reçu la visite d'un général pakistanais (le gouvernement pakistanais lui a déjà donné de nombreuses récompenses).

 

Le 3 janvier 2009 elle écrivait :

"I had a terrible dream yesterday with military helicopters and the Taleban. I have had such dreams since the launch of the military operation in Swat. My mother made me breakfast and I went off to school. I was afraid going to school because the Taleban had issued an edict banning all girls from attending schools.

Only 11 students attended the class out of 27. The number decreased because of Taleban's edict. My three friends have shifted to Peshawar, Lahore and Rawalpindi with their families after this edict.

On my way from school to home I heard a man saying 'I will kill you'. I hastened my pace and after a while I looked back if the man was still coming behind me. But to my utter relief he was talking on his mobile and must have been threatening someone else over the phone."

 

C'était quand les Talibans avaient pris possession de sa vallée. Puis le district avait été repris par les forces gouvernementales. Les Talibans ont dit qu'ils la prendraient à nouveau pour cible si elle survivait.

 

Cela discute dans tous les sens sur les forums pakistanais pour savoir si ce drame est seulement dû aux talibans ou si la médiatisation de l'activiste ne l'a pas aussi mise dans la ligne de mire (mais que vaut un combat politique non médiatisé ?). Des anti-impérialistes (cf ici) se demandent si elle n'était pas devenue un pion dans le jeu américain, d'autant qu'elle aurait dit à la TV pakistanaise qu'Obama était son idéal.

 

Toute la dimension poisseuse du monde actuel se trouve dans cette tragédie : les bonnes intentions occidentales, le combat pour les droits des femmes ,en symbiose objective avec le système médiatique et de plus en plus happé par lui, le fascisme intégriste lui-même entraîné dans la "politique spectacle" sur le versant du crime.

 

Ce funeste cocktail fait des morts tous les jours. La communiste iranienne Maryam Namazie (membre du Parti communiste-ouvrier d'Iran, mais ça n'a rien à voir avec le Toudeh ex-pro soviétique) à Londres déshabille douze femmes pour un calendrier qui se veut "révolutionnaire", parmi lesquelles une majorité d'inconnues dont le seul mérite est d'être nues. Dans le nombre, une Femen ukrainienne. Elles se sont installées à Paris en août, invitées par une conseillère régionale écolo électrice de Mélenchon d'origine maghrébine, qui a faussé compagnie à Fadela Amara dans Ni Pute ni soumise puis a réintégré le mouvement récemment. Leurs militantes préparent des actions chocs dans nos banlieues. On dit que les Femen sont payées pour se désaper (comme on dit aussi que le Front de Gauche serait compromis dans l'implication de Haouaria Hadj-Chikh maire adjointe à la mairie des 13e et 14e arrondissements de Marseille comme intermédiaire de l'ANELD dans la réception du fonds d'investissement qatarien, mais là pour le coup, c'est pousser le bouchon de la rumeur un peu loin !). En tout cas tous les combats sociétaux, pour un féminisme à l'occidentale, pour un féminisme anti-impérialiste etc se jouent autour de la mouvance communiste et d'extrême gauche. C'est en soi quelque chose de très instructif. Je n'aimerais pas être un élu du Front de Gauche et devoir arbitrer, dans ma mairie, entre les différentes orientations "sociétales" de l'extrême gauche, les tendances pro-Ni Putes ni Soumises et anti, tous ces groupuscules en effervescence. Cela doit être épuisant.

 

En attendant les Talibans existent toujours. Et les activistes des droits des femmes (comme d'ailleurs les syndicalistes pour les droits des salariés, mais ça, nos médias l'oublient juste un peu) continuent de se faire tirer dessus dans certaines zones "à risque".

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Custine et la réaction espagnole

9 Octobre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #XIXe siècle - Auteurs et personnalités

Vous savez, amis lecteurs, il n'est pas impossible que le nietzschéisme ait eu une "mauvaise influence" sur moi. Même si je le portais de gauche, "deleuzien" ou "derridien", peut-être nous prédisposait-il, insidieusement, à "tolérer" au moins la pensée réactionnaire mieux que si nous avions été seulement spinozistes ou marxistes. Parce quand on lisait Nietzsche, on lisait ensuite Cioran (combien de mes amis, même bons électeurs de François Mitterrand, lisaient Cioran !), et là, on se trouvait embrigadés dans des interrogations peu compatibles avec l'esprit républicain. Par exemple c'est Cioran (malgré toutes ses lourdeurs qui m'exaspéraient) qui m'a sensibilisé à des interrogations sur les mysticismes espagnol et russe, portés ensemble, pensés ensemble. Interrogations peut-être inutiles, mais cependant incontournables.

 

Encore récemment j'y songeais : l'Espagne noire, ce symbole par excellence de la réaction et du gâchis socioéconomique que vomissaient Voltaire et tant d'autres. Je n'ai cessé de me demander pendant des lustres comment avant 1900 il avait bien pu y avoir des Espagnols en Europe (et je vous jure que je ne me pose pas cette question parce que je suis moi-même à moitié aragonais, ma famille n'étant guère de cette Espagne obscurantiste, mais peut-être plutôt parce que la foi dans le progrès que l'école laïque inculqua empêche viscéralement de pouvoir percevoir autrement que comme un scandale l'existence d'un pays comme celui-là).

 

Mes-Photos0012.jpgBernard Lewis l'an dernier (j'ai oublié le titre de son livre) m'a donné une clé pour comprendre l'acharnement réactionnaire des Espagnols et des Russes : leur ardent combat, presque désespéré, contre l'Islam - ce furent les seuls territoires où l'Islam fut repoussé.

 

Cela bien sûr ne suffit pas. Il y a peu, je suis tombé sur une chronique de d'Ormesson en faveur du marquis de Custine injustement banni par notre culture officielle (or tous les bannis m'intéresse). Las d'Ormesson se trompait de livre à commenter. Il citait le voyage en Russie dont ledit marquis serait revenu libéral (en 1824) alors qu'il y était parti en réactionnaire. J'ignore si d'Ormesso dit vrai, mais ce qui est sûr, c'est que sept ans, m'entendez-vous, sept ans après ce périple chargé de désillusions Custine était à nouveau réactionnaire, et c'est en réactionnaire qu'il visite l'Espagne.

 

Et cela me plaît (c'est le récit de voyage que je lis en ce moment). Non pas parce que je serais moi-même réactionnaire comme l'écrivait un lecteur au bas de mon billet sur d'Ormesson (d'ailleurs le mot n'a pas grand sens, et vous savez par ailleurs combien je suis progressiste, sur les moeurs notamment, voyez mon livre sur le stoïcisme - c'est ce qui me sépare de beaucoup d' "anti-impérialistes"), mais parce que Custine fait le voyage en Castille pour la même raison que j'ai fait celui de Transnistrie ou celui d'Abkhazie : pour voir un pays que les idées à la mode, celles qui sont soi-disant universelles, laissent de marbre. Tout le monde en France en 1831 (au lendemain des Trois Glorieuses) s'entredéchire autour des idées des Lumières et de leurs prolongements (le saint-simonisme par exemple), en Espagne cela n'intéresse personne : on se contente de vivre dans un musée vivant du catholicisme traditionnel. Comment est-ce possible ? qu'est-ce que cela donne dans la vie concrète des gens ?

 

La fuite espagnole de Custine aurait peut-être aujourd'hui un équiivalent dans un voyage quun communiste effectuerait en Corée du Nord.

 

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Custine a les idées mal placées (c'est pourquoi son intolérante postérité l'a délibérément ignoré), mais il a souvent le regard juste. Il interroge tous les dogmes de son temps avec du matériau concret. Dans les villages il observe la noblesse du port des gens, l'élégance des habits opposée à la pauvreté de vêtements, l'arrogance des mendiants et des moines qui paraissent être, dit-il, les véritables pouvoirs dans ce pays. Sur le plateau de la Manche, il observe que la densité humaine est faible mais que les gens sont plus heureux que là où ils se bousculent. Une pierre dans le jardin de progressistes qui, depuis les physiocrates français et le libéraux anglais pensent que bien-être rîme avec richesse, et richesse avec fécondité et prolifération (au passage remarquons, même si c'est anecdotique, que tous ceux qui aujourd'hui tentent de culpabiliser les femmes qui aiment trop la maternité - voyez par exemple le dernier numéro de Books, applaudiraient sans doute des deux mains).

 

Custine était revenu déçu et effrayé de Moscou, il ne l'est pas en Espagne dont il célèbre les vertus à chaque page, et qui devient à ses yeux une sorte de pays du "christianisme réel" comme l'URSS le fut du socialisme réel aux yeux des communistes du XXe siècle. D'Ormesson aveuglé par son propre libéralisme et son besoin, au fond ,de penser comme tout le monde (sur un mode juste un peu plus suranné) préférait lire le mauvais livre, celui qui abjurait, in fine la réaction, au lieu du suivant, qui la glorifiait. Or c'est dans cette glorification que Custine est le plus étrange, le plus inattendu, le plus paradoxal. L'image qu'il donne du peuple le plus radicalement rebelle à ce qu'en son temps on présente comme un progrès poitique et économique obligatoire mérite assurément qu'on s'y attarde, et qu'on s'intéresse notamment à l'obstination inflexible dont fait preuve Custine à ne pas se laisser aller à penser ni voir comme les autres. C'était d'un très grand mérite à l'époque, et cela le reste bien sûr.

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"La crêperie des Lys" un haut lieu de gastronomie et de culture

6 Octobre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La Révolution des Montagnes

creperie-lys-image.jpgUn endroit à ne pas manquer à Pau : La crêperie des Lys, 57 bd d'Alsace-Lorraine. Si vous voulez déguster par exemple une crêpe au foie gras sur pommes cuites, ou au canard au piment d'Espelette, n'hésitez pas à aller y faire un tour. Vous y trouverez qui plus est des livres pleins de charme... notamment le roman "La Révolution des Montagnes" !
 
 
 
 
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Bernadette Chirac

3 Octobre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Divers histoire

"Bernadette Chirac" ce titre est aussi incongru en tête d'un de mes billets que "Jacques Derrida" dans le répertoire de Scritti Politi. Mais c'est peut-être l'époque qui veut ça. L'âge venant je suis enclin à avoir la plus grande indulgence, voire la plus grande mansuétude à l'égard de la vieille aristocratie française. Alors après Jean d'Ormesson, rendons hommage à l'ancienne première dame. Elle a représenté tout ce que je détestais en France. Et voilà que ce soir, en l'entendant parler à la TV, quelque chose en elle me surprend, m'intrigue, m'accroche. La sobriété du verbe, le stoïcisme, la force de la volonté. Elle parle de sa première année à Sciences Po (qu'on appelait à son époque et à la mienne "année préparatoire"), de ces tables en carré en conférence de méthode, de son futur mari qui agitait les jambes face à elle et dont elle se disait qu'il devait boire trop de café, du moment où elle s'est portée volontaire pour les exposés en histoire et en droit constitutionnel (en 1988 nous avions encore les mêmes matières). En arrière plan il y a une photo d'elle en noir et blanc à 18 ans. Je me demande si dans mon souvenir il y avait des "Bernadette Chodron de Courcel". Je trouve dans ma mémoire des femmes avec des noms à rallonge, mais pas de celles qui assumaient leur rang comme le faisait celle-là. De mon temps les filles aristos cherchaient déjà à faire "peuple".

 

On peut comprendre que Chirac ait été attiré. Elle avait du tempéramment, en plus du prestige de sa noblesse. Ils ont vécu une belle aventure personnelle tous les deux (quoiqu'il ne soit pas sûr que notre pays en soit sorti grandi). Elle a une belle façon de l'évoquer, avec beaucoup de retenue, comme quand Mitterrand parlait. Certains vieux sont immenses quand ils racontent ou jugent le passé. En même temps elle a toujours le même regard que la sciencepoteuse de 18 ans. Sans doute les mêmes qualités et les mêmes défauts aussi.

 

Elle s'indigne qu'on ait pu vouloir traduire en justice "comme un citoyen ordinaire" son mari, juste à la sortie de ses fonctions, comme un malpropre, sans égard pour tout ce qu'il avait fait pour l'Etat (et c'est vrai que le procès des emplois fictifs était absurde). Je pense à la démocratie athénienne. Elle a passé son temps à faire ça : porter au pinacle ses chefs, et les traduire en justice. Mais il est vrai que Bernadette n'eût pas été "première dame" dans ce sytème-là. Je pense au Père C qui se pignole en rêvant au Parthénon (vous savez, le prof d'économie qui donnait un cours à Annecy le 23 septembre...). Je pense surtout à Périclès et Alcibiade... Mon esprit vagadonde sur ces rivages là. Mince. Il a perdu en cours de route Bernadette Chodron de Courcel. Zut, que disions-nous d'elle déjà ? Je ne sais plus. Elle glisse déjà vers le passé, comme son mari, avec son lot de possibilités non réalisés, de choses ui auraient pu se faire ou ne pas se faire. C'est un instantané poignant. Tous ces gens du XXe siècle, qui se sont maintenus dans le XXIe un peu par hasard. Ils sont dans leurs vieux meubles et dans leurs souvenirs. Ils ne sont plus là que par erreur. On se sent un peu comme eux parfois. Savez-vous qu'il y a une belle citation de Chateaubriand sur le fait de survivre au passé alors qu'on aurait dû mourir avec lui. Ce grand homme se sentait comme ça, étranger au nouveau siècle qu'il avait vu naître. L'actuel siècle me fait un peu peur. Avec toutes ses lumières. De la lumière artificielle, des effets spéciaux, un grand soin accordé à des enveloppes vides.

 

Mais bon, rassurez-vous, je ne vais pas chanter "I love you Bernadette" comme Scritti Politti entonnait "I'm in love with you Jacques Derrida". Il y a des limites quand même.

 

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