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Le blog de Frédéric Delorca

Contre les engouements médiatiques du moment

31 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Revue de presse

Journaux-3-2.jpgCe qui est bien avec Internet, c'est que des gens s'y dévouent dans de longs billets (parfois trop longs même) pour dénoncer les sottises médiatiques de notre époque. Puisque ces gens écrivent pour nous renvoyons directement à leurs textes.

 

- Donc pour le stupide enthousiasme des médias pour Florence Cassez dont on ne saura jamais si elle était innocente ou coupable, voyez, l'article de Malik Tahar-Chaouch sur le site des Indigènes de la République. (Je suis plus proche de la position de cet article que de celle du PCF sur ce dossier-là).

 

- Pour l'institutorophobie de nos journalistes, voir l'article d'Olivier Poche sur le site de l'ACRIMED.

 

Et puis, tant que vous en êtes à visiter le site d'ACRIMED regardez aussi les autres billets des dernières semaines. Ca fait à peu près quinze ans qu'ils écrivent un peu toujours les mêmes, mais comme les médias ne changent jamais, on peut toujours les critiquer sous le même angle.

 

A part ça, puisque les médias en parlent peu, ayez une pensée pour les grévistes d'Aulnay-sous-Bois (cf ci dessous), après que la cour d'appel de Paris a suspendu le plan de restructuration chez PSA, qui prévoit 8.000 suppressions de postes, aussi pour les salariés de Goodyear d'Amiens-Nord où 1 250 postes pourraient être supprimés en 2014 etc.

 

 

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La France et les ingérences militaires (souvenir de la Grenade)

27 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

iraq.jpgDes deux septennats de François Mitterrand on n'a retenu que l'alignement sur les Etats-Unis avec l'affaire des Euromissiles, et la participation à la première guerre du Golfe par exemple.

Mais il y a quelques jours à "Ce soir ou jamais" Roland Dumas rappelait opportunément qu'à côté de cela la France avait su mener une optique intelligente au Tchad (tout en restant ferme sur la protection du gouvernement légal face à l'offensive libyenne) et qu'elle avait même sauvé la vie de Kadhafi en refusant l'autorisation de survol aux bombardiers américains (ce qui avait décalé l'attaque sur Tripoli de 24 h en 1986).

 

En lisant aujourd'hui un journal de province proche des socialistes, La République des Pyrénées, du 27 octobre 1983, je tombe sur cet article à la Une signé Paul-Louis Lemaze qui confirme le souvenir du non-alignement français:

 

mitterrand"Quelle situation paradoxae : la France et les Etats-Unis solidaires au Liban face à l'ennemi qui les a sauvagement frappés ensemble se trouvent en totale opposition dans l'affaire de la Grenade où l'intervention américaine est très sévèrement condamnée par Paris.


Le ton de la condamnation exprimé hier par le président de la République et le gouvernement en Conseil des ministres ou à l'Assemblée nationale est même très dur. Qui aime bien châtie bien, mais on dirait que les dirigeants français ont honte de leurs alliés américains et que la Grenade est l'occasion de se défouler et surtout de se dédouaner aux yeux de l'opinion de gauche qui comprend mal les diverses interventions française au Tchad ou au Liban. D'autant plus que les interventions sont applaudies par l'opposition. Cela permet au gouvernement français de souligner la différence entre intervention militaire et intervention militaire. Il y a celles qui sont bonnes comme celle de la France au Liban dans le cadre d'une force multinationale agréée par l'ONU et il y a celles qui sont mauvaises parce qu'elles constituent des ingérences injustifiées et inadmissibles dans les affaires intérieures d'un pays tiers. Si bien que la France est conduite à condamner l'intervention américaine à Grenade, comme elle a condamné l'intervention soviétique en Afghanistan".


Je ne sais pas si la France poussa la condamnation jusqu'à introduire un projet de résolution de condamnation au conseil de sécurité des Nations-Unies à ce moment-là (j'en doute). Et évidemment on peut penser qu'il était facile et un peu gratuit à l'époque d'afficher un désaccord avec Washington sur un sujet aussi mineur sur le plan stratégique.

 

Mais on peut se demander aujourd'hui si la France aurait la même clarté et le même courage à l'égard des USA même sur un sujet aussi anecdotique. Rappelons qu'à l'époque de Dominique de Villepin en 2004 la France a carrément participé à une opération militaire du type "la Grenade" contre le gouvernement légal d'Haïti aux côtés des Etats-Unis.

 

De toute façon nos dirigeants politiques auraient tort de se gêner puisqu'il n'y a plus d' "opinion de gauche" (pour parler comme l'article précité) allergique aux ingérences militaires, ni de journal local capable de faire trois colonnes à la Une sur l'invasion d'une petite île de quelques milliers d'habitants (il n'y a pas non plus, il est vrai, de risque qu'un "grand frère" soviétique hausse le ton comme on le redoutait en 1983).

 

 

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Un billet pour mes lecteurs les plus fidèles

25 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Ecrire pour qui pour quoi

Mes chers lecteurs, vous le savez : la maxime delphique et socratique est toujours vraie : "Connais toi toi-même". Et pour se connaître bien il faut aussi connaître son époque, cela va de pair, parce que c'est l'époque qui définit le potentialités de l'action des individus, et oriente ce qu'ils sont. Et quand je dis l'époque, c'est l'époque dans toutes ses nuances : par exemple la période actuelle, celle de François Hollande, celle de la guerre du Mali, celle de ma prise de distance avec un certain intégrisme anti-impérialiste, n'est pas la même que le temps (2009) où Chavez promettait du pétrole pour les banlieues populaires américaines et européennes, et où je prenais des verres avec Houria Bouteldja (et la différence ne tient pas tant à mon évolution individuelle, qu'à l'évolution des rapports de forces, et de "ambiances" sociales au niveau national et mondial auxquels nécessairement nos cerveaux s'adaptent pour toujours redéfinir, non seulement le champ des possibles mais aussi le champ de ce qui doit être).

Se connaître soi-même quand on est blogueur et un peu écrivain, cela veut dire  déterminer ce qu'on écrit et pour qui on écrit. Pour ma part j'ai les idées très claires désormais : je n'écris pas pour un grand nombre de personnes. Bien sûr il m'arrive de rédiger tel ou tel texte un peu construit comme une sorte de vade mecum que des tas de gens peuvent utiliser sur un sujet donné. Par exemple certains de mes billets récents sur le Mali sont utilisés ici ou là comme des supports de débat par des gens qui ne connaissent pas le reste de mes travaux. Ou encore je peux pondre un livre pour rendre service à de sans-voix comme je l'ai fait sur l'Abkhazie, un livre qui pourra être lu par un très grand nombre de gens. Mais être lu par le plus grand nombre ne me dit rien qui vaille. Parce que pour moi, plus que ce que j'écris ponctuellement, ce qui compte c'est mon cheminement, et donc tout le savoir que celui-ci m'apporte, et que j'essaie de tenir toujours présent, avec ses évocations et ses nuances, à chaque étape de mon écriture.

P1020401Voilà pourquoi j'écris au fond uniquement pour mes lecteurs les plus fidèles - qui se manifestent de temps en temps sur ce blog. Ceux qui étaient déjà là quand je faisais la promo de l'Atlas alternatif en 2007, ou quand je prenais mes fonctions à Brosseville en 2009. Ces 30 % de visiteurs qui se connectent directement à ce blog sans passer par des recherches par mots clés ou par des liens sur d'autres sites. Ces visiteurs qui ont mon blog dans leurs signets et qui lisent du Delorca pour lire du Delorca. Et tant pis si cela me condamne à rester un auteur marginal et confidentiel.

A ces fidèles-là je veux dire que je comprends qu'ils soient parfois un peu perdus au milieu de mes pérégrinations dans les lectures littéraires, les recherches historiques etc. Beaucoup voudraient peut-être me voir me consacrer de façon plus complète et plus cohérente à la construction d'un projet politique (dans le registre du combat anti-guerre, ou de l'utopie révolutionnaire) ou à l'écriture d'une oeuvre sociologique ou romanesque.

P1010968Je comprends votre frustration devant ce côté un peu fragmentaire de mes travaux sur ce blog et ailleurs, et de mon engagement. Mais je suis, comme vous, en un sens (bien que je déteste la victimisation) victime d'un ordre social où toutes les forces de changement sont atomisées. Donc comme vous chaque jour je bosse pour un métier qui me laisse peu de temps et peu de liberté pour écrire et pour me battre, un métier où je passe pour un gentil érudit mais où l'on m'attend toujours au tournant pour me coller une lame de couteau sous la gorge. Comme vous je respire dans une société qui n'a rien à foutre des écrivains, où les éditeurs indépendants n'arrivent à rien, où il n'y a aucune force politique structurée pour nourrir et financer (car le nerf de la guerre est toujours économique) des recherches politiques et intellectuelles un peu originales. C'est cela qui fait que personne ne parvient vraiment (pas même les profs et encore moins les profs étranglés par leur rôle de pédagogue) à construire des théories solides sur des sujets aussi graves que la non-ingérence dans les relations internationales ou la société sans travail en économie, Et pour cette raison aussi, seuls quelques activistes outranciers surnagent comme Michel Collon (je pense à lui à cause d'un commentaire récent d'un lecteur ici), avec du ready made intellectuel directement diffusable sur You Tube et Facebook mais complètement déconnecté du rée (ceux qui ont regardé Ce soir ou jamais cette semaine ont vu comment deux chanteuses maliennes explosaient à chaque fois son propos en quelques phrases).

Donc voilà, je demande juste votre indulgence pour les 15 dernières années d'engagement politique et d'écriture qui, en ce qui me concerne, n'ont pas débouché sur ma participation à quelque mouvement politique solide que ce soit, ni a fortiori à sa constitution et ne m'ont pas permis non plus d'écrire aucun livre de grande envergure sur aucun sujet (je m'efforce en ce moment de faire publier un compte-rendu de ces 15 ans aux éditions "Aux Forges de Vulcains" mais il ne semble pas que le comité de lecture soit très enthousiaste). Je ne vous cache pas que l'avenir de mon travail intellectuel est des plus sombres. Compte tenu de mes difficultés au quotidien, je peux tout juste envisager de tenter de publier un livre sur la Seine-Saint-Denis chez l'Harmattan (je l'ai posté cet après-midi mais je sais que cet éditeur ne m'aime pas, donc ce sera assez dur) et de gratter quelques billets éphémères et insignifiants ici de temps en temps. Je ne peux rien espérer de plus.

Subjectivement je voudrais faire plein de choses : monter un média alternatif avec un grand journaliste que je connais, écrire une vaste analyse en géopolitique, mener des expériences utopiques in vivo avec mes amis d'Emmaüs-Lescar dont je vous ai parlé il y a peu, prendre un avion pour recueillir des infos sur quelque groupe humain condamné au silence, aider les rebellles à se fédérer. 

Mais objectivement je sais qu'à peu près rien ne sera possible dans les douze mois qui viennent. Il me semble que je me devais de vous en tenir informés.

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Interview sur le livre "Abkhazie" de F. Delorca dans Jineps

23 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Abkhazie

jineps.jpgLe mensuel de la diaspora circassienne en langue turque Jineps dans son numéro de janvier publie sur une page et demie l'interview de Frédéric Delorca par Mme Marina Iosifyan à propos de son livre Abkhazie initialement publiée (en version un peu plus courte) dans La Vérité de Chégem (Chegemskaya  Pravda -"Чегемская правда") du 11 abkhaziedécembre 2012 à Soukhoumi et traduit par Mme Canan Baba.

 

 

 

 

 

 

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Mali : Michel Collon, "Descartes", les multinationales

23 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Les blogs étant de l'ordre de l'éphémère (comme tout sur Internet) juste un mot sur une intervention de Michel Collon (journaliste dont j'ai déjà parlé dans mes livres et sur ce blog) à propos du Mali dans la vidéo ci-dessous que je vois circuler en ce moment (émission "Ce soir ou jamais"). Celles-ci me semblent faire la part trop belle aux intérêts des multinationales dans l'analyse du geste de François Hollande d'envoyer l'armée au Mali (et seulement sur cette séquence là, car ensuite bien sûr l'impéralisme économique est toujours susceptible de jouer à nouveau un rôle, notamment sur la décision - que je condamne - d'enliser dans la France dans une guerre pour la reconquête "totale" du Mali).

 

Bien sûr il y a eu le socialisme de Modibo Keita. Bien sûr il y a eu les coups fourrés de la France pour le renverser. Bien sûr il y  a Areva au Niger etc (des éléments qui, contrairement à ce que dit Collon, n'expliquent pas à eux seuls la pauvreté de ces pays). 

 

Mais dans la séquence spécifique de l'intervention française pour empêcher une poignée de 4 000 fanatiques de s'emparer de l'Etat malien, je ne vois pas le rôle des multinationales. J'ai écrit l'an dernier pour le blog de l'Atlas alternatif sur les parts du Qatar dans Total Mauritanie et leur intéret commun potentiel (car il faut être très prudent là dessus) à destabiliser le Sahel. Il est clair que les multinationales françaises qui s'entendent avec le Qatar peuvent aussi s'entendre avec Ansar Dine. Prétendre le contraire c'est conférer à Ansar Dine une médaille de libérateurs nationaux qu'ils ne méritent pas. L'impérialisme économique du point de vue des modalités de la lutte contre l'islamisme est assez neutre (il peut faire le jeu des islamistes ou les anéantir suivant les circonstances et suivant les tendances antagonistes qui s'affirment dans les milieux d'affaire et les milieux politiques, il peut même s'accomoder d'une guerre civile larvée comme en Libye. L'impérialisme économique est dans le cadre général des relations internationales, mais il n'est pas dans la dans le détail du choix d'intervenir militairement.

 

Je suis d'accord avec le blogueur communiste "Descartes" pour considérer que la question de l'abandon ou pas des "failed states" est une question très compliquée. Je pense qu'on pourrait la penser par exemple à la lumière d'une interrogation sur la légitimité ou non de l'ingérence vietnamienne au Cambodge à la fin des années 70 (où là aussi il s'agissait de sauver un "failed state" de l'emprise d'une bande de fanatiques).

 

Par contre je ne pousse pas la francolâtrie jusqu'à légitimer après coup l'ingérence française en Côte d'Ivoire par l'assise populaire qu'y a acquise le gouvernement de Ouattara. On peut prend acte de la légitimation progressive du régime ivoirien (encore qu'il faudrait y regarder de très près en lisant les journaux locaux) sans que cela ne valide pour autant notre ingérence qui 1) ne concernait pas un "failed state", 2) ne répondait même pas à la demande d'un gouvernement légal puisque l'issue du scrutin présidentiel était demeurée très obscure.

 

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Mélenchon et la Yougoslavie, Chevènement sur le Mali et l'Algérie

21 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Vous le savez, je ne suis inféodé à personne. J'ai soutenu la campagne de Mélenchon en 2012 parce sa dynamique me paraissait porteuse de changements institutionnels importants (par le réactions en chaîne qu'elle pouvait provoquer en cas de succès, au moins jusqu'au discours de Marseille, moment où l'élan s'est essoufflé), ce qui ne m'a pas empêché de critiquer le vote par l'intéressé de la zone d'exclusion aérienne en Libye. Aujourd'hui le co-président du gauche montre encore ses insuffisances en politique étrangère avec le paragraphe suivant sur son blog :

 

mélenchon"La première fois j’en fus tout culbuté. Penser de façon autonome exigea un énorme effort de contrôle de soi et une obsession de la documentation qui confinait au bachotage. Ce fut pour la première guerre d’Iraq. Je m’y opposais. J’avais du cran. D’abord parce que le président Mitterrand en était. Ensuite parce que les bienfaits attendus de la guerre était très évidents. Non seulement l’odieux Saddam Hussein allait devoir évacuer le pauvre petit Koweït mais en plus les monarchies du golfe, à commencer par celle du Koweït, allaient ensuite se tourner vers la démocratie et le respect du droits des femmes en particulier. Mais j’y ai pris le goût de penser tout seul et de tenir tête de tous côtés. Ce fut bien utile quand je me suis ensuite opposé à la guerre en Somalie contre « l’ennemi public numéro un » des Etats unis et de l’occident, le général Aïdid, épisode et ennemi dont malheureusement personne ne se souvient. Là encore il fallait de l’audace car il s’agissait de sauver les somaliens de la famine, rétablir l’état et la démocratie. Puis ce fut guerre d’Afghanistan contre le mollah Omar et les odieux talibans de ce temps-là. Mon incroyable refus à cette occasion montre bien que je suis « toujours contre tout », même le meilleur, puisqu’il s’agissait quand même de sauver la démocratie, de rétablir les droits des femmes et je ne sais plus quoi d’autre encore très bon et très juste. Du coup à la deuxième guerre d’Iraq je fus tout surpris de voir que je n’aurais pas à résister tout seul contre le rétablissement de la démocratie, de la paix civile et contre les armes de destruction massive alors que chacune de ces raisons avait paru suffisante, la fois d’avant, pour me faire peindre en munichois avec du goudron et des plumes. Au moment de la guerre de Libye, j’eus droit au goudron et aux plumes de nouveau, mais des deux côtés de la dispute. Après avoir voté au parlement européen un vœu comportant mention d’une zone d’exclusion de l’espace aérien sur décision de l’ONU, je me vis peint en suppôt de l’impérialisme. Mais je fus vite repeint, moins d’une semaine plus tard par le point de vue adverse, en grossier anti-américain et munichois viscéral pour avoir condamné l’entrée en guerre, les bombardements et l’arrivée de l’Otan."

 

Un détail ne vous aura pas échappé : l'attaque des avions français contre la République fédérale de Yougoslavie est absente de ce paragraphe. Trois mois de bombardement pourtant, la première grande opération de l'OTAN (si j'exclus le bombardement de Pale en 1995) hors de ses frontières, et sans mandat de l'ONU. Mélenchon l'a-t-il oublié ou fait-il l'impasse dessus parce qu'il était au gouvernement à ce moment-là ? Si c'est la seconde hypothèse, c'est franchement malhonnête de sa part. J'ai glissé un commentaire sur son blog qui sera soit noyé dans la masse, soit effacé par les modérateurs. Car je n'ai jamais été en odeur de sainteté au Front de gauche, bien qu'ayant été conseiller d'un de leurs p1000064.jpgmaires en banlieue parisienne. Aucun de leurs responsables n'a pris la peine de réagir à mon programme de politique étrangère rédigé pour eux pendant la campagne électorale, encore moins de faire de la pub pour l'Atlas alternatif, pourtant publié au Temps des Cerises (seule l'Huma dimanche en parla un peu, Clémentoche Autain de Regards préféra le mettre à la poubelle).

 

le-che.jpgEn 1999, Chevènement aussi était au gouvernement, mais il eût le bon goût de glisser un petit mot en conseil des ministres contre l'intervention, et de se rendre à la soirée de Régis Debray pour la publication de l'Emprise. J'y ai aussi croisé le très louvoyant Védrine, mais hélas pas Jean-Luc Mélenchon (dont les partisans, le groupe "Gauche socialiste" à l'époque, s'étaient contentés de donner quelques clins d'oeil au anti-guerre dans le quartier latin). Chevènement a toujours été meilleur que Mélenchon en politique étrangère, et plus ouvert au débat avec les gens sérieux (au sein de sa fondation Res-publica par exemple). Il est dommage qu'il n'ait pas plus d'influence sur notre politique étrangère actuelle, et vaut bien mieux qu'un Laurent Fabius. Ses prises de positions sont souvent contestables (par exemple son approche "constructive" de la guerre en Libye l'an dernier), mais jamais dépourvue de profondeur : dans le cas libyen par exemple, il essayait d'adapter la non-ingérence à la nouvelle définition du "devoir de protection" votée par l'AG de l'ONU en 2005. Aujourd'hui Chevènement prône l'alliance stratégique avec l'Algérie. Un choix intéressant, important, mais difficile. Dans mes fonctions municipales en 2011 je gérais la coopération avec le Mali et avec l'Algérie, autant vous dire que ce sont des sujets auxquels je ne cesse pas de réfléchir. sur le Mali Chevènement a eu le mérite de soutenir tout de suite l'intervention, tout en appelant à la démocratisation du Mali. Il aurait pu ajouter que l'intervention doit être la plus brève possible (de ce point de vue, l'idée de rester au Mali jusqu'à la reconquête totale me paraît erronnée, mais on aura sans doute l'occasion d'y revenir).

 

Sur le plan philosophique je suis sans doute plus "anarchiste" (et donc souvent plus proche des Verts par exemple) que ces deux personnalités qui ont des côtés assez réacs et inadaptés aux attentes de la société, mais en politique étrangère (même Chomsky l'a reconnu) on ne peut pas ignorer l'existence des puissances militaires et des puissances de l'argent contre lesquelles ou au milieu desquelles il faut savoir construire des stratégies étatiques solides. Et, pour développer une pensée d'Etat, et non pas seulement s'en tenir à des bonnes intentions libertaire (ce qui n'empêche pas qu'il faille aussi, comme le souligne souvent Bertrand Badie, qu'il faille aussi intégrer le potentiel de changement que portent certains mouvements sociaux lorsqu'ils sont d'une ampleur numérique assez vaste, mouvements qui peuvent échapper aux logiques étatiques). Dans ce domaine Chevènement garde ma préférence.

 

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Mali : légitimité de l'intervention à court terme, pas à long terme

18 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

L'an dernier je me suis fermement opposé à l'intervention militaire française en Libye, tout comme, auparavant, en république fédérale de Yougoslavie et en Côte d'Ivoire, et à l'action américaine en Irak.

 

J'ai en revanche été plus prudent sur les interventions militaires ponctuelles de la France dans le cadre d'accord de défense comme au Centrafrique, même si évidemment je condamne par principe la Françafrique et l'idée que la France puisse être un gendarme dans ses anciennes colonies. Lorsqu'un gouvernement africain à peu près légitime juge que seule la France peut l'aider à mettre un terme à un épisode d'anarchie, on peut regretter que d'autres solutions ne se présentent pas, mais on ne peut condamner l'idée que la France prête main forte.

 

gaz.jpgEn ce qui concerne le Mali, notons quelques points à titre préalable

1) L'intervention procède d'une demande du gouvernement légal. A la différence des ingérence en RF de Yougoslavie, en Irak, en Libye, en Côte d'Ivoire

2) A ce titre une résolution de l'ONU n'est pas requise

3) Il existe une résolution 2085 "autorisant le déploiement d’une force africaine au Mali pour permettre au pays de recouvrer son intégrité territoriale par la reconquête du Nord".

 

La pression des faits (l'attaque inattendue d'Ansar Dine sur Konna) n'a pas permis d'attendre le déploiement de la force africaine qui serait devenu sans objets si le Sud Mali avait été conquis (ce qui se serait passé en quelques jours, l'armée malienne n'ayant plus de munitions). Et il est apparu que la France était la seule, dans l'urgence à pouvoir sauver la situation.

 

Elle a présenté son action comme un moyen de préparer le déploiement de la force africaine. On est là à la limite de la résolution 2085, mais encore dans le cadre de la légalité internationale dans la mesure où c'est le gouvernement légal malien qui le demandent.

 

Les anti-impérialistes hostiles à cette intervention, s'ils veulent la disqualifier doivent

- montrer que le gouvernement malien a été installé par les Occidentaux pour préparer l'ingérence. Certains médias anglosaxons y compris Le Guardian ces derniers temps le disent, mais les preuves font défait (on a juste le fait que certains militaires de la junte malienne ont été formés aux USA)

- montrer que l'action d'Ansar Dine a été motivée par les services secrets occidentaux pour fournir un prétexte à l'action française, mais personne ne se hasarde à le dire, et les anti-impérialistes font simplement l'impasse sur l'invasion du Sud par Ansar Dine)

- montrer que la force africaine pouvait agir mieux que la France, or depuis six moisla CEDEAO comme l'UA n'étaient arrivées à rien sur ce plan.

 

Accessoirement il faudrait aussi démontrer que l'existence d'un Mali gouverné par Ansar Dine n'aurait pas déstabilisé tous les pays à l'entour (raison pour laquelle l'Algérie a fini par soutenir l'action française).

 

Sur le court terme donc, les arguments contre l'intervention française font défaut.

 

Cela dit cela ne signifie pas qu'il faille donner un chèque en blanc à la France sur le long terme. Comme en Libye,la question des objectifs de guerre se pose. Il y a une légitimité à éradiquer Ansar Dine dont notre ingérence en Libye a développé la puissance. D'une certaine façon nous "corrigeons" l'erreur libyenne de Sarkozy (mais nous ne la corrigeons pas en Libye où le règne des milices perdure). Mais nous ne pouvons pas tirer prétexte de cette action pour nous engluer dans une lutte indéfinie contre les factions islamistes disséminées dans le désert de la Mauritanie au Niger.

 

De mon point de vue, dès que le Sud-Mali sera sécurisé (avec une force africaine déployée le long de la ligne de cesse-le-feu qui était en vigueur depuis six mois, avec, à la rigueur, Gao et Tombouctou libérées (ce qui laisse au gouvernement légal du Mali une profondeur stratégique suffisante pour sa sécurité), l'armée française devra immédiatement se retirer, même s'il reste des poches de résistance d'Ansar Dine au Nord, et le rôle de la France devra se borner à fournir une aide économique et encourager à la fois le dialogue avec les Touaregs et l'effort de démocratisation au Sud Mali.

NB : un élément de contexte important - la Russie offre son aide militaire à la France au Mali, ce qui montre qu'on n'est plus dans la logique atlantiste des interventions précédentes

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La politique étrangère de la France

17 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

hollandeJe prenais un verre tantôt avec un ami journaliste de haute volée qui me disait ceci à propos du Mali : "Dans l'affaire du Mali Hollande s'est fait tordre le bras par les militaires. Au départ il ne voulait pas intervenir. Notre poste militaire à Bamako a été alerté par des loyalistes maliens de Gao et de Kidal qui ont signalé le départ de colonnes de pick up d'Ansar Dine. Pour une fois les Américains ont joué le jeu et ont livré les images satellites confirmant l'offensive vers le Sud. L'armée malienne les a bloqués à Konna mais s'est vite trouvée en panne de munitions. Il a fallu soutenir les Maliens. D'habitude les opérations militaires c'est les Mirages, puis les hélicos, ensuite l'armée de terre. Là on a commencé par les hélicos parce que c'était improvisé. La France n'a plus les réflexes de la Françafrique qui était un système d'exploitation au profit d'intérêts privés. Là ce sont des opérations militaires pour les gouvernements et qui coûtent cher. Pour des raisons économiques on ne peut plus avoir une politique néo-coloniale en Afrique. La pénurie budgétaire avait déjà conduit à réduire les accords militaires sous Jospin avec les pays africains. Aujourd'hui le livre blanc de la défense prévoit de réduire les effectifs militaires de 120 000 à 80 000 et le gros problème de Hollande c'est comment financer cette opération malien. Ensuite sur le plan militaire la victoire est possible. Ansar Dine c'est 4 000 hommes, certains bien armés mais pas tous. Ce ne sont pas les talibans". Il me donne raison quand je dis qu'on ne fait que réparer là les conneries faites par Sarkozy avec l'opération libyenne. "Les militaires français le perçoivent en effet comme ça", me dit-il.

 

Sur la prise d'otages en Algérie : "Cette affaire est un cadeau fait à Hollande car ça oblige l'Algérie (qui déjà soutient l'intervention au Mali) à se sentir encore plus solidaire de la France et ça implique aussi les alliés occidentaux.. Mais ce ne sont pas les services français qui sot derrière ça. L'islamiste qui a organisé le coup Mokhtar Belmoktar, je l'ai interviewé il y a quelques années. J'ai couvert le voyage de Hollande en Algérie. Hollande quand il parlait de Lakhdar Brahimi disait 'le médiateur algérien en Syrie' sans savoir semble-t-il que les Algériens détestent Brahimi qui a été désigné médiateur de l'ONU. Il avait fait un discours très dur contre Bachar El Assad, dont il nous a laissé le texte, mais au moment de le lire il a sauté les paragraphes sévères parce qu'il a découvert en dernière minute que ça ne passerait pas auprès du public algérien. Il est très mal conseillé sur le monde arabe. En plus il y a un lobby néo-conservateur au Quai d'Orsay autour de ** (il cite le nom du diplomate que je me garderai de reproduire ici). Fabius, lui, est très peu impliqué dans son rôle de ministre et cherche surtout à voyager. La compétence du nouveau gouvernement en politique étrangère est donc assez faible". (Marrant j'ai entendu la même remarque la semaine dernière en ce qui concerne le cabinet de Montebourg dont la compétence technique en matière industrielle serait très faible, et tout le monde admet que Ayrault a eu du mal à remplir ses cabinets ministériels).

 

Sur la Syrie : "La France pourrait être amenée à changer sa position sur la Syrie après l'action au Mali. De toute façon au niveau syrien, les Américains ont conscience qu'on est dans un match nul militaire et qu'il n'y a pas d'issue sur ce terrain là. L'histoire des armes chimiques utilisées par Assad c'était du vent. On sait que les ogives chimiques syriennes sont montées sur des missiles de moyenne portée dont l'armée syrienne ne sait pas faire usage dans le combat urbain. Il y a d'autres points à reprocher au régime syrien mais pas celui-là".

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Le PC russe ami de Depardieu

16 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Il faut quand même rire un peu au milieu d'une actualité internationale qui n'est pas rose.

 

Je lis ceci  : "Le Parti communiste russe (KPRF) a appelé l'acteur français naturalisé russe Gérard Depardieu à rejoindre ses rangs, a fait savoir vendredi le premier secrétaire du bureau moscovite du KPRF Valeri Rachkine./ "Oui, j'ai envoyé à M.Depardieu en France une lettre officielle l'invitant à adhérer au KPRF (…). Je crois qu'il éprouve un grand respect envers son père, qui était membre du parti communiste, et qu'il partage ses opinions", a déclaré M.Rachkine à RIA Novosti."

 

Le PC russe accueille à bras ouvert un millionnaire exilé fiscal....

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Mali (suite)

14 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

A mesure que le temps passe, je ne vois que des raisons de confirmer mon précédent billet sur le Mali. Et j'approuve la remarque de M. Chevènement : "Un coup d'arrêt devait être donné à la décomposition de l'Etat malien dont la survie était menacée par la progression des colonnes islamistes vers Bamako".

 

Au milieu de tout cela M. de Villepin et M.Mélenchon se font de la pub, libre à eux. Comme on pouvait le craindre les anti-impérialistes dogmatiques (et parmi eux, regrettons le, Mme Aminata Traore), y vont de leurs couplets irresponsables voire délirants : Hollande sape les efforts diplomatiques de l'Algérie, il s'agit d'une recolonisation du Mali, voulue pour faire main basse sur des bases militaires, sur des ressources naturelles, pour stopper l'immigration illégale etc. On rêve ! Mais sur quelle planète vivent ces gens ? Ils font tout simplement l'impasse sur le fait qu'il y a 8 jours les islamistes ont lancé l'offensive vers le Sud, et que sans la France ils seraient déjà à Bamako. Jusque là Hollande était sur la ligne de l'Algérie, après l'offensive des intégristes il ne l'était plus voilà tout, et il a bien fait de changer d'avis.

 

J'ai vu dans mes courriers un responsable communiste "anti-impérialiste" dire que la France ne devait pas intervenir parce qu'aucune puissance extérieure n'était en cause dans ce conflit. Ah bon ? Ansar Dine n'est-elle pas liée au Qatar, et les salafistes à l'Arabie Saoudite ? Quelle mauvaise plaisanterie ! Ces gens (les anti-impérialistes) hurlent parce que la France fait le jeu des islamistes en Syrie et, pour une fois que la politique française se départit un peu de l'emprise qatarienne cela ne leur convient pas.

 

Leur point de vue serait valable s'ils nous prouvaient que l'offensive islamiste contre le Sud du Mali est un montage, qu'elle n'a pas existé, ou qu'elle a été provoquée par les services français, comme, si l'on veut, l'invasion du Koweit par Saddam Hussein en 1990 avait été encouragée par l'ambassadeur des Etats-Unis (ou comme les massacres de Racak au Kosovo en 1999 avaient été falsifiés par le mission de maintien de la paix de l'OSCE infiltrée par la CIA). Si un jour ce genre de preuve est apportée concernant le Mali, alors je croirai que l'intervention militaire française était une manoeuvre impérialiste. Pour l'heure, j'y vois seulement l'unique remède viable (Mme Traore en propose-t-elle un autre ?) pour compenser un peu les effets désastreux de notre intervention illégale et illégitime en Libye, qui fut à l'origine directe de la tragédie malienne actuelle.

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Mali

12 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Les anti-impérialistes dogmatiques vont se réjouir (en fait ils s'en réjouiraient s'ils ne nourrissaient pas pour la plupart une haine épidermique à l'égard du personnage) des réticences de forme et de fond de M. Mélenchon à l'égard de l'intervention militaire française au Mali.

p1000121.jpgCependant pour ma part je ne vois pas du tout comment on peut s'opposer à cette intervention, qui vient seulement corriger les erreurs commises lors d'une autre intervention, qui, elle, n'aurait jamais dû avoir lieu, celle que nous avons faite en Libye, laquelle est à l'origine directe de la dictature des Frères musulmans et des salafistes au nord du Mali.

Bien sûr, comme l'a reconnu lui même le général Carter Ham, commandant de l'Africom, l'option militaire est mauvaise, et d'ailleurs l'équipe remaniée d'Obama n'est pas réellement de nature à l'encourager bien qu'elle ait consenti à apporter un soutien à la France en tant que de besoin. On sait que cette intervention nous conduit à soutenir une junte militaire assez antipathique à Bamako, et que l'on risque de s'engluer dans un spirale de guerre dont nous ne connaissons ni le terme, ni les effets secondaires dans le Sahel (à l'encontre du Niger, de la Mauritanie, de l'Algérie même qui, lors de la visite de Hollande avait convaincu ce dernier de miser sur la bonne volonté d'Ansar Dine, dont on a vu sur le long terme ce qu'elle valait). Mais quiconque connaît le Mali sait que la tyrannie d'Ansar Dine ou des factions salafistes était la dernière chose dont ce pays avait besoin. Or l'offensive sur le centre du pays annonçait ce désastre. Il est douteux que les troupes de l'Union africaine ou de la CEDEAO eussent été d'envergure à s'y opposer quand on connaît les dissensions qui travaillent ces pays depuis six mois sur le dossier malien. Invoquer la priorité de l'opération militaire africaine comme le fait Mélenchon me paraît aussi irresponsable que son soutien naguère à la zone d'exclusion aérienne en Libye, ou aux couloirs humanitaires en Syrie. Du pur pharisianisme. Ainsi cet homme politique que j'apprécie par ailleurs est toujours décalé en matière de politique étrangère, interventioniste quand il ne faut pas l'être, anti-ingérence quand l'ingérence devient le moyen inévitable de réparer (un peu) les erreurs du passé récent.

L'ingérence française (et européenne, car d'autres pays suivent semble-t-il) est mauvaise, sans doute, mais, comme la démocratie selon Churchill, c'est la pire des options à l'exclusion de toutes les autres, autrement dit, en réalité, la moins mauvaise.

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Fin de semaine

11 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

Toujours convaincu que les blogs ne servent à rien, je termine juste la semaine en vous fournissant le "Top 3" des articles les plus lus sur ce blog depuis un mois

1. Article Femmes noires, regards de Blancs  

2. Article A serbian film - la Serbie snuff et hardcore  

3. Article Dictionnaire français-béarnais (d'un parler populaire mélangé) 

Les habitués de ce blog seront peut-être surpris. Je pense qu'il s'agit plutôt d'articles consultés par des visiteurs de passage.

A part ça, j'ai rencontré les Femen cette semaine. Assez inconsistantes à tout point de vue. Je ne crois pas du tout qu'elles soient payées par la Fondation Soros. Les locaux qu'elles occupent sont vides. Aucune trace de richesses. De toute façon, leur noyau dur c'est 5 personnes, et 5 autres activistes occasionnelles (rarement les mêmes) qui les rejoignent ponctuellement. Plus de cameramen à leurs entraînement que de militantes. Bref : du vent, qui ne tient que par la soif des journalistes de faire des images. 

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Bonapartisme(s)

9 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Le bonapartisme est un phénomène très intéressant à examiner dans nos systèmes politiques modernes. La tradition marxiste l'a examinée dans sa dimension historique première - le coup d'Etat militaire qui vient rassurer le peuple au terme de l'anarchie révolutionnaire (problème très important et sans solution évidente). Mais au fond ce phénomène se prolonge sous diverses formes non-militaires et/ou en dehors des périodes révolutionnaires.

 

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Le boulangisme en France ou le chavisme au Venezuela furent des phénomènes bonapartistes très largement militaires (du fait de la fonction de leur leader et de la nature des forces sociales qu'ils étaient susceptibles de mettre en branle) mais hors période révolutionnaire. Le gaullisme aussi. Mais il y eut aussi des bonapartismes non militaires comme le stalinisme (Trotski a mon sens eût raison de désigner comme tel le putsch de Staline et de sa bande au sein du PC soviétique) et, d'une manière générale, tout populisme reposant sur le charisme d'un chef (et non sur l'esprit de discussion rationnelle d'une direction collégiale) peut être qualifié de bonapartiste : le berlusconisme en Italie, le régime de Saddam Hussein en Irak (en tant que la famille Hussein avait fait main basse sur le Baas, si l'on me pardonne cette alitération), celui de Berlusconi en Italie ou celui de Loukachenko en Biélorussie (Loukachenko, outsider étranger au PC biélorusse devenant le héros de sa nation, comme Smirnov en Transnistrie). Il y a des bonapartismes soutenus par l'armée, d'autres par les banques. Je me souviens de Bourdieu qualifiant de "putsch bonapartiste" ou de "18 Brumaire" contre les institutions académiques les interventions des philosophes médiatiques à la BHL.

 

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Le bonapartisme est un phénomène ambigu qui résulte du goût de l'humanité pour les individualités fortes qu'elles désignent comme leur chef (un goût que nous avons en commun avec beaucoup d'autres primates, et qui est donc probablement génétique), et de la médiocrité (voire de la paralysie) souvent avérée des mouvements reposant sur des logiques plus collégiales (du fait notamment que ne s'y affirme aucune personnalité d'envergure - comme le gouvernement Ayrault aujourd'hui, si l'on veut).

 

Le bilan de chaque forme de bonapartisme constatée dans l'histoire est toujours très complexe à réaliser. Leurs dérives monarchiques ou tyranniques ont toujours été dénoncées (surtout dans les contextes de difficultés économiques ou de défaite militaire, la "mégalomanie" du leader devenant le bouc émissaire (et le bouc émissaire pas toujours innocent), des problèmes rencontrés. Il est toujours difficile de savoir après-coup, si le bonapartisme a sauvé le pays (son indépendance, son système social etc) ou s'il l'a affaibli, s'il l'a fait progresser et régresser socialement, économiquement, etc (les systèmes bonapartistes étant souvent tantôt "sociaux", tantôt plus enclins au compromis avec le pouvoir financier, et souvent très propices à la corruption, mais on ne sait pas s'ils sont nécessairement plus corrompus que, par exemple, les Républiques libérales). Ils sont solides en tant qu'ils dynamisent souvent beaucoup de secteurs sociaux, notamment les plus dominés (songez à l'énergie déployée par le petit peuple français pour aller se battre pour l'Empereur... et apporter le code civil en Europe de l'Est), fragiles aussi en tant qu'ils dépendent des faiblesses humaines du dirigeant (et disparaissent avec lui).

 

On ne peut pas nier, je crois, que le bonapartisme accélère l'histoire. Il débloque des situations stagnantes, lorsqu'il bouscule les oligarchies et les vieilles aristocraties impotentes. Mais c'est toujours un pari risqué qui peut entraîner, in fine, des pertes collectives bien supérieures aux gains. Je ne crois pas que la France ait beaucoup perdu dans le bonapartisme de Napoléon Ier, ni le Congo avec celui de Mobutu, par exemple (surtout si l'on compare avec ce qui a suivi). Il fut en revanche désastreux au Panama, avec Noriega (mais en partie à cause des obstacles posés par les puissances étrangères). La perte principale (qui fait qu'un esprit de gauche hésite toujours à soutenir le bonapartisme, ou n'accorde son soutien qu'à des Bonaparte dont la vertu civique et la fibre sociale paraissent assez avérées) tient bien sûr au fait que plus encourage le culte du charisme personnel dans une société moins on se donne les chances d'avoir un humanité plus autonome et rationnelle à long terme. Si bien que le bonapartisme, pour un esprit de gauche, ne peut être, au mieux, qu'un expédient.

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Les Etats-Unis à l'époque de Châteaubriand

6 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #XIXe siècle - Auteurs et personnalités

chateaubriand.jpgIl y a chez Châteaubriand sur les Etats-unis (qui comptaient moins de douze millions d'habitant s lorsqu'il écrivait ses Mémoires d'Outre-Tombe), des considérations assez  peu surprenantes : leur inculture, l'isolement communautaire de chaque groupe de migrants. Et des anticipations qui semble-t-il crevaient les yeux dès cette époque entre Républiques "à l'antique" (esclavagistes) au Sud, et "modernes" (salariales) au Nord.

 

Et puis des remarques plus inattendues sur le côté "peu tapageur" de la révolution américaine (que l'auteur compare à celle des Suisses, qui sont alors un peuple pauvre, peu susceptible de faire école en Europe), sur l'obligation pour les nouveaux riches de dissimuler leur fortune dans un pays qui croit encore en l'égalité (et qui en a besoin pour fonder son ordre politique), enfin sur l'absence de sens de la famille chez ces migrants qui doivent livrer leurs enfants au salariat dès le plus jeune âge (ce qui laisse penser que l'ostentation de la richesse et l'obession du clan familial sont des caractères acquis tardivement par la culture américaine et non innés).

 

Comme tous les grands auteurs, Châteaubriand a le sens de la géopolitique (et ne fut pas ministre des affaires étrangères pour rien). Il se demande ce que deviendraient les anciennes colonies britanniques si la fédération américaine éclatait, si les Etats se faisaient la guerre entre eux. Il pressent que le Kentucky, Etat plus guerrier que les autres, pourraient gagner un certain ascendant sur les autres, et il soupçonne aussi le danger d'une dictature des riches ou d'une dictature miitaire (ce qui peut revenir au même comme le montra chez nous Napoléon III) pour ces jeunes Républiques.

 

Et il raisonne aussi à l'échelle du continent. Pour lui les Républiques naissantes en Argentine, en Colombie etc sont des rivaux importants pour les Etats-Unis anglophones (de telles lignes laisseraient rêveurs nos amis latino-américains aujourd'hui épris d'émancipation à l'égard de leur encombrant voisin du Nord). Les hypothèses qu'il échaffaude sur la possible évolution de l' "hémisphère occidental" comme on dit aujourd'hui sont autant de moyens de réfléchir à ce que fut sa nature il y a deux siècles, aux destins possibles qui lui étaient donnés, aux voies qui ont été prises, à ce qui en lui est profond, à ce qui s'est ajouté très récemment.

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Les chemins droits

5 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Allez, je continue à jeter sur ce blog les remarques qui me viennent à l'esprit. Ca ne sert à rien, mais c'est moins fatiguant que d'écrire un nouveau manuscrit de livre qui de toute façon ne trouvera pas d'éditeur.

 

Alors voilà, en deux mots:

 

1) Si vous n'avez rien à faire, écrivez à l'agence de presse qui a publié l'article sur Pétroplus ici que Pierre Mendès-France était radical-socialiste et pas socialiste. De mon temps c'était au programme de terminale, donc ça devrait faire partie du bagage de n'importe quel journaliste. Mais bon, on voit bien qu'aujourd'hui les propagandistes de nos agences n'ont plus aucune "bagage" d'aucune sorte.

 

2) Il faut être idiot pour refuser l'euthanasie d'éléphants qui peuvent refiler la tuberculose aux êtres humains, et plus idiot encore de croire qu'on traite mieux les animaux en Russie. Avec des ennemis comme Depardieu et Bardot, Hollande n'a pas à s'inquiéter.


3) Les écrivains réactionnaires, du moins ceux qui furent intelligents et honnêtes (c'est à dire pas beaucoup) ont raison de condamner toute forme de terrorisme, parce que le principe du terrorisme est la lâcheté. Car qui s'abandonne à approuver la lâcheté des autres n'aura pas de courage dans sa propre vie.

 

Je ne parle pas du terrorisme du désespéré sous armée d'occupation qui se fait sauter dans un lieu public, lorsque celui-ci n'a aucune arme suffisante pour affronter la force des occupants en surnombre. Je parle du terrorisme des bandes qui profitent de la faiblesse d'un Etat comme les sans-culottes dès 1790, ou du terrorisme d'Etat contre des opposants affaiblis et même contre des neutres (le terrorisme franquiste dénoncé par Bernanos appartient à cette catégorie).

 

J'approuve Châteaubriand quand, parlant de Mirabeau (Mémoires d'OT p. 399) il dit : "il laissa échapper quelques mots d'un souverain mépris contre ces hommes se proclamant supérieurs, en raison de l'indifférence qu'ils affectent pour les malheurs et les crimes", et encore : "il n'était corrompu que pour lui, son esprit droit et ferme ne faisait pas du meurtre une sublimité de l'intelligence".

 

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De ces esprits minables qui se croient supérieurs "en raison de l'indifférence qu'ils affectent pour les malheurs et les crimes" j'en ai croisés pas mal dans les cercles anti-impérialistes, et il y en aura de plus en plus parmi les "cyber-militants" aux regards embrouillés devant leurs écrans d'ordinateurs. Ce sont ceux-là qui m'accusent d'être "payé par le système" parce que je ne suis ni pour ni contre le régime syrien (hé oui le Scientifique belge, on peut être niniste parfois !).

 

Parmi ces esprits hors du réel, qui seraient des extrémistes à la section des piques si le système capitaliste et Internet n'avaient coupé leurs mains, un certain nombre en ce moment continuent de se jeter sur la première rumeur qui passe, notamment celle selon laquelle la France aurait ordonné l'assassinat de Chavez en 2008. Les preuves sont minces, et le bon sens pour l'instant (sauf si d'autres éléments nous sont fournis) ne plaide pas en faveur de leur thèse : un agent français qui serait condamné à seulement quatre ans pour détention illégale d'armes à Caracas, qui peut croire qu'une peine aussi légère l'aurait frappé si, comme le prétend la ministre vénézuélienne sur Twitter, ils avait "avoué" vouloir tuer le président ?

 

Chateaubriand fut détourné de l'esprit de la Révolution (dont il approuvait les principes) par le terrorisme des extrémistes écervelés, et la vanité de ceux qui en faisaient l'apologie (parmi lesquels un bon nombre de transfuges de l'ancien régime), comme Bernanos fut détourné du franquisme par les mêmes causes. Mais combien de milliers d'aveugles, de lâches et de cyniques pour un seul de ces esprits justes et courageux ?

 

Lisons donc les justes, alors. Posons nous les questions qu'ils posent : qu'eût été la France si Mirabeau avait survécu, ou si Louis XVI avait abdiqué en juin 1789 comme certains le lui demandaient ? Suivons leurs réflexions lucides (tout en nous défiant de ce qui sous leur plume excède les bornes de la raison). Tachons de garder le parti de la culture, de l'intelligence, de la lucidité, qui n'implique nullement un ralliement aux pouvoirs en place mais permet au contraire de maintenir une ligne d'opposition irréprochable. Tout écart hors de ce chemin éthique compromet en réalité les résistances, et les discrédite sur le long terme.

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