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Le blog de Frédéric Delorca

Face to face, and back to back

17 Juin 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Ce soir un homme s'est arrêté à 20 h en face de l'AKM (Centre Culturel d'Atatürk) à Istanbul. D'autres personnes l'ont rejoint.

 

Canan me dit que l'image est plus forte que tous les rassemblements syndicaux qui étaient prévus.

 

La révolution turque est pleine de belles images. Je soupçonne beaucoup d'Occidentaux de penser que justement ce ne sont "que" des images, que, comme les "Indignados", ça n'ira pas au delà du symbole. Qui peut le savoir après tout ? Mais je sais que c'est ce que les gens pensent ici.

 

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Défense nocturne de la "Grande culture" d'antan

14 Juin 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Ecrire pour qui pour quoi

Je viens d'un monde où la "culture respectable" formait un tout cohérent. Les gens dans ce monde-là n'allaient pas glaner des connaissances ici et là sur le Net, puis collectionner des savoirs pointus dans une logique de "distinction" (un savoir de geek). La culture était un bloc canonique avec ses points de passage obligés : Goethe, Balzac, Shakespeare, Flaubert, Kant, Platon, que sais-je encore. On n'était pas forcés d'aimer ces références, mais on était forcés de les respecter et de "tenter de les lire" si l'on voulait être soi-même respectable. Elles formaient un tout, inspiraient un style, fournissaient des images à nos vies. Tout le monde était d'accord là dessus.

 

Il y a peu je regardais des DVD de la série Magnum (années 80), qui est empreinte d'un regard un peu distancié, amusé, mais très déférant au fond à l'égard de cette "grande culture". C'était un monde où aucune journaliste de Canal + ne se serait permis d'émailler son propos, comme je l'entendais récemment de ponctuations du type "souvenez vous, nous vous en avions déjà parlé le mois dernier", parce que l'actualité ne nous imposait pas sa dictature, et aucun journaliste ne se serait senti autorisé à imposer à son public de se souvenir de ce qu'il y avait dans cette futile actualité un mois plus tôt.

 

vrcg-copie-1.jpgCette "grande culture" était discriminatoire, machiste et raciste, mais elle gardait une vocation universaliste comme celle de l'Empire romain, qui, ne l'oublions pas, unissait autrefois les deux rives de la Méditerranée (il y eut des empereurs gaulois, ibères, mais aussi arabes). Elle entretenait dans les élites beaucoup d'hypocrisie, de mépris, et de sentiments détestables, mais proposait aux plus jeunes une Forme, une façon d'être tournée vers l'exigeance et la beauté.

 

Moi qui étais un fils d'ouvrier, à moitié métèque, je risque de survivre dans le monde d'aujourd'hui comme un  dernier témoin et peut-être un ultime serviteur de ce monde culturel qui, à l'époque, me prenait de haut et auquel j'inspirais au mieux de la condescendance paternaliste, un peu comme ces supplétifs des légions romaines francs, goths, burgondes qui, après avoir mis à terre l'Empire, firent rouvrir les arènes et restaurèrent les institutions qu'ils avaient détruites parce qu'elles étaient au fond pour eux le seul moyen de former une société digne de ce nom.

 

J'ai beaucoup écrit sur ce blog au cours des dernières années sur des grands personnages du 19e et du 20e siècle. J'ai même ressorti Etiemble, ce vieil érudit des années 70 qui nous faisait sourire (parce qu'il était "has been" et parce que son culte des lettres à l'époque me faisait violence) quand il apparaissait sur les plateaux de TV d'Apostrophes de Pivot, et dont j'ai redécouvert, il y a peu, le phrasé, et les combats politiques ô combien nobles. Hier soir je jetais un coup d'oeil à une nouvelle série d'Arte, "Odysseus" qui, plus que de nous parler du monde d'Homère, utilisait celui-ci comme prétexte aux projections de notre époque. "Plus belle la vie chez Ulysse", tel aurait dû en être le titre. Avec une scène de coucherie toutes les 5 minutes (parce que c'était français, en version américaine c'eût été trois décapitations par quart d'heure), et entre les deux pas grand chose, ou plutôt oui : le vide sidéral qui emplit la tête des scénariste, et de la plupart des créateurs parce qu'il n'y a de toute façon plus rien à dire ni plus rien à penser. "Français encore un effort" pour vous réapproprier la culture moribonde à laquelle le siècle dernier croyait encore un peu, voilà le défi qu'on voudrait lancer. Hé quoi, vous avez 28 ans et écoutez sur You Tube "REM", "Kim Carnes" et autres veilleries chéries par vos parents. Pourquoi ne vous feriez vous pas un devoir, aussi, de lire et de respecter tout ce qu'eux mêmes ont dû se coltiner ? Allez, chiche. On verra bien si après, quand vous aurez fait cela, il y a encore autant de vide sur Internet et sur la TNT...

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Le collectif "Code Pink" au Yémen

12 Juin 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #Barack Obama

Vous le savez, je suis devenu un inconditionnel de Medea Benjamin et de son collectif anti-guerre "Code Pink". Trop enthousiaste peut-être d'ailleurs car si un jour ce collectif fait un faux pas, des petits teenagers sur le Net ne manqueront pas de me reprocher d'avoir dit du bien de lui, mais peu importe. Ces dames, après s'être rendues en Afghanistan rencontrer les Pachtounes que les drones d'Obama bombardent sont en ce moment au Yémen dans un but similaire.

 

Voyez le reportage de Jodie Evans sur leur site posté aujourd'hui même : "Nous avons été accueillis par Abdul Rahman Barman, un avocat qui représente HOOD, Abdulelah Haider Shaye et la plupart des prisonniers de Guantanamo et des survivants  des drones américains.Bien qu'il soit l'un des hommes les plus occupés au Yémen, il a eu la gentillesse de mettre de côté le temps de parler et de partager des histoires, des informations et des photos avec nous (...)  Nous avons appris comment l'ancien président Saleh a profité de la présence croissante d'Al-Qaida dans la péninsule arabique - ou mieux connu sous le nom d' AQAP - et  exagérait délibéréament la menace pour les Etats-Unis pour assurer son propre financement. Nous avons également appris par des fuites câbles américains de 2012 que Saleh a donné aux États-Unis «une porte ouverte au terrorisme». Cette stratégie est contre-productif et a aidé AQAP à grandir. Quand un être cher est tué sans raison par nos politiques antiterroristes, et sa mort se voient déniée par les deux gouvernements yéménite et américain, les Yéménites pensent qu'il n'y a pas d'autre moyen que de se venger et de se joindre à un groupe militant.  (...) Dans certains cas, même de voir le recrutement se passe dans les prisons, où les petits voleurs deviennent des agents d'Al-Qaïda, motivé par la vengeance de nouveau. (...) Le Yémen est si beau. Les rues sont pleins de bruits de klaxon, d'explosions de pétards lors d'un mariage lointain et d'aboiements des chiens. Ici, dans la vieille ville l'électricité vient de sauter eti nous sommes dans la nuit noire. Ce qui me reste de meilleur de la journée a été la générosité et la gentillesse des Yéménites que nous avons rencontrés. Ils sont reconnaissants que nous leur montrions ici un autre type de soutien que celui auquel ils sont habitués par la communauté internationale, à l'écoute et en solidarité avec le droit des personnes yéménites à l'autodétermination."

 

code pink yemen

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Epictète et la nature humaine

10 Juin 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Il est un point excellent dans le stoïcisme qu'on retrouve jusque dans sa version la plus tardive (à laquelle je préfère la première, celle de Zénon et Chrysippe, plus anarchiste), et que ni Chomsky ni les psychologues évolutionnistes ne récuseraient, c'est son souci de philosopher à partir de la nature de l'homme et des animaux.

Je lis dans Epictète (Diatribai Entretiens ch XXIII I, 23, 1) le texte ci dessous - je suis désolé de vous le livrer en anglais mais je ne le trouve pas sur le Net dans notre langue sauf en version orale que vous pouvez écouter ici (mais je n'aime pas la voix de la dame). Notez le lien classique qu'il établit entre paternité et engagement politique. L'épicurisme d'Onfray et de Marx ne tient pas face à un texte comme celui-là.

P1020711" Even Epicurus is sensible that we are by nature sociable beings; but having once placed our good in the mere outward shell, he can say nothing [p. 1077] afterwards inconsistent with that; for again, he strenuously maintains that we ought not to admire or accept anything separated from the nature of good, and he is in the right to maintain it. But how, then, arise any affectionate anxieties, unless there be such a thing as natural affection towards our offspring? Then why do you, Epicurus, dissuade a wise man from bringing up children? Why are you afraid that upon their account he may fall into anxieties? Does he fall into any for a mouse, that feeds within his house? What is it to him, if a little mouse bewails itself there? But Epicurus knew that, if once a child is born, it is no longer in our power not to love and be solicitous for it. On the same grounds he says that a wise man will not engage himself in public business, knowing very well what must follow. If men are only so many flies, why should he not engage in it?

And does he, who knows all this, dare to forbid us to bring up children? Not even a sheep, or a wolf, deserts its offspring; and shall man? What would you have, that we should be as silly as sheep? Yet even these do not desert their offspring. Or as savage as wolves? Neither do these desert them. Pray, who would mind you, if he saw his child fallen upon the ground and crying? For my part, I am of opinion that your father and another, even if they could have foreseen that you would have been the author of such doctrines, would not have thrown you away. [p. 1078]"

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La musique de la révolte turque

8 Juin 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Il y a des musiques qui servent de toile de fond à de grands événements, et qu'il faut connaître si l'on veut connaître les choses autrement que par les seuls mots. Lili Marleen pendant la seconde guerre mondiale en Europe, "Maria" de Blondie pendant la bombardement de la Yougoslavie par l'OTAN, et... Eyvellah au milieu du printemps turc qui a lieu en ce moment. J'ajoute à cette chanson les paroles en version anglaise. Et un petit documentaire. Tous mes remerciements à Canan.

 

 

To your pepper, your gas,

Your batons, your sticks,

To your harsh kicks,

I say bring it on, bring it on

 

Attack me shamelessly, tirelessly

My eyes are burning but I don't bow, nor do I lessen

 

I am still free I said

I am still right I said

to you

I am still human I said

Do you think I would give up, tell me

 

To your pepper, your gas,

Your batons, your sticks,

To your harsh kicks,

I say bring it on, bring it on

 

Your slap in our face

Your grudge against our voice

Cheers to all of you

Bring it on bring it on

 

Raise your hand without hesitation and fear

The squares belong to us, don't forget it, this nation is ours

 

I am still free I said

I am still right I said

to you

I am still human I said

Do you think I would give up, tell me

 

To your pepper, your gas,

Your batons, your sticks,

To your harsh kicks,

I say bring it on, bring it on

 

Your slap in our face

Your grudge against our voice

Cheers to all of you

Bring it on bring it on

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Antifascistes contre extrême droite

6 Juin 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Le meurtre du jeune étudiant de Sciences Po, hier à la gare de RER Haussman. Les voix qui s'élèvent pour la "dissolution" des groupes d'extreme droite (attention de ne pas aller trop loin dans la répression d'un courant de pensée auquel je suis hostile mais qui a sa liberté d'expression comme tous les autres).

 

Certains jeunes d'extrême gauche (car c'est dans la jeunesse que la tentation de la violence est forte, qu'elle soit verbale ou physique) qui fantasment sur l'Italie des années de plomb, sur Rouillan, sans se rendre compte qu'un conflit ouvert entre milices d'extreme gauche et d'extreme droite dans un pays où la plupart des classes populaires en milieu semi-rural votent FN se terminerait par la victoire de la réaction comme en Italie en 1922. Si nous étions dans la Russie des années 1860 les jeunes étudiants de gauche essaieraient d'aller haranguer la France pro-FN démoralisée par la mondialisation libérale, ce qui serait peut-être un moyen de recoudre le tissu social. Mais le fossé sociologique entre les deux Frances est trop grand. Et c'est sur les épaules du faible gouvernement social-dem (par ailleurs écrasé par la politique d'austérité prônée par l'Allemagne), certes pourvu de la main de fer de M. Valls (mais les ministres de l'intérieur socialiste, de Weimar, comme de la IVe République en 1947 ne peuvent pas à eux seuls apaiser la tempête qui monte) que repose la pacification des esprits. C'est demander beaucoup à des gens qui ont peu.

 

Schneidermann ce matin met en garde les fausses symétries créées par les journalistes. Une spécialité de ce milieu et de tous les pouvoirs conservateurs. Les médias aussi pourraient jouer un grand rôle pour apaiser le climat, mais ils n'ont hélas pas été formés à cela. Continuons pour notre part à défendre les espaces de dialogue, même de dialogue conflictuel. Pourquoi le gouvernement ou les municipalités ne créeraient ils pas des forums de débat "live" (pas sur Internet qui favorise l'hystérie) entre les deux Frances prêtes à en découdre dans la rue ?

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Fabius, Hollande et Cameron, comme en 1956 à Suez

5 Juin 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

M. Fabius, toujours aussi malhonnête, dit que du gaz sarin a été utilisé en Syrie, mais ne dit pas par qui. C'est M. Obama qui doit lui donner des leçons de vérité en lui demandant des précisions à ce sujet. Mais on voit bien ce qui est à l'oeuvre dans cette affaire : une alliance franco-britannique  qui tourne à plein régime pour elle-même et par elle-même sans le parrainage des Etats-Unis. Donc l'aventure libyenne de Sarkozy-BHL n'était pas un simple coup de folie. C'était une façon de rôder l'alliance franco-britannique (ce fut d'ailleurs présenté comme tel), et l'aventure syrienne prolonge ce délire. Bizarrement nos amis britanniques ne se pressent cependant pas pour nous aider au Mali. Pourquoi ?

boatPendant ce temps le Sahel se délite. Le Niger est au bord du coup d'Etat, la Mauritanie n'a plus de président, le président tchadien si effrayé de subir le même sort, fait arrêter tous ceux qui s'opposent à lui. Accessoirement au Cameroun on tue les derniers éléphant avec les armes de Kadhafi, vive le beau Sahara, devenu une gigantesque foire de toutes les contrebandes. Un Kosovo puissance dix !

Voulions-nous la même chose au Proche-Orient ? La partie semble perdue pour les Occidentaux puisque Bachar El-Assad reconquiert des positions, et l'Irak menace d'abattre les avions israéliens qui survoleraient son territoire pour aller bombarder d'Iran. Et Israël doit se taire devant la livraison d'S-300 russes à la Syrie (silence diplomatique dues aux bonnes relations entre Bibi et Poutine nous dit-on).

Soit, mais comme la conférence de paix voulue par Washington et Moscou ne donnera sans doute rien, nul doute que nos pieds nickelés Hollande-Cameron reprendront du service pour décider de livrer (contre l'avis de l'Allemagne, mais who cares about European Union as far as foreign policy is concerned ?) des armes à l'ASL (et à Al-Nosra/Al Qaida aussi). Et nous verrons ressurgir le Hezbollah avec son désir de réveiller l'insurrection au Sud-Liban et au nord d'Israël, et nous verrons aussi la FINUL directement menacée par cette insurrection, et les Iraniens et les Russes livrer toujours plus d'armes, et le sud la Turquie connaître une destabilisation (M. Erdogan n'a pas fini de se faire du souci, à l'heure où les manifestants de la place Taksim lui demandent aussi, ne l'oublions pas, de cesser son ingérence en Syrie).

MM. Fabius, Hollande, Cameron allez donc vous installer au Qatar et à Doubaï chez vos amis, mais cessez d'entraîner dans la France dans des opérations dignes de Suez en 1956, cette opération franco-britannique d'un autre âge concertée avec Israël pour renverser Nasser et reconquérir le canal nationalisé. Je sais qu'à travers le monde le business et le colonialisme sont de nouveau à la mode. Mais les peuples ont encore le droit de mettre leur veto à ces délires.

 

 

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Marinaleda

3 Juin 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Espagne

Un petit docu réalisé par la communauté d'Emmaüs-Lescar (que j'ai visitée il y a 5 mois) sur une commune andalouse  peuplée essentiellement d'ouvriers agricoles qui vivent en autogestion.

 

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