The Mourning Bride
Vous souvenez vous de cette chanson d'ABC "King without a crown" ? Elle vaut bien le "Formidable" de Stromae, en moins prétentieux... Elle a un peu des côtés "King Lear", je trouve (des côtés cromwelliens aussi, le tout début montre le mauvais souvenir laissé par le "Commonwealth" puritain).
- Au fait, le "re-Lear" de Godard ne tient pas du tout la route. Je le regardais récemment, vingt ans après le premier visionnage, et l'ai trouvé bien nul (à la différence de "Je vous salue Marie", qui recèle un génie impérissable), je referme la parenthèse -.
Dans ce morceau d'ABC il y a cette fameuse sentence, si profonde : "Hell hath no fury like a woman scorned", extraite de "The Mourning Bride" (La fiancée en deuil) de William Congreve, un sympathique auteur de comédies victime des censures de son temps. Elle me fait penser à l'épisode de la vie d'Apollonios de Tyane où celui-ci démasque une Empuse (créature des enfers) que l'apprenti philosophe Ménippe s'apprêtait à épouser à Corinthe.
La citation intégrale est plus belle encore "Heav'n has no rage like love to hatred turned, Nor hell a fury like a woman scorned"... Le clip ci-dessous illustre ce que ça donne de nos jours. Le vers est si beau que beaucoup d'Anglais le croient de Shakespeare...
La pièce se passe à Grenade à l'époque des guerres avec le royaume de Valence, une sorte d'Orient onirique pour les Anglais, comme les Lettres persanes. C'est Zara, la reine captive, qui dit cela dans un accès de rage au noble prisonnier Osmyn (Osman) à la toute fin du troisième acte (scène VIII). Grâce à Google on peut la lire en ligne. Il faut penser à remplacer certains "f" pas des "s". Mon état de santé ne me permet que de lire une ou deux pages, mais on sent que cette pièce gagnerait à être traduite et jouée en France.
Si nous étions tous de vrais "européens" cela aurait été fait depuis longtemps.
Vade retro !
Bhagavadgita
Actualisation 2019 : Texte écrit à l'époque de mes échanges avec les médiums, largement renié depuis que je sais quelles forces sont à l'oeuvre dans tout cela.
Une amie hindoue me parlait de la Bhagavadgita il y a peu. Je l'ai achetée et y trouve exactement ce que je cherchais depuis cinq ans dans le stoïcisme : le principe du renoncement dans l'action.
On y trouve à la fois le principe d'action (et surtout d'action rituelle) des Veda, et celui de renoncement ascétique des Upanisad. A 25 ans je prenais des notes sur ce genre de truc sans rien y comprendre, juste pour ma "culture générale". A 43 ça devient limpide.
Et comme me dit cette amie hindoue, "Jésus-Christ est un chef de guerre". La Bhagavadgita est écrite pour la caste des guerriers. Gandhi en a fait son livre de chevet, mais ce n'est pas l'usage qu'en fait Gandhi qui m'intéresse.
Nouvelle suspension de ce blog
Une nouvelle dégradation de mon état de santé m'oblige à nouveau à suspendre ce blog.
Je prie mes lecteurs de bien vouloir m'en excuser.
Désaccord avec JP Chevènement
Sur l'Ukraine, je suis plutôt d'accord avec la position de Mélenchon sur son blog, même si elle manque un peu de précision.
En revanche je désapprouvre celle de JP Chevènement qui parle "d'auto-dissolution du gouvernement ukrainien" dont il faudrait prendre acte. Pour savoir si oui ou non il s'est agi d'un coup d'Etat il faut lire la constitution ukrainienne de 1996. Celle-ci prévoit pour la destitution du président sa mise en accusation devant la cour suprême et un vote du parlement au trois quarts des des députés. La cour suprême n'a pas été saisie, il a manqué dix députés pour atteindre les trois quarts, et Ianoukovitch n'a pas démissionné. Donc c'était bien un coup d'Etat.
Idem sur la Centrafique, je n'aime pas que M. Chevènement dise qu'il n'y a "jamais eu d'Etat solide" en Centrafrique (c'est vrai de tant de pays d'Afrique, et c'est manquer de respect à l'esrpit du non alignement que de le souligner quand il s'agit de justifier une intervention). Sa position sur la Centrafrique ressemble à celle sur la Libye en 2011. Ce n'est pas la mienne.
Bruits de bottes en Ukraine
Nous entrons dans le mois de mars, mois de la guerre (les Romains lui avait donné le nom du dieu belliqueux parce que les conflits étaient gelés l'hiver jusqu'au redoux du printemps, jusqu'au mois de mars).
Et cela commence avec les communiqués sur la Crimée. Nos médias prennent tout de suite pour argent comptant les déclarations du nouveau gouvernement putschiste ukrainien qui, à Kiev, accuse la Russie d'envoyer 2 000 hommes en Crimée pour bloquer les aéroports. La vérité est que pour l'instant personne ne sait d'où viennent ces milices russophones dont la TV nous dit qu'elles parlent russe "sans accent" (la belle affaire, oui, il y a de vrais Russes en Ukraine).
Ce qui est sûr c'est que Ianoukovitch blâme la passivité de Poutine. En ce qui me concerne, je serais moins choqué de voir Moscou intervenir au soutien de ses ressortissants en Crimée (et de sa flotte), que je ne l'étais de voir Mc Cain soutenir les néo-nazis à Kiev en décembre. Que je sache l'Ukraine est quand même un petit peu plus loin de Washington que de Moscou, et je préfère les 6 000 manifestants d'Odessa scandant des slogans antifascistes dimanche dernier, aux nostalgiques de la Waffen SS qui ayant pris le pouvoir dans les rues à l'Ouest de l'Ukraine, prétendent que la Russie est "gouvernée par les youpins". L'Occident qui fait (à juste titre) la leçon à Dieudonné, pourrait ne pas oublier de la faire aussi à ses amis de Svoboda et Secteur droit en Ukraine...
Espérons qu'un sursaut de réalisme américano-russe remettra de l'ordre dans tout cela, comme précédemment dans l'affaire syrienne...