Commémoration de l'assassinat de François-Ferdinand, archiduc d'Autriche
Je désapprouve bien sûr les commémorations de l'attentat de Sarajevo de 1914 qui sont une réhabilitation de l'empire des Habsbourg et déplore la participation des autorités françaises à ce spectacle de pantomime aux côtés de l'histrion Bernard-Henry Lévy. Quiconque connaît un peu l'histoire sait que personne parmi les progressistes n'a jamais éprouvé la moindre nostalgie de l'Empire austro-hongrois à sa chute, et même un esprit progressiste mais aussi peu combattif que Stefan Zweig reconnaissait que personne en Autriche-Hongrie n'eût été enclin à déplorer le décès du très impopulaire archiduc François-Ferdinand, si la presse pangermaniste autrichienne n'avait joué sur les peurs de la population.
Je comprends la décision des Serbes de Bosnie et de Serbie de ne pas s'associer à cet exercice de diabolisation de Gravilo Princip, militant yougoslaviste, qui fut traité dans toute la Yougoslavie, y compris sous la dictature de Tito qui pourtant n'était pas serbe, comme un héros. Sans doute le principe de l'assassinat politique est-il blâmable mais tout aussi blâmable était la survie des empires cléricaux racistes et rétrogrades en Europe centrale au début du XXe siècle.
Le syndrome de Viridiana
Mon amie provençale me dit que, si le medium qu'elle m'a fait connaître en février est devenu un voyou (car il a été fort arrogant et malautrus avec elle et avec ses amies), c'est à cause de moi, car je lui aurais donné confiance en lui même en le valorisant et, de la sorte, il aurait perdu toute humilité. Il faut donc que je cesse de m'intéresser aux gens si cela les rend cyniques et égoïstes. Appelons cela le syndrome de Viridiana. Invitez les affamés à votre table et ils saccageront votre maison... Une autre version de "cria cuervos y te sacaran los ojos"...
"L'Opinion" (journal marocain) contre Pierre Piccinin
Le mensuel en ligne de Pierre Piccinin da Prata, auquel je collabore, "Le Courrier du Maghreb et du Proche Orient" va prochainement publier son numéro de juillet. Ce nouvel e-zine fonctionne plutôt bien et s'est distingué notamment auprès de l'Institut du monde arabe. Je ne suis pas d'accord avec Pierre Piccinin sur tout, loin s'en faut (voyez mon compte rendu très nuancé de son livre sur la Bataille d'Alep par exemple), mais j'apprécie son sens du pluralisme (il accepte par exemple dans ses colonnes aussi bien des points de vue pro-Hezbollah qu'anti), ainsi que son côté "homme de terrain", et son énergie "managériale".
Le site semble avoir attiré l'attention du journal gouvernemental marocain L'Opinion, qui, dans son article du 25 juin, s'en prend au "Focus" de juin que le rédacteur en chef de Courrier du Maghreb et du Proche-Orient a consacré au sort du prisonnier Ali Aarrass. Je ne connais pas le fond de l'affaire Ali Arrass, mais je suis très surpris du ton de l'article dont la moitié des lignes sont consacrées à tenter de discréditer Pierre Piccinin par des attaques ad hominem sans finesse, et l'autre moitié à dénigrer par l'insulte le contenu de l'interview. On ne peut pas dire que la tonalité de cette attaque traduise une très grande sérénité de la part de son auteur...
Sur le bien fondé des propos de la soeur d'Ali Arrass je n'ai aucune opinion (à la différence du journal du même nom), mais il me semble correspondre parfaitement à la vocation d'un site d'information sur Internet de donner la parole à la famille d'un prisonnier. Cela s'appelle la liberté de la presse. On n'a pas l'impression que le journal l'Opinion la tienne en très haute estime...
Ojo de tigre
Je retravaille le tome 2 de ce qui fut "12 ans chez les résistants" et qui va devenir un livre autonome dans quelques mois avec un titre du genre "Guerres impériales et résistance". J'ai avancé jusqu'à la guerre d'Irak de 2003. Mon point de vue ayant mûri au bout de douze ans, je dois reformuler beaucoup de choses. Le travail de précision du contexte est important aussi, d'autant qu'à mesure que l'histoire présente évolue, le passé prend des couleurs différentes, les remises en perspectives ne sont plus les mêmes...
J'ai appris hier qu'Andre Vlchek excellent chroniqueur de Counterpunch, enquêtait en Côte d'Ivoire (je ne dévoilerai pas sur quel sujet, vous le saurez bientôt en le lisant). Il avait besoin de contacts là-bas. Je n'ai guère pu l'aider. Nous ne cessons jamais de payer l'échec du réseau de l'Atlas alternatif.
En tant que sujet de la couronne d'Espagne (avec l'espoir que cette couronne devienne bientôt une République), je continue de lire l'actualité espagnole qui, malgré la crise économique, ou à cause d'elle, est un peu plus dynamique que celle de France. J'y découvre la gué-guerre entre les deux gauches - Izquierda unida et les "indignés" de Podemos, deux partis qui s'en sont très bien sortis aux dernières élections européennes -, les cris d'orfraie de El Mundo qui hurle à l'arrivée du chavisme en Castille après les victoires de Podemos et pleure sur le fait que le PSOE va devoir "gauchiser" son discours (avec un FdG à 6 % ça ne risque pas d'arriver chez nous).
Quand on est las de politique à la lecture des journaux espagnols, on peut toujours se changer les idées en essayant d'imaginer ce que fut la journée de cette actrice de X chilienne qui a tenu sa promesse, nous dit El Mundo, de faire l'amour pendant 16 heures non-stop avec ses fans si l'équipe de son pays gagnait un match du Mondial de foot... Le capitalisme pousse à faire n'importe quoi des corps. Cela me rappelle ce documentaire d'Arte diffusé il y a quelques jours sur les maladies professionnelles des sportifs poussés au delà de leurs limites physiques.
En ce qui me concerne, je ne reçois pour tout écho de la coupe du monde au Brésil que les coups de klaxon des excités dans la rue, le soir, lorsque la France gagne (même face à des micro-Etats footballistiques comme la Suisse). C'est déjà bien trop.
Ce soir je m'amuse à regarder "oeil de tigre" sur Wikipedia. Sur cinq versions (française, anglaise, espagnole, italienne, arabe) seule une (la castillane) évoque (en deux mots) la dimension religieuse de cette pierre dans l'Islam, le bouddhisme et l'hindouisme. Rien sur ses valeurs ésotériques en Occident...
Irak : encore un mauvais calcul des baasistes
Au début des années 60, le Baas irakien fut anti-communiste (quand le PC irakien arrivait à faire descendre 1 million de personnes dans la rue dans un pays qui en comptait 7), et valet des Etats-Unis. Aujourd'hui le Baas irakien est devenu pro-saoudien par haine de l'Iran et du Baas syrien, et utilise les cinglés d'Isis comme devanture pour marcher sur Bagdad... Pas glorieux du tout comme évolution. Tout cela servira les plans occidentaux pour faire éclater la Syrie et l'Irak. On est très mal partis...
Politique, vérité et amour
J'approuve Aristote sur l'idée que la politique est un art accessible à tout un chacun (donc le citoyen qui entre dans le débat politique n'a pas à avoir de complexe face au technicien), il faut juste avoir conscience que... justement c'est un art... donc une manière nécessairement intuitive d'arbitrer entre des impératifs contradictoires. Après cela, chacun est légitime à définir cet arbitrage en fonction de sa propre vision du monde (de droite, de gauche etc), pourvu 1) que l'arbitrage soit en lui-même intrinsèquement cohérent 2) qu'il ne repose pas sur des mensonges factuels (il faut toujours être honnête avec les faits, ce qui suppose qu'on prenne le temps de se renseigner à leur sujet, c'est souvent le plus difficile, d'autant que les désinformateurs sont légion).
Il n'y a donc pas de jugement politique possible sans foi en la vérité.
Comme on l'a souvent dit sur ce blog, la vérité est provisoire et dynamique (toujours ouverte à un dépassement) du point de vue du sujet, et repose à la fois sur la raison et sur l'intuition
Cela ne veut pas dire qu'elle soit entièrement relative et historique dans l'absolu (au contraire, elle est, par elle même, nécessairement une et anhistorique). Il n'y a pas d'unité possible du corps politique dans le relativisme ou l'historicisme (sauf dans une perspective téléologique, religieuse ou marxiste, à laquelle je ne souscris pas).
Il n'y a pas de recherche sincère de la vérité sans foi en l'amour, car l'amour est ce qui nous ancre dans l'horizon humain, qui est le seul terreau possible de la vérité.
J'adhère à une notion extensive de l'amour. Pour les grandes notions , les définitions les plus couramment admises et les plus vagues sont les meilleures, car la part d'intuition est légitime à leur sujet, et parce que l'imprécision des mots intègre la variété des expériences possibles.
Il est bon que le mot "amour" en français soit très général et qu'il englobe toutes sortes de mouvements vers autrui, depuis le simple fait de rendre service à un inconnu dans la rue, jusqu'à l'amour maternel/paternel ou filial. La conception la plus élevée et la plus complète (celle dans laquelle on peut placer aussi le plus d'exigence) de l'amour est celle que mobilise la formation d'un couple (et c'est là que se joue sa forme la plus pure).
L'amour ne pouvant s'éprouver dans les formes les plus élevées à l'égard de toutes les créatures, ni même de toutes les créatures humaines, sa forme minimale (et tout à fait admissible) peut consister à leur égard en un respect de ce qu'elles sont, respect des règles de vie commune (les lois), respect de la parole donnée, volonté de ne pas nuire.
Une bonne partie de ceux qui professent un rapport direct à une transcendance (religieux, thérapeutes spiritualistes, politiciens inspirés) placent leur transcendance au dessus de l'amour humain (souvent d'ailleurs parce qu'eux-mêmes souffrent d'un manque affectif), et ne perçoivent autrui qu'à travers le pouvoir qu'ils peuvent exercer sur lui. Ceux-là n'entendent rien à l'amour humain, et, de ce fait, rien non plus à la vérité (ceux qui eurent raison dans l'histoire de mon point de vue furent ceux qui, au contraire, placèrent l'amour au dessus du divin).
Mauvaises nouvelles internationales
Finis les rêves occidentaux de 2011 (qu'on savait bien chimériques) autour des "Printemps arabes". Après la réélection d'Assad en Syrie (88,7 % des voix), l'élection d'Al-Sissi en Egypte (96 % excusez du peu...), le coup d'Etat militaire en Libye, les gains de l'Emirat islamique d'Irak et du Levant en Syrie et en Irak (où on peut soupçonner Maliki d'avoir "laissé faire", on retiendra surtout l'échec complet de la strétagie américaine à Damas et à Bagdad qui a conduit à ce désastre).
En dehors du monde arabe, les chances d'émancipation des peuples sont aussi en berne en Thaïlande avec ce coup d'Etat militaire où les militaires promettent un bonheur, assez dérisoire, et au Nigeria qui est en train de se transformer en "failed State" (comme le serait à nouveau le Mali si la France s'en retirait). Le tout sur fond de durcissement des rapports américano-russes du fait du putsch ukrainien et sino-américains du fait du bras de fer entre Pékin et les alliés de Washington (Japon, Corée du Sud, Philippines etc) autour des îlots désertiques qui entourent l'Empire du Milieu...
Que ceux qui entrevoient des signes d'espoir dans les relations internationales en ce moment nous écrivent...
Projet de loi communiste sur les questions sexuelles (1933)
A Marseille ce weekend je suis tombé (entre autres choses surprenantes - notamment des révélations sur la plante abortive Artemisia et la reine Artemisia II de Carie - ) au musée de l'histoire de ville, sur la revue "Le problème sexuel" de novembre 1933, qui invitait en couverture à lire en page 38 "notre enquête à propos du projet de loi communiste sur les questions sexuelles et l'avortement".
Décidément beaucoup de renvois à la question de l'avortement au cours de ce voyage dans la cité d'Artémis (devenue la "Bonne mère" avec la christianisation).
J'ai bien sûr pensé à Alexandra Kollontai, déjà mentionnée sur ce blog, à Clara Zetkin, Danièle Casanova etc. Les grandes heures du féminisme communiste international. Mais je n'avais jamais entendu parler de ce projet de loi. J'apprends ce soir en parcourant le web que la revue "Le problème sexuel" est parue en 6 numéros de 1933 à 1935, à l'initiative de Berty Albrecht. Denise Albert, que j'avais interviewée à Sevran il y a quelques années et à qui j'avais consacré un petit livre aujourd'hui épuisé, a été la première à me parler de Berty Albrecht.
Souvenirs, souvenirs...
Allez, une petite vidéo de Marseille, une jolie cérémonie, l'évêque faisait très gouverneur romain...