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Le blog de Frédéric Delorca

Passion séparatiste chez les Russes

18 Octobre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Le premier ministre de la République populaire de Donetsk (une république autoproclamée, rappelons le, qui a des relents très populistes de droite et qui n'est pas "très" socialiste malgré son nom) Alexandre Zakhartchenko déclare "Nous ne pourrons plus vivre au sein d'un seul Etat avec l'Ukraine. Tout porte à croire que nous resterons non reconnus. D'une part, c'est mauvais, dirait-on, mais, de l'autre, c'est très bien au contraire.  Notamment pour l'économie. Etre non reconnus signifie gagner davantage. Cela signifie l'absence de tout engagement international"...

 

Ambiorix

Avouez que ce genre de déclaration a quelque chose d'étrange. Le complexe nord-coréen qui fait paniquer nos économistes ne semble pas effrayer les pro-russes (on devrait même dire "les russes" d'Ukraine). Côté politique monétaire les dirigeants de Donetsk envisagent l'introduction de toutes les devises à la fois, que ce soit les hryvnias, les roubles, les dollars, les euros ou les yuans (sic- c'est dans Ria Novosti).

 

C'est assez drôle parce que la passion séparatiste que les Russes ont déployée en Ukraine (comme d'ailleurs en Abkhazie, en Ossétie du Sud et en Transnistrie), ils la projettent aussi sur les territoires français. Le 8 octobre dernier sous le titre "Océan Pacifique séparatisme - Sur le chemin de la République populaire de Polynésie",le site Lenta.ru, crée un étonnant parallèle entre le Donbass et Papeete. "Dans les prochains mois, dans l'un des grands pays européens doit organiser un référendum. Les résidents d'une de ses régions éloignées vont voter sur l'indépendance. Ce n'est pas à propos de la Catalogne comme on pourrait le penser, mais de la Polynésie française: près de la moitié de la population locale pense qu'ils en ont assez de dépendre de Paris. Parmi ceux qui ont mis leur vie sur l'autel de la liberté polynésienne : un descendant de l'ancienne famille royale et le petit-fils d'un général de la Garde Blanche russe", écrit le journaliste Alexeï Koupriyanov. Pas sûr que cela plaise aux gaullistes français encore enclins à souhaiter le rapprochement avec Moscou.vahine.jpg

 

Cela dit, il faut souligner que depuis quelque temps la Russie s'intéresse au Pacifique, notamment quand elle a obtenu contre quelques subventions la reconnaissance de l'Abkhazie par l'île de Nauru (puis par Tuvalu et Vanuatu qui se sont ensuite rétractées).

 

Le site rappelle aussi que le précédent du maintien de Mayotte dans la République française a été utilisé par l'argumentaire russe à l'ONU pour justifier l'annexion de la Crimée...

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Revue Europe du 15 juillet 1930

18 Octobre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #1910 à 1935 - Auteurs et personnalités

rollandJe vous ai parlé il y a un an de la revue Europe du 15 février 1932, revue sympathique et représentative de l'éclectisme de Romain Roland qui incluait dans sa réflexion sur le socialisme aussi bien Gandhi que Lénine. Celle du 15 juillet 1930 que je parcours ce matin accorde aussi une grande place à l'Inde avec des lettres de Gandhi préfacées par Rabindranath Tagore. Une belle phrase de Tagore à propos de l'Asie (p. 309) "Nous n'avons pas vu ce qui est grand en Occident parce que nous n'avons pas pu faire éclore ce qui est grand en nous". Je la dédicace à Houria Boutedja...

 

Encore une phrase de Tagore qui dit tout du colonialisme : "Le malheur pour nous en Asie c'est que l'avènement du monde occidental dans notre continent fut accompagné non seulement de la science qui est la vérité et donc la bienvenue, mais encore d'un usage impie de la vérité dans un but d'égoïsme violent qui la transforme en une force destructrice" (p. 310).

 

Vient ensuite un courrier de Gandhi au vice-roi des Indes qui compare le salaire du premier ministre anglais à celui d'un ouvrier indien... Un article de Romain Rolland sur Goethe musicien... (on y apprend entre autre que Goethe avait entendu le petit Mozart jouer en 1763). Il y avait un véritable fétichisme de Goethe à l'époque, je me souviens des écrits de Zweig ému d'avoir rencontré dans son enfance une vieille dame qui avait connu Goethe de près. Un poème de Gabriel Audisio sur Ulysse, une nouvelle de Jean Prévost, des contes populaires coréens adaptés et traduits par un certain RH Seu.

 

clemenceauPuis une chronique de Léon Werth, l'écrivain anti-militariste, sur "Grandeur et misères d'une victoire" de Georges Clemenceau paru chez Plon. Loin de s'extasier devant le Clemenceau admirateur des impressionnistes comme on le fait aujourd'hui il écrit que son livre sur Monet était composé "dans un incroyable pathos, amplification scolaire ou sénile, livre smplement ridicule". Il a vu le Tigre à l'enterrement de Monet "pas si mongol que sa légende, pas si mongol que ses portraits. Mais en lui rien de cette trivialité si apparente, si rayonnante chez tant de parlementaires. Un bourgeois, un vrai bourgeois de l'époque où il y avait encore des bourgeois. De la tenue comme il y a vingt ans chez les notaires et les avoués dans les petits centres. Comme lui notoires dans leur cercle, puissants et croyant savoir". Sur son style il ajoute "mon professeur de quatrième, qui était vraiment un vieil humaniste, se moquait de ses élèves quand ils écrivaient ainsi". Il lui reconnaît toutefois un talent comique pour dépeindre les "fantoches" Foch et Poincaré. Précisément sur "Grandeur et misères d'une victoire", Werth trouve que Clemenceau "pense l'histoire selon le manuel qu'il apprenait quand il avait dix ans", ne lui trouve aucune hauteur de vue, estime que ses différends avec Foch "apparaissent parfois comme des chipotages de dactylos dans un bureau". Cette phrase de Werth me fait penser à mes impressions sur les débats sur la Yougoslavie chez Régis Debray en 1999 : "Qu'il s'agisse du Congo ou du Palatinat, [Foch, Poincaré et Clemenceau] ne saisissent du réel que ce que la politique en peut absorber. Aucun d'entre eux ne sait qu'il pense et agit dans l'irréel, dans une sorte de chimère organisée."

 

Werth trouve Clemenceau "stupide comme un joueur qui explique sa chance ou sa guigne. Stupide aussi comme un adjudant".

 

emiliano_zapata_en_la_ciudad_de_cuernavaca.jpgMarcelle Auclair, fondatrice de la revue Marie-Claire, épouse de Jean Prévost déjà cité dans la revue, et qui a grandi au Chili, commente deux ouvrages mexicains sur la révolution de Pancho Villa dont "Ceux d'en bas" de Mariano Azuela récemment réédité. "Nous nous méfions de l'abondance des poètes sud-américains, de leur facilité" écrit-elle, mais ces deux auteurs échappent à ces travers selon elle. Belle phrase d'Emmanuel Berl, écrite à Saint-Tropez, à propos du régionalisme d'André Chamson dans son livre sur le Sud-Tyrol annexé par Mussolini : "Les particularismes locaux n'empêchent ni les impérialismes, ni les invasions". Le journaliste Emile Dermenghem disserte sur des livres sur l'Egypte dominés par la figure de cheikh Mohamed Abdou, disciple d'Al Afghani, auquel il trouve le mérite de purifier l'Islam loin des excès du wahabisme et du laïcisme kémaliste, mais qu'il trouve quand même "un peu primaire". Robertfrance commente Soupault, Prévost chronique René-Louis Doyon. Articles intéressants aussi sur le cinéma et le théâtre russes, sur le fascisme italien. Plus que jamais j'apprécie de lire les années 30 au miroir de cette revue qui, en des temps difficiles, semait pour l'avenir. Quel dommage que notre époque l'ait oubliée !

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La difficulté des projets collectifs dans nos milieux

16 Octobre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

C'est un problème que j'ai bien connu quand je dirigeais l'Atlas alternatif : quand on est investi dans des projets collectifs contestataires, il faut toujours composer avec des egos un peu fragiles de gens qui ont besoin de se mettre en valeur, de se rassurer en en faisant un peu trop dans l'ostentation etc. Et puis il y a l'éternel problème des gens qui lorgnent vers l'extrême droite ou qui relativisent le clivage-gauche droite, dans le choix même de leur vocabulaire et peuvent faire glisser vos textes vers le rouge-brunisme. On marche sur un fil, et dans ce contexte difficile le moindre petit malaise relationnel peut anéantir la confiance.

 

beesJe retrouve un peu ces problèmes dans le projet de livre sur l'Ukraine que j'avais lancé en août, et, pour cette raison, je vais probablement y mettre un terme cette semaine, car je suis devenu moins persévérant dans la gestion des relations à quarante-quatre ans qu'à trente-quatre, d'autant que j'ai beaucoup d'autres activités sur d'autres terrains. A la différence d'il y a dix ans, les constats d'échec dans les projets collectifs ne m'inspirent pas de rancoeurs. J'y suis presque habitué, pourrait-on dire. Ils me paraissent dans l'ordre des choses, compte tenu des conditions de vie complexes de la petite intelligentsia contestataire.

 

Samedi, un ami journaliste me parlait d'un sien ami et collègue qui l'avait trahi en dévoilant une de ses sources, ruinant ainsi un beau projet de journal alternatif (un de plus). Une question d'ego là aussi, à l'heure où tant de journalistes "alternatifs" se rêvent en nouveaux "Edwy Plenel" (si si, ne riez pas).

 

Je m'étonne juste d'avoir cédé à la tentation cet été de me lancer à nouveau dans un livre collectif alors que je m'étais promis de ne plus le faire. Heureusement je l'avais fait avec beaucoup de mesure et de détachement, juste dans l'esprit d' "aider un peu" (j'ai toujours aimé aider) mais sans trop d'illusion.

 

Ce petit égarement me rappelle qu'il y a un certain nombre de deuils que j'ai amorcés au début de cette année et que je n'ai peut-être pas suffisamment mené à leur terme. Je suis dans un processus de "recentrage" tous azimuts de mon regard... Beaucoup de scories des années précédentes sont à éliminer. Ma disponibilité mal pondérée pour des coups d'essais collectifs fragiles, avec des gens que je connais peu, fait partie, je crois, de ces petits résidus du passé à faire disparaître.

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Svoboda s'agite devant la Rada ukrainienne

14 Octobre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

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Zoumourroud

12 Octobre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Cinéma

Un mien ami, amoureux d'une femme mariée, s'est fait brutalement plaquer l'an dernier. Persévérant, au bout de six mois, il a obtenu que celle-ci surmonte diverses craintes et revienne vers lui, en lui laissant entrevoir qu'elle avait encore des sentiments pour lui. Mais elle n'y est parvenue que par SMS et a toujours trouvé au dessus de ses forces d'organiser un rendez-vous réel... Cela a duré encore six mois. J'ai revu le garçon hier. Il persévère et donne un sens métaphysique à son attente. Il semble qu'il n'ait pas le choix. Je ne sais pas pourquoi, il m'a fait penser à Nur Ed-Dine dans les Mille et une nuits de Pasolini qui court à travers la ville (23 ème minute du film ci dessous) cherchant son aimée Zoumourroud (Emeraude, en arabe, symbole de «l’amour réussi», de la fidélité et de la sincérité dit-on)...

 

Conformément à la fin du conte d'Ali Shar, dont le film de Pasolini déforme une grande partie, Nur-Ed-Dine la retrouvera sous les habits d'une reine. Les contes disent des vérités...

 

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Graeber et le débat sur l'ingérence

11 Octobre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

dgraeber-copie-1.jpgJe faisais allusion avant-hier au beau texte de Graeber (que je n'ai pas revu depuis 10 ans) à propos de l'expérience de socialisme kurde aujourd'hui menacée par Daesh. Hier Graeber s'est attiré les foudres de Bricmont et quelques autres à cause de tweets maladroits dans lesquels il laissait entendre qu'une intervention US à Kobane serait utile. Voilà bien la preuve qu'il ne faut pas se laisser aller à l'abus des tweets par nature imprécis. Depuis la guerre du Mali où il s'est agi de réparer les erreurs occidentales commises en Libye  (et les crimes) avec l'accord du gouvernement malien (et la guerre contre Daesh participe de la même logique), je refuse le dogmatisme en matière d'ingérence. Tout doit pouvoir se discuter, mais se discuter PRECISEMENT. Lorsqu'on nous parle d'ingérence, je pense que ceux qui la soutiennent doivent nous dire POUR QUOI FAIRE, selon quel modus operandi pour que le respect de la souveraineté de l'Etat concerné demeure et que l'ingérence n'engendre pas plus de guerre, et que les adversaires de l'ingérence nous disent précisément quelle solution alternative ils proposent. Désormais tout marche au cas par cas, et il faut être concret. Graeber n'aurait pas dû dire "oui à l'ingérence" sans préciser laquelle (celle de l'armée américaine ? d'une autre armée ? d'une coalition avec l'Iran ? en coordination avec qui ? avec un mandat de l'ONU ? avec quel engagement de retrait à court terme ? etc). Et ses adversaires auraient dû dire quelle alternative ils proposaient pour aider Kobane. Car, que je sache, il n'est pas interdit d'aider efficacement les peuples... spécialement si les Etats tutélaires (ici la Syrie), ne s'y opposent pas. 

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Best sellers

11 Octobre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Ecrire pour qui pour quoi

Copie-de-P1010708-copie-1.jpgBeaucoup de gens sont affligés de voir Trierweiler et Zemmour caracoler en tête des ventes de livres. Dans les années 1980 "La médecine par les plantes "de Rika Zaraï et "La valise en carton" de Linda de Zouza occupaient le sommet des palmarès et personne ne trouvait cela anormal.

 

C'est qu'à l'époque tout le monde considérait comme naturel que le "grand public" lise n'importe quoi. Cela ne choquait pas. De même qu'on n'avait guère pitié des cancres assis à côté du radiateur. L'indignation devant les goûts littéraires de nos contemporains est peut-être un signe d'homogénéisation sociale et de progrès sur le chemin de l'altruisme, qui sait ? A moins que ce ne soit juste un symptôme supplémentaire de "l'indignationnite" ou "syndrôme de feu-Stephane Hessel", qui cherche simplement à cultiver une petite atmosphère pessimiste "cosy"...

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"Par delà les nuages" d'Antonioni-Wenders, Kobane, Nobel

10 Octobre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Cinéma

Revu cet après-midi. Le film est moins mauvais que le souvenir que j'en avais gardé. Sophie Marceau, Fanny Ardent, Irène Jacob et quelques autres s'y succèdent. Guess one day some people will ask themselves how antbody could have liked such kind of actresses. Quelqu'un l'a posté sur You Tube en version italienne, mais la moitié est en français. Ca parle beaucoup de couchers de soleil, de gens qui ne savent pas prendre le temps. C'est un film de vieillesse. Por supuesto.

 

Bon d'accord je ferais mieux de parler de cette ville kurde assiégée Kobane. Graeber, que je n'ai pas revu depuis 10 ans, a écrit un beau texte dessus semble-t-il, même si je n'ai pas encore eu le temps de le lire (j'aime le titre en tout cas, un clin d'oeil à Orwell). OK - je ne suis pas "dans le coup". Je ne publie pas dans le Guardian et je n'ai pas l'énergie de lire Graeber. J'ai à peine entrevu la grandeur des Kurdes, grâce à une rencontre de l'été dernier, peut-être juste avant que les cinglés d'EI ne les submergent (apparemment nos chers bombardiers ne les arrêtent pas sur ce chemin là, et la volonté d'ingérence d'Erdogan est encore pire - il aura peut-être son boomerang celui-là).

 

Et sur Modiano un petit mot ? Jamais lu, j'avoue. Dans les années 80 on le citait toujours comme exemple du type qui sait écrire mais qui parle très mal à la TV (un argument à l'époque contre la "vidéosphère"). Je suis surpris de voir que tous ses livres sont sur le même sujet. Ca ne donne pas très envie de s'y intéresser. Le Nobel impressionne de moins en moins. Le Clezio l'a bien reçu. Celui de la paix attribué à Yousafzai confirme ma remarque de 2013 au sujet de cette militante et de la compatibilité entre communisme et dorures des salons occidentaux. That's life

 

 

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