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Le blog de Frédéric Delorca

Izquierda

24 Janvier 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Beaucoup de gens de la gauche radicale que je côtoie semblent se résigner à l'idée selon laquelle les idées de gauche en tant que telles n'ont plus de place dans ce monde. A les entendre, un scénario comme les élections serbes - où il n'existe pas de troisième option entre la droite néo-libérale et la droite nationaliste - préfigureraient l'avenir du monde. Le socialisme n'a plus de modus operandi, la socialdémocratie,  transformée en social-libéralisme, s'est ralliée au néo-libéralisme (comme dans le gouvernement d' "ouverture" de Sarkozy), disent-ils. Les tentatives de conservation d'un certain égalitarisme qu'on trouve au Venezuela ou à Cuba par exemple pourraient aussi se développer dans le cadre de modèles sociaux "de droite anti-mondialisation", qu'ils soient laïques, chrétiens intégristes, hindouïstes, islamistes etc. Et même ces modèles de droite, plus réalistes et pragmatiques qu'une gauche intellectuelle sentimentale et fumeuse, constitueraient finalement un rempart plus efficace face aux folies du néolibéralisme.  undefined

Voilà ce que disent ces gens. Dans le triptyque socialisme-libéralisme-conservatisme que dessine Wallerstein, ils gomment le socialisme, qui ne serait plus qu'une vue abstraite. Une certaine atonie des mouvements de gauche, en Europe, mais aussi dans le Tiers-Monde (en Afrique, au Proche-Orient) leurs donnent raison. Pourtant d'autres régions (l'Amérique latine, le sous-continent indien) invalident leurs thèses.

J'entends ces discours, et, pour le moment, me garde d'émettre le moindre jugement sur leur compte.

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L
<br /> <br /> Ton analyse est très pertinente et éclaire un peu mieux ton propos. Effectivement, de même que les systèmes de régulations hérités de la social-démocratie sont incapables de maîtriser le capitalisme financier mondialisé (quand la socdem ne devance pas elle-même les désirs du Capital), de même les moyens traditionnels de lutte se révèlent totalement inopérants. Les conflits sociaux, même durs (comme celui que j'ai connu en 2003) n'arrivent plus à venir à bout de choix gouvernementaux dictés par de puissants intérêts financiers. Je dis cela en étant tout à fait conscient de n'avoir aucune solution alternative (lors du dernier mouvement de grève dans l'éducation, certains rigolos ont osé proposer de se porter gréviste tout en allant travailler, avec un brassard sur le bras, afin de sensibiliser les parents à notre cause...). Il y a quelques années, l'émergence du mouvement altermondialiste a suscité un espoir, une dynamique réelle et une prise de conscience, même à ses marges, de la part de gens qui, sans adhérer à l'ensemble des thèses de l'altermondialisme partageaient quand même certaines analyses et pouvaient se mobiliser en vue de luttes communes. Cette dynamique a connu son apogée lors du référendum du 29 mai 2005 (le jour de mon anniversaire) puis est retombée d'un coup... Il appartiendra aux historiens futurs d'analyser comment quelque chose d'aussi prometteur a pu foirer ainsi... Je discutais de cela lors du rassemblement du 4 février avec un mec d'Anaram qui théorisait le recours à la violence révolutionnaire. Outre le fait que ceux qui tiennent ce genre de propos sont rarement ceux qui les mettent en oeuvre, une explosion de violence irréfléchie est souvent contre-productive. La couverture médiatique de la bande à Bonnot par la presse de l'époque a contribué à dicréditer le mouvement anarchiste, de même pour Action Directe qui a finalement plombé l'extrème-gauche dans les années 80. Actuellement, des menaces terroristes réelles ou supposées sont en train de justifier une surveillance accrue des mouvements anticapitalistes. Je ne crois pas que le modèle latino-américain soit importable chez nous. De même, je trouve difficile de reproduire en France l'expérience de Die Linke. Tout d'abord je doute de la volonté réelle de Mélenchon de rompre avec le PS. J'ai beaucoup apprécié la lecture de son dernier livre d'entretiens, mais aura-t-il réellement envie de quitter le PS, et donc de renoncer, à terme, à son mandat de sénateur? J'en doute... De toutes façons les conditions politiques sont chez nous, différentes de ce qu'elles étaient en Allemagne en 2005, du moins au sein de la gauche. Il ne me semble pas qu'à l'époque il existait grand chose à gauche du SPD (à part peut-être le Parti Communiste). Chez nous il y a un paysage assez hétéroclite à gauche du PS, et vouloir y créer un mouvement unificateur (sur quelles bases d'ailleurs??) risque au contraire d'ajouter de la division à la division, comme on l'a vu pour les collectifs antilibéraux. Dont la fin me rappelle cette blague qui circule dans les milieux protestants: « Dans une ville, il y avait deux églises: l'église baptiste et l'église méthodiste. Un jour les responsables ecclésiaux des deux bords décidèrent que cette division était un scandale et qu'il était temps d'unifier ces deux communautés. Donc, combien y -a-t-il eu d'églises à la fin? Réponse: trois. L'église unifiée, l'église baptiste, l'église méthodiste. ». « Les peuples vont plutôt chercher une résistance dans des mouvements de "droite" traditionnalistes », je le comprends et je perçois (vaguement) les déterminismes qui les poussent à agir ainsi. Je doute cependant de l'intérêt pour les mouvements de gauche de se mettre à la remorque de mouvement réactionnaires, dont l'égalitarisme me paraît douteux. En 1979, les révolutionnaires laïques iraniens avaient fait ce calcul vis à vis de Khomeiny (qui apparaissait comme une personnalité charismatique, plus capable de mobiliser le peuple que les intellectuels de gauche,etc...). Le résultat ne fut pas exactement celui qu'ils escomptaient (surtout pour ceux qui sont morts dans les geôles du régime islamique)... J'ai appris, par l'intermédiaire de ton blog, l'existence du Comité Valmy. Ce mouvement me paraît, bien sur, plus sympathique qu'Egalité et Réconciliation de Soral, du fait qu'il préfère se référer au gaullisme qu'au FN (j'ai, globalement, plutôt de la sympathie pour la vie et l'oeuvre de De Gaulle). Cela dit, je pense que le gaullisme a été un OVNI dans le paysage politique français et qu'il n'a pas survécu à son fondateur. Quelle peut être l'avenir et la portée d'une telle initiative? Je l'ignore. Je ne sais pas si elle peut aller bien au-delà d'un cercle d'initiés (j'avoue que l'aspect groupusculaire de certains mouvements anti-système me désole un peu)... Au fait, je suis allé hier à la réunion publique de la liste de gauche antilibérales pour les municipales à Pau. Il semblerait que certains mouvements choisissent de construire une alternative en partant de la base et des échelons locaux (municipalités, conseils généraux)...
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F
La démarche de l'Atlas et la mienne propre ont toujours été de refuser la coopération "trans-clivage gauche-droite". Mais ça n'interdit pas de réfléchir à l'avenir et de poser certaines questions.Sur ce blog j'ai dit que je "suspendais mon jugement" à l'égard de ceux (comme le Comité Valmy) qui entament la coopération gauche-droite sur une base "antisystémique" comme disait Wallerstein.Il y a des problèmes sociologiques que tu soulignes comme l'incapacité de la gauche française de "parler au peuple". Mais c'est plus profond que ça. Ce n'est pas une simple question de langage. Depuis la fin du léninisme, la gauche ne peut plus rien proposer à l'humanité sauf une timide "conservation des acquis". Du coup, partout où il y a des guerres sponsorisées par l'impérialisme néo-libéral, les peuples vont plutôt chercher une résistance dans des mouvements de "droite" traditionnalistes : cf en Serbie le duel Tadic-Nikolic, en Palestine le Hamas contre Israël. La gauche à force de compromission et du fait de problèmes plus profond, est de plus en plus "out", hors du coup pour résister à l'Empire. La seule exception était l'Amérique latine, mais le "modèl" latino ne s'exporte pas bien.Si on regarde lucidement l'avenir maintenant, le constat est assez simple : soit la gauche se trouve un nouveau "modèle" de rupture opérationnel et conceptuel comme elle l'avait fait avec Lénine. Soit, elle va devoir travailler avec d'autres forces, qui inspirent plus de confiance au peuple qu'elle. Parce qu'on ne peut pas rester indéfiniment dans sa chambre (ou dans un groupuscule de 20 personnes) à rêver d'un leader providentiel ou d'une réconciliation sociologique magique avec les classes populaires.Dans 3 jours le Kosovo va déclarer son indépendance. Dans quelques mois l'OTAN aura annexé l'Ukraine et pointera des missiles nucléaires vers la Russie depuis Kiev. Le bras de fer pour le contrôle des gazoducs d'Asie centrale est à l'oeuvre. Quelle réponse la gauche apportera à cela ? Quelle réponse aura-t-elle face face aux nouvelles avancées technologiques (manipulation du vivant, développement de l'intelligence artificielle etc) auxquelles nous n'échapperons pas.Ce n'est pas purement conjoncturel. Il y a un problème sur la place de la gauche dans l'humanité de demain : une humanité de plus en plus livrée à la guerre économique et militaire. Une fois que le modèle léniniste s'est effondré, et que ni le compromis socialdémocrate, ni l'infantilisme trotskistes n'ont pu prendre la relève, il est urgent de repenser radicalement le sens du message de la gauche dans le monde, et son adéquation au bien futur de l'humanité.Mon hypothèse est que les soutiens intellectuels traditionnels de la gauche (enseignants, chercheurs etc) qui étaient les fers de lance de ses stratégies politiques sont entraînés dans la débacle des structures étatiques face au libéralisme, ce qui les contraint à être de mois en moins en phase avec le devenir des peuples (d'où leurs égarements stratégiques, et le décallage conceptuel croissant). Bref tout cela me paraît très mal barré. Et même si Mélenchon arrive à faire son "Die Linke" à la française, même si une nouvelle "gauche plurielle" revient au pouvoir pour 5 ans, même si les USA connaissent de nouvelles crises passagères qui atténuent leur agressivité etc, toutes ces phases conjoncturelles ne changeront rien au problème de long terme.FD
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L
<br /> <br /> « Les tentatives de conservation d'un certain égalitarisme qu'on trouve au Venezuela ou à Cuba par exemple pourraient aussi se développer dans le cadre de modèles sociaux "de droite anti-mondialisation", qu'ils soient laïques, chrétiens intégristes, hindouïstes, islamistes etc. » Pourtant, n'as-tu pas écrit, « Elle [notre approche] n'entre pas dans une démarche de coopération 'transidéologique' avec des courants de droite ou d'extrème-droite»? L'histoire de l'Ancien régime nous montre ce qu'il faut penser des vélléités d'égalitarisme de la droite réactionnaire... Pour ce qui est des mouvements de droite religieuse, tu sais aussi bien que moi que la religion est une forme particulièrement efficace d'exploitation de l'homme par l'homme et, qu'à ce titre, elle a toujours servi d'instrument aux puissants (ce dont vient de se rappeler fort opportunément Sarkozy, ce que Maurras savait déjà bien avant lui). Les autorités religieuses et les autorités politiques et économiques ont toujours su fonctionner en symbiose. De plus puisque tu cites le cas de la droite « hindouïste », les connaisseurs de l'Inde savent qu'une religion qui a réussi à justifier théologiquement un modèle de social aussi inégalitaire que celui des castes génère une très forte violence sociale des plus forts à l'encontre des plus faibles... En ce qui concerne la droite catho réac et antilibérale, c'est un milieu que j'ai bien connu à travers mes ex-beaux-parents et certains anciens copains et je puis t'affirmer que ces gens-là sont et seront toujours les idiots utiles de la droite libérale ou de l'extrème-droite (suivant qu'ils penchent pour Bayrou ou pour de Villiers). Et comme les seconds sont en train de devenir les cocus des premiers par Sarkozy interposé, la boucle est bouclée... Penser que la droite réac et religieuse peut être une alternative à l'extension du libéralisme, c'est à mon avis aussi pertinent que de penser (comme le croient certains) que Bayrou n'est pas (ou n'est plus) un homme de droite. À mon avis, si les idées de gauche risquent de disparaître du paysage intellectuel ou politique, c'est parce que la gauche ne sait plus parler au peuple (ou y a renoncé). Le PS est un syndicat d'élus bien verrouillé qu'il est illusoire de vouloir changer de l'intérieur (d'où l'attitude un peu ambigüe de Mélenchon). Depuis qu'il organise des défilés Prada place du Colonel Fabien et qu'il sponsorise des personnalités comme Clémentine Autain, le PCF s'est coupé de l'électorat ouvrier (et n'a même pas gagné des suffrages chez les bobos...). Cette fonction tribunicienne vis à vis de l'électorat populaire, le Pen a réussi un temps à l'exercer avant d'être concurrencé par Sarkozy. Le problème est que ce vote est une impasse pour les catégories populaires puisque Sarkozy et le Pen sont de fidèles serviteurs du libéralisme. Il n'y a pratiquement plus que Besancenot à gauche qui sache parler au peuple. Ne te méprends pas, je ne parle ici que de son discours. Pour tout le reste, j'ai de gros gros doutes sur le personnage et pour ce qui est de la LCR ou de son « grand parti anticapitaliste » je crois qu'il ne s'agira encore que d'un gadget de plus qui va tourner en vase clos sans jamais nuire au système. Mais sur un plan uniquement formel, je trouve que le facteur est peut-être le seul à gauche qui ait un discours clair et pertinent à destination des salariés. Enfin, et pour illustrer ton dernier billet (« Unsere Zeit »), j'ai manifesté lundi 4 février devant la préfecture (souvenir!) contre la ratification du traité de Lisbonne. Nous étions moins de 30 (quelques personnes d'ATTAC, d'Anaram au Patac, du PCF, le candidat gauche radicale aux municipales, des syndicalistes et des non-encartés comme moi)...
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