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Le blog de Frédéric Delorca

Cuando sali de Cuba

11 Mai 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Edgar observe dans un commentaire à mon précédent post sur la virtualisation du politique qu'un blog est comme un journal intime. Je le suis tout à fait sur ce chemin là. Un journal intime, et non un acte politique. Le blog de l'Atlas alternatif est un site politique plus qu'un blog car c'est un site collectif d'info (qui aurait pris la forme d'un site si nous avions eu un bon webmaster). Mais les blogs personnels sont des journaux, et non des actes politiques. Ils peuvent éclairer le contexte subjectif, imaginaire, d'une action politique, mais pas s'y substituer.

Ce matin j'ai retrouvé sur un blog une vidéo d'une vieille chanson qui passait sur les ondes de la radio espagnole dans les années 1970 : "Cuando sali de Cuba". J'avais 7 ou 8 ans quand je l'ai entendue pour la première fois, au cours des vacances que je passais à l'occasion en Espagne où vivait une partie de la famille de mon père (la partie qui n'avait pas fui en 1939). Cette chanson m'avait marqué. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que j'en comprenais facilement le refrain : "Quand je suis parti de Cuba j'ai laissé ma vie et mon amour". J'ai entendu à nouveau cette chanson, par hasard, sur une radio madrilène en 1995. Je travaillais alors à l'ambassade de France. J'avais assisté à un congrès d'Izquierda unida sous passeport diplomatique. J'avais vu tout un amphithéatre, et notamment toutes les délégations des gouvernements du Tiers Monde (y compris les alliés de l'Occident) applaudir à tout rompre le nom du Parti communiste de Cuba, à l'heure où le Parti communiste français, lui, ne voulait plus entendre parler de Castro - au fait avez vous vu ce documentaire consacré à Marchais sur Arte qui montre le vieux lion cubain rendant visite à son alter égo de Champigny abandonné de tous, cette même année 1995 ?

"Cuba hurts" me disait mon correspondant anarchiste serbe en 2002 quand une campagne de signature fut lancée contre la répression des dissidents. Cuba a toujours fait mal, pour des tas de raisons. Tous les espoirs placés en ce pays. Cette résistance héroïque, sans pétrole, sans électricité, aux pires heures de la "globalisation libérale", et qui inspira tant d'admiration dans le Tiers-Monde. Elle peine les anarchistes et les trotskistes qui regrettent l'enfermement bureaucratique et répressif. Pourtant même Chomsky y va. Personne ne sait comment ce pays aurait résisté au rouleau compresseur américain sans la bureaucratie et sans la répression. Cuba a sauvé la révolution de Chavez, comme elle a contribué au renversement de l'apartheid en Afrique. Tout cela est à mettre à son crédit. Rémy Herrera a écrit de belles choses sur tous ces descendants d'esclaves attachés à l'égalité, et qui ne veulent pas voir revenir chez eux le lobby mafieux du rhum Baccardi.

Donc en Espagne, il y avait  "Cuando sali de Cuba", qui, semble-t-il, était une chanson cubaine à l'origine. Reprise avec les paillettes des plateaux TV, elle avait presque des relents de colonialisme... Car pour l'Espagne Cuba ce n'est pas seulement Castro. "Cuba hurts" pas seulement à cause des problèmes de la révolution. Mon arrière grand père fit la guerre à Cuba en 1898 et fut prisonnier de guerre de l'armée états-unienne pendant des années. Le joyau de la couronne espagnole. "Mas vale barcos sin honra que honra sin barcos". Dans les années 1920, les villages espagnols étaient remplis de cercles d'anciens combattants de Cuba, les "habaneros". Des gens souvent très à gauche, pacifistes, future base de la République dans les années 1930. Dans les années 1950, les barbudos autour de Castro ont reçu leur formation militaire d'un ancien commandant républicain espagnol, Bayo. La boucle était bouclée. Mais Cuba hurts quand même.





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E
Ravi d'avoir contribué, sans doute imperceptiblement, à cette évocation intéressante.<br /> Amitiés
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