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Le blog de Frédéric Delorca

Fragiles alternatives

23 Juillet 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca, #Débats chez les "résistants"

J'entendais tantôt dans un train de la banlieue ouest de Paris une petite cheftaine (pour situer son profil sociologique : une maghrébine quadragénaire) narrer par le menu à ses petites camarades (des grosses dames africaines) la manière dont elle sanctionnait les retards de ses subordonnés, et les divers menus manquement à la discipline, comment elle en rendait compte à "sa hiérarchie", quelle rectitude elle mettait dans le blâme, car il y allait de la "crédibilité" de son "management". Elle parlait d'une fille : "Elle est très productive. La plus productive de toutes. Mais elle a le manque de ponctualité dans le sang - elle est même arrivée en retard le jour de son bac. Elle lutte contre ce naturel. Mais elle n'y arrive pas. Alors je la sanctionne".

Un petit parfum du micro-fascisme qui fait le quotidien exitentiel dans le monde capitaliste d'aujourd'hui. La nana a un moment s'est exclamé : "En plus je dois former des Marocains pour qu'ils appliquent nos procédures. Pendant 5 jours. Après ils rentrent au Maroc. S'ils n'ont pas compris au bout de 5 jours, j'irai les former sur place. Peut-être que quand ils seront formés l'activité sera délocalisée et je serai virée par ceux que j'aurai instruits. Ce serait marrant. Bon remarque sur le coup je ne me marrerai sûrement pas". Etrange tous ces gens qui travaillent avec l'épée de Damoclès de la disparition pure et simple de leur activité de l'horizon français.

Bien sûr tout le monde sait que ce système ne fonctionne pas. Qu'il broie les ressources de la planète, les vies humaines, tout ça pour pouvoir gaspiller toujours plus, s'abrutir toujours plus, et terminer sous Prozac ou Lexomil.

Mais personne en Europe n'a la force de rechercher autre chose, et sans doute personne ne l'aura sans grande catastrophe (tant que l'Etat  providence amortira les effets les plus immédiatement douloureux du capitalisme).

Et ne croyons pas (comme on le pense parfois) que les pays "non occidentaux" ou victimes de l'Occident sont plus assoiffés d'alternatives que nous. Je lisais un forum serbe hier sur l'arrestation de Karadzic. Les gens qui y dédendaient  le point de vue "occidental" y étaient aussi nombreux et aussi virulents que les tenants des arguments "patriotiques" (or le sens de l'opposition patriotique est le premier jalon du combat pour l'alternative dans ce genre de pays). C'est une loi sociale bien connue qui veut que le point de vue du plus riche fasse toujours beaucoup d'adeptes. Il se pare de mille vertus du seul fait qu'il émane des puissants.

Sur un autre continent, je lisais hier un bon texte de Znet sur l'avenir de la révolution bolivarienne. Très bon article éloigné des apologies creuses (je pense à une militante d'un cercle bolivarien qui, l'an dernier, me disait détester les intellectuels à cause de leur propension à la réflexion critique !). Znet n'est pas accessible ce soir, mais je crois que l'article était sur www.zmag.org/znet/viewArticle/18238. Il soulevait quelques problèmes réels : sur le risque qu'Obama séduise une partie des Latinos (alors que Bush était un utile repoussoir), sur les problèmes que le Pérou et la Colombie posent au bolivarisme, sur l'autonomie croissante de Correa face à son allié vénézuélien.

Les alternatives sont fragiles.

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