La gauche française après le départ de Mélenchon du PS
7 Novembre 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche
Qu'un Noir devienne président de la première puissance, et en plus un type apparemment équilibré comme Obama, c'est une bonne nouvelle pour l'humanité. Même si on sait que cette victoire, soutenue par Wallstreet qui l'a financée, contribuera surtout à affaiblir les résistances à l'impérialisme dans le monde (d'ailleurs elle a été voulue pour cela) sans pour autant, vraisemblablement, à court terme, diminuer la dimension prédatrice des Etats-Unis d'Amérique (mais peut-être celle-ci sera-t-elle affaiblie d'elle-même par les problèmes sociaux et économiques que rencontre ce pays). Je n'en dirai pas plus sur ce sujet, beaucoup de bruit ayant été fait ces derniers jours un peu partout. Les enthousiasmes grégaires et totalitaires de notre époque ne sont pas mon fort.
Un autre événement ne fait pas la "une" ce matin : le départ de Mélenchon du PS, et c'est dommage . Alors que "yahoo" titrait sur la défaite de Delanoë face à Royal (au jeu de la Star academy médiatique), c'est par un email dans ma boîte aux lettres que j'apprends que le sénateur et ses amis quittent le parti socialiste... Choix difficile, choix courageux, même si beaucoup d'arguments peuvent conduire à le juger logique. Mélenchon et ses amis, c'est-à-dire une groupe de gens criticables à maints égards mais assez sérieux, qui essaient de penser la notion de "gauche" sur le long terme, sans se laisser emballer par les modes médiatiques. Des "dinosaures" aux yeux de ceux qui croient devoir voler dans le vent libéral (ou social-libéral).
Sans eux, le parti socialiste est bien parti pour devenir une machine idéologiquement inconsistante, une boîte à fric, comme le parti démocrate étatsunien.
Qu'est-ce que les mélenchonistes vont construire ? Et avec qui ? Car, par delà le courage, reste le problème de la stratégie. Il y a un risque que Mélenchon et ses amis finissent marginalisés comme tous ceux qui tentèrent de construire des partis et mouvements hors des partis de la gauche classiques : Juquin après son départ du PC, Chevènement avec son MDC. Quel horizon peut bien s'offrir à Mélenchon ?
Je ne vois pas d'espace politique se dessiner pour lui. Le PC ne se sabordera pas - sauf s'il trouve une garantie de garder ses maires et ses députés, mais comment donc dans un système majoritaire ? Supposons même, par hypothèse, qu'il le fasse (après une scission avec son aile gauche qui tient à le préserver) pour se fondre dans un Die Linke (éventellement même en gardant une sorte d'identité propre comme dans Izquierda Unida en Espagne), il représentera les effectifs militants les plus nombreux - même à supposer que les 20 % de l'aile gauche du PS le rejoignent. Cela pourrait donc n'être qu'un PCbis. A supposer que communistes et socialistes s'y équilibrent, en quoi ce noyau dur peut-il présenter une force attractive face à la surenchère du NPA de Besancenot ? Mélenchon semble miser sur la crise financière pour lui donner des ailes. Mais elle peut aussi profiter avant tout au NPA, c'est à dire à une impasse totale sur le plan politique.
Ainsi, au mieux, si le "Die Linke" de Mélenchon voit le jour, la vie politique sera éclatée entre 5 familles politiques de poids : de droite à gauche le FN, l'UMP et son allié Nouveau centre, le parti social-libéral (PS) et son allié Modem avec ou sans les Verts, le nouveau Die Linke, et le NPA. Mélenchon faisant le constat que plus personne ne l'écoutait au sein du PS se dit peut être qu'en pesant 15 % dans l'électorat avec son propre parti il peut condamner le PS à faire alliance avec lui (et donc à négocier) surtout si le Modem s'effondre. Mais un autre risque pour lui serait que ce soit le PS qui s'effondre au profit du Modem, ce qui vouerait la vie politique française à s'organiser autour d'une alternance Modem/UMP dans laquelle Die Linke ne servirait à rien, même avec 15 %.
L'avenir de ces configurations dépendra évidemment de l'évolution sociologique en profondeur du pays. Notamment des effectifs et de l'état d'esprit de sa fonction publique qui fournit les gros bataillons des syndicats, des associations et des partis de gauche. Elle fut depuis 15 ans le rempart face au néo-libéralisme, mais sa précarisation progressive pourrait aussi entraîner sa "modémisation" sur le plan politique.
Dans tous les cas la partie qui se joue dans la gauche française est une partie bien difficile.
Partager cet article
Newsletter
Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés.
Pages
Catégories
- 340 Colonialisme-impérialisme
- 331 Le monde autour de nous
- 222 Débats chez les "résistants"
- 173 Peuples d'Europe et UE
- 166 Billets divers de Delorca
- 131 Philosophie et philosophes
- 130 Grundlegung zur Metaphysik
- 128 La gauche
- 110 Le quotidien
- 84 Revue de presse
- 81 Proche-Orient
- 79 Ecrire pour qui pour quoi
- 72 Les Stazinis
- 61 Divers histoire
- 59 Les rapports hommes-femmes
- 58 Actualité de mes publications
- 58 Lectures
- 55 coronavirus-vaccination-big pharma
- 44 Cinéma
- 42 1910 à 1935 - Auteurs et personnalités
- 42 Christianisme
- 41 Abkhazie
- 39 Béarn
- 37 Souvenirs d'enfance et de jeunesse
- 31 Transnistrie
- 26 Aide aux femmes yezidies
- 26 Antiquité - Auteurs et personnalités
- 24 Barack Obama
- 23 Bill Gates
- 23 Donald Trump
- 23 Les régimes populistes
- 21 George Soros
- 20 La droite
- 19 Espagne
- 17 La Révolution des Montagnes
- 15 XIXe siècle - Auteurs et personnalités
- 13 XVIIIe siècle - Auteurs et personnalités
- 12 Atlas alternatif
- 11 Programme pour une gauche décomplexée
- 9 1950-75 : Auteurs et personnalités
- 9 Asie
- 7 1950-75 : Auteurs et personnalités
- 7 Avortement
- 7 Conférences vidéos de résistants
- 7 Un livre épuisé sur D. Albert
- 6 Au coeur des mouvements anti-guerre
- 6 Interviews-reportages vidéos réalisés par FD
- 6 Renaissance - Auteurs et personnalités
- 5 ICD
- 4 Vatican
Commenter cet article