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Le blog de Frédéric Delorca

Stratégies éditoriales

8 Mai 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Ecrire pour qui pour quoi

A part ce blog ridicule, et mon journal "papier" de temps en temps, je n'écris pratiquement plus. Mais j'ai un stock considérable de textes plus ou moins inachevés sur mon ordinateur que je dois mettre en forme, compléter, pour en faire des livres. Je pense que je ne peux rien entamer de neuf tant que ce travail "rétrospectif" ne sera pas effectué, et de toute façon, je n'ai envie de n'entamer rien d'autre pour le moment (d'autant qu'élever mon petit gamin prend du temps).

Mais ces travaux doivent être réalisés en fonction du paysage éditorial, et je dois dire que je ne dispose pas de beaucoup de cartouches. Hier j'ai adressé aux Editions Zoé un texte, une sorte de parodie de l'Enéide et de l'Odyssée, que j'avais écrit à 24 ans, toujours dans le souci de sortir de la catégorie "essayiste" dans laquelle m'ont enfermé mes premiers livres. J'avais aussi l'espoir de ne plus dépendre exclusivement des Edition du Cygne. Mais je ne crois pas du tout que cette "Maison suisse" (c'est le nom d'un réseau de bienfaisance non ?) soit sur le point de m'adopter (et surtout pas avec ce livre dont j'ai conscience qu'il ne peut pas plaire à tout le monde loin s'en faut). Or je sais qu'avec les Editions du Cygne j'ai beaucoup tiré sur la corde. J'ai publié en un an pas moins de quatre livres chez eux sous diverses appellations, et des livres pas forcément faciles à vendre (celui sur la Transnistrie notamment leur coûte cher, et je ne crois pas que la commande moldave suffise à éponger le déficit !).

Donc tout cela me semble très difficile à calibrer. Et je ne crois pas pouvoir compter sur l'Harmattan (où paraîtra ma thèse très prochainement) comme force d'appoint, vu leur faible visibilité en dehors des bibliothèques universitaires.

Je voudrais faire une somme autobiographique sur mon parcours intellectuel et sentimental. Non que je le considère comme exceptionnel, mais parce que, au "midi de la vie" comme disait Nietzche, au seuil de la quarantaine, j'éprouve un besoin de tout totaliser, y compris les échecs. Mon idée était aussi d'y introduire une sorte de "Nachlass" qui reste après mon "10 ans sur la planète résistante", ce "Nachlass" que j'avais envoyé à Annie Ernaux en 2002 et qu'elle avait jugé essentiel au récit de ma période serbe (je l'en ai néanmoins soustrait pour des raisons diverses). Mais ce Nachlass représente à lui seul plus du tiers de la somme autobiographique telle qu'elle existe déjà. Jusqu'ici je me disais que j'allais devoir "gonfler" les deux autres tiers pour créer une sorte d'équilibre, mais je n'ai pas envie d'écrire un livre long et fourni. Cela ne répond pas aux attentes de notre époque. Nous ne sommes plus au temps d'André Gide. Le goût des détails gratuits, élégants, amusants, s'est perdu. Il faut aller à la charpente des choses. Par conséquent, cette nuit, j'ai été conquis par l'idée d'isoler complètement le Nachlass, d'en faire un livre en tant que tel, qui, peut-être, fournira à nouveau un éclairage sur la Serbie (à l'heure où tous les Serbes ont oublié Delorca, et où le livre "10 ans sur la planète" baigne dans l'indifférence la plus complète). C'est un pari difficile à tenir. Matériellement et intellectuellement. Matériellement parce que, à supposer que je trouve du temps et de la liberté, rien n'indique que les Editions du Cygne puissent être emballées. Le livre a déjà la taille des ouvrages de la collection "Traces" mais le sujet est tout de même un peu "particulier" pour eux. Intellectuellement, je ne suis pas sûr d'avoir tout à fait envie de retravailler ce Nachlass. Je le veux et ne le veux point. Il se peut donc que je me borne à une relecture stylistique en y ajoutant d'une manière superficielle une introduction rapide et une conclusion expéditive. Ainsi la qualité du livre dépendra-t-elle en dernière analyse de la valeur ou des défauts de ce qui a déjà été écrit au début des années 2000 (et déjà retravaillé autour de 2005).

Si ce Nachlass trouve son statut de livre à part entière, je pourrai ensuite me consacrer plus sereinement à retravailler cette somme autobiographique que j'ai, elle aussi, déjà bien avancée dans les années 2000. Je l'avais compoée en deux manuscrits : vie intellectuelle d'un côté, vie affective de l'autre. Mais je crois qu'il les faut fusionner, car elle se renvoient l'une à l'autre en permanence. Par contre je vois encore moins quel éditeur pourrait être intéressé par cette composition dont le concept ne correspond pas aux collections du Cygne. Nous verrons bien. En tout cas ce livre doit être écrit, avant que je ne sois trop vieux ou trop aigri. Je ne peux me lancer dans rien d'autre tant que tous ces manuscrits inachevés traînent sur mon disque dur.

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D
<br /> <br /> Bonjour M.Delorca. Je parcours votre blog régulièrement (trois ou quatre fois par mois) pour y lire quelques billets et je tiens à vous encourager à le tenir. Vous avez plus d'une dizaine<br /> d'années de plus que moi donc je vais pas vous apprendre la vie mais sachez que ce n'est pas inutile. J'ai commandé deux de vos livres (Atlas Alternatif et 10 ans sur la planète résistance) parce<br /> que votre blog a au moins la particularité et le mérite de laisser place au doute, au pessimisme, au scepticisme mais on y sent aussi la volonté de ne pas lâcher le morceau de la lutte.<br /> Personnellement je crois aux "illustres inconnus". Ceux qui foutent un peu d'huile dans les maillons toujours trop rouillés de la résistance à la suite d'autres et avant leurs prochains et qui<br /> sauront toujours moins connus que les grands vainqueurs ou les grands perdants.<br /> <br /> <br /> Internet procure la facilité d'être une fin de la lutte. On s'indigne devant son pc ou son mac mais l'engagement physique est une autre étape. Je le dis sans mépris parce que c'est un peu mon<br /> cas. Je donne pas mal d'argent aux opinions et structures d'esprit dissidentes mais par manque de temps et par conscience claire des "sacrifices" que peut amener l'activisme je diffuse des tracts<br /> irrégulièrement, je vais à des réunions d'informations/débats quand ça m'enchante, je vais à des manifs ou je diffuse autour de moi des articles du Diplo ou de Counterpunch...mais je suis<br /> conscient que ça ne suffit pas. J'aime trop la photographie et la musique et vu que j'y consacre pas autant de temps que je le voudrais....<br /> <br /> <br /> Bref tout ça pour vous dire que votre démarche vaut la peine d'être poursuivie, vos axes de réflexion sont tout à fait dignes d'intérêt et que les articles de ce blog ou ceux publiés sur le blog<br /> de l'atlas alternatif sont déjà une bonne matière pour se familiariser avec votre point de vue. Je lis beaucoup d'articles sur ZNET (abonné) et lire du français ça va me faire du bien !<br /> J'aimerais pouvoir échanger avec vous de certains points de vos livres lorsque je les aurai terminé !<br /> <br /> <br /> <br />
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