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Le blog de Frédéric Delorca

A deux doigts de la folie

12 Mars 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Dîné à Paris ce soir nato.jpgavec deux communistes indiens arrivés en France dans les années 1970 pour des raisons différentes. Qui ont connu le PCF à la grande (et vile) époque de Georges Marchais. Tout le quartier de La Chapelle est indien maintenant. "Quand je suis arrivé en France c'était kabyle" me disait notre hôte.

Entre les plats, mon jeune dir' cab' (un "vrai gaulois") qui me glisse des petites remarques aimables sur mon "10 ans sur la planète résistante" : "Ca a dû être génial le jour où tu as pris un minivan pour Belgrade en novembre 1999 avec les Serbes au départ de Budapest". Des images me reviennent à l'esprit. Je les chasse comme je puis. Notre hôte parle des boat people qui n'ont jamais voulu apprendre le français "parce que la guerre ça les travaille encore". Je dis : "Je sais : mon grand père républicain espagnol n'a jamais appris non plus, arrivé en 1939 il y est mort en 1990 sans avoir appris".

S'ils savaient le poids du non-sens que je porte. Celui de cette histoire serbe, de ce passé espagnol, de mon enfance ouvrière en Béarn. Tout le non-sens de la condition humaine; "Tous les enfants de républicains espagnols sont cinglés, ils sont gravement malades" me disait en 1997 une psy trotskiste en 2008. Elle mettait sa propre mère dans le lot, qui avait connu le bombardement de Bilbao. Cette psy théorisait là dessus. Sur l'héritage des traumatismes.

Mais non, allez vous ne pouvez pas comprendre, lecteurs anonymes et silencieux de ce blog, vous qui consommez de l'Internet pour tuer le temps. Avant hier ma collègue algérienne au bureau : "Mon père était un moudjahidine héroïque du FLN, pendant la guerre. Il a tué tellement de personnes ! Il a même poignardé sa première femme. Vous allez me prendre pour une folle". Pourquoi cette fille sérieuse et appliquée craint-elle qu'on lui impute la folie de son père ? N'a-t-elle pas des doutes sur son propre équilibre ? Pourtant ses gosses sont des surdoués. Les gosses des fous sont intelligents. Pas le mien je crois, on ne sait pas. Peut-être n'étais je pas assez fou.

Le "père de la nation" abkhaze Ardzinba est mort lundi dernier. Il ne verra pas son pays par les Russes. Colm dans son livre sur l'Abkhazie dit aussi que les abkhazes sont des fous. En partie à cause de la guerre aussi. Je ne sais pas. Je n'ai pas eu d'atomes crochus avec eux quand j'y suis allé. Nos folies ne se sont pas mariées. Tant mieux pour moi je suppose. J'ai versé assez d'eau dans ce tonneau des Danaïdes.

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