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Le blog de Frédéric Delorca

Croisée des chemins

1 Novembre 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Actualité de mes publications

saint jeromeImaginez messieurs (si vous êtes hétérosexuels) que vous ayez rencontré (pure hypothèse d'école naturellement) une jeune femme fascinante, mais très fragile, rescapée d'une guerre ou d'un cataclysme, dont vous seriez follement amoureux, mais qui serait si imprévisible qu'à chaque coït vous ne puissiez savoir si elle vous accueillera jusqu'au bout ou si elle vous rejettera en fondant en larmes. Vous pardonnerez le romantisme échevelé de ma comparaison, mais voilà bien à peu près quelle est ma situaton à l'égard de la politique depuis une quinzaine d'années et spécialement en ce moment.

 

Vous avez lu sans doute dans mes ouvrages le récit de ma rencontre avec Régis Debray en 2000 et tout ce qu'elle avait de prometteur pour la diffusion de mes idées (à un moment crucial où mes idées me semblaient de nature à freiner les aspects les plus pervers et les plus indument messianiques de la politique occidentale). Vous savez aussi quels espoirs j'ai placé il y a encore cinq ans à un échelon certes plus modeste - celui de l'action municipale à Brosseville - dans certaines radicalités (voir mes discussions à l'époque avec le PIR, divers petits groupes de gauche, M. Tonneau etc).

 

Aujourd'hui, je suis à nouveau à une croisée des chemins, sans savoir si le coït du moment ira à son terme ou pas. Hier soir j'ai reçu un mail sympathique de la députée dont je vous ai déjà parlé le 13 mai dernier. Et je suis dans l'attente d'une réponse sur un projet de publication d'article dans un mensuel de gauche (la réponse d'attente que j'ai obtenue hier aussi était un peu ambiguë). Evidemment tout est lié. Si le mensuel publie mon article, je gagne en crédibilité auprès de la députée qui du coup me proposera peut-être une ou deux pistes d'action utiles, et trouve la force de continuer à réfléchir sur l'avenir de notre "pauvre petit continent", de notre petite espèce sur notre petite terre etc.  Par contre si ces perspectives tombent au fond d'un tiroir, las de n'écrire que pour quelques dizaines de lecteurs sur mon blog, je vais sans doute me replier sur ma petite sphère privée, des rêveries moins "stoïciennes", et plus détachées de l'intérêt général.

 

Tout le caractère aléatoire de mes chances d'être publié et entendu tient d'une part à la circonstance que je ne fournis guère d'efforts pour plaire aux gens (je les pousse à venir sur le terrain de mes préoccupations, de mon style, en suivant mon rythme d'inspiration personnelle, plutôt que d'aller les courtiser dans leur propre sphère), et d'autre part au fait que je défends des positions très minoritaires (par exemple quand je prône une morale du devoir dans des cercles à gauche de la gauche, ou des formes de naturalisme dans des cercles très constructivistes etc, au fait que je mets en avant de multiples nuances, tout en prétendant rester tranchant et en rupture avec les doxas du moment). Chacun sait que ce n'est pas par souci de "distinction" narcissique, ni par goût précieux pour le paradoxe que je m'engage sur ces chemins subtils : il n'y a aucune gratuité dans mes oppositions et je puis démontrer à tout moment la cohérence de mes thèses.

 

Mais, diantre, j'hésite à terminer ce billet (dont le but initital était juste de vous informer de l'avancement de mes travaux) sans revenir sur ma métaphore du début. Les esprits positifs vont me dire : "Vous discréditez  votre propos en le plaçant sous le signe du romantisme, alors qu'en lisant Marcel Aymé et Julien Benda vous nous avez vous-même dit qu'il fallait le proscrire. Il n'y a point de noblesse à aimer une femme sensible. Il faut lui prescrire du Prozac ou des psychothérapies. Et l'on ne gagne rien à aimer, et surtout pas en politique."  Cette objection ne serait pas sotte. Elle me fait songer que je devrais, "toutes affaires cessantes" comme on dit dans les administrations, me consacrer urgemment à l'écriture d'un traité sur l'amour (comme eros ou comme philia, à vous de choisir) comme ressort du rapport au monde. Quelle sorte d'amour un rationaliste peut avoir qui puisse le faire agir pour le bien du monde sans verser dans l'aveuglement ? Malgré toutes mes réserves à l'égard du spinozisme (et surtout de ce qu'en font les ex-marxistes), j'ai toujours aimé cette expression de Spinoza : "Amor intellectualis dei" (qu'on peut aisément transformer en "Amor intellectualis mundi"). Le mot "amor" y est très fort, et "intellectualis" qui vient juste après semble le contredire. Mais les neurosciences nous enseignement qu'il y a quand même de l'amour et de la récompense hormonale dans toute activité cérébrale, même la plus rigoureuse : la rigueur est-elle forcément dans la limite ? Einstein se limitait-il ? Spinoza avait raison de mêler un mysticisme à son intellectualisme sans sortir pour autant des limites de la rationalité. Mais bon, j'en dis trop. Réservons ce propos pour un article plus construit...

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E
<br /> bonne idée de taper sur negri un jour<br />
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