Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Frédéric Delorca

Du temps où le PCF était colonialiste

4 Août 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

p1000036.jpgRien de tel pour se faire une idée de l’état des consciences à chaque époque que de lire des vieux livres, spécialement les plus médiocres.

 

Au premier trimestre 1944, alors que la France est encore occupée (ce qui ne laisse pas de surprendre), les Editions ouvrières (liées au Parti communiste français) publient un ouvrage de 171 pages en format de poche dans la collection « A la découverte de… ». Une collection éclectique dirigée par un certain L. Mounier, qui évoque des sujets très liés aux problèmes de l’électorat communiste : « A la découverte de quelques ouvriers célèbres », « de la tuberculose, fléau social », « des travaux manuels à la maison », « de l’alcool », « de l’Amour » (avec un « a » majuscule, s’il vous plaît, sous la plume du docteur Jouvenroux), mais aussi de sujets un peu moins orthodoxes comme les « saints patrons de nos métiers » (en vertu de l'ouverture du PCF au christianisme, les Editions ouvrières publient aussi des livres personnalistes). Donc en janvier 1944, la publication porte sur un sujet d’actualité de l’époque « A la découverte de la vie coloniale » - c'est-à-dire de l’Empire français, car l’Empire des autres n’est sans doute pas digne de découverte.

 

L’auteur est un certain Maurice Delaporte qui se propose de retracer presque au jour le jour les étapes de sa découverte de l’Afrique française vingt ans plus tôt (Golfe de Guinée, Port Gentil, Haut et Bas-Ogooué etc.). Sur ce M. Delaporte on sait juste qu’il a la quarantaine,  et originaire d’un petit village de l’Est de la France

 

Le livre a une forme un peu romancée. Il évoque l’itinéraire du jeune Marcel qui embarque à Bordeaux pour le Gabon à brd du navire Le Tchad. L’auteur admet que son texte n’aura pas l’élégance de grnads auteurs qui ont trité le sujet avant lui (on pense à Céline, Gide) mais qu’il sera sincère.

 

Le plus intéressant dans ce récit de voyage qui se complaît dans l’évocation classique des moustiques, des gros animaux, et des couleurs bariolées des marchés locaux, est l’absence à peu près complète de critique de l’impérialisme français dans ses pages.

 

A vrai dire, une esquisse de critique est tracée dans l’introduction qui dénonce l'incohérence de certains programmes vestisement ancés au hasard des affectationsdes adminitrates et la baise de la natalité dans les zones côtières qu’elle a occaionné « alors que le noir de l’intérieur a cosevé ses quaités naturelles » (p. 6) Mais cette réserve est uniquement formulée au regard du potentiel de richesses supplémentaires que l’Empire pourrait apporter à la France.

 

Celles-ci sont énumérées dans l’appendice final : le Maghreb est « la future grande réserve de la France, le grenier peut-on même dire, d’une partie de ‘Europe, où céréales, vignes, oléagineux prospèrent » (p. 166), Madagacar peut « devenir un centre de peuplement pour les races européennes » (p. 167) (on est à quelqes mois seulements du massacre massif de sa population insurgée), l’Indochine qui a une population « particulièrement apte à s’ssimiler les facilités matérielles de notre civilisation et à en tirer parti, grâce à on degré e culture beaucoup plus élevé que celui de n’import quele autre race de notre Empire » (sic, p. 171). Même en abordant l’Indochine Maurice Delaporte n’a pas un mot pour son camarade communiste Ho Chi Minh qui mène la rébellion et a de fait déjà soustrait une bonne partie de ce « joyau » de l’empire aux mains de ses maîtres français.

 

Ce n’est donc pas avec ce livre que les sympathisants et membre du PCF habitués de la lecture des ouvrages des Editions ouvrières allaient pouvoir être sensibilisés à l’injustice de l’exploitation coloniale …

Partager cet article

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Commenter cet article