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Le blog de Frédéric Delorca

Ethnies/lutte des classes

6 Février 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Je disais cet après midi à un ami communiste : "Une responsable d'association issue de l'immigration postcoloniale l'an dernier elle m'a dit "la question de la race sera le clivage déterminant de la politique française dans les années à venir et ce civage traverse tous les partis". Mais je ne suis pas sûr que cette prophétie soit avérée. Beaucoup de partis sont traversés par des tas de clivages, sur des tas de questions, qui ne les font pas pour autant exploser. C'est nous qui intellectuellement pouvons contruire ou pas le clivage autour des différences culturelles comme structurant du rapport au monde, mais tout le monde ne le vit pas comme ça. J'ai même tendance à dire que la question de la race n'est pas forcément structurante chez les victimes du racisme elles mêmes, beaucoup d'Arabes par exemple s'interdisant de penser à des thèmes qui les coupent de la pensée dominante française comme la Palestine ou même à leur "identité".  Faut-il souhaiter que la question de la "race" devienne plus centrale, et plus "clivante" dans la vie politique française ? ne serait-ce que pour que les victimes du racisme se sentent libérées du déni de leur identité ? A réfléchir..." wall-copie-1.jpg

J'ai bien aimé sa réponse : "Il y a un exemple encore très clair. Celui de l'Afrique du sud. Là-bas, sous l'apartheid, le clivage de race était un fait objectif.  Pourtant le parti noir "racialiste" Congrès pan-africain (pro-chinois par ailleurs) a fait de la surenchère avec le slogan "one white, one bullet" tandis que l'ANC, malgré la situation objective a toujours considéré que c'était le clivage de classe qui était fondamental, même si des ouvriers blancs ne suivaient pas la lutte de classe mais qu'on décelait l'émergence d'une bourgeoisie noire clientélisée.  Et c'est finalement ce parti (avec le PC intégré dedans) qui a obtenu l'appui réel des masses. Et en France, nous ne sommes tout de même pas sous un régime d'apartheid.  L'idée raciale est une idée de petit-bourgeois qui veulent "monter", ce ne peut pas être une idée de masse. La race, comme la question du sexe, des générations, des régions, des religions, etc, doit être pris en compte, mais la base matérielle reste le socle sur lesquelles toutes ces contradictions se développent. C'est à la gauche blanche de parler plus de race et à la gauche bigarrée de parler plus de classe. Pour créer un climat de confiance."

Personnellement, vous le savez, je ne suis pas matérialiste à la manière dont le sont les marxistes, et donc je ne pense pas que la "base matérielle" soit un socle si fondamental, même si elle pèse très lourd dans la balance (parce qu'en fait je ne suis pas pour l'argument du "en dernière analyse" ). Mais je crois tout de même que dans l'action politique il faut d'une manière ou d'une autre que la question des classes sociales ne soit pas éclipsée par celle des identités culturelles. J'ai bien aimé la conclusion de mon ami : "C'est à la gauche blanche de parler plus de race et à la gauche bigarrée de parler plus de classe. Pour créer un climat de confiance."

Personnellement je ne lui donnerais pas le même sens (implicite) que lui peut lui attribuer, à savoir créer un climat de confiance "pour la lutte des classes" car je refuse le finalisme. Je pense qu'il faut effectivement que nous autres petits bourgeois blancs intégrions davantage la problématique du racisme (de l'intolérance culturelle, du néo-colonialisme etc) simplement par devoir moral, parce que c'est la seule façon d'être juste à l'égard de notre époque et d'y tenir une présence digne de ce nom.

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