Or, il faut rappeler :

  • que cela fait plus de 2 ans que EDF, le Port de Dunkerque et les responsables du Dunkerquois ont élaboré et défendu le projet d’un terminal méthanier dans l’agglomération dunkerquoise ;
  • que ce projet est reconnu comme le projet de terminal le plus crédible sur le territoire français ;
  • qu’une décision définitive doit être prise très rapidement indépendamment de l’avenir de la raffinerie des Flandres.

Si le groupe Total décide aujourd’hui d’investir dans ce projet c’est certainement parce qu’il juge que celui-ci est un bon investissement pour lui en termes financiers et de diversification.

Il faut savoir :

  • qu’en termes d’emplois permanents (au delà de la période de chantier) ce terminal créera moins de 100 emplois, à comparer aux quelques 400 emplois de la raffinerie actuelle et plus encore d’emplois en sous-traitance ;
  • que le terminal méthanier – si la décision est prise rapidement - ne sera en fonctionnement que dans 4 ans ;
  • que pendant ce temps Total n’a toujours pas annoncé ce qu’était le véritable projet industriel pour sauver les emplois directs et indirects sur le site de Dunkerque en cas de fermeture de la raffinerie
  • que rien n’est indiqué pour ce qui concerne les pertes financières du Port dès la fermeture envisagée ;
  • que rien n’est précisé s’agissant du soutien indispensable au développement de l’agglomération en contrepartie de l’éventuelle fermeture de la raffinerie.

Si le Comité Central d’Entreprise de Total lundi, qui doit traiter du devenir du site dunkerquois, devait se voir annoncer que le terminal méthanier est la contrepartie principale à la fermeture du raffinage, il y a fort à parier que cette réunion sera considérée par les salariés comme un leurre, une tromperie et l’annonce d’un véritable gâchis.

Et un bon article de L'Humanité qui précise :

 

"Le ministre de l’Industrie « accueille très positivement l’annonce de l’accord intervenu entre EDF et Total ». Son collègue de l’Environnement salue « un beau projet industriel pour Total, la région et le port de Dunkerque ».

 Seulement, il y a tromperie sur la marchandise. Le projet de port méthanier ne vient pas en substitution de l’actuelle raffinerie : il date de 2006, et si décision était prise de le lancer, il ne verrait pas le jour avant 2014. Quant aux promesses d’emplois, elles sont si dérisoires et si éloignées des qualifications et savoir-faire des salariés menacés… En revanche, ce projet marque un pas de plus dans la gabegie des investissements : devant représenter quelque 20 % des capacités de gazéification nationales d’un marché déjà autosuffisant, il marque un cran de plus dans la guerre que se mènent GDF-Suez et EDF sur leurs cœurs de métier respectifs, au lieu d’investir dans le gaz pour le premier et dans l’électricité pour le second, et dans son outil en France pour Total.


La question demeure donc posée de l’avenir du site de Dunkerque et, au-delà, de la filière française de raffinage. Là
encore, au mépris du fait que la France doit importer de Russie du gasoil, sous-produit de l’essence, on nous parle là de « surcapacités » mais on tait les choix effectués par le géant pétrolier français. Pour assurer sa marge de profit financier, deuxième du CAC 40 avec près de 8 milliards en 2009, malgré la crise, Total augmente ses investissements en aval. Il est capable d’investir près de 10 milliards d’euros avec Aramco dans un projet de raffinerie en Arabie saoudite mais devrait fermer Dunkerque ? Oui, si l’on reste, comme ses dirigeants et le pouvoir d’État qui les soutient, dans une optique de satisfaction exclusive des actionnaires et des exigences des marchés financiers. Non, si l’on considère que ces productions viendront concurrencer directement ce qui est actuellement produit en France.


Nous sommes là au cœur d’un vrai débat de politique industrielle et énergétique, que les états généraux voulus par l’hôte de l’Élysée n’auront pas non plus abordé. Les salariés et leurs syndicats, que ce soit chez Total, EDF ou GDF-Suez, réclament de vrais projets industriels. Ils font valoir des propositions réalistes qui vont dans le sens de l’intérêt public, du pays et de leur secteur qui appelle une vraie responsabilité nationale. Elles donnent du crédit à ceux qui défendent des droits d’intervention nouveaux des salariés dans les entreprises et un contrôle de l’usage des fonds publics régionaux et nationaux. L’avenir est, décidément, de ce côté-là." (http://www.humanite.fr/Total-la-gabegie)