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Le blog de Frédéric Delorca

"L'ordre et la morale" de Mathieu Kassovitz

23 Février 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Cinéma

Vu ce soir en DVD "L'ordre et la morale", un bon film, très prenant, très bien fait, auquel je reconnais notamment la vertu de rendre hommage aux hommes de terrains, à ceux qui font l'histoire au péril de leur vie, alors que les politiciens et les intellectuels se contentent de commenter, ou de récupérer les fruits de leur action (félicitons notamment Mathieu Kassovitz de ne pas sombrer dans un antimilitarisme sommaire, trop répandu à l'extrême gauche, et d'avoir su rendre hommages aux valeurs du soldat, même s'il est plus dur à l'égard de l'armée de terre que de la gendarmerie, l'effort de réalisme et de respect de la chose militaire tranche notamment avec la bouffonnerie d'un film comme "Indigènes" hélas bien mieux récompensé par la profession). Qui plus est ce film a eu le mérite de me rappeler le temps (dans les années 84-88, mais ce temps n'a jamais vraiment cessé) où je débordais de sympathie pour la cause kanake et suivais très assidument les "événements de Nouvelle-Calédonie", comme on disait alors.

gazBien sûr comme beaucoup de contestataires (et vous savez que j'en ai connus quelques uns, et de très près) Kassovitz a le défaut de prendre un peu trop de libertés avec la complexité du réel, et de manipuler à son tour tout en prétendant dénoncer les manipulations des puissants, et ce souvent au mépris des faits authentiques. Sans doute idéalise-t-il un peu trop Legorjus (au point d'en travestir la personnalité), et les preneurs d'otage Kanak (au point de mentir d'ailleur sur des éléments humainement importants comme le mode d'exécution de quatre gendarmes tués). Mais ce sont là des licences artistiques qu'il faut accorder à un artiste passionné qui suit son chemin propre, et utilise l'histoire au service de ses interrogations personnelles. Mais il faut admettre une bonne fois pour toute que le cinéma en particulier, et l'audiovisuel en général, ne sont pas de bons vecteurs de vérité. La vérité ce sont toujours des dossiers, avec des pièces écrites à charge et à décharge (pour autant que le réel puisse trouver son chemin dans l'écriture), et des cerveaux qui tentent des synthèses plus ou moins justes. L'image véhicule un lyrisme qui lui est propre, elle a besoin de lyrisme. Il faut laisser les créateurs suivre une inspiration personnelle à travers le langage audiovisuel, aller voir leurs films (quel dommage que le public et les médias aient largement boycotté ce film) sans jamais confondre l'artiste avec l'historien, voilà tout.

Quant à Mathieu Kassovitz j'espère qu'il reprendra bientôt la voie de la fiction, qui, à mon sens, est la voie la plus noble pour faire entendre la vérité dans l'art.

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