La victoire des nationalistes au Pays basque espagnol
22 Octobre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Espagne
Aux élections de dimanche dernier, le Parti national basque (PNV) de droite remporte 34,6 % des voix, et la gauche abertzale (25 %). Celle-ci bénéficie de la fin du terrorisme d'ETA, mais échoue a faire aussi bien en voix qu'aux élections générales de 2011, et perd notamment des suffrages dans son fief de Guipuzcoa qu'elle gouverne (certains croyaient à tort qu'elle dépasserait le PNV).
Beaucoup de médias mainstream ou contestataires (comme Russia Today) se méfient de cette montée des nationalistes basques d'autant qu'elle pourrait se trouver en phase avec l'évolution actuelle de la Catalogne.
Je voudrais juste apporter ici quelques nuances à cette vision négative. Je suis très loin d'être un inconditionnel du catholicisme nationaliste basque. Je sais qu'il est mal né (arrimé au romantisme allemand au XIXe siècle et tourné contre la montée du socialisme porté par les ouvriers venus du Sud de l'Espagne).En outre en tant que Béarnais je connais les tendances de ce nationalisme à phagocyter à un vision "euskarocentrique" (et un tantinet victimaire) toute l'histoire de la Gascogne avant la conquête romaine et toute son économie actuelle.
Mais rappelons quand même qu'à partir des années 30, le PNV fut du bon côté de la barrière : allié des républicains en 1936 puis auréolé du prestige de la résistance anti-franquiste, même si on doit lui reprocher son atlantisme dans les années 80-90 (et rappelons en outre qu'en 1986, le Pays basque avait voté contre le maintien de l'Espagne dans l'OTAN, malgré le soutien du PNV au "oui" au référendum).
Le Pays basque, sous le PNV jusqu'en 2009 puis sous les socialistes a profité d'un taux de croissance supérieur au reste de l'Espagne (après une reconversion industrielle réussie) pour continuer à mener une politique keynésienne quand le reste du pays (et l'Europe) choisissait l'austérité pour renflouer les banques. On comprend que l'entité basque (alors que le Pays basque n'a jamais voté pour la constitution espagnole) se pose des questions sur son appartenance au reste de l'Ibérie quand celle-ci pour sa part continue de valider la politique d'austérité du gouvernement Rajoy (voyez le vote majoritaire de la Galice en faveur du Parti populaire).
J'attire votre attention sur cet extrait d'un article de la Voz de Barcelona en avril dernier :
""La situation en Catalogne est beaucoup plus dramatique qu'au Pays Basque". Par ces mots de l'historien Fernando Garcia Cortazar analyse la situation politique actuelle et les nationalismes en Espagne. Le professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Deusto (Bilbao) les a prononcés, mardi, en commémoration du bicentenaire de la Constitution de Cadix de 1812 organisé par Impulso Ciudadano.
Auteur à succès, García de Cortázar - ses livres populaires de l'histoire sont toujours des best-sellers -, a rappelé qu'au Pays basque, ceux qui ne sont pas nationalistes, n'ont jamais été abandonnés par le gouvernement, les médias et les centres culturels contrairement à la Catalogne: "Au Pays basque ce sont les nationalistes basques qui sont dans la clandestinité et qui se cachent à l'université, par exemple."
Le propos montre que le Pays basque est devenu une sorte de petit frère, à l'école du "grand frère" catalan en matière de sécessionnisme.
Cela dit on aurait bien tort aussi d'exagérer l'importance de l'indépendantisme de la Catalogne. Il est clair qu'Artur Mas, actuel président de la Generalitat, joue avec une rhétorique sécessionniste, mais c'est aussi parce qu'il sait que son référendum (promis à la population) sera invalidé par le Tribunal constitutionnel à Madrid et sera désamorcé comme le plan basque Ibarretxe en 2008. En ce moment le même journal (Voz de Barcelona) parle d'une dévaluation de la notation de la Catalogne (alors que celle du Pays Basque reste stable) par Moody et du risque de problèmes de financement pour les grandes entreprises catalanes en cas de choix de l'indépendance. Tout cela sent la vaine agitation comme les "déclarations de souveraineté" basque et catalane du début des années 1990.
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