Premier tour de la présidentielle - Remarques à chaud sur les résultats
22 Avril 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche
Les estimations de 20 h en France - que les Belges nous ont communiquées auparavant montrent une avance de François Hollande sur Nicolas Sarkozy, ce qui est de bon augure pour le second tour. La France dans quelques semaines sera sans doute une fois de plus le pays le plus à gauche d'Europe (du fait qu'il aura voté contre la droite en pleine crise de la dette, et que le PS français reste plus à gauche que ses homologues européens), mais ça ne garantit nullement qu'il aura les moyens de résister aux puissances financières pour imposer une politique keynésienne (dont M. Hollande ne parle même pas).
Le FdG serait à quelques points derrière le FN. Jean-Luc Mélenchon pendant cette campagne aura fait sauter beaucoup de tabous autour des thèmes que soutient sa mouvance et qui sont maintenant mieux compris dans l'opinion publique. Selon un article du Canard Enchaîné de jeudi il n'attendrait pas grand chose des législatives (qui sont verrouillées pour que le FdG n'ait pas plus de 25 députés) mais espèrerait être premier aux élections européennes devant le PS (profitant sans doute du mécontentement que les hésitations de M. Hollande provoqueront), ce qui le placerait en bonne position pour la prochaine présidentielle.
L'UMP risque de rester tiraillée entre son aile droite et son aile gauche, Bayrou n'ayant pas disparu du paysage politique, et connaître une traversée du désert sur fond de guerre des chefs. Les Verts sans doute se referont une santé à la législative grâce à l'accord avec le PS mais leur indépendance en a pris un tel coup - car ils ne se sauvent que grâce au PS - qu'on peut se demander si leur électorat leur fera encore confiance (d'autant qu'ils ont sacrifié au passage une bonne partie de leur programme). Le FN a réussi la transition du père à la fille, et reste un problème dans le paysage électoral français car il tire l'UMP vers la xénophobie et entretient une partie de l'électorat dans l'illusion que les problèmes viennent des étrangers. Je crois que Mme Le Pen par tempérament est moins xénophobe que son père, mais le fond du discours reste ultrasécuritaire et fondé sur le refus d'altérité culturelle (celle de l'islam, même s'il est vrai que c'est un sujet complexe). Certains diront que l'européisme relatif (même si c'est un "altereuropéisme") du FdG contribue à empêcher l'électorat FN de rejoindre celui de Mélenchon. C'est un sujet assez compliqué. Mais en l'occurrence il faut voir aussi que, si le phénomène vote utile n'avait pas joué en faveur d'Hollande pour créer une dynamique anti-sarkozy dès le premier tour, le FdG aurait sans doute récupéré plus de voix ouvrières qui allaient autrefois au FN et à l'UMP et à l'abstention, tout cela indépendamment de la question de l'Europe sur laquelle les électeurs n'ont en général pas les idées claires. Il faut dire aussi qu'il y a eu une grande habileté de Mme Le Pen à se positionner en candidate anti-système financier dans la conjoncture actuelle. Le FN restera peut-être un problème pour longtemps encore.
Sur l'extrême gauche pas grand chose à dire, puisque la dynamique Mélenchon a phagocyté largement l'électorat d'LO et du NPA. DLR de M. Dupont-Aignan continuera sans doute à tenter d'occuper l'espace laissé par la disparition de ses rivaux (villiéristes, asselinistes etc) mais son chef manque de charisme (il se force à jouer les tribuns sans succès), baigne un peu trop dans l'improvisation (cf par exemple son ralliement à la sortie de l'UE en bout de course) et garde un discours trop à droite pour être rassembleur (cf par exemple ses sorties anti-chinoises sans aucune hauteur de vue à l'automne).
Tout au long de la campagne, je trouve que Mélenchon aura réussi une belle expérience alchimique. Il a composé une union de la gauche anti-libérale qui a plus de souffle que son homologue espagnole (que je connais bien) parce qu'elle puise aux racines d'une tradition républicaine révolutionnaire qui parle encore beaucoup aux Français (cf la thématique de la VIe République et son bonnet phrygien). Cela donne au mélange écologie-socialisme-république une consistance intéressante, avec des ouvertures sur la démocratie directe. Un effet de contagion sur l'Allemagne via Die Linke peut accentuer la crédibilité de son discours européen, à condition que les deux partis puissent coordonner une option d'Europe alternative crédible. A défaut de ce prolongement allemand, le FdG sera sans doute conduit - les crises de l'euro et la récession aidant - à se rapprocher du M'PEP. Pour le moment on est à la croisée des chemins.
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