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Le blog de Frédéric Delorca

Réorientation du blog

19 Août 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

p1000121.jpgEn Libye l'étau se resserre sur Tripoli. Ces progrès seraient liés à des livraisons d'armes qataris via la Tunisie et au "soft power", notamment la corruption par l'argent des officiers loyalistes. Cela a marché avec Saddam Hussein, avec les Talibans, cela marche aujourd'hui en Libye. L'argent achète tout, c'est la vie...

 

On peut lire sur la toile un article d'un sociologue camerounais qui expose que la Libye de Kadhafi est bombardée parce qu'elle contribue à hauteur de 50 millions de dollar au projet de satellite africain Rascom 1 et pour sa participation au Fond Monetaire Africain, à la Banque Centrale Africaine, et à la Banque Africaine Des Investissements. Il estime que l'Algérie pourrait être une cible des Occidentaux au même titre que la Libye en raison de ses réserves en devise susceptibles de rendre service aux pays africains. Sans doute ce texte rationalise-t-il à l'excès les raisons de notre intervention militaire qui tiennent selon moi à trois facteurs beaucoup plus "impulsifs" : la pression des opinions publiques française, britannique et étatsuniennes travaillées depuis des années par l'antikadhafisme des médias (une antikadhafisme certes lié au passif de l'engagement du personnage dans des causes impopulaires en France comme le panarabisme et le panafricanisme) et une volonté de voloriser l'alliance militaire franco-britannique sur un terrain militaire concret. Mais les éléments informatifs sur les choix d'investissement de Kadhafi sont intéressants.

 

Dans l'affaire syrienne c'est autour de Moscou que l'étau se resserre. On multiplie les appels à la démission de Bachar El Assad pour "compenser" l'impuissance du Conseil de sécurité imputée au véto russe. Pourtant la presse russe n'est pas très tendre avec Damas. Et à juste titre. On ne sait pas trop ce qu'il se passe en Syrie, du fait du black out gouvernemental. Il y a peut-être des ingérences saoudiennes(*), des bandes armées infiltrées de l'étranger. Mais il semble aussi y avoir un appareil répressif qui "se lâche" sans limite contre les civils. Et c'est cela que l'opinion publique occidentale à juste titre ne supporte plus. Il est sans doute un peu injuste d'imputer à Bachar-El-Assad l'intégralité de la répression, car déjà à l'époque de son père les services de sécurité n'étaient pas complètement contrôlés par le pouvoir civil. Mais à tout le moins il devrait démissionner. La perversion du système mondial actual tient au fait que les chefs d'Etat impliqués dans des répressions - réelles ou surestimées - sont dissuadés de démissionner par la menace d'un jugement devant la coup pénale internationale (menace qui plane même sur les pays non adhérents à la convention qui définit sa compétence comme on l'a vu en Libye). Cela dit tout cela est assez complexe : le président soudanais inculpé par cette même cour n'a pas l'air d'être trop inquiété. En tout cas l'impossibilité d'avoir une justice impartiale au niveau mondial est un facteur de déséquilibre supplémentaire. On le voit aussi avec toutes les suspicions qui entourent le tribunal spécial sur le Liban. Quant à la Syrie en tout cas, même si Moscou ploie, on se demande avec quels avions on attaquera Damas. Peut-être sollicitera-t-on à nouveau nos amis du Qatar (ceux qui achètent tant de choses en France avec les profits qu'ils tirent de la mondialisation) ? Et surtout quel régime mettre en place à la place du Baas ? C'est le même problème qu'en Libye (où on s'est rendu compte que l'opposition n'était pas si recommandable). Peut-être reprendra-t-on des cadres du Baas comme ce fut fait en Irak, en les repeignant aux couleurs de pseudo-démocrates pro-occidentaux, dans le cadre d'un régime parlementaire assez factice sur le modèle de Bagdad (un régime si "tendre" en Irak que Tarik Aziz demande à être exécuté plutôt que de continuer à croupir dans ses geôles, ce qui doit être le cas de bien d'autres opposants politiques moins connus). Honnêtement je ne crois pas qu'il faille défendre le régime baassiste, tous ces vestiges du nationalisme arabe comme Assad ou Kadhafi ne peuvent plus apporter grand chose à la jeunesse arabe, mais je ne comprends pourquoi l'Occident s'obstine à penser que c'est à lui de décider quel mode de gouvernement (ou de "gouvernance") doit s'y substituer... Si le régime d'Assad a perdu la confiance du peuple, il s'effondrera de lui-même, parce que son système de sécurité se fissurera de l'intérieur. Les Occidentaux n'ont rien à faire dans cette histoire.

 

En Asie, les tensions perdurent. La Corée du Nord menace celle du Sud à nouveau - mais cette année je n'ai pas eu le temps de regarder l'origine de ce nouveau contentieux (en général la responsabilité est un peu trop facilement imputée à Pyongyang). Les manoeuvres militaires étatsuniennes au large de la Chine et cet inquiétant conflit des Spartleys (mais pourquoi diable les Chinois revendiquent-ils un archipel aussi éloigné de leurs côtes ?) s'ajoutent au chaos politique qui commence à s'installer au Népal. Par ailleurs, il y a quinze jours des jets militaires étatsuniens ont violé l'espace aérien srilankais, une nouvelle qui n'a rien de sensationnel, mais qui participe d'un climat potentiellement belliqueux dont ce pays à peine sorti de la guerre civile pourrait à nouveau faire les frais prochainement.

 

En Afrique la sècheresse somalienne émeut les âmes charitables (on oublie juste de rappeler qu'elle résulte en grande partie de la guerre civile entretenue par l'occupation éthiopienne pour le compte des Etats-Unis, l'Ethiopie elle-même étant saignée à blanc par ses dépenses militaires), sans oublier les effets systémiques de la globalisation sur ce pays (par exemple la destruction de la pêche côtière par les multinationales, ce qui d'ailleurs nourrit la piraterie). Au Venezuela, Chavez est affaibli par son cancer. Il paraît qu'il aurait poussé son ami Villepin à jouer les intermédiaires en Libye.

 

On pourrait aussi parler de cette crise financière - les Etats s'endettent pour renflouer les banques, les banques les châtient en baissant leur notation -, de ces attentats d'Oslo (dont il est quand même peu probable qu'ils aient été perpétrés par un homme seul), et tant d'autres symptômes d'un dérèglement profond de ce monde. Mais j'avoue baisser un peu les bras en ce moment. Je laisse tomber l'engagement et m'enferme plutôt dans la lecture des vieux livres. Il y aurait trop à faire pour remettre en ordre ce monde. De toute façon, nous avons quelques politiciens courageux (déjà cités ici) qui tiennent des propos de bon sens (même si on peut regretter parfois qu'ils n'aillent pas assez loin, ou qu'ils manquent de sens stratégiques), il est inutile que j'ajoute à leur éloquence la petite voix de ce blog. J'orienterai donc celui-ci vers des sujets qui ne font pas la "une" de l'actualité, notamment des sujets historiques, ou littéraires. C'est plus reposant.

 

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(*) J'ai souri le 8 août à 12h30 en entendant la commentatrice du journal de France culture se réjouir, fort peu impartialement, du fait "qu'enfin" des pays arabes - c'est-à-dire en fait les monarchies du Golfe persique - élevaient la voix contre le régime syrien de Bachar-el-Assad. Voilà une belle neutralité journalistique. La journaliste aurait dû ajouter "enfin les grandes démocraties que sont les pétromonarchies vont pouvoir forger une Syrie  à leur image, alignée sur les intérêts occidentaux". 

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ps : Dans le Monde diplomatique d'aout Lordon défend une démondialisation au niveau national (pas européen comme Montebourg) et fustige les membres du comité scientifique d'Attac qui dans un opuscule de juin ont jugé cette idée réac. Si même Le Monde diplo se divise, c'est que le patriotisme économique n'est plus diabolisé à l'extrême gauche.Tous les espoirs sont permis. Ils finiront par être sur la même ligne que mon Programme pour une gauche française décomplexée... avec 5 ou 6 ans de retard. Le défaut d'anticipation... c'est leur problème depuis vingt ans au moins.

 

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E
<br /> <br /> Pas sûr que des recherches dans des vieux livres n'aient pas une portée politique...<br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Certes (sinon je publierais sur un autre blog), mais il vaut mieux contempler la bêtise, la lâcheté et la trahison lorsqu'elles se conjuguent au passé qu'au présent...<br /> <br /> <br /> <br />