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Le blog de Frédéric Delorca

Vive l'artisanat !

23 Février 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca

Actualisation 2019 : Mes découvertes sur le monde des médiums, de la sorcellerie, et des forces invisibles m'ont fait complètement renier ce livre "Eloge de la liberté sexuelle stoïcienne" dont j'ai demandé à mon éditeur de ne plus le publier

Croyez moi, mes amis, dans le "travail intellectuel" (so to speak), rien ne vaut l'artisanat. Polissez votre meuble, huilez votre montre suisse, fabriquez vos petits jouets tranquillement dans votre coin. Peut-être un jour une multinationale s'intéressera-t-elle à ce que vous faites, peut-être pas, et peu importe.

 

eloge toicien

Ce soir je regarde la page Facebook de mon éditeur (le Cygne). Je vois qu'il annonce la sortie de mon avant-dernier livre (le dernier étant pour mars au Temps des Cerises), "Eloge de la liberté sexuelle stoïcienne", un livre très personnel, mais il faut aussi, hélas, parfois écrire aussi des choses comme cela pour le repos de la conscience. Un type ajoute comme commentaire : "Ce récit m'a tout l'air fameux! Il m'en faudra quelques exemplaires pour mon prochain passage à Paris...à bientôt!". Je me renseigne sur ce monsieur en cliquant sur son nom (merveille de la technologie facebookienne). Je découvre qu'il se dit anticapitaliste, qu'il a bossé pour la petite maison d'édition de son père et qu'il "exerce l'activité de bouquiniste mobile entre Nantes et Rennes." Aussi il "défend la cause animale et le végétarisme".

 

Voilà donc que "la traçabilité" de mon petit récit très personnel est établie à mes yeux. Je sais qu'il va maintenant se ballader entre Nantes et Rennes dans la malette d'un bouquiniste ambulant "anticapitaliste". Le voilà embarqué donc sous des cieux un peu bohème. Peut-être aussi ira-t-il dans la bibliothèque de ce poète et blogueur marocain qui a mis un "j'aime" sous l'annonce de mon éditeur relative à ce livre.

 

J'aimerais bien connaître la suite de l'histoire. Qui du côté de Rennes et de Nantes va donc acheter un exemplaire de ces livres que le libraire ambulant aura pris dans sa malette ? Le poète marocain sera-t-il si déçu par ce bouquin qu'il s'en débarrassera immédiatement dans une "foire à tout" ?

 

Allez savoir. "Vos livres vont vivre leur vie" m'avait dit un libraire un jour. On ne sait jamais où ils vont se retrouver. L'idée est grisante je trouve...

 

Du coup j'ai déjà un regret. Celui de n'avoir pas assez soigné le style, pas bien maîtrisé la narration. La dame des Editions "La Différence" m'avait dit que je tenais là un sujet extraordinaire, qu'il fallait y prêter beaucoup d'attention. Mais moi, toujours idiot, toujours démissionnaire, j'ai ruminé bêtement ce texte pendant 10 ans sans trop savoir quel ton lui donner, et finalement je n'avais plus que le souci de m'en débarrasser au détour de la quarantaine pour tourner cette page. J'étais égoïste. Je n'ai pas pensé au lecteur. Je ne savais pas que le sujet intriguerait du côté de Rennes, ou chez les poètes rifains. D'une certaine façon c'est en partie mon éditeur lui-même qui m'a convaincu de ne pas le prendre au sérieux. En 2009 quand je le lui avais proposé, il m'avait dit "c'est très personnel, difficile à vendre, écrivez plutôt un essai ou un récit de voyage". Et j'avais opté pour l'Abkhazie. Il avait raison de son point de vue puisque les essais chez lui se vendent mieux. Mais peut-être sur le long terme ma petite histoire peut-elle finalement intéresser davantage que l'Abkhazie, et, dans ce cas là, c'est la gravité de la dame des Editions "La Différence" qui se serait avérée très pertinente. Mais non, allez, j'assume toute la responsabilité de tout ça. Car la gravité de la dame avait fini par me paralyser. Le scepticisme des Editions du Cygne, lui, m'a libéré. J'ai pris comme un défi de les convaincre de le publier en 2011, et c'est devenu pour moi un jeu, et je n'ai plus trop prêté attention à ce que j'avais vraiment mis, retiré et rajouté dans ce livre pendant 10 ans. La légèreté, l'esprit du jeu, ont permis que le livre sorte. Reste à voir maintenant si le récit est toujours aussi "fameux" à la lecture détaillée, ou simplement rasoir pour les lecteurs, s'il échoue dans les canivaux de Rennes ou de Nantes ou essaime dans d'autres bibliothèques. Ne nous en préoccupons pas trop. De toute façon je ne saurai jamais vraiment ce que ce livre deviendra dans le regard de mes lecteurs tant les retours sur ce qu'on fait son finalement très rares. Dans un sens ce n'est pas plus mal.

 

Ces derniers jours je fais aussi un peu d'artisanat autour des révolutions arabes sur le blog de l'Atlas alternatif. Au Bahrein, en Libye. J'essaie de faire entendre quelques petites questions qu'on ne se pose pas assez. Sur le fond je me réjouis que ces peuples aspirent à la liberté. Mais je ne puis m'empêcher de réfléchir à ce que les officines occidentales font ici pour utiliser et encourager le besoin de démocratie des gens, là au contraire pour le réprimer. M. Medvedev en Russie est très inquiet. Il redoute que, une fois passée l'euphorie populaire, des régimes "fanatiques" s'installent au Caire ou ailleurs. Les Russes sont sans doute comme toujours trop pessimistes. Mais ils ont au moins le mérite de tenter de réfléchir à l' "après". Ce que je ne trouve pas beaucoup dans notre bonne presse...

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