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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

Vers une Pax Syriana à Afrin ?

19 Février 2018 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Proche-Orient

A Afrin (Afrine), selon la presse turque, le PYD/PKK "n’a plus d’espace" depuis que les Forces armées turques ont pris le contrôle de plus de 70 points au nord, à l’ouest, au sud-ouest et à l’est de la capitale du district ("neutralisant" par la même occasion plus de 1 500 combattants de la milice YPG). Pendant le weekend le YPG, abandonné par les Occidentaux après avoir fait pour eux le sale boulot contre Etat islamique, se fendait de communiqués triomphalistes sur Twitter annonçant l'arrivée prochaine de l'armée gouvernementale syrienne. Mais on serait en fait loin d'un l'enlisement turc suivant un scénario "à la yéménite" dont j'avais esquissé la possibilité dans un billet sur ce blog il y a peu, et les Turcs estiment qu'Assad ne déploiera sans doute dans la ville que "des forces en quantité symbolique". La chaîne du Hezbollah libanais confirme l'entrée prochaine des forces légales syriennes à Afrine en évoquant une source kurde, mais sans rien préciser des termes du contenu de l'accord. Un désarmement complet ou partiel du YPG ? Un adoucissement du projet d'autonomie du Kurdistan syrien (le Rojava) ?

On sent bien en tout cas que ce déploiement syrien a les apparences d'une échappatoire pour dissimuler l'impossibilité pour le YPG de soutenir un siège de longue durée qui aurait été horriblement coûteux pour la population. Reste à savoir si l'instauration d'une éventuelle "pax syriana" à Afrin peut empêcher la politique de relocalisation dans le districts d'opposants syriens qu'envisageait Ankara ainsi que l'a révélé récemment l'épouse d'Erdogan et qui aurait eu des effets funestes pour la communauté kurde de la région (une politique qui s'inscrirait dans la logique de "sécurisation" de leur frontière Sud - rappelons que la Turquie reproche au PKK dont le YPG est une émanation d'avoir tué plus de 4 000 personnes en Turquie en 20 ans). Plus généralement c'est désormais tout l'avenir du projet autonomiste kurde en Syrie qui est en question alors que la pression turque s'affirme aussi sur l'Euphrate. Quel avenir se profile dorénavant pour la cohabitation entre les populations en Syrie du Nord après ces combats ? La même question vaut pour la plaine de Ninive en Irak : les Turcs dénoncent l'assassinat ciblé de leurs protégés turkmènes dans la région de Kirkouk depuis l'effondrement de Daech. Récemment un professeur de droit de l'université a été tué. Les Turcs accusent les services secrets du gouvernement régional kurde d'Irak (Asayish dont on a vu aussi l'action brutale dans les camps de réfugiés contres les yézidis l'an dernier).

Pendant ce temps au Sud de la Syrie, la paix est directement menacée par le bras de fer israélo-iranien. La situation proche-orientale en ce début d'année 2018 est décidément des plus délicates...

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Afrin : les responsabilités occidentales

3 Février 2018 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Proche-Orient, #Colonialisme-impérialisme

Bien sûr, il y a cette guerre du Yémen dont on parle peu, et à laquelle les gens comprennent si peu de choses que même un grand journal comme Le Figaro  dans sa version électronique du 30 janvier dernier s'emmêle les pinceaux et titre : "Yémen : les séparatistes Houtis encerclent le palais présidentiel à Aden" alors que, quand on lit l'article (et les dépêches des autres journaux), on se rend compte que ce sont les séparatistes sud-yéménites sunnites (ceux qui ont fourni les rangs d'Al Qaida naguère) qui encerclent le palais, et non les houthis chiites (qui ne sont pas séparatistes mais ont formé un gouvernement alternatif résistant à l'attaque saoudienne ) Sanaa au Nord... On se demande quel est le stagiaire qui a été recruté à  la hâte pour concocter ce titre qui mélange tout, et tant pis pour les collégiens qui feront leur revue de presse avec ce "fake title"...

Bien sûr il y a toutes les atrocités de la guerre en Syrie, à Idlib, à la Goutha, commises par le régime ou par ses opposants (Al Nosra, ASL, l'Etat islamique qui regagne ici ou là du terrain).

Et puis, au sein de l'enfer syrien, il y a Afrin, la poche kurde à la frontière nord, sous le feu turc depuis plusieurs jours (l'opération "Rameau d'olivier"). Afrin avec ses infos justes et sa propagande. Il y a Afrin avec la brutalité de l'armée d'Erdogan et de ses milices djihadistes (comme celle du sanguinaire Muslim al-Shishani). En fait c'est toute l'armée qui devrait être qualifiée d'islamiste puisque le président du parlement turc a parlé de djihad. Et en effet c'est largement du point de vue turc une guerre de religion. Alors que les Kurdes eux, en ont fait une oasis de tolérance - on y trouve des sunnites, des chiites alévis, des chrétiens syriaques, des yézidis, des athées.

Comme au Yémen, le patrimoine archéologique d'Afrin est visé. On parle d'un site hittite de l'Age de fer détruit à 60 % à Ain Dara par les frappes aériennes turques - un geste délibéré qui vise autant l'honneur kurde que celui de l'ensemble des syriens. On dit que l'armée turque utilise de l'agent orange, et des bombes à fragmentations (par exemple à Jinderes le 31 janvier) interdites par la Convention de Genève, comme  l'avaient fait les Occidentaux en Serbie et en Irak, qu'elle tire sur un barrage dans l'espoir qu'il cède pour inonder les villages, que les milices djihadistes à ses  côtés enrôlent de force des enfants de moins de 18 ans de la région comme cela se fait en Afrique et dans toutes les guerres désormais.

Et puis il y a ces femmes héroïques de la YPG (les alliés syriens du PKK) qui après s'être battues contre l'Etat islamique à Raqqa et Deir Ezzor ont rendu l'âme à Afrin en martyres : Avesta Xabur à bout de munitions a balancé se dernières grenades sur la tourelles d'un char d'assaut et sur les djihadistes qui l'encerclaient en se faisant sauter avec eux (les médias appellent ça un attentat suicide, en confondant avec les pratiques offensives des kamikazes, là, l'héroïne s'est juste défendue jusqu'au bout) ou Barîn Kobani qui, elle aussi s'est battue jusqu'au bout, et les djihadistes ivres de rage ont dénudé son buste et coupé ses seins devant une caméra pour en faire une vidéo virale diffusée sur le Net pour les voyeurs en mal de sensations morbides. Et il y a ces volontaires occidentaux, dont on commence à rapatrier les cercueils (j'ai vu le nom d'un jeune Anglais sur Twitter hier.

Combien de victimes ? On ne sait pas. La première question à se poser n'est pas celle de l'ampleur du drame mais celle du problème plus profond qu'il illustre. Et c'est pourquoi ce matin j'écris plus volontiers sur Afrin que sur les autres aspects des drames du Proche-Orient : la question que pose Afrin c'est une nouvelle fois celle de la façon dont l'Occident traite ses supplétifs. En amont de tout il y a le problème de la légitimité d'utiliser des supplétifs : Washington plutôt que d'envoyer ses propres troupes a misé sur les milices kurdes. Moralement il est criminel d'envoyer des peuples mener des guerres par procuration en leur faisant miroiter des promesses intenables. Les Etats-Unis l'ont fait avec les Hmongs au Vietnam, comme nous avec les Harkis pendant la guerre d'Algérie. Il est encore pire, lorsqu'on a décidé d'en faire nos mercenaires, de ne pas les contrôler. Comme le souligne le chercheur Brak Barfi dans L'Orient le Jour, Erdogan avait clairement posé qu'il refuserait de voir les YPG et le PKK implantés en Irak s'installer au delà de l'Euphrate. Or Washington n'a pas pu ou voulu les empêcher de franchir le fleuve... C'était la garantie de les envoyer au casse-pipe.

Aujourd'hui l'Allemagne un peu gênée de voir ses chars combattre à Afrin sous le drapeau d'Erdogan dit suspendre l'assistance militaire avec la Turquie pour l'entretien de ses chars. Un geste bien timide. Le ministre anglais Boris Johnson, lui, trouve une certaine légitimité à l'action turque et personne ne parle de remettre en cause l'aide militaire de Londres à Ankara, pas plus que les contrats militaires français. Les gouvernements occidentaux sous couvert d'appeler hypocritement à la retenue sont bien décidés de laisser tomber leurs supplétifs à Afrin, tout comme ils avaient laissé les Kurdes bien seuls à Kobané. Ils nous ont aidé à liquider l'Etat islamique, aujourd'hui ils peuvent crever. Les Russes eux aussi ont offert Afrin à Erdogan sur un plateau. Mais eux au moins avaient eu la décence d'aller directement au casse-pipe contre l'Etat islamique à Palmyre et à Raqqa, sans instrumentaliser le YPG.

En France officiellement le PCF soutient les Kurdes, mais à la manifestation devant l'assemblée nationale le 24 janvier pour Afrin le seul élu qui ait pris la parole était un sénateur centriste Olivier Léonhardt. Faites pression sur vos députés !

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Le livre de Delorca sur le populisme mentionné dans la revue "L'Arme et la Paix"

21 Janvier 2018 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #ICD, #Actualité de mes publications, #Les régimes populistes

La revue L'Arme et la Paix de l'association Initiatives citoyenneté défense publie en page 1 un encart consacré à mon livre paru récemment "Les régimes populistes face au mondialisme" (eds du Cygne).

Une occasion pour moi de redire tout le bien que je pense de cette association grenobloise dans la diffusion d'informations alternatives pour aider à la compréhension des enjeux de notre époque.

La revue est en ligne ici.

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Recension de "Les régimes populistes" sur "Esprit Surcouf"

8 Janvier 2018 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les régimes populistes, #Actualité de mes publications, #Donald Trump, #George Soros

Richard Labévière mentionne aujourd'hui aimablement mon dernier livre "Les régimes populistes contre le mondialisme" sur son site "Esprit Surcouf" en ces termes ;

La mondialisation économique, commerciale et financière s’est furieusement emballée dans les années 1990, sous l’administration Clinton. Aujourd’hui, elle reste ouvertement promue par des acteurs économiques et politiques proches des milieux démocrates américains comme l’Open Society Foundations de George Soros. Cette mutation qui s’impose à la totalité de la planète s’accompagne résolument d’un programme de gouvernance qui vise le démantèlement de la souveraineté des Etats-nations, des services publics et des politiques de redistribution sociale. Ainsi, les suppôts de la Fondation Soros ont lancé plusieurs mouvements importants de « changements de régime », appelés « révolutions de couleur » dans l’ex-empire soviétique : « révolutions des Roses en Géorgie (2003), Orange en Ukraine (2004), des Tulipes au Kirghizistan (2005).

Cette « fondation » semble avoir aussi favorisé d’autres actions de déstabilisation internes chapeautées par le National Endowment for Democracy américain, comme des tentatives de renversement du régime d’Hugo Chavez au Venezuela, la révolution Verte en Iran (2009) ou des mouvements comme « Y’en a marre » et « Balai citoyen » en Afrique dans les années 2010. Les pseudo « Printemps arabes » de 2011, sont – en partie – un sous-produit de cette culture des « révolutions » de couleurs.

Face à ces évolutions rhizomatiques, les dernières années ont été marquées par un sursaut des défenseurs des Etats-nations comme meilleurs garants de la souveraineté et des droits sociaux des peuples, mouvements (de droite et de gauche) qui ont été taxé péjorativement de « populistes ». Parfois, ces mouvements ont même réussi à prendre le pouvoir dans des pays aussi différents que la Hongrie, l’Autriche, l’Inde ou même les Etats-Unis. Le juriste-écrivain Frédéric Delorca déconstruit méthodiquement[1] cet affrontement planétaire en fournissant les éléments factuels – pour autant qu’ils soient accessibles – éléments qui racontent une histoire radicalement différente des carabistouilles que nous servent habituellement les grands médias.        

L’enquête de Frédéric Delorca met à jour l’épicentre de la pensée mondialiste promue par l’Open Society Foundation (OSF) de Soros. Le site 888.hu en dressait encore la liste des bastions en 2016 : « l’Institut des politiques publiques d’Eötvös Kàroly créé par la Fondation Soros en janvier 2003 ; la Fondation Cercle de Craie (Kretakör), une ancienne compagnie de théâtre qui fait de la sensibilisation aux droits des minorités auprès des jeunes et du streetart ; Transparency international ; K-Monitor, une association pour la transparence publique financée part Transparency international et le Département d’Etat américain ; la Société pour la liberté et les droits (Tàrsasag a Szabadsàgjogokért (TASZ), qui est financée par le Fond civil norvégien, un fonds officiellement gouvernemental mais en fait piloté par Soros et par l’OSF ; le Fonds pour l’éducation des Roms ; la Fondation C3 (pour la diffusion du numérique) ; le groupe pro-avortement PATENT ; la société Hàtter pour les droits des gays, lesbiennes et transgenres ; le lobby féministe hongrois Magyar Nöi Erdekérvényesitö Szövetség ; le programme d’échange de seringues Blue Point… »

On se souvient que le milliardaire américain Soros est lui-même d’origine hongroise, et que la relance du mouvement OTPOR – qui anima la première révolution de couleur dirigée contre Slobodan Milosevic en Serbie et financée par l’OSF – s’était faite à Budapest fin 1999. Tous ces braves gens entretiennent des liens organiques suivis avec l’évangélisme protestant, alliant à la fois une religion charismatique et une lecture littéraliste de la Bible. Frédéric Delorca : « les Evangélistes sont 64 millions aux Etats-Unis, soit près d’un cinquième de la population. Ils sont une force politique importante. En Colombie (où ils seraient 30% selon un sondage de 2009), ce sont eux (plus que les Catholiques) qui ont fait échouer la ratification de l’accord de paix avec la guérilla des FARC parce qu’il comportait des concessions trop explicites au lobby Lesbien Gay Bisexuel Transgenre LGBT et au lobby pro-avortement. Aux Etats-Unis, selon la BBC, 81% des Evangélistes ont voté Trump (plus encore que précédemment pour George W Bush), ils ont été le groupe le plus compact derrière le candidat républicain ».

A propos de la Catalogne, le petit livre tonique de Frédéric Delorca précise : « les analystes évoquent aussi les liens de la Generalitat de Catalogne avec les intérêts israéliens dans les années 1990 à travers le diamantaire Moses David Tenennbaum, la réouverture récente du consulat honoraire israélien, la formation des Mossos d’Esquadra (la police catalane) par le Mossad… » On l’aura compris le dernier ouvrage du juriste-écrivain Frédéric Delorca soufflent dans les voiles et nous ouvre des perspectives de réflexion tellement plus intéressantes que l’habituelle soupe de notre presse nationale… pardon ! parisienne, qui continue à nous bombarder de Fake News, de bien-pensance et de propagande. Il est temps que le président

Macron y mette bon ordre. Mais qui va trier et faire la différence entre l’erreur et la vérité, entre les faits avérés et ceux plus ou moins bidonnés ? On voit déjà que le CSA est parfaitement incapable de contrôler correctement les médias de l’audiovisuel public français… alors bon courage !

Retrouvez ce papier ici (NB : actualisation 2019 - le commentaire de Labévière est aussi sur le site du Comité Valmy ici)

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L'impasse catalane

22 Décembre 2017 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Espagne

Finalement la Catalogne aura donné une courte majorité en sièges aux indépendantistes (alors qu'ils sont sous les 50 % en voix), avec des villes côtières fidèles aux partis constitutionnalistes, et l'intérieur des terres sécessionniste. Ciudadanos (le parti de Rivera et Arrimadas), devenu le premier parti de Catalogne, aura pâti de son image de mouvement récent qui n'a pas l'expérience de la gestion des villes, et il rate l'occasion de former le gouvernement à cause du recul du Parti populaire. ERC a capitalisé sur la popularité de ses prisonniers. Le parti de Puigdemont (Junts per Catalunya) s'en sort bien. Va-t-il commettre la folie de relancer le processus sécessionniste ou va-t-il simplement  agiter cette menace pour négocier un nouveau statut où la région n'aura plus à verser d'argent aux culs-terreux d'Andalousie et d'Extrémadoure ?

Apparemment cela peut dépendre de la question de savoir si le petit parti national-communiste CUP sera inclus dans la majorité ou pas. Ce groupe est passé de 11 élus à 8, malgré le soutien actif et révolutionnaire des "Putes indignées de Catalogne" (sic) - voir l'article ici.

Et la justice espagnole, va-t-elle relâcher les députés indépendantistes pour leur permettre d'élire leur nouveau président ? La séparation des pouvoirs interdit à l'exécutif d'imposer une pareille mesure... Il ne semble pas y avoir de suppléants dans cette assemblée. Si les prisonniers ne votent pas, c'est le bloc constitutionnaliste qui élira le président...

Je n'aimerais pas vivre en Catalogne : qu'une moitié de la société désire ardemment ce que l'autre moitié rejette absolument, c'est atroce. Aucun Etat en Europe n'a connu cela, sauf peut-être le Montenegro quand il s'est séparé de la Serbie. Les autres pays ex-yougoslaves étaient plus cohérents dans leurs voeux : les Serbes majoritairement yougoslavistes, les Croates très majoritairement sécessionnistes. Le même consensus soudait les Slovaques quand ils se sont séparés des Tchèques, et les Lettons n'avaient qu'un quart de la population (les Russes) contre eux quand ils ont quitté l'URSS. Je sais bien que les sociétés britannique et française sont aussi très divisées dans leur rapport à l'Europe, mais la division sur l'adhésion à une technostructure lointaine est moins dramatique que celle sur l'appartenance à un Etat qui assure votre sécurité et votre définition identitaire au quotidien.

Un commentateur du journal la Vanguardia faisait tantôt cette petite statistique sociologique bien instructive : sur les 66 députés élus du bloc sécessionniste, seuls 2 ont un nom espagnol, et sur les 37 députés de Ciudadanos, seuls 2 ont un nom catalan... Voilà une image claire de la division ethnique de cette région.

Et nous aussi nous aurons bientôt notre négociation d'autonomie, avec la Corse, qui demandera plus d'avantages...

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Jérusalem, Népal, Honduras, Ukraine et relations afro-coréennes

10 Décembre 2017 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #Le monde autour de nous, #Revue de presse, #Proche-Orient, #Donald Trump

J'espère que l'on pardonnera au commentateur indépendant que j'essaie d'être de ne pas verser dans la fièvre anti-Trump qu'a suscitée la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l'Etat hébreu au cours des derniers jours. On peut, comme le fait l'Europe, vouloir attendre l'issue du processus de paix pour reconnaître cette ville comme capitale à la fois des Etats palestinien et israélien, mais le fait que les USA prennent une initiative unilatérale dès maintenant en faveir d'Israël qui n'a pas forcément vocation d'être très suivie à court terme (à part peut-être par la République tchèque) lèse-t-elle de quelque manière que ce soit les Palestiniens ? Il semble qu'on leur ait laissé entendre que cela pourrait entraîner la démolition de la mosquée d'Al-Aqsa. Voilà une menace bien démagogique destinée à agiter gratuitement les foules, mais jusqu'ici la gestion des lieux saints des trois grandes religions monothéistes par l'armée israélienne n'a pas compromis de façon rédhibitoire la liberté des cultes, et l'installation d'une ambassade états-unienne à Jérusalem n'est pas de nature à remettre en cause le statut d'extraterritorialité du mont du temple dont le sommet reste sous autorité jordanienne.

A part ça, petite revue de presse : il n'est pas sûr que cela serve à grand chose vu la faible souveraineté économique de ce pays mais signalons tout de même que le parti communiste népalais a gagné 28 sièges aux élections législatives du 9 décembre. Avec les 12 pour les maoïstes cela fait une majorité confortable sur les 49 sièges au total. C'est un cas de figure intéressant de persistance communiste qui n'a d'équivalent que dans des points assez rares du globe.

Dans la presse internationale non-alignée sur Wall Street, on commence à reconnaître que les troubles au Honduras (où la gauche demande désespérément le recompte des voix de l'élection présidentielle), sont la bombe à retardement généreusement léguée par Hillary Clinton à ce pays, puisque c'est elle qui avait favorisé un putsch contre le président Zelaya à Tegucigalpa en 2009.

Autre cadeau empoisonné celui des démocrates américains au peuple ukrainien : le président Porochenko et son allié le procureur général Lousenko sont en guerre ouverte contre le bureau national anti-corruption (soutenu par Washington) - pas question de ramener le pays à la probité. Le peuple paie cher : le pays a remboursé au FMI 270 millions de dollars de plus qu'il n'en a reçu et la croissance reste plafonnée à 2 %. Mais tant que le magnat du chocolat tiendra un discours anti-russe, les USA lui fourniront des armes. Donc tout va bien. On se consolera en voyant l'aventure Sakachvili finir dans un fourgon de police. C'est déjà ça.

Sur la Corée du Nord un article bizarre de l'AFP hier expliquait " les statues ou palais staliniens dessinés par les architectes nord-coréens écrasent l'horizon à Windhoek, Dakar, Maputo et Kinshasa. "  L'agence en charge de la Propaganda Staffel de notre pays sur les cinq continents explique qu'un rapport onusien publié en septembre pointe du doigt onze pays africains soupçonnés de poursuivre un partenariat militaire avec le régime de Kim Jong-Un, avec à a clé des livraisons d'armes légères à l'Erythrée et à la République démocratique du Congo (RDC), des missiles sol-air au Mozambique, des modernisations de missiles et radars en Tanzanie, l'entrainement de soldats en Angola et en Ouganda, tandis que deux sociétés nord-coréennes, Mansudae Overseas Project et Komid, ont construit le siège des services de renseignements et une usine de fabrication de munitions en Namibie. Le papier pointe avec dégoût cette collusion entre Pyongyang et les régimes d'inspiration marxiste qui ont gardé une petite fibre anti-impérialiste sur le continent noir. L'internationalisme prolétarien, nos médias n'ont jamais apprécié cela...

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"Les régimes populistes face au mondialisme" de Frédéric Delorca

15 Novembre 2017 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les régimes populistes, #Actualité de mes publications

Mon nouveau livre "Les régimes populistes face au mondialisme" vient de paraître aux Editions du Cygne. Vous y trouverez un point de vue sur Orban, sur la campagne électorale américaine, sur la crise des migrants, sur la Macédoine, la Catalogne, les opérations de Soros dans ces affaires et autour de la Cop21 et même auprès du pape dont la grande presse ne vous parle pas, des infos piochées dans le monde anglosaxon, et mieux pondérées (je l'espère) que ce qu'en font certains sites paranos.

Merci aux personnes qui ont commenté ce blog au cours des quatre dernières années. Elles ont contribué à me motiver à suivre l'actualité même quand le temps libre me faisait défaut (car j'ai un job prenant par ailleurs) ou quand la marche du monde m’écœurait un peu trop.

Le livre peut être commandé ici, ou sur Fnac.com ou chez votre libraire.

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Une nouvelle guerre par procuration au Liban ?

10 Novembre 2017 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Proche-Orient, #Le quotidien

Chers lecteurs, croyez bien que je me passerais volontiers d'écrire sur ce blog si l'actualité ne m'y poussait point. Je ne dirai rien d'un bref échange de mails que j'ai eu hier avec une spécialiste du développement personnel hier, ni même d'un courriel que j'ai dû adresser à un inspecteur de l'éducation nationale parce que dans une école primaire en veille de 11 novembre on enseignait à des enfants à confectionner des coquelicots rouges britanniques sans jamais leur parler du bleuet de France.

Je vous parlerai du Liban. J'aurais voulu ne pas avoir à signaler la situation de ce pays aujourd'hui comme celle du Yémen hier, mais le bras de fer irano-saoudien qui se joue dans les deux cas m'y oblige. Et encore, parler de bras de fer est une expression abusive qui dissimule sous une neutralité mensongère le fait que c'est Riyad qui déclenche, à Beyrouth comme à Sanaa, les hostilités, Riyad qui provoque la guerre, la destruction, le malheur des peuples, comme il l'avait fait en soutenant (à l'époque aux côtés du Qatar) les Printemps arabes et Daech.

Ce n'est pas moi qui le dis : c'est le quotidien israélien Haaretz qu'on ne peut soupçonner de sympathie pour Téhéran qui fait savoir dans un éditorial aujourd'hui que Riyad déclenche un nouveau front au Liban et veut pousser Israël à attaquer pour "faire le sale boulot à sa place". C'est peut-être Nasrallah, le chef du Hezbollah, qui accuse l'Arabie saoudite de retenir l'ex-premier ministre Hariri en otage, mais c'est quand même Macron qui est obligé de demander, selon L'Orient le Jour que la Saoudiens lui rendent sa liberté de mouvement(*), et Tillerson, le secrétaire d'Etat de Trump qui, malgré les millions de contrats d'armements conclus, demande à la monarchie wahhabite de ne pas provoquer une nouvelle guerre par procuration.

Le monde a besoin de tellement d'autre chose que de ces folies guerrières d'émirs décadents (qui achètent des enfants orphelins pour égayer leurs orgies) et surarmés.

(*) Dans le même journal un peu plus tard "Ce qu'ont fait les Saoudiens relève de la violation de souveraineté caractérisée. À laquelle s'ajoute une dose d'infantilisation méprisante envers le leadership de la communauté sunnite." - voir aussi les purges financières de Ben Salmane

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