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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

Crime saoudien au Yémen, résistance kurde en Irak

17 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #Proche-Orient

Des informations font état d'une déstabilisation de l'Arabie saoudite dans ses régions du Sud. Les Saoud sont-ils au seuil de leur crépuscule (tout comme le régime d'Erdogan en Turquie) ou est-ce le gouvernement syrien qui est sur le point de perdre la guerre ? On ne peut le savoir. En tout cas pour l'instant factuellement on peut noter que le Kurdistan tient bon, c'est déjà ça. Et on peut noter aussi que l'Arabie saoudite, n'ayant pu imposer son régime sur le Yémen, en est réduite maintenant à détruire les canalisations d'eau et l'électricité (après s'en être pris au patrimoine archéologique du pays avec la même barbarie qu'Etat islamique), c'est à dire à massacrer complètement un peuple entier, à défaut d'avoir pu imposer son gouvernement fantoche. La TV occidentale (par exemple Arte hier) a l'air de trouver cela anodin, et Le Monde, immonde comme toujours, essaie de maquiller cela en faisant "comme si" c'étaient à la fois les Houthis et les Saoudiens qui détruisaient les infrastructures (cf ici ). François Hollande, Laurent Fabius, avec leur politique pro-saoudienne guidée uniquement par le souci de vendre des Rafale, la classe politique et les médias français avec leur stupidité habituelle, auront le crime saoudien sur leur époque comme tant d'autres crimes de notre époque.

Maintenant pourquoi comme l'anthropologue anarchiste David Graeber j'aime le Kurdistan syrien et irakien (qui résiste bien aux cinglés d'Etat islamique et même marque des points) : à cause de gens comme la yézidi Nareen Shammo, qui y vivent et que présente le reportage de la BBC ci dessous. La charité-solidarité ne remplace pas la politique, mais elle permet de l'ancrer dans une action humaine concrète. En 1999 j'écrivais des textes contre l'OTAN mais j'envoyais aussi du Zoloft (anti-dépresseur) pour la tante de mon correspondant serbe qui, sous les bombes, n'en trouvait pas dans les pharmacies.

Aujourd'hui puisque les cyniques occidentaux n'ont pas le courage de monter une opération militaire contre EI ni l'audace de laisser les Russes et les Iraniens la monter à leur place, prenez contact avec les ONG avec lesquelles travaille Nareen Shammo, et donnez de votre argent pour libérer des esclaves des djihadistes. On nous assure que l'argent consacré à ces libérations va aux tribus qui servent d'intermédiaires et pas aux terroristes. Agissez au moins dans ce sens, puisque les lettres à nos députés pour un changement de politique de notre pays au Proche-Orient ne servent à rien et finissent dans les poubelles dans la dictature de la connerie où nous vivons. Pensez aussi aux brigades internationales organisées par le gouvernement autonome kurde d'Irak. Si quelqu'un connait des relais efficaces pour les soutenir (puisque nous n'avons plus l'Internationale communiste des années 30 pour livrer des vivres et des armes aux résistants antifascistes) qu'il nous le dise.

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Amon

12 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes, #Antiquité - Auteurs et personnalités

Amon

Peut-être Caton d'Utique, en refusant de sacrifier au sanctuaire d'Amon-Ré dans le désert après être arrivé en Afrique, au motif qu' "il faut avoir Jupiter en soi" (si l'on en croit Lucain), a-t-il commis là un péché d'orgueil... La défaite finale de la République romaine face à César peut être le fruit de ce péché là.

Et tout l'échec de la philosophie païenne aussi (cette philosophie platonico-stoïco-pythagoricienne qui rêva souvent de restaurer la République, notamment sous Néron...). D'où son effacement par le christianisme (quoique le christianisme lui aussi allait souvent reproduire le péché d'orgueil - mais au moins ce péché n'était point dans les actes de ses figures fondatrices).

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Le blocus de la Transnistrie

9 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Transnistrie

Le blocus de la Transnistrie

L'idée de la République de Budjak est apparue au tournant des années 1980 et 1990 dans le processus d'un réveil national déclenché par la perestroïka . La république était censée inclure les localités où les Gagaouzes et Bulgares vivant dans le sud de la Moldavie et, dans une autre variante, s'étendre à la partie sud de la région voisine ukrainienne d'Odessa.

Le projet n'a jamais vu le jour. Mais en novembre dernier le think tank basé à Kiev “Da Vinci AG” a, dans un rapport, mis en garde contre un retour de cette idée sous le nom de "République populaire de Bessarabie" qui serait encouragé par Moscou. Des médias comme Nezavisimaya gazeta et The Economist s'en sont fait l'écho, mais de l'avis de nombreux analystes l'attachement des populations de Moldavie et d'Odessa à la paix et à la coexistence multiethnique rendait le projet peu vraisemblable.

Aujourd'hui ce projet est agité par un épouvantail par Kiev qui vient de nommer l'ancien président géorgien ami des néo-conservateurs américains Mikheil Saakachvili gouverneur d'Odessa.

Le blocus contre la Transnistrie, supposée être le future pivot des agressions contre la région d'Odessa, a été décrété. La ministre des affaires étrangères de Transnistrie, Nina Shtanski, a déclaré aujourd'hui : "Le blocus est bouclé, l'Ukraine a bloqué toutes nos importations. Nous ne sommes plus en mesure de prendre en charge les besoins de la population. L'Ukraine a en outre bloqué la liberté de mouvement des habitants de Transnistrie titulaires de passeports russes, " (Novostimpmr)

Le 28 mai le président de la Transnistrie dans un appel à son homologue russe dénonçait la présence de batteries de missiles S-300 à Odessa , ainsi que la décision de la Verkhovna Rada parlement ukrainien de dénoncer l'accord sur le transit des troupes russes en Transnistrie, ainsi que l'arrivée massives de soldats à la frontières.

Dans une téléconférence devant l'association "Intégration eurasienne" d'Alexander Argunov, le vice-président russe Dimitry Rogozine a assuré la Transnistrie, en grande difficulté économique, du soutien continu de Moscou.

La Moldavie, qui connaît de fortes divisions internes (même au sein des européistes au pouvoir une fraction "d'indignés" demande leur démission) n'est pas en pointe dans cette affaire.

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L'accueil de la France au monarque espagnol

9 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Espagne

L'accueil de la France au monarque espagnol

Le journal El Mundo la semaine dernière expliquait que le représentant de la monarchie installée par la dictature fasciste en Espagne avait été très bien accueilli par l'Assemblée nationale française et que tous les députés s'étaient levés pour applaudir son discours.

J'ai écrit au député communiste du Nord Jean-Jacques Candelier, qui est quelqu'un dont j'ai souvent apprécié les prises de position en politique étrangère, pour savoir si lui aussi s'était levé et ce qu'avaient fait les députés de son groupe. Voici ce que m'a répondu son assistant parlementaire :

"Bonjour, en ce qui concerne Jean-Jacques Candelier, il a préféré boycotter cette cérémonie. D'autres députés du groupe étaient présents mais nous ne savons pas quelle a été leur attitude."

Je suis heureux qu'il n'ait donc pas cédé aux sirènes consensuelles.

Notons que la posture de la mairesse socialiste de Paris Anne Hildalgo a été critiquée à juste titre par des associations de Républicains espagnols. Vous aussi n'hésitez pas à demander à vos députés des comptes sur leur attitude lors de cet accueil réservé aux souverains espagnols à un moment où ceux-ci sont particulièrement controversés dans leur pays.

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Dust

8 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

Souviens toi, Rafaela, il faisait beau sur Chatelet ce jour-là... tra la la...

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Solitudes préférables

6 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Certaines solitudes valent mieux que les actions de groupe. Depuis que je ne collabore plus à aucun collectif, mes livres ne sont pas cités, mes articles ne sont plus repris sur le Net et l'on ne me propose plus de figurer parmi les premiers signataires d'aucune pétition. Certains s'en désoleraient, je m'en réjouis plutôt.

Et de temps à autre certaines anecdotes confortent cette satisfaction en moi. Ainsi, hier, j'ai reçu le texte d'une pétition anti-OTAN dont il vaut mieux que je ne vous donne pas le lien (car je ne souhaite pas polémiquer ni entrer dans des logiques de critiques ad hominem). Certains signataires sont de mes amis ou anciens amis, mais leur nom figure à côté de ceux de guignols. Je suppose qu'ils n'ont pas eu le choix. En outre la pétition dénonce la "Révolution orange" ukrainienne. Elle n'a que 10 ans de retard... car le problème aujourd'hui c'est Euromaïdan, pas la Révolution orange des années 2000...

Ce genre de texte montre que l'opposition aux logiques bellicistes n'est point à la hauteur de la gravité des événements. Le député à qui j'ai proposé une question au gouvernement sur l'Etat islamique s'est bien sûr gardé de me répondre - aujourd'hui les juges en font plus que les députés en matière de relations internationales, et je plains celui qui devra, après la plainte du Qatar, dire, au vu de ses très faibles pouvoirs d'investigation, si oui ou non cette pétromonarchie soutient l'EI, pour décider si le propos de M. Filippot était diffamatoire ou pas...

Et pourtant il y a tant à faire quand je vois par exemple le sinistre Porochenko appeler à la "guerre totale" contre la Russie !

La faiblesse structurelle de l'opposition au système atlantiste se révèle dans le caractère éphémère des sites sur le Net. Esprit corsaire a fermé ses portes en décembre dernier, La Tour de Babel en novembre (dommage, j'avais besoins de clés pour comprendre la résistance des profs au Mexique, La Jornada ne me donne que des fragments)...

Pour ma part j'attends toujours qu'un site d'info en géopolitique apparaisse qui fasse clairement la part des choses entre les diverses propagandes, et nous donne au moins toutes les versions en présence. Par exemple, quand on lit le 20 mai dernier sur le site de la chaîne du Hezbollah libanais Al Manar :

"Le dirigeant du Kurdistan d’Irak, Massoud Barzani souhaite la reprise des relations avec Israël comme durant les années 70 et 80 du siècle dernier. Barzani a tenu ses propos dans une interview accordée à la deuxième chaine de télévision israélienne, dont l'équipe se trouvait au Kurdistan de l'Irak, pour un reportage sur la situation politique et sécuritaire."

Il est bon de trouver dans la foulée sur Kurdpress News :

"Barzani’s Media Advisor, Kefah Mahmoud Karim, has denied the president has interviewed with any Israeli media. He told al-Maalomeh that the Lebanese daily report is completely baseless. Karim stated Barzani has not made any interviews with any Israeli media as the stance of the region towards Israel is quite known. "

Ce travail de confrontation systématique des infos à partir d'un point de vue indépendant n'est hélas fait nulle part. Ni dans les médias mainstream trop serviles, ni chez les fragiles opposants.

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Zizek et les cultures

5 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Zizek dans Libération : ~~«On a cru que le capitalisme nous permettrait de dissoudre les identités partielles… Pour l’heure, il y a une forme de capitalisme où la globalisation du marché peut coexister idéalement avec une très forte identité ethnique, raciste… Lacan avait prédit déjà que le marché commun allait nous pousser vers des formes de racisme. La limite de l’universalisme, c’est ce qu’on appelle les modes de vie. Ce qui m’intéresse, c’est le racisme qui se reproduit dans les petites choses du quotidien. J’ai des amis qui sont de gauche, antiracistes, mais quand un type asiatique ou noir s’approche, il y a un certain malaise. Ils sont embêtés par certains petits détails : "Je n’aime pas cette cuisine-là", "cette façon de s’habiller", etc. L’universalisme, pour moi, ce n’est pas l’idée d’une valeur de l’universel régnant partout qu’indiquent les ouvrages publiés par l’Unesco : la culture mondiale, la vision béate d’un patrimoine culturel universel… Je déteste tout ça. Je crois que la seule universalité, c’est l’universalité de la lutte sociale et politique, le front commun qui permet une identification, une solidarité authentique. Je n’aime pas les libéraux de gauche, les multiculturalistes qui disent : «On doit comprendre l’autre.» Non, je ne veux pas comprendre l’autre, je m’en fous. Mon idéal, ce n’est pas de vivre dans un immeuble où il y a une famille viet, une autre latino, une autre noire. Bien sûr, j’y vivrais bien, mais, comme l’a dit Peter Sloterdijk, on a besoin d’un "code de discrétion". C’est ça l’antiracisme authentique : une "ignorance", une discrétion très polie, un respect. Je veux vivre dans une ville avec toutes les cultures, mais je pense qu’elles doivent garder une distance, et que ce n’est pas une mauvaise chose.»

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Dawkins, Sheldrake, Deepak Chopra

3 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes, #Grundlegung zur Metaphysik

Il y a sur You Tube des débats intéressants entre Dawkins et Deepak Chopra (en face à face) et entre Dawkins et Sheldrake (par des voies plus indirectes). Je vous invite à les regarder. Ayant été longtemps un admirateur de Dawkins, je me garderai de le critiquer et de condamner le rationalisme militant, qui garde son utilité. Mais il faut reconnaître que dans un univers composé de 95 % de matière noire dont on ne sait rien, la défense des lois de la physique telles que nous les connaissons doit rester prudente, plus prudente que celle que mène Dawkins. Pour le reste Dawkins a raison de tenir à "séparer" les registres, la séparation étant, comme l'a souligné Benveniste, la raison d'être de la science au risque de l'enfermement dans l'ultraspécialisation, mais je suis enclin à penser que cette cause de la séparation doit être conçue en des termes plus dialectiques, plus hégéliens, plus dynamique, et donc finalement inclusive (jusqu'à inclure la foi aussi), mais ce serait un peu difficile à expliquer ici.

Je découvre (honte à moi !) Sheldrake. Son panthéisme est séduisant, mais instruit par GW Hegel et Jakob Böhme (je suis indécrottablement germanophile), je pense, à la différence de Sheldrake, que Dieu est dialectiquement au delà du monde, tout en étant dedans, ne serait-ce que du point de vue historique (il est nécessairement hors du temps). La passion de l'immanence chez Sheldrake le conduit d'ailleurs à nier que la mémoire puisse exister sans support matériel et hors des interactions (il condamne par exemple l'idée d'une mémoire akéshique). En cela (et dans sa manière par exemple de créditer les astres d'une conscience, mais de refuser la conscience à l'immatériel), on le situerait plutôt sur les rivages du stoïcisme qui, sur le terrain de l'épistémé, me paraît un peu faible. Encore un effort !

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