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Trois causes minoritaires
Je continue à m'intéresser aux causes un peu minoritaires en ce moment, tout en déplorant de ne pas avoir assez de supporters pour donner une consistance à ces causes (sous la forme de déplacement dans les pays concernés, d'organisation de réseaux de solidarité etc).
Par exemple le sultanat de Sulu aux Philippines qui lors de la Fête du mouton il y a quelques jours a fait savoir qu'il maintenait ses revendications sur la province de Sabah en Malaisie.
Par exemple l'opposition anti-bachariste non-djihadiste en Syrie (principalement l'ASL). Tout est confus dans cette affaire, on ne sait plus trop ce que ce mouvement représente encore sur le terrain. Ils se sont réunis à l'Assemblée nationale française le 1er octobre dernier en présence d'Elisabeth Guigou qui a assommé l'auditoire qui a assommé le public avec une introduction au débat, limitant la voix de l'opposition à la portion congrue. Stefan Bekier, militant du mouvement de la Gauche anticapitaliste au sein du Front de gauche en a parlé ici. Ils réclament des armes à aris, l'écologiste Noel Mamère et le socialiste Philippe Baumel les soutiennent. Je préfère le régime de Bachar El-Assad aux djihadiste, mais je préfèrerais une démocratie née du compromis entre les bacharistes et l'ASL à la disparition pure et simple de l'ASL qui laisserait les coudées trop franches au clan Assad...
Un ami m'écrit tantôt et me dit que les partisans de Gbagbo se sont "gauchisés" depuis le "transfert" de leur chef à la Cour pénale internationale. C'est peut-être pourquoi Mélenchon avait à ce moment-là dit un mot aimable sur eux. Alain Toussaint, ancien conseiller du président renversé, tient dans Algérie patriotique (voir ici ou là, ce site quand même a le défaut de donner la parole à des gens peu recommandables comme Meyssan - méfiance...) est très pro-BRICS et très partisan de la coopération Sud-Sud.Cette conversion au tiers-mondisme est à saluer...
Voilà des sujets à ne pas perdre de vue dans les semaines qui viennent.
La situation du Front de Gauche, la politique de M. Valls
Parmi tous les lecteurs de ce blog, il y en a tous les jours 30 qui y accèdent directement, en tant qu'abonnés ou parce qu'ils ont ce blog dans leurs signets. Lesquels parmi ces 30 reviennent tous les jours ? je ne sais pas. Si tous les jours ce sont les mêmes, j'ai 30 lecteurs fidèles. Si ce ne sont pas les mêmes, on peut dire que 40 à 200 personnes visitent ce blog pour ce qu'il est (et non pas parce qu'ils recherchent tel ou tel mont clé). Ajoutons à cette fourchette 30 % de gens qui y accèdent via mon profil Facebook (et je ne fournis aucun effort pour me faire connaître au delà, car je ne cherche pas à me vendre).
L'existence de ce petit public de quelques dizaines de personnes, dont je ne sais pas trop quels textes ou quels livres ils ont lus de moi, ni comment il les ont reçus, m'oblige à publier de temps en temps des petits billets d'analyse politique. Non pas parce que je serais un spécialiste ou parce que j'aurais des responsabilités politiques quelque part (je n'ai plus d'action politique dans la "vraie vie", depuis que j'ai quitté Brosseville), mais parce qu'un citoyen doit faire connaître ses opinions politiques à ceux qui s'intéressent à ce qu'il a dans la tête. La démocratie suppose cet effort de communication des opinions. Un effort qui peut fatiguer celui qui donne son opinion comme ceux qui l'entendent (et je crois que l'Athènes du Ve siècle avant JC devait être une ville très fatigante, heureusement que le théâtre la divertissait un peu), mais sans lequel il n'y a pas de démocratie véritable, vivante.
Je vais donc aujourd'hui prendre une heure sur mon quotidien (comme je l'ai souvent fait), pour faire une présentation de mon point de vue politique sur certaines questions du moment, qui agitent la société française. Je ne vais pas produire ici un discours de spécialiste, ce que ne peut et ne doit jamais être un citoyen (comment serait-on spécialiste de tous les sujets que la situation de la cité met en jeu ?). Juste le propos de quelqu'un qui essaie de lire un peu, qui retient plutôt bien, et depuis longtemps (le début de mes lectures politiques date de 1981), qui essaie de structurer par l'écriture un point de vue cohérent.
J'écoutais ce matin le discours de clôture de Jean-Luc Mélenchon à la récente convention de son parti à Clermont-Ferrand. Vous savez qu'en 2012 j'ai soutenu la candidature cet homme, tout en gardant beaucoup de réserves à son égard (et mes réserves ont encore augmenté depuis lors). Je n'encourage pas mes lecteurs à entendre ce discours un peu long, mais puisque ma journée a commencé en l'écoutant (en même temps que je travaillais sur mes dossiers), et puisque j'ai signé il ya dix ans (il en reste la trace sur Internet), une pétition pour la constitution d'un Front de gauche, puisque j'ai écrit un "Programme pour une gauche française décomplexée", puisque j'ai dirigé un Atlas alternatif, puisque j'ai bossé pour une mairesse Front de gauche, puisque puisque puisque... pourquoi ne pas parler du Front de gauche en premier ?
Je suis plus écrivain qu'activiste. Récemment je voulais écrire un livre sur le Sri Lanka. J'ai écrit à un diplomate sri-lankais marxiste de mes connaissances pour mettre en route la machine de ce livre, il m'a renvoyé à un sien camarade syndicaliste français censé me "coacher" sur ce pays, et j'ai refusé. Tout mon rapport à la gauche de la gauche est ainsi. Je suis trop individualiste pour accepter de tomber sous la coupe de leurs petits chefs, mais je continue à faire avancer ma pensée à leur proximité. Cette position un peu étrange me rend parfois à même de garder un point de vue frais, indépendant et sans tabou sur ce courant politique (comme sur les autres). Il me permet parfois d'en savoir plus que le "Français moyen" (horrible expression) sur son évolution. Parfois toutefois, du fait de mon indépendance, il me manque beaucoup d'informations que des militants plus impliqués que moi peuvent avoir.
D'après ce que j'entrevois donc - et disons tout cela avec beaucoup de prudence - le Front de gauche traverse une crise aujourd'hui sur laquelle il faut dire un mot. La crise est inhérente au système politique qui, aux législatives notamment, met en valeur les grands partis. Le Parti communiste, troisième parti de France pour le nombre de ses élus (comme pour le Parti radical socialiste sa représentation n'est pas proportionnelle à son poids réel dans l'électorat) a besoin du Parti socialiste pour continuer d'exister. Que fait-il de ses élus ? on peut en discuter. Est-il utile qu'il en ait autant ? Est-il utile que tel adjoint communiste à la jeunesse, au logement, à l'éducation, au jour le jour, dans les mairies socialistes se dépense pour grapiller des avantages pour telle catégorie de la population défavorisée ? On peut en discuter à l'infini : un adjoint communiste est-il plus proche des pauvres qu'un élu UMP catho ou qu'un socialiste honnête ? On peut supposer qu'il y a plus de gens qui ont la "fibre sociale" au PCF qu'à l'UMP malgré tout, mais une étude sociologique sur le sujet serait utile pour le vérifier. A supposer l'existence de cette "fibre sociale" établie (et on la vérifie dans des villes dirigées par le PCF comme Nanterre, Tremblay etc), est-elle utile à la République ? Je pense que oui. Elle amortit les effets nocifs du capitalisme. Les révolutionnaires intransigeants diront qu'elle ralentit l'avènement de la révolution. Mais la misère menant plus souvent au fascisme et à la guerre civile j'aurais tendance à penser que le "matelas" social des élus communistes dans les municipalités est utile au bien commun.
Je peux aussi témoigner que, n'en déplaise à l'extrême droite qui accuse le PCF d'avoir trahi la cause anti-impérialiste, les élus communistes sont aussi utiles sur le plan international. J'attire parfois l'attention sur ce blog sur les interventions de tel ou tel député communiste sur la Palestine, leur vote contre la guerre en Libye etc. Il y a peu, un adjoint communiste d'un maire socialiste d'une grande ville m'a expliqué que ses camarades sont intervenus auprès du maire pour empêcher que le drapeau tibétain flotte au balcon de la mairie. Vous me direz que certains élus UMP façon Raffarin auraient été capables de cela aussi. Mais les élus PCF le font au nom d'une certaine vision de la paix dans le monde (du refus de la confrontation avec la Chine) qui les honore. Il est vrai que cet adjoint était un lecteur du blog de l'Atlas alternatif, mais j'ose espérer que d'autres élus communistes qui ne lisent pas ce blog en sont capables.
J'écris cela, je le répète, à partir de mon point de vue, qui ne dépend que des valeurs que je défends depuis plusieurs lustres, et sans rien devoir au PCF ni en être membre. Mon éloge du rôle des élus communiste doit maintenant être tempéré par cette question grave : leur projet de liste unique avec le PS (un PS prêt à s'allier au Modem dans certains endroits) pour sauver leur représentation dans certaines villes ne vat-il pas en faire des faire-valoir d'un parti fondamentalement rallié à la dictature du capitalisme international ? Le PC-faire-valoir du PS, comme l'aile gauche du PS (Filloche) faire-valoir de son aile droite. Voilà une question épineuse. Le PC dira "pas faire valoir mais contrepoids". Tout comme l'aile droite du PS dira qu'elle est le contrepoids de l'UMP. Où placer le curseur ? Les collaborationnistes modérés en 1940 étaient des contrepoids aux collaborationnistes extrêmes...
Personnellement je pense qu'il n'est pas raisonnable de vouloir jouer excessivement les contrepoids et qu'au jour d'aujourd'hui, le PCF ferait mieux de sacrifier sa représentation à Paris et Marseille (et même sacrifier certains de ses députés, puisque M. Valls manie le ciseau dans les circonscriptions) que de se lier pour longtemps à un PS aussi arrogant que lâche et stupide, et donc il devrait refuser de faire liste commune avec lui dans ces deux villes.
Mais je comprends qu'il s'agisse là d'un choix délicat pour lui, car son compagnon du Front de Gauche, le PG, n'est pas commode. Est-ce vrai ou non, mais on lisait récemment que le PG voulait avoir la moitié des élus du Front de Gauche au Conseil de Paris. La moitié, pour un si petit parti. Leur représentant interrogé là dessus a noyé le poisson en répliquant que de toute façon dès lors qu'il n'y avait pas d'accord politique sur la question de l'alliance avec le PS, les négociations ont pris fin et l'on ne saurait jamais ce que les négociations auraient donné. Il n'empêche que les appétits du PG sont déraisonnables. Partir avec des exigences si élevées, même en début de négociation, n'est pas normal, alors que ce parti a déjà obtenu beaucoup de cadeaux du PCF les années précédentes.
Mais on voit bien ce qui fait du PG un partenaires incommode et peut-être nuisible. Au delà de ses appétits excessifs en termes d'élus, il y a toute cette rhétorique mélenchonnesque qui tourne à vide. J'en ai dénoncé les excès sur l'Allemagne. Que dire encore de l'invocation de Marat par Mélenchon dans le discours ci-dessous ? Je crois qu'on ne devrait jamais se réclamer du jacobinisme de 1792 sans émettre à chaque fois aussi une réserve sur ses crimes. Il ne faut pas banaliser la violence dans l'espace politique lorsque cela n'est pas nécessaire. Veut-on la guillottine aujourd'hui ? Si nous ne la voulons pas, alors il faut nuancer tout éloge de Marat ou de Robespierre (je pourrais à ce sujet préciser ma position sur la Corée du Nord qui pose les mêmes questions, et sur laquelle un ami m'a interrogé hier, dommage que je n'en aie pas le temps ce matin, comme je pourrais la préciser sur cet hystrion de Slavoj Zizek, une autre fois peut-être).
Et puis il y a cet obscurantisme du PG sur l'écologie. Le PG a eu raison de se convertir à l'environnementalisme, mais il le fait aujourd'hui avec excès (en partie aux fins stratégiques de s'unir aux Verts). Un très grand flou entoure son rapport à la modernité technologique par delà ses imprécations justifiées sur certains crimes du capitalisme. Comme les Verts ce parti a vraiment besoin d'une réflexion sereine sur le modèle de société dont il rêve. Les écologistes se sont battus pour réintégrer le loup en France. Le voilà aujourd'hui à 200 km de Paris. Je ne vois pas du tout l'intérêt de cette régression (et pourrais faire le même diagnostic sur l'ours dans mes chères Pyrénées). Ce n'est pas purement anecdotique : beaucoup d'avancées dans la recherche et dans l'organisation de nos sociétés seraient purement stoppées si l'on appliquait le programme écologiste à la lettre. Je suis le premier à vanter les valeurs anciennes de la culture, du raffinement intellectuel et éthique, contre l'obsession de l'accumulation matérielle. Mais prenons garde à ne pas paralyser l'humanité dans une nouvelle forme de bureaucratisme écologique stupide qui n'aurait rien à envier à l'ineptie de l'URSS finissante (URSS qui, comme je l'ai souvent dit, n'avait pas que des défauts, mais en avait de lourds quand même). Au nom de cet esprit de surenchère et de désordre qui le caractérise en matière d'écologie comme dans d'autres domaines, le PG dans la charmante ville de Dieppe présentera un candidat contre le maire sortant communiste qui n'était pourtant pas allié au PS, allez comprendre...
Ainsi donc je vois le Front de gauche pris au piège à la fois du système de nos institutions, et de ses contradictions idéologiques (deux dimensions qui intéragissent entre elles), ce qui ne rend pas optimiste, et fait comprendre la volonté des Français de rêver d'une politique plus pragmatique, moins emprisonnée dans l'idéologie (à condition que le pragmatisme ne mène pas à la confusion généralisée. Tout cela est bien dommage, mais au fond ce n'était pas très surprenant (voyez certaines de mes remarques à ce sujet dans mes livres). Cela dit l'histoire n'est pas écrite une fois pour toutes, et le Front de gauche se reconstruira peut-être pour 2017 ou plus tard (puisque cela semble rapé pour les Européennes).
Comme l'heure que je m'accordais aujourd'hui pour le commentaire est terminée, je ne peux dire qu'un mot de M. Valls, notre ministre de l'intérieur. Les ministre de l'intérieur dans les gouvernements socialistes n'ont jamais eu le beau rôle. Voyez Jules Moch jadis. Peut-être M. Valls en fait-il trop. Mais il est vrai que la situation n'est pas simple. Le démantèlement du régime libyen de Kadhafi par M. Sarkozy a créé une faille énorme entre l'Europe et l'Afrique, administrée par des brigands parfois repeints aux couleurs d'Al Qaida (voyez le témoignage de Samuel Laurent sur les barques des ports libyens aux mains des islamistes) qui font du trafic d'immigrés comme ils en font des stupéfiants, des prostituées, des armes et de tout ce qui rapporte. Cette même politique a livré les arsenaux d'armes de Kadhafi à toutes les bandes terroristes qui sévissent de la Mauritanie au Nigéria et jusqu'en Somalie. Et nos politiques libérales détruisent l'agriculture et la pêche africaines. La répression devient la seule issue (et je désapprouve le Front de gauche qui demande qu'on assouplisse les règles d'immigration en Europe, cela ne servirait à rien). Alors bien sûr après il y a l'art et la manière de le faire. Bien sûr renvoyer dans leur pays des enfants de 16 ans cueillies dans leur sorties scolaires est pour le moins déplacé. Mais le problème est surtout qu'il faudrait que la gauche française fasse confiance à la gauche africaine pour construire des alternatives, et se batte avec elle contre le capitalisme mondialisé. Au lieu de cela on baillonne Aminata Traore...
L'autre grief adressé à M. Valls porte sur les Roms. Peut-être oui une population hantée par la peur du déclin (le peuple français), est-elle plus sensible au vol des plaques d'égoûts et des installations de chemins de fer qu'une population bien portante. Peut-être oui ne sont-ils que 17 000 et que beaucoup parmi eux feraient plus d'efforts d'intégration si l'on investissait de l'argent là dedans (il paraît qu'il existe une ligne de crédit pour cela totalement sousemployée au niiveau des technostructures européennes). D'un autre côté le volontarisme communiste en Roumanie et franquiste en Espagne dans les années 1960-70 - dans un contexte pourtant de croissance et de logement à bas prix - a échoué à stabiliser ceux d'entre eux qui tiennent à leur tradition nomade. Fournir un effort d'intégration il le faut, minimiser les problèmes et renoncer à la répression serait excessif et ferait le jeu de l'extrême droite (dont les médias font tant la publicité depuis de récentes élections cantonales partielles, je m'en abstriendrai donc).
Je ne prétends évidemment pas être très au fait de cette dernière question (reprenons à ce propos mes avertissements du début de ce billet), et j'invite mes lecteurs à contre-argumenter (sans invectives inutiles) au besoin dans la rubrique "commentaire" de ce blog. Mais il me semble qu'un devoir de réalisme s'impose.
Il n'est pas absurde que la soumission des peuples européens à la dictature des banques, à la délocalisation des industries (et cela frappe très durement aussi l'Europe de l'Est) crée des difficultés nouvelles dans les populations vulnérables, conduisant notamment les Roms à migrer davantage, et les opposant ainsi aux franges les plus fragilisées de la société française. Dans l'absolu la solution tiendrait dans la restauration du pouvoir des Etats (à condition de ne pas déboucher sur des bureaucraties idiotes, ce qui n'est pas gagné d'avance, la vigilance des citoyens doit y pallier), la liquidation de certaines technostructures purement affiliées aux pouvoirs financiers comme la commission européenne, la responsabilisation des dominés partout, leur mobilisation pour soutenir cette restauration étatique. Mais tant qu'on ne peut pas faire tout cela, les larmes de crocodiles versées sur le volet répressif me paraissent assez stériles...
Breathtaking
Je lis le tome 2 des Mémoires d'Outre-tombe. Toute cette fulgurance de Chateaubriand sur le Paris post-révolutionnaire, Bonaparte forçant les jacobins à se renier en les couvrant d'honneurs. Je regarde les clichés de Guillaume Poli sur l'Abkhazie, tous surpenants, pénétrants, transfigurants. Je ne sais pas si Chateaubriand est le Guillaume Poli de la France consulaire, ou Guillaume Poli le Chateaubriand de l'Abkhazie. Métaphysique de l'écriture, métaphysique de la photographie. Toujours des arrêts sur images, fascinants. Des condensations qui vous coupent le souffle.
Un bus béarnais à Pancevo
La République des Pyrénées, journal palois, aujourd'hui s'amuse de trouver un bus du réseau de Pau à Pancevo (Serbie). Elle remarque que "contrairement à ce qui prévaut habituellement, la signalétique des bus n'a pas été modifiée en Serbie. STAP et Idelis s'affichent toujours, dans leurs couleurs, sur les flancs des véhicules. Et, encore plus étonnant, le bandeau "Je ne prends pas de passagers" continue de dérouler, en français, au-dessus du pare-brise...".
L'Europe de l'Est reçoit tous nos équipements d'occasions (transport urbain, matériel agricole).
Concernant Pancevo (70 000 habitants), la ville a aussi deux autres particularités : l'OTAN a bombardé sans vergogne son complexe pétrochimique en 1999 au mépris de la santé de ses habitants, et US Steel a longuement asphyxié sa population dans les années 2000 comme l'a noté le journal Libération en 2007 (pas de chance : ils envisagent maintenant de quitter les Balkans et délocaliser en Asie, bien que le gouvernement généreusement en 2011 ait baissé sa taxe sur le droit à polluer). Le Béarn, qui fabrique des bérets pour les troupes de l'OTAN, forme les parachutistes français, et accueille des "Davos de l'armement" devrait aussi s'intéresser à ces "détails" là...
Nostalgies
Un type disait sur la radio "Le Mouv" il y a peu (émission "Le pitch") que la nostalgie avait pris de l'ampleur aujourd'hui parce que la technologie d'Internet permet de regarder des vieilleries sans avoir à se justifier auprès de sa génération de le faire. Allez savoir.
J'avoue aimer moi-même retrouver des tas de vieilleries non seulement de ma jeunesse, mais aussi de celle de mes parents (comme la chanson "Fais moi du coucous chéri" qui correspondait aux 26 ans de mon père). Pour autant je ne parviens pas à aimer ce Paris bourré d'anecdotes, de bizarrerie et de liberté; que raconte Soupault dans l'interview dont je vous parlais il y a peu. Peut-être parce que pour le Béarnais que je suis Paris aura toujours été une ville un peu colonisatrice, et une ville trop "urbaine", pas assez rurale, pas assez montagneuse, pas assez "bête" non plus. Même le "titi parisien" avec son culot et sa roublardise nous a toujours fait peur, et la ville ne m'a intéressé que pour son intelligentsia (le quartier latin) et ses structures étatiques à conquérir (du temps où l'Etat avait un sens).
Je disais donc que j'étais dans les vieilleries aujourd'hui. Après un délicieux détour en train par l'Ile de France à midi, j'ai retouvé ma chambre en province et vainement tenté de chanter Rana en turc. Je me suis fait rire moi-même devant mon incompétence dans cette langue pourtant si fascinante à mon oreille ! J'étais plus doué avec les paroles d'Ajde Jano il y a quelques années (le aquerras mountanhas des Serbes). Puis de fil en aiguille j'ai écouté le Felicita italien de mes 12 ans, pour atterrir sur le Apsua çara des Abkhazes cet air entêtant dont je vous ai déjà narré les connotations tragiques (voyez en minute 2'15 de cette video).
Comme elle dansait bien la représentante du Comité pour la paix de Saint-Petersbourg sur cette musique ! Seul souvenir un peu dionysiaque d'un weekend de contrôle électoral bien austère. Mon camarade photographe Guillaume Poli en est revenu avant hier. Je ne crois pas qu'il y ait trouvé Dionysos non plus (oh, il faudrait que je vous retrouve un jour un passage de la Vie d'Apollonios de Tyane sur la Montagne de Dionysos "au delà du Caucase" !), plutôt la ferveur des moines de Nouvel Athos. Une autre forme d'intensité...
Que faire des outsiders ?
Je repensais ce soir à cette prof de socio bourdieusienne qui me disait en 2007 ou 2008 qu'elle avait du mal à enseigner Bourdieu aux élèves des classes populaires qu'elle avait parce que les Bourdieu les obligeait à voir leurs handicaps sociaux en face et que cela les déprimait.
Grave problème de philosophie politique : que faire des outsiders, des opprimés, des faibles, des demi-habiles et pas habiles du tout - catégorie dans laquelle je me place bien volontiers ? Je ne parle pas de ceux qui se sont résignés, qui jouent à la pétanque du matin au soir et qui faisaient la joie des enquêtes de Pierre Sansot, ni, a fortiori, des paysans philippins dont le souci principal reste de ne pas crever de faim ou de maladie avant 40 ans. Non je parle de l'outsider qui voudrait encore monter plus haut, exister sur une scène plus vaste en ce bas-monde, alors que beaucoup de choses sont verrouillées dans son parcours scolaire et ailleurs...
Du point de vue conservateur l'outsider est forcément un mec à problème, un type qui ne tiendra pas la route sur le long terme, parce qu'il sera rattrappé par des effets "singe de Cléopâtre", par ses passions, par le petit frère dealer comme Rachida Dati, bref, un mec à qui on ne peut confier les clés de la "Res-publica" ni d'un appartement à louer. Pour le révolutionnaire, il est l'homo novus, celui qui n'a rien à perdre et qui renversera le jeu, qui brisera la loi du mensonge. Pour le réformateur "éclairé", c'est l'homme imprévisible, donc potentiellement dangereux, qu'il faut juste canaliser, auquel il faut donner sa chance, par l'école notamment, car on le juge quand même moins bête que ne le pensent les conservateurs mais en le regardant du coin de l'oeil, et en l'entourant de beaucoup de paternalisme.
Je me demande si le brave bourgeois de province qui m'a traité de "français moyen pro-serbe" l'autre fois (voir un billet d'il y a quinze jours je crois) est "l'outsider" de quelqu'un. Je l'entends en tout cas régulièrement répéter bêtement ce qu'il lit dans Le Monde en prenant des grands airs sur toutes sortes de sujets qu'il ne connaît pas (y compris les rythmes scolaires alors qu'il n'a pas d'enfants). J'avais oublié que ce journal pouvait être encore une Bible, et son contenu un signe extérieur d'appartenance à une classe dominante. Dominant-dominé. Ce gars, fonctionnaire, énarque rentré par la petite porte, est pourtant très loin des cadres sup' des multinationales du quartier de la Défense qui prennent l'Etat pour un gadget. Où sont les vrais males (ou femelles) alpha dans ce système ? Bourdieu avait raison aussi sur un point : les structures de la société sont une malédiction...
Interview de Philippe Soupault, et un mot sur Eisenstein
La Syrie, tombeau de la diplomatie du Tomahawk ?
Un petit texte que je lis sur Asia Times :
"It was announced that the American attack on Syria would be conducted with an opening salvo of several hundred Tomahawk missiles launched from US Navy ships deployed in the Mediterranean sea. This is a tactic usually used by the US against an adversary with a credible air defense system. Only after enemy air defenses are degraded to the point that losses of manned aircraft are unlikely does aerial bombing start, followed if necessary by ground troops or local US allies. This approach allowed the US to conduct its recent campaigns in Iraq and Libya with astonishingly low losses.
The Tomahawk is a weapon that is not suitable for area bombing due its high cost. Its use makes sense only for precise destruction of high-value targets. At an announced US$1.5 million per shot, even the US cannot afford to use more than several hundreds of these weapons. In contrast, the cost of an aviation bomb, including delivery, is probably in the tens of thousands of dollars.
The claimed accuracy of Tomahawk is to 10 meters. It is further claimed that 90% of engaged targets are destroyed. How is this precision achieved?
The Tomahawk has multiple guidance systems - GPS (Global Positioning System), INS (Inertial Navigation System), TERCOM (Terrain Contour Matching), DSMAC (Digital Scene Matching Area Correlation). TERCOM uses radar altimeter data to compare with a stored map of the terrain. It is clear that it cannot work over flat terrain or over water, and even over a more feature-rich terrain it probably has a large probability of loosing orientation.
DSMAC is based on comparing a stored image of the target area with the image produced by the on-board optical camera. DSMAC may work to identify an isolated building in a desert, but this author doubts it works reliably in complex scenery, especially in an urban environment. (...)
We can suppose that Syria learned from Iraqi and Libyan experience and obtained a sufficient amount of GPS jamming devices from Russia. Hundreds or thousands of these devices can easily cover a large area around Damascus and other important areas, so that cruise missiles would fly off course by hundreds of kilometers. The GPS jamming zone can start over water, where TERCOM and DSMAC guidance surely do not work. With the use of small boats, a jamming zone can be extended hundreds kilometers from the shore.
An additional restriction is that the presence of advanced anti-ship missiles supplied by Russia does not allow American ships to come close to Syrian shores for the attack, so missiles have to fly long distances over water, likely without a GPS signal, and this will lead to difficulties in resuming TERCOM navigation when overland.
In these conditions, Pentagon generals could not guarantee the clean and impressive victory Obama had expected. Of course, nobody can predict the results of Tomahawk strikes with complete certainty, but in all likelihood it would be inconclusive at best. What could the poor generals do next? Send bombers into mostly intact anti-aircraft defenses and risk substantial aircraft losses and further embarrassment? "