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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

Qui sont les Yézidi d'Irak ?

8 Juillet 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous, #Proche-Orient

En août 2014, des militants de Daech envahissaient la région kurde yezidi de Shingal (Ar Sinjar) au nord de l'Irak. 5 000 hommes étaient exécutés et 7 000 femmes faites esclaves selon le Daily Mail du 14 octobre 2014.

A cette occasion l'opinion publique a découvert les Yézidi, une communauté kurde dont les croyances mêlent un vieux fond iranien à l'islam soufi.

Contrairement à ce qu'ont prétendu les musulmans orthodoxes qui les ont souvent persécutés, les Yezidi n'adorent pas Satan (Iblis) mais lui accordent du respect, ce qui est aussi le cas des soufis. Selon une tradition médiévale, Satan aurait refusé d'accepter la demande de Dieu faite aux anges de s'incliner devant Adam, car il n'acceptait de se prosterner que devant Dieu. Chez les soufis cela signifie qu'il faut être dévoué au point d'accepter. La tradition yezidi a été formée par le maître soufi Shaykh Adi, un missionnaire venu du Liban, qui vécut chez les Kurdes eu 12ème siècle. L'enseignement de ce missionnaire s'est greffé sur un vieux fond de zoroastrisme dissident qui habitait ces régions montagneuses. A l'époque ottomane, les Yezidi kurdes rackettaient les caravanes, et les opérations punitives menées par le pouvoir urbain se faisait au nom de l'orthodoxie musulmane. Mais de nombreux adversaires des Yezidi étaient eux-mêmes kurdes.

Au début du XXe siècle, les intellectuels laïques fondateurs du nationalisme kurde construisirent l'image d'une religion yezidi "première religion originelle" du Kurdistan. Mais c'est un mythe. Aujourd'hui de nombreux restaurants, magasins etc dans le monde kurde portent le nom de Zoroastre ou du livre sacré "Avesta". Dans les années 30, le journal nationaliste kurde Hawar des frères Bedir Khan présentait la religion des Yezidis à tort comme le zoroastrisme. Certes il y a des éléments iraniens chez les Yezidis et les Yaresan, comme le sacrifice du taureau tous les ans (qui fait penser au culte de Mithra), mais ils n'ont pas fait leurs les textes dualistes et ont cultivé une tradition orale plutôt monothéiste.

Les Yezidi estiment être les vrais descendants d'Adam. Outre le sacrifice du taureau, en rapport avec Mithra, ils prient face au soleil, ce qui est aussi lié au mithracisme. Leur mythe du héros vainqueur du serpent, propre à toutes les cultures indo-européennes, pourrait être lié à l'origine même de cet ensemble. Leur culte des sept mystère renvoie à l'heptade zoroastrienne : Ahura Mazda et les les six Amasa Spantas. Les yezidi, comme les druzes, croient en la réincarnation, ce qu'ils appellent "changer la chemise". Ils vénèrent l'ange-paon Malak Tavus. Quatre aspects de leur heptade sont associés aux quatre éléments, et parfois aux archanges islamiques Gabriel, Michel, Israfel et Azrael. Deux autres sont liés à Shaykh Adi et à son successeur Shaykh Hasan.

Comme les Zoroastriens, les Yezidis pensent que le monde sera parfait après le lutte finale de la fin des temps, et qu'il n'y aura plus ni montagnes ni mers. Ils fêtent chaque saison : Navruz (Noruz) le 21 mars, mais pour eux le Nouvel an est le mercredi d'après ; la Fête de l'Assemblée, début octobre, qui est plus importante (et qui a pu correspondre à la fête de Mithra, elle même plus importante que Navruz avant les Achéménides). Ils voient le sacrifice du taureau après la création comme un acte positif (comme le font les Vedas en Inde), alors que les zoroastriens l'investissent d'une connotation négative (l’œuvre du mauvais dieu Ahriman), ce qui serait chez les Yezidi un reliquat du culte de Mithra antérieur au zoroastrisme. Pour eux bien et mal viennent d'une même source (à la différence du zoroastrisme, mais comme dans l'hérésie zurvaniste à l'époque sassanide).

Dans cet article, le chercheur canadien Richard Foltz explique pourquoi le PKK kurde a eu intérêt à cultiver l'équation fausse première religion kurde = yédizi = zoroastrisme. Le néo-zoroastrisme est à la mode chez les Kurdes. Une statue de Zoroastre a été édifiée à Efrin en Syrie en avril 2014, mais le leader religieux local yézidi Shekh Herto Haji Ismail s'est insurgé en indiquant que cela n'avait rien à voir avec leur culte. Cette récupération du zoroastrisme est aussi artificielle que celle opérée par les Pahlavis en Iran ou par les opposants au régime islamique. Les Kurdes sont sans doute, comme les Azeris un mélange d'Iraniens et de Mèdes, et peut-être d'autres éléments, mais qui n'ont rien à voir avec Zoroastre qui venait de l'Est de la Perse, même si celui-ci les a influencés.

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Hellas

5 Juillet 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Hellas

Thomas Piqueti au journal Allemand Die Zeit : ''Vous n'avez jamais pay vos dettes. Ne donnez pas de leçons !''. Solidarité avec le peuple grec en ce jour de référendum !

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Génération

4 Juillet 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

La voyante Maud Kristen et moi avons des points communs inattendus : nous avons lu Bourdieu l'un et l'autre, nous avons connu la société parisienne des années 80, qui était celle du mépris en cascade (telle qu'elle la décrit dans son autobiographie). Ce sont des points communs générationnels. Elle et moi appartenons à un monde qui était bien plus gris (sans les façades blanchies, la novlangue, et tous les artifices actuels), mais bien moins con, que celui dans lequel les trentenaires ont baigné. Je pense que je ne peux parler la même langue que des gens qui ont moins de 35 ans, et réciproquement.

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Praxis de la Grande Politique

3 Juillet 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants", #Ecrire pour qui pour quoi

Praxis de la Grande Politique

Internet rend vraiment con au delà de ce qui est imaginable. Quand je vois les "eurocritiques" s'enfermer dans leurs petites marottes, et leurs jeux d'appareils minables, lancer leurs petites revues à 50 lecteurs etc, j'ai envie de dire à ces types (ou ces dames, mais il y en a moins dans ces milieux) : ouvrez vos fenêtres, vous ne faites pas de la politique, vous faites de la triste tambouille, de l'épicerie de bas étage, secouez vous, vous êtes en plein naufrage, et vous entraînez du coup le destin de votre pays dans vos impasses minables alors que l'espoir de l'humanité pourrait reposer sur vos épaules si vous vous dépassiez, un peu !

D'abord, ce qu'il ne faut pas oublier, c'est qu'il n'y a pas de Grande Politique (j'ose ce mot emprunté à Nietzsche), sans contact direct avec les grandes réalités humaines. Pour vous en persuader, relisez les chapitres de Chateaubriand sur la Révolution et l'Empire.

Les tristes sires du milieu "eurocritique" français croient que je ne fais plus de politique parce que je me désintéresse de leur petite cuisine. Quel aveuglement ! S'ils lisaient correctement ce blog, ils y trouveraient de la politique à chaque ligne, et pas seulement quand j'y rédige des billets sur la Transnistrie ou le Yémen !

Mais moi, je fais de la politique autour des grands enjeux humains, qui sont ceux qui nous montrent le vrai visage de notre époque, et nous donneront des clés pour trouver des idées qui vont au delà des problématiques "je vote pour tel parti" ou "je vote contre".

Par exemple le Kurdistan qui est le lieu de tous les héroïsmes en ce moment. J'insiste auprès de Nareen Shammo, qui est en Irak, pour qu'elle me donne des voies d'aide concrète aux femmes yézidi. Je suis en contact permanent avec un avocat kurde syrien, j'approuve à 100 % l'engagement de Graeber pour les Kurdes. Non pas pour faire de la "charité", mais parce que dans cette "praxis"-là comme diraient les marxistes, tout un chacun peut trouver autant d'idées et de force que j'en avais trouvé dans mon engagement aux côtés des Serbes en 1999 (voir mon livre là-dessus), et un vision qui m'empêchera de retomber dans les problématiques anecdotiques ou les impasses de mes camarades parisien. "La vertu est la santé de l'âme" disait Ariston de Chios, mais pour moi "ta praxis est la santé de ton engagement". Ne jamais enliser ses idées dans des propos de comptoir de bistrot.

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Mon dernier article sur le Yémen

30 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Actualité de mes publications, #Proche-Orient

Mon dernier article sur le Yémen

Mon article pour un tout nouveau site sur le Proche-Orient :

A l’été 2014, quand Dae’ch menaçait d’envahir le Kurdistan irakien et d’attaquer Bagdad, les pétromonarchies promettaient d’envoyer des chasseurs bombardiers et de l’argent au soutien de la coalition dirigée par les Etats-Unis en vue de contenir les extrémistes. Aujourd’hui Daesh a conquis Palmyre en Syrie et remporté la bataille de Ramadi en Irak, sans qu’aucun avion occidental ou des pays du Golfe ne tente de couper leur route. En revanche l’Arabie saoudite et ses alliés se sont engagés depuis le 26 mars dans une opération de bombardement brutale au Yémen, dans le but affiché de freiner la progression du mouvement Ansarullah et de sa milice houthi (de confession chiite) qui ont pris le pouvoir dans la capitale Sanaa au début de l’année.

L’opération était censée rééquilibrer les forces entre la coalition houthi (qui est élargie aux déçus du régime issu du reversement Ali Abdallah Saleh, dont certains partisans maintenant soutiennent les houthis) au profit des partisans du dernier président déchu et des sécessionnistes sud-yéménites, et il s’agissait tout autant d’éviter de dissuader le peuple yéménite (à majorité sunnite) de soutenir le nouveau pouvoir des houthis (chi’ites) et de montrer au sud de la péninsule arabique comme au nord, que le leadership saoudien sur le monde sunnite reste intact, malgré les dissensions internes à cette monarchie vieillissante aux allures de gérontocratie.

Comme c’est fréquemment le cas, les bombardements saoudiens, loin de dissocier la population yéménite du nouveau régime houthi, ont créé un mouvement de réflexe patriotique contre l’agresseur et renforcé le pouvoir des nouveaux dirigeants de Sanaa lesquels ont pu poursuivre leur offensive et conquérir la moitié de l’ex-capitale du Yémen du Sud, Aden. La stratégie saoudienne étant dans l’impasse, le Ryad n’a pas hésité à multiplier les crimes contre les civils yéménites. Les frappes aériennes sont aujourd’hui très loin de viser les seules infrastructures militaires des houthis et de leurs alliés.

La suite est ici.

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Une minute de fierté française

27 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Est-ce une initiative isolée de Mme Taubira, ou juste un instrument de pression rhétorique dans la négociation avec Washington ? En tout cas cela faisait plaisir de lire ça dans le Sydney Morning Herald aujourd'hui.

French Justice Minister Christiane Taubira. Photo

France's Justice Minister has canvassed possible asylum for WikiLeaks founder Julian Assange and former US intelligence contractor Edward Snowden as WikiLeaks and French newspapers promise further revelations of US espionage against the French government and private companies.

Justice Minister Christiane Taubira said on Thursday that she "wouldn't be surprised" if France decided to offer political asylum to Mr Assange, who is living at Ecuador's embassy in London, and Mr Snowden, who remains in exile in Russia.

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Connus

24 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants", #Colonialisme-impérialisme

J'ai un peu connu Régis Debray jadis. J'en ai parlé dans mes livres. Je m'amuse de le retrouver cité dans cet article. Mieux vaut en rire.

Le journaliste qui a donné cette interview à L'Orient le jour au Liban, je le connais aussi. Voilà un homme qui fait honneur à sa profession qui en a bien besoin.

Et puis lui aussi je l'ai connu, mais seulement de vue, croisé souvent à la Maison d'Amérique latine à Paris dans des débats, dans les années 2000 quand les mélenchoniens n'avaient pas encore quitté le PS. François Delapierre, décédé samedi dernier. Il avait mon âge.

Connus
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Macrocosme-microcosme

20 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien, #Le monde autour de nous, #Colonialisme-impérialisme

Macrocosme-microcosme

C'est bien connu : le microcosme se reflète dans le macrocosme et réciproquement. Ne vous étonnez donc pas si le destin général de l'humanité est dominé par le crime, tandis que votre quotidien est pollué par la mesquinerie et la bêtise. Les deux phénomènes se nourrissent mutuellement. Je l'ai bien constaté cette semaine : des minables me pourrissaient la vie au quotidien, tandis que l'actualité de la planète restait marquée par le cynisme de nos dirigeants, dans la guerre du Yémen par exemple, sur laquelle je reviendrai prochainement. La nullité quotidienne nourrit le crime mondial, et réciproquement. Le crime mondial fournit un cadre existentiel aux gens qui légitime leur petite lâcheté et leur petite malveillance au quotidien, et, en retour, leur médiocrité quotidienne justifie le mépris de l'humain que les grands dirigeants et les grandes mafias infligent aux peuples sur l'ensemble du globe. C'est un cercle.

Exemples des grands crimes ou des tripatouillages peu glorieux mondiaux en ce moment : la condamnation à mort de tous les cadres des Frères musulmans en Egypte, expression d'une haine sanguinaire qui s'abat même jusqu'à la moindre collaboratrice de cabinet comme le note Counterpunch. Egalement la hargne américaine pour discréditer la Fédération internationale de foot du seul fait qu'elle avait accordé aux Russes que le mondial se passe chez eux. Ou encore les roulements de mécaniques américains contre la Chine dans l'affaire des îles Spartleys, les pressions inadmissibles sur la Grèce, le lâche abandon de la Libye (Syrte étant désormais contrôlée par Daesh), les viols d'enfants dans cette magnifique récente création de la "Communauté internationale" qu'est le Sud-Soudan etc.

Petits points de consolation : les belles victoires militaires kurdes contre Daesh, les efforts russes pour contrer un projet de résolution anglais inique sur le 20ème anniversaire de Srebrenica. Des petites choses. Il y a du pain sur la planche pour améliorer notre monde.

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Crime saoudien au Yémen, résistance kurde en Irak

17 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #Proche-Orient

Des informations font état d'une déstabilisation de l'Arabie saoudite dans ses régions du Sud. Les Saoud sont-ils au seuil de leur crépuscule (tout comme le régime d'Erdogan en Turquie) ou est-ce le gouvernement syrien qui est sur le point de perdre la guerre ? On ne peut le savoir. En tout cas pour l'instant factuellement on peut noter que le Kurdistan tient bon, c'est déjà ça. Et on peut noter aussi que l'Arabie saoudite, n'ayant pu imposer son régime sur le Yémen, en est réduite maintenant à détruire les canalisations d'eau et l'électricité (après s'en être pris au patrimoine archéologique du pays avec la même barbarie qu'Etat islamique), c'est à dire à massacrer complètement un peuple entier, à défaut d'avoir pu imposer son gouvernement fantoche. La TV occidentale (par exemple Arte hier) a l'air de trouver cela anodin, et Le Monde, immonde comme toujours, essaie de maquiller cela en faisant "comme si" c'étaient à la fois les Houthis et les Saoudiens qui détruisaient les infrastructures (cf ici ). François Hollande, Laurent Fabius, avec leur politique pro-saoudienne guidée uniquement par le souci de vendre des Rafale, la classe politique et les médias français avec leur stupidité habituelle, auront le crime saoudien sur leur époque comme tant d'autres crimes de notre époque.

Maintenant pourquoi comme l'anthropologue anarchiste David Graeber j'aime le Kurdistan syrien et irakien (qui résiste bien aux cinglés d'Etat islamique et même marque des points) : à cause de gens comme la yézidi Nareen Shammo, qui y vivent et que présente le reportage de la BBC ci dessous. La charité-solidarité ne remplace pas la politique, mais elle permet de l'ancrer dans une action humaine concrète. En 1999 j'écrivais des textes contre l'OTAN mais j'envoyais aussi du Zoloft (anti-dépresseur) pour la tante de mon correspondant serbe qui, sous les bombes, n'en trouvait pas dans les pharmacies.

Aujourd'hui puisque les cyniques occidentaux n'ont pas le courage de monter une opération militaire contre EI ni l'audace de laisser les Russes et les Iraniens la monter à leur place, prenez contact avec les ONG avec lesquelles travaille Nareen Shammo, et donnez de votre argent pour libérer des esclaves des djihadistes. On nous assure que l'argent consacré à ces libérations va aux tribus qui servent d'intermédiaires et pas aux terroristes. Agissez au moins dans ce sens, puisque les lettres à nos députés pour un changement de politique de notre pays au Proche-Orient ne servent à rien et finissent dans les poubelles dans la dictature de la connerie où nous vivons. Pensez aussi aux brigades internationales organisées par le gouvernement autonome kurde d'Irak. Si quelqu'un connait des relais efficaces pour les soutenir (puisque nous n'avons plus l'Internationale communiste des années 30 pour livrer des vivres et des armes aux résistants antifascistes) qu'il nous le dise.

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Amon

12 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes, #Antiquité - Auteurs et personnalités

Amon

Peut-être Caton d'Utique, en refusant de sacrifier au sanctuaire d'Amon-Ré dans le désert après être arrivé en Afrique, au motif qu' "il faut avoir Jupiter en soi" (si l'on en croit Lucain), a-t-il commis là un péché d'orgueil... La défaite finale de la République romaine face à César peut être le fruit de ce péché là.

Et tout l'échec de la philosophie païenne aussi (cette philosophie platonico-stoïco-pythagoricienne qui rêva souvent de restaurer la République, notamment sous Néron...). D'où son effacement par le christianisme (quoique le christianisme lui aussi allait souvent reproduire le péché d'orgueil - mais au moins ce péché n'était point dans les actes de ses figures fondatrices).

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Le blocus de la Transnistrie

9 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Transnistrie

Le blocus de la Transnistrie

L'idée de la République de Budjak est apparue au tournant des années 1980 et 1990 dans le processus d'un réveil national déclenché par la perestroïka . La république était censée inclure les localités où les Gagaouzes et Bulgares vivant dans le sud de la Moldavie et, dans une autre variante, s'étendre à la partie sud de la région voisine ukrainienne d'Odessa.

Le projet n'a jamais vu le jour. Mais en novembre dernier le think tank basé à Kiev “Da Vinci AG” a, dans un rapport, mis en garde contre un retour de cette idée sous le nom de "République populaire de Bessarabie" qui serait encouragé par Moscou. Des médias comme Nezavisimaya gazeta et The Economist s'en sont fait l'écho, mais de l'avis de nombreux analystes l'attachement des populations de Moldavie et d'Odessa à la paix et à la coexistence multiethnique rendait le projet peu vraisemblable.

Aujourd'hui ce projet est agité par un épouvantail par Kiev qui vient de nommer l'ancien président géorgien ami des néo-conservateurs américains Mikheil Saakachvili gouverneur d'Odessa.

Le blocus contre la Transnistrie, supposée être le future pivot des agressions contre la région d'Odessa, a été décrété. La ministre des affaires étrangères de Transnistrie, Nina Shtanski, a déclaré aujourd'hui : "Le blocus est bouclé, l'Ukraine a bloqué toutes nos importations. Nous ne sommes plus en mesure de prendre en charge les besoins de la population. L'Ukraine a en outre bloqué la liberté de mouvement des habitants de Transnistrie titulaires de passeports russes, " (Novostimpmr)

Le 28 mai le président de la Transnistrie dans un appel à son homologue russe dénonçait la présence de batteries de missiles S-300 à Odessa , ainsi que la décision de la Verkhovna Rada parlement ukrainien de dénoncer l'accord sur le transit des troupes russes en Transnistrie, ainsi que l'arrivée massives de soldats à la frontières.

Dans une téléconférence devant l'association "Intégration eurasienne" d'Alexander Argunov, le vice-président russe Dimitry Rogozine a assuré la Transnistrie, en grande difficulté économique, du soutien continu de Moscou.

La Moldavie, qui connaît de fortes divisions internes (même au sein des européistes au pouvoir une fraction "d'indignés" demande leur démission) n'est pas en pointe dans cette affaire.

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L'accueil de la France au monarque espagnol

9 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Espagne

L'accueil de la France au monarque espagnol

Le journal El Mundo la semaine dernière expliquait que le représentant de la monarchie installée par la dictature fasciste en Espagne avait été très bien accueilli par l'Assemblée nationale française et que tous les députés s'étaient levés pour applaudir son discours.

J'ai écrit au député communiste du Nord Jean-Jacques Candelier, qui est quelqu'un dont j'ai souvent apprécié les prises de position en politique étrangère, pour savoir si lui aussi s'était levé et ce qu'avaient fait les députés de son groupe. Voici ce que m'a répondu son assistant parlementaire :

"Bonjour, en ce qui concerne Jean-Jacques Candelier, il a préféré boycotter cette cérémonie. D'autres députés du groupe étaient présents mais nous ne savons pas quelle a été leur attitude."

Je suis heureux qu'il n'ait donc pas cédé aux sirènes consensuelles.

Notons que la posture de la mairesse socialiste de Paris Anne Hildalgo a été critiquée à juste titre par des associations de Républicains espagnols. Vous aussi n'hésitez pas à demander à vos députés des comptes sur leur attitude lors de cet accueil réservé aux souverains espagnols à un moment où ceux-ci sont particulièrement controversés dans leur pays.

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Dust

8 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

Souviens toi, Rafaela, il faisait beau sur Chatelet ce jour-là... tra la la...

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Solitudes préférables

6 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Certaines solitudes valent mieux que les actions de groupe. Depuis que je ne collabore plus à aucun collectif, mes livres ne sont pas cités, mes articles ne sont plus repris sur le Net et l'on ne me propose plus de figurer parmi les premiers signataires d'aucune pétition. Certains s'en désoleraient, je m'en réjouis plutôt.

Et de temps à autre certaines anecdotes confortent cette satisfaction en moi. Ainsi, hier, j'ai reçu le texte d'une pétition anti-OTAN dont il vaut mieux que je ne vous donne pas le lien (car je ne souhaite pas polémiquer ni entrer dans des logiques de critiques ad hominem). Certains signataires sont de mes amis ou anciens amis, mais leur nom figure à côté de ceux de guignols. Je suppose qu'ils n'ont pas eu le choix. En outre la pétition dénonce la "Révolution orange" ukrainienne. Elle n'a que 10 ans de retard... car le problème aujourd'hui c'est Euromaïdan, pas la Révolution orange des années 2000...

Ce genre de texte montre que l'opposition aux logiques bellicistes n'est point à la hauteur de la gravité des événements. Le député à qui j'ai proposé une question au gouvernement sur l'Etat islamique s'est bien sûr gardé de me répondre - aujourd'hui les juges en font plus que les députés en matière de relations internationales, et je plains celui qui devra, après la plainte du Qatar, dire, au vu de ses très faibles pouvoirs d'investigation, si oui ou non cette pétromonarchie soutient l'EI, pour décider si le propos de M. Filippot était diffamatoire ou pas...

Et pourtant il y a tant à faire quand je vois par exemple le sinistre Porochenko appeler à la "guerre totale" contre la Russie !

La faiblesse structurelle de l'opposition au système atlantiste se révèle dans le caractère éphémère des sites sur le Net. Esprit corsaire a fermé ses portes en décembre dernier, La Tour de Babel en novembre (dommage, j'avais besoins de clés pour comprendre la résistance des profs au Mexique, La Jornada ne me donne que des fragments)...

Pour ma part j'attends toujours qu'un site d'info en géopolitique apparaisse qui fasse clairement la part des choses entre les diverses propagandes, et nous donne au moins toutes les versions en présence. Par exemple, quand on lit le 20 mai dernier sur le site de la chaîne du Hezbollah libanais Al Manar :

"Le dirigeant du Kurdistan d’Irak, Massoud Barzani souhaite la reprise des relations avec Israël comme durant les années 70 et 80 du siècle dernier. Barzani a tenu ses propos dans une interview accordée à la deuxième chaine de télévision israélienne, dont l'équipe se trouvait au Kurdistan de l'Irak, pour un reportage sur la situation politique et sécuritaire."

Il est bon de trouver dans la foulée sur Kurdpress News :

"Barzani’s Media Advisor, Kefah Mahmoud Karim, has denied the president has interviewed with any Israeli media. He told al-Maalomeh that the Lebanese daily report is completely baseless. Karim stated Barzani has not made any interviews with any Israeli media as the stance of the region towards Israel is quite known. "

Ce travail de confrontation systématique des infos à partir d'un point de vue indépendant n'est hélas fait nulle part. Ni dans les médias mainstream trop serviles, ni chez les fragiles opposants.

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Zizek et les cultures

5 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Zizek dans Libération : ~~«On a cru que le capitalisme nous permettrait de dissoudre les identités partielles… Pour l’heure, il y a une forme de capitalisme où la globalisation du marché peut coexister idéalement avec une très forte identité ethnique, raciste… Lacan avait prédit déjà que le marché commun allait nous pousser vers des formes de racisme. La limite de l’universalisme, c’est ce qu’on appelle les modes de vie. Ce qui m’intéresse, c’est le racisme qui se reproduit dans les petites choses du quotidien. J’ai des amis qui sont de gauche, antiracistes, mais quand un type asiatique ou noir s’approche, il y a un certain malaise. Ils sont embêtés par certains petits détails : "Je n’aime pas cette cuisine-là", "cette façon de s’habiller", etc. L’universalisme, pour moi, ce n’est pas l’idée d’une valeur de l’universel régnant partout qu’indiquent les ouvrages publiés par l’Unesco : la culture mondiale, la vision béate d’un patrimoine culturel universel… Je déteste tout ça. Je crois que la seule universalité, c’est l’universalité de la lutte sociale et politique, le front commun qui permet une identification, une solidarité authentique. Je n’aime pas les libéraux de gauche, les multiculturalistes qui disent : «On doit comprendre l’autre.» Non, je ne veux pas comprendre l’autre, je m’en fous. Mon idéal, ce n’est pas de vivre dans un immeuble où il y a une famille viet, une autre latino, une autre noire. Bien sûr, j’y vivrais bien, mais, comme l’a dit Peter Sloterdijk, on a besoin d’un "code de discrétion". C’est ça l’antiracisme authentique : une "ignorance", une discrétion très polie, un respect. Je veux vivre dans une ville avec toutes les cultures, mais je pense qu’elles doivent garder une distance, et que ce n’est pas une mauvaise chose.»

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