Résultat pour “lawrence”
D.H. Lawrence

Aussi lorsque je lis, sous la plume de DH Lawrence, dans sa préface de 1929 à L'Amant de lady Chatterley, "je veux qu'hommes et femmes puissent penser les choses sexuelles pleinement, complètement, honnêtement et proprement. Même si nous ne pouvons pas agir sexuellement à notre pleine satisfaction, sachons au moins penser sexuellement avec plénitude et clarté", je suis plus enclin à croire en sa profondeur qu'à celle des mouvements psychanalytiques qui lui sont contemporains. Voyez le choix des termes, si lumineux, si apollinien, si confiants dans la force de la pensée, et en même temps modestes, réalistes. N'est-ce point autrement plus doux et fécond qu'un Wo Es war soll Ich werden ?
Le blog de Christophe Darmangeat
Bon, revenons à un niveau de réflexion un peu plus productif. Je signale à mes lecteurs qui aiment lire et réfléchir sans trop d'a prioris idéologiques sur le fonctionnement de l'humanité le blog de l'anthropologue Christophe Darmangeat. Un de mes correspondant m'en a conseillé la lecture en me faisant remarquer que cet auteur, bien que très à gauche, continue de résister aux folies du constructivisme social qui prétendent réduire toutes les différences sexuelles à un conditionnement de "genre". Cet article entre autres explicite sa position à ce sujet.
L'ensemble de son blog se focalise un peu trop sur la question du masculin-féminin, mais bon, après tout, c'est un thème fort vaste dont dérivent un grand nombre de questions comme par exemple celle de savoir (ici) si l'humanité est de plus en plus violente ou de moins en moins (question qu'on a déjà croisée chez Lawrence H Keeley ou Steven Pinker). Donc il mérite d'être recommandé.
L’Amant de Lady Chatterley vu par Emmanuel Berl
« Pour rendre le dénouement possible, et aussi parce qu’il faut que le lyrisme de Lawrence s’exprime, il invente un concours de circonstances évidemment exceptionnel, et par rapport à son idéologie-arbitraire. Malraux le note fort bien dans la préface qu’il a écrite »
« L’érotisme ne peut être que le développement d’une solitude, s’il ne mène pas à la formation d’un couple. Constance serait fatalement ramenée à la frivolité que Lawrence dénonce, si son amour pour Mellors ne parvenait pas à la faire vivre avec Mellors, à dédier à Mellors, sa vie (…) L’amour est justement le seul moyen d’intégrer l’érotisme à la vie, de lui obéir sans refoulement ni mensonges, puisque, sans amour, l’érotisme ne sera qu’une halte, dans la vie, rêve d’abord, et, en fin de compte, intoxication »
« La séparation de l’érotisme et de la vie résulte sans doute de la manière dont la société sépare le plaisir des sens et le mariage » (Emmanuel Berl, Revue Europe 15 février 1932 p. 273-274)
Je mâchouille ces réflexions depuis hier. Des réflexions qui n’ont rien à voir avec l’époque actuelle (où l’érotisme n'est plus qu'une annexe d'une science générale du bien-être complètement déshumanisante). Je repends en quelque sorte la réflexion sur l'amour et le socialisme, au point où les ancêtres d'avant 68 l'ont laissée.
La réflexion de Berl comporte trois volets ou trois mouvements (si l'on y voit une progression, ce qui reste à démontrer). Le première, stoïcien en un sens, c'est que le désir ne peut pas être laissé libre, mais orienté vers un devoir universel. Le deuxième est que ce devoir universel dans la société d'aujourd'hui ne peut que s'incarner dans le couple (écho furtif à l' "Histoire d'un roman" de Gorki dans la même revue p. 157 "s'il n'est pas possible d'aimer en même temps une foule d'hommes différents, il est peut-être très intéressant de se donner à beaucoup d'hommes incarnés en un seul", et retour au stoïcisme impérial de Sénèque et Epictète). Troisième mouvement : si la société devient socialiste, vie et érotisme se réconcilieront en dehors du couple (retour au premier stoïcisme).
Notez comme cette problématique est habitée par la thématique du don (pensez à Marcel Mauss), problématique anéantie par la pensée 68 (Jacques Lacan "Aimer, c'est donner à l’autre ce que l’on n’a pas", ce que le capitalisme contemporain remplace par « Aimer c’est prendre »).
Avant hier soir Zizek était l'invité de Laure Adler (beurk) sur France Culture. Les jeunes chomskyens (qui cherchent désespérément chez tonton Noam des raisons ou des moyens d'aimer - cf ci dessous) ont dû avoir des boutons.
ps : faudrait que j'écrive un traité d'érotisme. J'y dirai en quoi pour les rapports avec une nana dont on est follement amoureux, je désapprouve la levrette, et pourquoi je ne cautionne la fellation qu'à des conditions très précises. Tous les grands philosophes ont été des réformateurs sexuels, donc des prescripteurs dans l'âme.
Commentaires de mon roman (suite)
Hier le commentaire d'un autre ami :
"Le critique de Parutions me paraît un peu sévère, ton roman se lit très bien, c'est écrit avec du style, c'est clair pour la langue et la construction et l'intrigue se suit bien, il y a du suspens, des personnages vivants crédibles , des passages amusants alternent avec des moments élégiaques sur la nature, des notations psycho-sociales intéressantes sur les gens et les situations en Béarn, à Pau, Orthez, dans la montagne et à la campagne, tu amènes bien tes thèmes de prédilection sur la socio et la philo en France aujourd'hui, l'université, le désir d'engagement et la politique avec ses pesanteurs et ses pièges, la possibilité problématique de résistance et les filets de la récupération omniprésente, la génétique aussi ... J'aurais attendu peut-être des développements sur la question écolo, par exemple à propos de la vallée d'Aspe ( souvenir de prof de géo, c'est un cas emblématique des usages de ce milieu, avec le
débat sur le tunnel du Somport), et tu aurais pu mêler ça à ta socio du militantisme local enraciné, mais c'est secondaire. Je n'ai pas été choqué de ton exploitation, habile, du voyeurisme érotique du thème porno ... outre que ça correspond à ta vision éthico-politique de l'importance d'une plus grande franchise, marxo-freudienne? - sur la place du sexe dans l'imaginaire humain, ça fait partie des possibles après tout et la séduction est une stratégie marketing en politique (voir le cas Hamon!); que ton héros se fasse tailler une pipe devant le lecteur ne choquera personne aujourd'hui et ne me gêne pas, après tout nous avons une vie sexuelle et depuis D.H. Lawrence elle s'étale crûment dans les livres sérieux ... la question est celle du sens dramaturgique de l'événement ou du thème et ça entre bien, si je puis dire, dans ton récit. Entre nous, j'ai même trouvé ça bandant: je crois que le sexe hétéro m'excite plus en
image (mentale ou cinéma) qu'en réel ... mais je n'ai pas essayé (une limite peut-être, mais ça ne se fait pas comme ça, quand on manque de spontanéité et qu'on a une éducation classique, il faudrait que je boive, je crois ... ). J'ai trouvé que les thèmes de société étaient tissés entre eux de façon intéressante et que le roman jouait bien son rôle de médiateur de la pensée, sans tomber dans un collage de types abstraits et de digressions.
- J'avoue me demander qui est le narrateur. Entre les premières lignes et les dernières, il y a un décalage: ça me rappelle la remarque (un peu excessive) de Sartre sur Mauriac "Dieu n'écrit pas de roman, M. Mauriac non plus". D'où parle-t-il? Où est l'oeil? Mais ça ne gêne nullement la lecture. Je me demande aussi ce que signifie finalement "la révolution DES MONTAGNES" ... "
Quelqu'un a commenté le livre sur Amazon.fr aujourd'hui.