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Kissinger à l'anniversaire du général Gallois il y a 20 ans
Voilà comment on en vient à rattacher tout le monde aux Illuminati de façon un peu abusive : Pierre Hillard racontant (dans une interview chez Jim Leveilleur) comment il a rencontré, en 2004 ou 2005, par l'intermédiaire du général Gallois à l'occasion d'une réunion d'une quarantaine de personnes pour l'anniversaire du père de la dissuasion française où se trouvaient Marie-France Garaud, François,Dorcival patron de Valeurs actuelles, dans un centre gaulliste.
C'est un peu comme lorsque je m'étais retrouvé à serrer la main de Védrine chez Régis Debray en 2000... On l'oublie peut-être mais Kissinger il y a 25 ans s'était opposé au bombardement de la République fédérale de Yougoslavie.
Pour info un Russe a piégé Boris Johnson pour le faire parler de Kissinger et de l'Ukraine en se faisant passer pour Jacques Attali.
Un mot sur Alain Delon
L'acteur Jean-Paul Belmondo est mort à 88 ans, L'athée (et partisan de l'euthanasie) mais sectateur de la Sainte Vierge (ou d'Isis ?) Alain Delon aussi, le 18 août. Oonao rappelle qu'il avait tourné en 1986 dans "Le Passage", (2 milions d'entrées) l'histoire d'un cinéaste qui passe un pacte avec la Mort pour sauver son fils du trépas. Belmondo a joué dans 88 films, Alain Delon aussi, du cancer. 88 est le double infini.
Le système médiatique avait mis en contraste Delon et Belmondo, comme les Beatles et les Rolling Stones ou Michael Jackson et Prince, notamment dans Borsalino (1970). L'un associé à la lune, l'autre au soleil. Delon lui-même jouait de cette opposition en disant qu'il était un acteur tandis que Belmondo était un comédien.
Delon était attiré par des sujets liés à l'occultisme - dans "Vivement la gauche" Rampal (1991) rappelle qu'il avait dit croire aux extraterrestres. Cela semble être encore plus le cas du réalisateur du film "Le Passage" René Manzor qui a fait carrière à Hollywood et a aussi réalisé "Un amour de Sorcière". Dans le film Dédale, il exploite le thème des gens possédés par des "alters", après avoir discuté du sujet avec un médecin.
Difficile de savoir s'il y a une appartenance commune à des sociétés secrètes derrière tout cela.
Je n'ai pas essayé, à la nouvelle de sa mort, de revoir un de ses films. Simplement en écoutant une de ses interviews à la RTBF en 1979 ci dessous je redécouvre combien les acteurs à l'époque (et dans la génération précédente aussi) devaient prendre des airs inspirés quand ils parlaient de leur art. Rien à voir avec l'aspect "sympa" "proche des gens" et au fond médiocre et vulgaire qu'ils mettent un point d'honneur à arborer aujourd'hui. Nous avons changé de monde. Pas étonnant donc que les jeunes n'aient même plus idée de l'aspect vaporeux et élégant de la transcendance qui s'attache à la création. Beaucoup ne peuvent plus identifier la transcendance qu'aux démons qui s'attachent à ce qui n'est plus aujourd'hui que "production culturelle". Leur esprit n'est plus assez ciselé pour percevoir autre chose.
Le Fond du problème de Graham Greene
J'ai beaucoup cité dans mon livre sur Cuba l'an dernier, célèbre écrivain anglais et célèbre ancien espion, de conviction catholique, Graham Greene, supporter de Fidel Castro et de tous les mouvements de libération nationale dans le monde des années 1960. Les grands médias n'aiment pas les oeuvres qui interrogent à la fois la question de la responsabilité à l'égard d'une époque et celle du rapport à la transcendance dans un engagement chrétien résolu. Il est donc, disons, de mon devoir, sur ce petit blog que personne ne lit de vous signaler son roman "Le Fond du problème" (The Heart of The Matter) paru en 1948 dont l'action de passe au Sierra Leone pendant la seconde guerre mondiale. Le regard est vif, intelligent, les personnages intéressants et attachants. Dès les premières pages Greene cite Hilaire Belloc, catholique lui aussi, infatigable pourfendeur de l'impérialisme maçonnique britannique, notamment pendant la guerre des Boers (j'ai fait une allusion trop rapide à Belloc en 2017). On est aussi là dans la même famille que George Galloway (sous réserve du petit doute que j'ai émis récemment sur le discours de ce dernier à propos des FM). C'est une bonne veine d'inspiration, et un courant à suivre.
Dossier noir sur Badinter
L'avocat ex-ministre de la justice de Mitterrand, Robert Badinter décédé le 9 février 2024 a fait l'objet à sa mort d'une avalanche d'éloges comparable à ceux adressés jadis à la légalisatrice de l'avortement Simone Weil. La couronne de lauriers a fait omettre les côtés sombres du personnage. Par exemple le faut que dans l'affaire du talc Morhange il y a 50 ans, la diffusion d'un produit toxique qui a tué 36 enfants, il était le défenseur des fabricants de ce produit - source Pauline Dreyfus "Robert Badinter : L'épreuve de la justice" (2009)
On apprend aussi dans le livre de Martine Orange "Rothschild une banque au pouvoir" (2012) qu'il est intervenu en 1982 pour aider les Rothschild à reconstituer une banque à leur nom en France après la nationalisation. Il avait également défendu Netanyahou devant la CPI en 2020, ce qui est cohérent avec le fait que les Rothschild ont fondé Israël. Pour mémoire ci-contre Lord Jacob Rothschild et la sorcière Abramovic posant devant le tableau "Satan invoquant ses légions". Badinter s'était lié d'amitié avec David de Rothschild avant l'alternance de 1981 (Orange p. 64). Fin 1982 ce dernier le sollicite personnellement, alors que Guy de Rothschild avait ligué les juifs new-yorkais contre Mitterrand. La médiation de Badinter fut décisive pour que Mitterrand accepte la résurrection de la banque Rothschild en France (les Rothschild qui allaient recruter M. Macron quelques décennies plus tard).
Voir aussi sa compromission dans l'éclatement de la Yougoslavie : Diana Johnstone, dans "Fools' Crusade" (2002) raconte (p. 36) l'instauration d'une commission d'arbitrage en août 1991 chargée de fournir des conseils juridiques à la Conférence européenne de paix sur la Yougoslavie. Robert Badinter, Président du Conseil constitutionnel français, fut désigné président de la Commission de cinq membres composée des présidents des cours constitutionnelles de États membres de la CÉE. "Malgré son nom, explique Johnstone (p. 37), cette commission ne s'est jamais engagée dans un véritable 'arbitrage' entre les protagonistes yougoslaves, comme certains l'ont espéré. Au liey de cela, sans aucune base légale autres qu'un mandat exécutif des ministres des affaires étrangères de la communauté européenne (à une époque où la CE n'avait pas encore la moindre compétence en politique extérieure), la commission émit des "opinions" qui, bien que non contraignantes pour quiconque, au final fournirent des arguments légaux utilisés par la communauté internationale dans son traitement du problème yougoslave". Johnstone accuse cette commission d'avoir contribué à créer une "nouvelle jurisprudence vague dans laquelle des critères moraux subjectifs peuvent ête invoqués pour justifier la destruction de vieux pays". Elle éluda notamment la question posée par la Serbie de savoir si une entité fédérée pouvait être sujet du droit à l'autodétermination. La commission Badinter partit du présupposé, en novembre 1991, que la Yougoslavie était dans un "processus de dissolution", et que donc, en dehors du critère traditionnel de contrôle du territoire, de nouveaux critères ad hoc comme le respect des droits de l'homme et des minorités pouvait servir de base à une reconnaissance diplomatique. La commission Badinter avait donc fourni aux puissances impérialistes occidentales le vernis juridique pour faire éclater la Yougoslavie.
La générale de l'Armée du Salut à Cuba en 1993
Un passage comme il y en aura quelques uns dans mon livre sur Cuba. Je trouve cela dans le Bulletin hebdomadaire de l'Armée du Salut du 30 mai 1993, sous le titre "La générale Eva Burrows rencontre le Président Fidel Castro. Une visite exceptionnelle qui confirme l’esprit d’ouverture de cette fin de siècle." :
"La rencontre de la Générale avec le Président Fidel Castro, lors de sa récente visite à Cuba, constitue un événement historique. C’est la première fois, en effet, que le Président de cet état marxiste entrait en contact avec un chef international de l’Armée du Salut. La rencontre eut lieu à 22 h 30, juste six heures avant le départ de la Générale, et dura deux heures. La Générale parla des récents développements de l’Armée du Salut autour du monde. Le Président montra un intérêt particulier pour l’extension de notre œuvre en Russie.
Il a une étonnante compréhension de l’histoire théologique et ecclésiastique, discutant des thèmes tels que l’enfer, la rédemption, les persécutions religieuses et la foi en Dieu. Minuit était passé lorsque la Générale et les officiers qui l’accompagnaient quittèrent le bureau du Président, non sans avoir prié pour lui et pour son peuple."
L'article ajoute aussi sous une photo : "La Générale a la joie de retrouver l’ambassadeur du Zimbabwe à Cuba et son épouse Mme Midze. L’ambassadeur est un ancien élève des écoles de l’Armée du Salut dans son pays, où à enseigné Eva Burrows. "
Déloyauté
"La déloyauté est notre privilège", écrivait Graham Greene en 1948, au cours d'un échange de vues sur "les rapports de l'artiste avec la société (...) "Le loyalisme nous enferme dans les opinions acceptées; le loyalisme nous interdit de comprendre avec sympathie nos frères dissidents; tandis que la déloyauté nous encourage à parcourir l'esprit humain expérimentalement : elle confère au romancier cette quatrième dimension qu'est la sympathie".
Le christianisme de Roger Garaudy
Disons le, je ne suis pas très impressionné par le christianisme de Roger Garaudy (qui fut un des principaux cadres du Parti communiste français à l'époque de Maurice Thorez) et lui préfère de loin, dans le registre des christianismes d'agrégés de philosophie, celui de Maurice Clavel, qui part d'une expérience existentielle beaucoup plus profonde et d'une approche vraiment tragique du destin de l'Occident. Garaudy, lui, dont j'admire pourtant le parcours jusqu'en 1970 et le courage, est trop intellectuel. Sa façon de tout faire partir dans "Parole d'homme" de l'amour est creuse, et cela sonne faux, même son hommage au naturisme (on devrait dire l'adamisme). Clavel quand il parle de l'amour cible juste, Garaudy confine aux poncifs de la pop music des années 80. On sait que l'amour est capital pour parler du christianisme, mais Garaudy en se réfugiant derrière Aragon ne sait faire que du "name dropping". Et puis, naturellement, le point aveugle de sa pensée est l'absence des démons dans sa vision de la trajectoire humaine, conséquence naturelle d'une tendance à gommer le sens du mystère et de la repentance. Cela donne un christianisme éclectique, ouvert à tous les vents (à la fin ce sera le vent de l'Islam qui l'emportera chez lui, mais un Islam d'ailleurs très subjectif et un tantinet guimauve...). Dès avant sa conversion islamique il était plus panthéiste que chrétien, tout comme son modèle Romain Rolland. Je ne dis pas que tout est faux dans cette approche spirituelle. Simplement il faut être conscient de ses dangers dans l'ordre du luciférisme (comme bien sûr l'anti-humanisme d'un certain intégrisme chrétien a aussi ses dangers).
"Parole d'homme" présente quand même un intérêt historique... La lettre de Maurice Thorez sur le christianisme notamment, qui est à mettre en regard avec un travail que je voudrais faire sur l'autre grand chrétien socialiste panthéiste que fut Pierre Leroux. Et puis bien sûr il s'y trouve toujours d'utiles piqûres de rappel contre la pensée bourgeoise.
JLG
JL Godard est décédé hier le 13 septembre 2022 en ayant recours au "suicide assisté" pour cause d'épuisement... Il est regrettable que ce modus operandi intervienne alors que le président Macron fidèle à la philosophie de son mentor Jacques Attali, lance une "convention citoyenne" sur l'euthanasie, à l'heure où la culture de mort pousse symétriquement cette pratique et l'avortement dans tous les pays (il semble que la morphine ne suffise plus aux gens...).
Que dire ? Je l'ai souvent dit : l'oeuvre de Godard croisait souvent mon chemin depuis les années 1990 : la rétrospective Godard au début de l'été 1992 (si mes souvenirs sont bons, ou peut-être 1995) dans le Quartier latin, le cinéma Alphaville à Madrid en 1994. Rendez vous compte, même mon retour des enfers en 2014 eut un rapport avec Godard (il faut croire que cela avait un rapport avec les impasses de la condition masculine). J'ai eu ces dernières années l'impression que Godard avait un fort rapport avec l'occultisme (que cela fût conscient ou non), pas seulement du fait qu'il était hypnotisé par les jolies femmes. J'en ai plus ou moins confirmation quand j'ai aidé pendant le confinement un Abkhaze à traduire ses mémoires - plus précisément un Abkhaze qui avait eu directement affaire à la magie durant la guerre d'indépendance de 1992. Cet homme avait placé pratiquement tout son texte sous le patronage de l'éloge des sacrifices forestiers que Godard développe dans "Hélas pour moi".
Il fallait bien, semble-t-il, que l'ombre du créateur me poursuivit jusqu'au bout puisqu'un des abonnés de ce blog comptait parmi ses amis intimes (je l'ai appris fortuitement il y a quelques années). Je ne sais trop ce qu'il faut penser aujourd'hui de son oeuvre. Je suppose qu'on le trouvera bientôt très daté, comme la philosophie d'Althusser ou les poèmes de Théodore de Banville au XIXe siècle... Déjà je pense qu'il indiffère tous les moins de 30 ans. Qu'importe, chacun avec ses petits démons contribue à construire une époque, à l'influencer. Puis, tout cela passe...
Je ne sais pas ce que l'on aura gagné au fond à apprécier ou ne pas apprécier l'oeuvre de JLG. Très probablement on pourra vivre sans l'avoir connue.