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Reconnaissances unilatérales : les réactions en chaîne
Quid de la Transnistrie/Pridnestrovie me direz-vous ?
Les autorités transnistriennes ont manifesté leur solidarité avec l'Ossétie du Sud (http://www.hastasiempre.info/article.php?lang=francais&article=2039). Mais le président moldave Voronine, qui n'est pas un ami des néo-conservateurs étatsuniens, à la différence de son homologue géorgien, s'est hâté de se rendre à Moscou pour éviter tout effet domino sur les bords du Dniestr (http://www.fr.rian.ru/world/20080825/116254602.html).
Voyons maintenant quels pays reconnaissent les deux nouveaux Etats caucasiens. Pour ce qui concerne le Kosovo toujours moins d'un quart la communauté internationale ont franchi le pas. Il se peut que, certains pays du Tiers-Monde, sous la pression des Etats-Unis, acceptent de reconnaître le gouvernement de Pristina... et équilibrent leur décision dans le sens plus non-alignement, en reconnaissant aussi l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie. Ce faisant la réaction en chaîne des sécessions et des reconnaissances unilatérales de toutes sortes de provinces à travers le monde ne ferait que commencer...
FD
cf images : http://www.russiatoday.com/news/news/29504/video
Censures sur les crimes de guerre géorgiens
Voyez sur la vidéo (en langue anglaise) ci dessous comme le journaliste de Fox News empêche la tante d'une jeune Américano-Ossète du Sud de dire que le régime de Saakachvili a attaqué l'Ossétie du Sud le 7 août et est responsable de la guerre et de la mort de 2 000 civils :
Voir aussi plus largement sur la censure des crimes de guerre géorgiens Russia Today TV
http://www.russiatoday.com/news/news/29104/video
Ossétie du Sud
Je viens d'envoyer l'article suivant à un site russe :
Effets des doubles standards occidentaux dans le Caucase
Les gouvernements occidentaux, prompts à soutenir les sécessionnistes contre les pays qu’ils n’aiment pas (celui du Kosovo contre la Serbie, celui du Tibet contre la Chine) se sont bien gardés depuis 1991 d’approuver l’indépendance des minorités opprimées de Géorgie comme les Abkhazes, et les Ossètes du Sud, et ce, bien que ceux-ci se soient constitués en Républiques autoproclamées. Certaines caricatures de ces Républiques les décrivent comme des constructions artificielles entre les mains de la Russie. Pourtant dans chacune d’entre elles (l’Ossétie du Sud en 1992 et 2006, l’Abkhazie en 1999), des référendums ont été organisés, dans le cadre desquels une forte proportion de la population s’est prononcée pour l’indépendance ou pour la constitution de l’Etat autoproclamé. Le seul tort de ces Républiques est d’être situées dans un pays – la Géorgie – dont les Occidentaux ont toujours espéré se faire un allié stratégique, notamment pour le contrôle des voies d’accès au gaz d’Asie centrale.
Non contents de ne pas reconnaître les droits des peuples sécessionnistes en Géorgie, les pays occidentaux ont organisé le renversement du gouvernement d’Edouard Chevarnadze en 2003, au terme d’une opération financée par des ONG liées à l’administration américaine, la Révolution des Roses, sur le modèle de ce qui avait été fait en Serbie en 2000. Ils l’ont ainsi remplacé par un régime autoritaire, celui de Mikheil Saakhachvili, qui réprime l’opposition (voir par exemple l'arrestation de l'ex-ministre Irakli Okrouachvili en septembre 2007) et fut soupçonné à plusieurs reprises de malversations électorales.
Ce régime est aujourd’hui lourdement armé par les Etats-Unis et Israël (qui lui a livré récemment un nouveau système lance-roquettes). Tout comme Israël au Proche-Orient, la Géorgie dans le Caucase se sent en position d’imposer ses prétentions à ceux-là même qui la financent et qui l’arment. Comme le notait récemment Alain Badie, professeur à l’institut d’Etudes politiques de Paris, dans son dernier livre Le diplomate et l'intrus, "N'ayant aucune raison de craindre une défection américaine et n'ayant plus à faire face à la menace soviétique, Tel-Aviv est en mesure désormais d'imposer certains de ses choix stratégiques régionaux à la Maison Blanche. La Géorgie de Saakachvili ou l'Ukraine de Iouchtchenko disposent de la même asymétrie tournant à leur profit : sachant pertinemment que les Etats-Unis n'ont aucun intérêt à les lâcher, quels que soient leurs choix, elles se laissent l'une et l'autre convaincre que l'hégémon américain est désormais privé, par l'évolution même du système international, de tout argument les contraignant à l'obéissance".
En vertu de ce principe le président Saakachvili s’est répandu en menaces contre les républiques sécessionnistes depuis plusieurs mois, et a favorisé les incidents frontaliers. Loin de chercher à modérer ses prétentions, les Etats-Unis ont multiplié les déclarations au cours de l’été pour pousser au remplacement de la force d’interposition russe par des forces armées plus favorables aux intérêts des occidentaux et de la Géorgie.
Ce comportement pyromane a encouragé Tbilissi à envahir la République d’Ossétie, dans la nuit du 7 au 8 août dernier.
Là encore, la politique des double-standards occidentaux a joué à plein. Si la République de Serbie avait attaqué le gouvernement autoproclamé du Kosovo (reconnu par moins d’un quart des pays membres de l’Organisation des Nations-Unies), les grands médias occidentaux n’auraient pas manqué de faire leur « une » sur ce sujet pour dénoncer cette agression. Au lieu de cela, ils ont traité l’attaque géorgienne contre l’Ossétie de Sud avec un mépris souverain, la décrivant comme un « mauvais tour » joué par Tbilissi au premier ministre Vladimir Poutine (lequel est depuis longtemps déjà voué aux Gémonies par ces mêmes médias). Ainsi parviennent-ils à rendre bénigne, voire populaire aux yeux de leur opinion publique, une politique d’agression caractérisée de la part des autorités géorgiennes.
Parallèlement le soir même de l’attaque géorgienne, au Conseil de sécurité des Nations-Unies, les Occidentaux faisaient opposition à un projet de résolution russe demandant l’arrêt des combats dans la zone.
La connivence avec les agresseurs est allée très loin. L’évacuation des civils a été ignorée et la destruction de la capitale Tskhinvali, fut imputée principalement aux troupes russes qui ripostaient à l’agression géorgienne (alors pourtant que les Géorgiens l’avaient massivement pilonnée, provoquant la mort de 1500 civils).
Ce soutien systématique à l’agression vise une fois de plus, dans le Caucase comme dans les Balkans et au Proche-Orient, à faire prévaloir la force, placée au service des seuls intérêts occidentaux, contre la stabilité, la sécurité, et l’amitié entre les peuples. Il s’agit là non seulement d’une politique injuste, mais encore d’un choix dangereux, qui ne fera qu’accroître les tensions dans tout le continent eurasiatique, au lieu d’une nécessaire coopération pacifique. Une fois de plus, les pouvoirs occidentaux jouent avec le feu, et leurs déclarations de bonnes intentions hypocrites produites après-coup ne peuvent masquer leur rôle concret dans les crises qu’ils provoquent.
Frédéric Delorca
Docteur en sociologie
Directeur de l’Atlas alternatif - http://atlasalternatif.over-blog.com/ .
9 août 2008
Copyright exclusif : Frédéric Delorca
Pasdaran
Cette mobilisation des soldats iraniens restera comme une page importante de l'histoire des religions. Et il n'est pas étonnant qu'aujourd'hui les Pasdaran à la retraite soient le pilier du patriotisme iranien.
On peut se demander d'ailleurs si toute guerre n'est pas au fond une expérience sinon mystique (y compris éventuellement d'un mysticisme laïque) du moins existentielle, dans un sens très profond, parce que tous les paramètres vitaux sont remis en cause, et tout le raport à autrui bouleversé (à commencer par le "tu ne tueras point"). D'où le difficile retour à la vie civile après ça (voir le film "Le capitaine Conan" par exemple). Le rôle des anciens combattants, sur cette base, devient ensuite, comme celui du clergé séculier, problématique, à la fois en dedans et en dehors, gardiens d'un souvenir dont les gens de "l'arrière" et encore plus les nouvelles générations n'ont pas eu l'expérience directe, et dont ils ne comprennent pas le sens. Sans qu'on sache vraiment qui, au fond, de l'ancien combattant ou du civil, détient la vérité sur le destin collectif de la société, qui est le mieux à même de dire quelque chose de pertinent sur son avenir.
Fragiles alternatives
Un petit parfum du micro-fascisme qui fait le quotidien exitentiel dans le monde capitaliste d'aujourd'hui. La nana a un moment s'est exclamé : "En plus je dois former des Marocains pour qu'ils appliquent nos procédures. Pendant 5 jours. Après ils rentrent au Maroc. S'ils n'ont pas compris au bout de 5 jours, j'irai les former sur place. Peut-être que quand ils seront formés l'activité sera délocalisée et je serai virée par ceux que j'aurai instruits. Ce serait marrant. Bon remarque sur le coup je ne me marrerai sûrement pas". Etrange tous ces gens qui travaillent avec l'épée de Damoclès de la disparition pure et simple de leur activité de l'horizon français.
Bien sûr tout le monde sait que ce système ne fonctionne pas. Qu'il broie les ressources de la planète, les vies humaines, tout ça pour pouvoir gaspiller toujours plus, s'abrutir toujours plus, et terminer sous Prozac ou Lexomil.
Mais personne en Europe n'a la force de rechercher autre chose, et sans doute personne ne l'aura sans grande catastrophe (tant que l'Etat providence amortira les effets les plus immédiatement douloureux du capitalisme).
Et ne croyons pas (comme on le pense parfois) que les pays "non occidentaux" ou victimes de l'Occident sont plus assoiffés d'alternatives que nous. Je lisais un forum serbe hier sur l'arrestation de Karadzic. Les gens qui y dédendaient le point de vue "occidental" y étaient aussi nombreux et aussi virulents que les tenants des arguments "patriotiques" (or le sens de l'opposition patriotique est le premier jalon du combat pour l'alternative dans ce genre de pays). C'est une loi sociale bien connue qui veut que le point de vue du plus riche fasse toujours beaucoup d'adeptes. Il se pare de mille vertus du seul fait qu'il émane des puissants.
Sur un autre continent, je lisais hier un bon texte de Znet sur l'avenir de la révolution bolivarienne. Très bon article éloigné des apologies creuses (je pense à une militante d'un cercle bolivarien qui, l'an dernier, me disait détester les intellectuels à cause de leur propension à la réflexion critique !). Znet n'est pas accessible ce soir, mais je crois que l'article était sur www.zmag.org/znet/viewArticle/18238. Il soulevait quelques problèmes réels : sur le risque qu'Obama séduise une partie des Latinos (alors que Bush était un utile repoussoir), sur les problèmes que le Pérou et la Colombie posent au bolivarisme, sur l'autonomie croissante de Correa face à son allié vénézuélien.
Les alternatives sont fragiles.