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Grundlegung zur Metaphysik
Chaque page de la rubrique "Grundlegung zur Metaphysik" de ce blog a été vue trois fois hier, sans que je puisse savoir si ce fut trois fois par la même personne. Ce lecteur (je ne sais s'il faut mettre le sujet au pluriel) a dû être déçu au terme de cet épluchage systématique puisque, suite aux menaces que j'ai reçues à l'automne dernier, j'ai supprimé nombre des articles de cette catégorie, notamment ceux qui touchaient de très près à la France. Et je n'ai pas vraiment l'intention de republier les billets supprimés. De toute façon, sur le volet des sociétés secrètes, de leurs symboles, et de la présence de ceux-ci en politique et dans le show-biz, je ne vois pas bien l'intérêt de chercher à être exhaustif ou encyclopédique. Une fois que j'ai montré une ou deux choses sur Bill Gates ou Greta Thunberg, une certaine année, à quoi bon exposer d'autres aspects de leur probable engagement occultiste l'année suivante ? Quand on a vu que tel acteur était lié à de la programmation prédictive sur le Covid, à quoi bon montrer qu'ensuite il l'a été aussi sur le graphène ?
De toute façon d'autres sites anglo-saxons et français font ça mieux que mon blog. Et je n'ai pas le sentiment d'être investi d'une "mission spéciale" pour écrire sur le monde invisible ou sur l'eschatologie. D'ailleurs ceux qui se croient destinés à exercer ce genre de fonction dans le monde finissent souvent par être égarés par l'orgueil et par présenter au public des connaissances fausses ou excessives dans leurs conclusions qui ne servent pas l'intérêt du Bien commun et de la Vérité. C'est pourquoi je préfère que les sujets spirituels conservent une place raisonnablement modeste sur ce blog.
Fin d'année
Je vais envoyer quelques voeux à minuit. Je suppose que les destinataires y répondront en des termes très formels, sans rien manifester de profond.
Je ne m'attends pas à ce que quelqu'un que j'aurai croisé sur mon chemin par le passé prenne spontanément l'initiative de me souhaiter une bonne année, ni que cette idée vienne à l'un des rares lecteurs inconnus de mes livres. Ce n'est jamais arrivé les 1er janviers depuis dix ans, il n'y a pas de raison que cela advienne cette fois-ci. Je crois que je n'ai marqué l'itinéraire de personne. Mon nom, mes écrits, mon visage sont enveloppés d'un oubli complet aux yeux des gens qui les ont rencontrés. Prenons les militants anti-OTAN par exemple. En 2000 un informaticien belgo-serbe dont je tairai le nom ici disait que j'avais fait plus pour l'information alternative sur Internet concernant les Balkans en 1999 que tous ses compatriotes réunis. Hé bien je sais qu'aucun des nombreux ex-Yougoslaves que j'ai connus il y a vingt ans ne se manifestera spontanément ce 1er janvier, et la publication il y a quelques mois en russe de mon livre sur mon engagement yougoslave ne changera rien à leur silence. Il en va de même des contributeurs de l'Atlas alternatif auxquels j'ai donné la parole il y a quinze ans dans cet ouvrage collectif que l'éditeur a vite enterré, des patrons de samizdats auxquels j'ai contribué il y a dix ans, des dizaines d'Internautes avec qui j'ai eu des échanges divers et variés sur toutes sortes de sujets en 2012, en 2015, en 2018...
Je ne sais pas à quoi cela est dû, si c'est au fait que les gens n'ont plus de mémoire du passé, ou si quelque "éther" surnaturel spécifique entoure mon nom d'oubli, d'indifférence, de sentiments hostiles. Je ne m'en plains pas du reste. Beaucoup d'écrivains solitaires beaucoup plus talentueux et pertinents que moi, du temps où Internet n'existait pas, ont connu ce sentiment d'indifférence généralisée à leur égard. Certains ont bénéficié ensuite d'un succès posthume, d'autres sont restés ignorés. Les choses sont ainsi. C'est de l'ordre de l'inexplicable. Cela ne m'empêchera pas de continuer de lire, écrire (je travaille sur un projet de bouquin en ce moment). Il n'est pas besoin d'avoir un public pour jeter des petites bouteilles à la mer. Nietzsche parlait de flèches qu'on lance dans le vide, au cas où quelqu'un un jour les attraperait... Il faut bien que j'essaie de me rende utile de cette manière, puisque c'est à peu près tout ce que je sais faire. Et si cela ne sert pas, qu'y puis-je ? On continue d'écrire parce que c'est "the thing to do", voilà tout.
Tous mes voeux, ce soir, aux solitaires qui tomberont sur ce billet, tous ceux que les gens qu'ils ont croisés ont aussi oubliés et qui n'ont pas la consolation de se dire que, malgré tout, quelques uns de leurs livres dorment dans des bibliothèques publiques, auxquels peut-être un jour quelqu'un s'intéressera. Aux navigateurs du Léthé enveloppés de brume.
Réorientation de ce blog
Le présent blog subit des pressions assez significatives, de toute nature. Et, par ailleurs, il reçoit très peu de soutien de ses lecteurs : il est peu lu (du fait en partie des critères de sélection des moteurs de recherche), et même des gens se désabonnent depuis quelques mois. Il n'est pas possible pour un auteur isolé d'affronter seul les différentes censures auxquelles se heurte l'écriture publique et qui ne cessent en ce moment d'augmenter (si on les compare notamment à ce qu'elles étaient il y a dix ans). Dans les années 2000 j'ai cherché à créer des collectifs, notamment à travers l'Atlas alternatif, en estimant que la constitution d'une association ou d'une fondation donnerait plus de poids aux points de vue dissidents, et des armes de défense collective. Mais force est de constater que l'état actuel de la société, le fonctionnement d'Internet, et ma propre situation ne se prêtent guère à ce genre de fédération des énergies.
Ne vous étonnez donc pas de trouver ici désormais un blog très différent de celui qui existait jusqu'à très récemment. La plupart de ses anciens articles en ont été effacés (en tout cas parmi ceux des cinq dernières années), et je me limiterai dorénavant à des billets plus rares et minimalistes. Il faut être pragmatique et s'adapter aux possibilités de l'époque. Celles-ci se sont réduites, j'en tire les conclusions qui s'imposent.
16 septembre 1982
Je regardais tantôt cette vidéo (ci-dessous) : les informations télévisées d'Antenne2 du 16 septembre 1982. Le temps où les trois chaines de TV faisaient de vrais journaux, structurés, avec des nouvelles bien hiérarchisées commençant par l'international, et finissant par des faits divers. On y faisait de vraies phrases, on cherchait parfois des formules élégantes sans peur du ridicule. On croyait encore un peu aux mots, hors du piège des images et de l'obsession corporelle.
Ca commençait avec les troupes israéliennes à Beyrouth, ça continuait avec les funérailles de Béchir Gémayel, puis la visite de Sékou Touré en France. J'ai souri devant la scène un peu surréaliste de Sékou Touré montrant aux journalistes français un reportage sur Kim Il Sung ! Triste dictateur qui se saoulait du souvenir de son "non" à De Gaulle pour faire oublier qu'il écrasait son peuple (bien sûr je ne dis pas que la dictature de Soros, de Bolloré et de WallStreet qui l'a remplacé à la fin des années 80 en Guinée comme ailleurs valait mieux). Puis les états d'âme des parlementaires socialistes et communistes devant la politique fiscale du gouvernement, tandis que PPDA (déjà lui) donnait la parole aux entrepreneurs, évidemment. On n'était pourtant pas encore à l'heure du grand ralliement de Mitterrand à l'austérité au nom de l'européisme. Un mot de l'enterrement de Grace Kelly, un autre des assurances automobiles.
J'ai gardé un souvenir très précis de tout cela. J'avais presque 12 ans. Je venais d'entrer en 5ème au collège. Je gardais en archive chaque jour la "Une" du journal local La République des Pyrénées, et je dévorais les "Que-sais-je". J'étais de plain pied dans l'actualité de ce monde. Je voulais devenir journaliste. J'appréciais les interventions de Georges Marchais à la TV que je croyais utiles à la condition de mes deux parents ouvriers (qui pourtant n'étaient pas communistes). J'étais naïf. Je croyais que parce que j'étais premier de la classe je ferais quelque chose de beau de ma vie. Je ne voyais pas combien déjà ma vanité et mon égoïsme me vouaient à n'en rien faire du tout. Le ver était dans le fruit de mon existence, et je ne le voyais pas, comme la société de l'époque ne voyait pas qu'elle préparait le chemin à la disparition de tout un tas de choses positives que l'on croyait durables (l'intelligence, la France, la SNCF, les abeilles dans les champs, le respect de l'orthographe). On ne savait pas qu'on formait une génération de zombies qui elle même allait enfanter une série de cerveaux au QI beaucoup plus faible (voyez l'article sur la baisse du QI à cause des écrans) dans un monde de plus en plus cynique et hypocrite (je repense au type sur une radio parisienne qui disait que l'autolib à Paris doit être abandonné à cause des dégradations par les utilisateurs - ô les généreux bobos incapables de prendre soin de ce qu'on leur confie !) où la vie ne compte plus pour rien (7 milliards de gens sur terre, combien ont l'eau courante ?).
C'était il y a longtemps, oui, très longtemps. Aujourd'hui je suis presque quinquagénaire. Je n'ai pratiquement rien apporté à mon époque à part trois ou quatre livres que personne n'a lus. Je ne m'en plains pas. En quoi cela aurait-il été utile que je sois un Jérôme Guedj (avec qui j'ai cohabité à Madrid en 1994) ou un Michel Onfray ? Faire des apparitions dans les médias pour occuper du temps d'antenne, participer à un théâtre de pantins, entretenir les gens dans le mensonge et l'illusion. Mieux vaut s'abstenir. J'ai juste diffusé une ou deux infos sur des blogs que les grands médias ne voulaient pas faire entendre, posé une ou deux questions. Cela me suffit bien. Personne n'en voulait davantage de toute façon. Aujourd'hui je ne me pose plus de questions sur mon rôle comme je le faisais à 30 ou 40 ans. Je réponds au coup par coup, ponctuellement, quand des choses me sont demandées, en mon for intérieur, ou par tel ou tel de mes contemporains. Si l'on me demande un coup de main ou un avis je le donne, et si je ressens que rien de moi n'est attendu je m'abstiens, voilà tout. Un ancien collègue aujourd'hui à la retraite a pris sur lui de tenter de faire passer une recension de mon livre sur le populisme dans une revue juridique. Je lui souhaite une bonne chance. A l'heure actuelle seul Labévière a pris le risque de parler de ce bouquin sur la toile. Ca n'a aucune importance à mes yeux. J'ai pondu ce livre sans arrière pensée, aussi naturellement que je respire. Et je le livre au flot de la volonté qui me dépasse, celle d'en haut.
Tournons la page de 1982, comme celle de l'égo. De toute façon la nostalgie est un piège à cons. L'histoire est utile à la réflexion, mais il faut d'abord faire face au présent, même dans les moments où l'on a l'impression qu'on n'a rien de spécial à y faire. N'en doutons pas, quelques sollicitations reviendront, et parmi elles certaines qu'on ne souhaite pas du tout affronter. Certaines seront peut être intéressantes ou agréables. Il faudra être alors être "simple comme une colombe et méfiant comme un serpent" comme le dit l'Evangile. On verra bien...
Paul Morand, la littérature
Il y avait ce soir à la TV sur une chaine de la TNT une longue interview de Paul Morand. Je l'ai écoutée jusqu'au bout.
Je sais que des jeunes gens comme Romain ou Etienne qui m'ont fait l'amabilité de réagir à ce blog naguère ont apprécié que j'y parle d'auteurs du XXe siècle comme Gary ou Werth. J'ai peut-être mieux fait de faire cela que d'y parler de politique. Je ne sais pas...
Ce soir j'écoutais Morand comme on dialoguerait avec un extra-terrestre. J'ai tellement peu de points communs avec cet homme... et pourtant son monde m'a effleuré plusieurs fois dans ma vie. Le monde des peintres surréalistes, de Malraux, de Gide, de Proust. Je l'ai croisé au sortir de l'enfance, au début de ma vie d'adulte, au milieu. On ne sait pas pourquoi ce genre de chose vous atteint, s'éloigne de vous, puis revient à divers moments. On plaint ceux qui n'ont pas la chance de croiser cela sur leur route.
Le monde des surréalistes était encore présent en moi en 2012, je crois, à moins que ce ne fût 2013, à travers Soupault. Et puis l'oeuvre de Morand s'est invitée dans ma vie en 2014 à travers Hécate et ses chiens et à travers son journal de 1968-1970. C'est lui qui m'a donné envie de lire le journal de Simone de Beauvoir de la même époque. Je me demande si je n'ai pas connu Hécate et ses chiens après avoir lu un article du journaliste Labévière. 2014 était une année vraiment épouvantable pour moi et en même temps mêlée de révélations compliquées. Il était étrange que le roman de Morand soit arrivé là, car Hécate et ses chiens est un livre un peu diabolique. Juste un peu. Et cependant moi qui, après toutes mes découvertes, suis devenu allergique aux démons, je ne perçois pas de danger dans le monde de Morand. Peut-être suis je en cela trop naïf. Peut-être à cause de cette espèce d'humilité très sobre du personnage qu'on retrouvait dans son interview ce soir.
Peut-être à cause de son absence. Cet homme fut très présent à son époque, et en même temps tellement décalé, évanescent. Pas le genre de type qui vous embrigadera dans une légion criminelle. Il se sera beaucoup trompé, autant je pense quand il aimait Picasso, que quand il se résignait au pétainisme, ou quand il détesta De Gaulle. Mais il s'est trompé de façon intéressante, toujours, d'une façon bizarre, instructive. Peut-être à cause de son espèce d'absence de tout justement D'où ses phrases courtes dans l'interview, et le fait qu'il avoue ne pas aimer parler. Un point commun avec Deleuze.
J'ai la chance de ne pas être un écrivain, de n'avoir pas derrière moi une oeuvre, même si j'ai pondu un roman et quelques témoignages autobiographiques. Je peux donc aborder n'importe quel livre de façon parfaitement désintéressée, candide, désinvolte. Je n'ai même pas, à la différence des profs, à me poser dans le rôle du type "qui s'y connaît", qui doit transmettre, je ne suis même pas dans ce sérieux là. Je suis dans un sérieux, certes, mais un sérieux à moi, un sérieux lié à ma recherche incommunicable, incompréhensible par autrui, donc je tire des livres ce que je veux, j'en dis ce que bon me semble sur ces pages numériques ou ailleurs. Ca a de l'importance, et ça n'en a pas. Dans quelques semaines je serai pour quelques jours à Venise. Je ne l'ai pas choisi. Ca arrive comme ça, alors que Venise évoquait toujours pour moi Sollers et toute une imposture littéraire que je déteste. Une boursoufflure devrais je dire. La ville n'a-t-elle point elle même vécu du vol et de l'imposture depuis le Moyen-Age ? Pour m'y sentir moins seul, j'emmènerai le livre de Morand avec moi, "Venises". Dans l'interview de ce soir, il expliquait que Montaigne, Rousseau et bien d'autres génies ont écrit sur cette ville où lui même a rencontré mille célébrités. Je pense qu'à travers ce livre je retrouverai un peu du monde littéraire, et de l'univers des esthètes, qu'accaparé par ma recherche métaphysique depuis deux ans je néglige un peu trop. J'ignore si j'en parlerai sur ce blog. On verra bien.
Ai-je déjà parlé dans ce blog de Morand ? Je pense que oui. Qu'en ai-je dit ? Je ne sais plus. Est-ce que la littérature cela compte vraiment ou n'est-ce qu'un de ces pièges hédonistes de plus qui nous éloignent de la vérité ? Grave question. Platon voulait chasser les poètes de la Cité. A ma connaissance l'Israël biblique n'a pas eu d'écrivains, même à l'époque hellénistique des Macchabées. Il en a eu un avec Flavius Josèphe, mais ce n'était plus l'époque biblique, en tout cas plus celle de l'Ancien Testament. Il faudrait que je vous parle de Josèphe d'ailleurs car j'ai lu trois chapitres de son récit des guerres juives il y a peu. Passons. Oui, les peuples qui se confrontent sérieusement à la vérité ne pratiquent pas la littérature. Cependant l'auteur de l'Ecclésiaste ou celui du Cantique des cantiques ne sont-ils pas des écrivains ? Le style nous éloigne de la vérité, mais comment peut-il y avoir une vérité sans style ? Surtout une vérité pratique, au quotidien. Comment puis-je manger une pomme avec une certaine vérité dans ma façon d'être si je n'ai pas un regard littéraire sur elle, et sur ma façon de la prendre en main ? Je ne sais pas trop comment vous expliquer cela, mais je crois qu'il y a là un "vrai sujet" comme eût dit un de mes collègues.
Donc il se peut que vous tombiez encore sur des lignes sur Morand, en parcourant ce blog, dans les mois à venir, et sur des lignes sur Venise. Sauf si je me persuade de ce que je perds mon temps à aborder ces sujets là...